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faits plus éclatants que le jour; on ne peut nier leur possibilité ou leur réalité, sans procéder, comme pour les mystères, de l'inconnu au connu, sans tomber dans les puérilités les plus ridicules et les contradictions les plus révoltantes. Accuser l'Eglise catholique de crédulité à l'endroit des miracles, serait une injustice criante, contre laquelle protestent, de la manière la plus triomphante, les procès-verbaux de la canonisation de ses saints.

CHAP. XXV. Rapports de l'Eglise et de l'Etat. Il me sera facile de rétablir les vrais principes sur ces deux questions si mal comprises et si fatalement envenimées. Les attaques dirigées à cette occasion contre l'Eglise catholique sont le résultat d'une ignorance profonde autant des dogmes chrétiens que de l'histoire du monde; et nous retrouverons encore ici cet oubli volontaire et homicide de la grande synthèse humaine. Le langage de l'Encyclique du souverain Pontife Pie IX, dans laquelle, d'un commun accord, les amis et les ennemis de la foi concentrent la lutte entre l'esprit chrétien et l'esprit moderne, entre les droits de l'Eglise et les droits de l'homme, est ce qu'il pouvait être, ce qu'il devait être, essentiellement chrétien et catholique.

Je finis en tombant de nouveau à genoux, et disant, une fois encore, à mon Dieu :

>> Vos témoignages sont éminemment croyables! Je vous >> rends grâce, ô mon Père! de ce que si, hélas! votre révéla» tion reste un livre fermé à l'orgueil des savants et des sages, » elle est du moins une lumière bienfaisante qui se révèle >> aux plus petits! »

L'abbé FRANÇOIS-MARIE MOIGNO.

Paris ce 4 octobre 1868,

Fête de mon glorieux patron, saint François d'Assise,

pauvre et humble.

Littérature catholique.

LA CHAIRE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

Spécialement au XIIIe siècle

Par A. LECOY DE LA MARCHE, archiviste aux archives de l'Empire 1.

Le sujet traité dans cet ouvrage, de M. Lecoy de la Marche, a été indiqué par un programme de l'Académie des inscriptions qui devait décerner son prix ordinaire au meilleur mémoire envoyé sur la question suivante : « Etudier les sermons » composés ou prêchés en France pendant le 13° siècle. Re>> chercher les noms des auteurs et les circonstances les plus >> importantes de leur vie. Signaler les renseignements qu'on » pourra découvrir dans leurs ouvrages sur les mœurs du >> temps, sur l'état des esprits, sur l'emploi de la langue vul» gaire et en général sur l'histoire religieuse et civile du » 13° siècle. >>

Malgré la difficulté du sujet et l'aridité de la matière, san être effrayé par des recherches immenses dans plusieurs centaines de manuscrits, M. Lecoy de la Marche, ancien élève de l'Ecole des Chartes, s'est mis à l'œuvre et a obtenu le prix décerné par l'Académie. « Son travail, écrit le président de >> Commission, atteste un esprit curieux et pénétrant qui ne se >> contente pas des solutions toutes faites et qui sait éclaire » d'une lumière nouvelle les sujets dont il s'occupe.» Auss dans cette étude souvent ingrate mais que le talent du jeune écrivain a su rendre intéressante, on remarque selon le même président de la Commission « la solide nouveauté des aper» çus. » La partie ingrate du travail a été de compulser plus de 400 manuscrits, de décrire ces manuscrits, de les classer, soit qu'ils fussent l'œuvre nominative de prêtres ou de religieux, soit qu'ils renfermassent comme un grand nombre d'entre eux des sermons anonymes; mais la partie intéressante a été de reconnaître et de signaler des éléments nou'In-8°, Paris, 1868, chez Didier.

veaux pour l'histoire de la philologie et de la liturgie, de relever des traits encore inaperçus pour retracer un tableau de la société française au 13° siècle.

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Quels ont été les prédicateurs? quels ont été les sermons? quelle fut la société d'après les sermons? Voilà les trois grandes divisions de l'ouvrage de M. Lecoy de la Marche. Les prédicateurs chargés de transmettre aux populations l'enseignement oral que l'Eglise avait la mission de perpétuer appartinrent à l'ordre séculier: Evêques et cardinaux, prêtres et docteurs, ou à l'ordre régulier Dominicains et Franciscains les plus célèbres de tous, Cisterciens, Bénédictins, etc... Après avoir brillé aux temps des Pères et avoir été ensuite languissant du 7 au 11° sièle, l'art oratoire dans les sermons reçut, au commencement du 13° siècle, une impulsion merveilleuse. Dans la première moitié du 13° siècle les prélats, les moines de saint Benoît et de Citeaux jouèrent encore dans la chaire le rôle principal; les frères Prêcheurs et Mineurs ne les effacèrent que dans le second tiers quand ils eurent atteint tout leur développement, et alors on ne rencontra pour ainsi dire que ces religieux et les docteurs de la puissante Université de Paris. Mais bientôt, et dès la fin du 13° siècle, l'art oratoire suivit la pente qui entraînait tous les esprits vers la subtilité ou l'affectation des Scotistes, et on vit apparaître les symptômes de la décadence.

Néanmoins les jugements qui ont été portés peuvent sembler sévères, et M. Lecoy de la Marche repousse avec raison les condamnations générales prononcées sans preuves suffisantes contre les sermonaires par Ellies Dupin au 17° siècle, par le P. Joly au 18°, par Daunou au 19°, car dans tous ces arrêts le savant archiviste reconnaît aisément les idées trop exclusives d'une époque ennemie du moyen âge.

L'interprétation de l'Ecriture forma la base de la prédication, et si le caractère le plus saillant dans la contexture des sermons au 13° siècle fut un esprit méthodique, les vrais orateurs se gardèrent bien de le pousser à l'excès, et cet esprit produisit parfois une discussion lumineuse. Les critiques ordinaires sur l'abus des allégories et des explications mystiques semblent aussi présentées d'une manière trop générale et ne

sont fondées, dit M. Lecoy de la Marche, que sur une notion incomplète des textes. Le style des sermonaires a été comme leur méthode l'objet d'appréciations trop absolues, car ce style n'est pas sans élégance et sans chaleur, et si on en porte ordinairement un autre jugement c'est qu'on a pris des résumés pour des discours et des plans et canevas pour des sermons rédigés. La prédication avait lieu fréquemment et comportait une certaine familiarité : elle admettait les interruptions, les objections et le peuple assis dans l'église bien avant la Réforme protestante, malgré l'opinion généralement répandue à ce sujet, se rangeait autour du prédicateur monté dans l'ambon ou sur l'échafaud qui devint au 15° siècle une chaire de bois placée dans la nef.

Ce prédicateur parla-t-il d'abord en latin à son auditoire, se servit-il ensuite d'une sorte de dialecte transitoire mélangé de latin et de français pour arriver enfin par degrés mais plus tard à la prédication en français pur? Plusieurs passages de l'Histoire littéraire sembleraient l'enseigner, et Daunou notamment formule cette opinion, mais elle n'est point admise par M. Lecoy de la Marche, auquel l'étude des manuscrits a permis d'apporter sur ces points restés obscurs une lumière nouvelle. Voici, en effet, la double proposition que M. Lecoy de la Marche s'attache à démontrer : « Tous les sermons adres» sés aux fidèles, même ceux qui sont écrits en latin, étaient » prêchés entièrement en français. Seuls, les sermons adres» sés à des clercs étaient ordinairement prêchés en latin. »

Dès la fin du 10e siècle les masses avaient assez oublié le latin pour ne plus l'entendre dans la chaire, d'où il suit nécessairement que les sermons étaient prononcés en langue vulgaire. Saint Bernard, en effet, adressait ses sermons à « des frères lais ne comprenant pas le latin 1, » et deux manuscrits des sermons de Maurice de Sully, évêque de Paris, portent : « Expliciunt sermones Mauricii, dicendi in gallico idiomate. » Mais le latin restant la langue des clercs, il arriva souvent que les sermons furent translatés en latin, en sorte qu'ils appartinrent d'abord à l'idiome vulgaire par la prédication, ensuite au latin par la rédaction. Plusieurs furent, dès le premier moment, composés 1 Voir un de ces Sermons reproduit dans les Annales t. x. p. 63 (1re série).

en latin pour l'usage des clercs et les homélies purent être prononcées à volonté dans une langue ou dans une autre suivant les circonstances et l'auditoire. Mais ce double travail offrant souvent un mélange de mots français et latins, a un précieux avantage, et pour l'étude de la latinité du moyen âge aussi bien que pour celle de notre langue moderne; les innombrables sermons du 13° siècle sont une mine féconde à exploiter.

Tous ces renseignements et bien d'autres que nous omettons sont nouveaux. Mais la troisième partie du livre de M. Lecoy de la Marche, «la société d'après les sermons» présente encore plus de sujets d'études, car, intéressants comme monuments littéraires, les sermons le sont plus encore comme documents historiques. «lls renferment, dit justement M. Lecoy de la Marche, » la peinture de toutes les classes de la société, seulement, et » M. Lecoy a soin de nous en prévenir; cette peinture est char»gée, car les moralistes décrivent le mal et non le bien, la pré>>dication comporte des critiques et non des compliments. Il >> faut donc s'attendre à voir les prédicateurs excéder par mo>>ments les bornes de la modération parce qu'ils généralisent » des particularités; mais en tenant compte de cette observation » les portraits ont le mérite d'être pris sur le vif et reproduits » avec un grand luxe de détails. Ils ressemblent à des photo>>graphies qui seraient exhumées au bout de 600 ans dans » toute leur fraîcheur. >>

M. Lecoy de la Marche nous présente toute une série de ces tableaux ici le Pape et ses légats, les évêques, les prêtres et les moines; les moines avec leurs vastes monastères qu'on incrimine, les évêques avec leur luxe sévèrement critiqué et leur népotisme énergiquement flétri. Là ce sont les grands du siècle dont le prédicateur signale les violences contre les faibles, car la chevalerie au 13° siècle est déjà sur son déclin, et les mœurs dégénèrent ; à la galanterie platonique des paladins a succédé un sensualisme à peine déguisé et l'amour de la vaine gloire l'emporte sur la pensée militaire et religieuse. Les officiers seigneuriaux et les légistes sont ordinairement mal vus du clergé, et leurs extorsions de toute nature sont hautement dénoncées.

Dans plus d'un sermon on retrouve déjà quelque chose du

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