Obrázky na stránke
PDF
ePub

type du bourgeois de Paris, religieux au fond du cœur mais affichant pour les prédicateurs un certain dédain. Le parvenu étale un luxe inouï, et la morale de la chaire se montre sans pitié pour flétrir, et l'hôtelier qui fait payer une chandelle dix fois sa valeur, et l'aubergiste qui mêle en secret de l'eau à son vin, et les bouchers qui pour donner plus belle apparence à leurs marchandises soufflent la viande et le poisson (car les bouchers tiennent alors ces deux denrées à la fois).

M. Lecoy de la Marche a montré par une foule d'exemples, comment on pouvait avec les paroles des prédicateurs découvrir l'état de la société du moyen-âge. Ici au sujet des critiques contre le luxe des femmes on rencontre une page de l'histoire du costume et dans les « siècles hideux » on constate que les soins du corps n'étaient pas aussi négligés qu'on l'a prétendu : « Levez les yeux sur la tête d'une femme, s'écrie » un prédicateur, vous y trouverez des cheveux morts, car elle >> ne craint pas de se mettre sur la tête les cheveux d'une >> personne qui est peut-être dans l'enfer ou dans le purga

toire.» Puis il y a les robes à queue, «longues de plus d'une » coudée, dont un des inconvénients est de soulever la pous» sière dans les Églises et de troubler les hommes qui prient. » La décence a quelquefois à en souffrir, car certaines per» sonnes font comme les paons, qui cum caudas suas exten» dunt, turpitudinem ostendunt. »

Après l'aperçu sur le costume, on rencontre un tableau de la vie universitaire, et du mouvement intellectuel d'alors. En regard de l'écolier volage, insouciant, tapageur, qui court la nuit dans les rues pour exercer des violences et frapper les meretriculæ, on aperçoit l'écolier studieux qui demande à la prière l'intelligence de l'étude.

Le différend qu'on a nommé de nos jours la question des classiques se produit alors avec presque autant de vivacité que de notre temps. Le sentiment de la majorité, dit M. Lecoy de la Marche, se rapproche de la doctrine exposée ainsi par le cardinal de Vitry: « Nous prenons les vases d'argent des Egyp» tiens, lorsque nous cherchons dans les livres des gentils, » l'art de parler et de prononcer correctement. Malgré l'uti>>lité de la science du beau langage, que nous puisons dans

» les œuvres des poëtes proprement appelés auteurs, il con>> vient de choisir, pour nous instruire, celles de ces compo»sitions qui contiennent un enseignement moral: telles sont » celles de Caton, de Théodulphe, d'Avianus, de Prudence, » de Prosper, de Sédulius et par-dessus tout la Bible versifiée. » Les livres de cette espèce ne suffisent-ils pas, sans aller de> mander aux historiographes et aux poëtes des excitations à » la débauche et à la vanité? Isidore l'affirme, ce n'est pas >> seulement en offrant de l'encens que l'on sacrifie aux Dé» mons, mais encore en recherchant avec passion les fables » et les maximes Païennes; toutefois, cette parole s'applique >> uniquement aux esprits qui se laissent entraîner vers de telles » études par le plaisir ou la curiosité. Les hommes d'expé>> rience peuvent extraire des poésies profanes, les bonnes » pensées, les maximes judicieuses qu'elles renferment, » comme on retire l'or de la boue. >>

Voilà comment (et il abrége les citations), M. Lecoy de la Marche sait mettre à profit des indications trouvées dans les sermons pour agrandir les questions qui y sont traitées, et nous y introduire au milieu même de la vie du moyen-âge. C'est assez dire pour signaler les aperçus curieux qui se dégagent de l'étude des sermonaires. Mais ce qui domine tout, ce sont les efforts de l'Eglise pour faire dominer les grands principes de justice, d'honnêteté, de charité, d'égalité chrétienne. Il y avait alors comme toujours, plus que toujours peut-être, bien des erreurs à redresser, bien des maux à réparer, chaque siècle en a son triple contingent et porte avec lui une somme effrayante de misères. Mais, comme le dit M. Lecoy de la Marche, en terminant son livre, «l'âpreté des cri»tiques de la chaire porte son correctif en elle-même. Tant >> d'ardeur à combattre le mal prouve qu'on cherchait la perfection; tant d'animosité contre le vice montre quel >> prix on attachait à la vertu. »

L'ouvrage du jeune archiviste, digne du prix qui lui a été décerné par l'Académie, mérite d'être lu; car on y trouve de la science dans la connaissance du sujet, de l'élégance dans la rédaction, et toujours on y rencontre une pensée élevée et un jugement sûr. HENRI DE L'EPINOIS.

Histoire catholique.

QUELQUES DOCUMENTS HISTORIQUES

SUR LA RELIGION DES ROMAINS,

ET SUR LA CONNAISSANCE

QU'ILS ONT PU AVOIR DES TRADITIONS BIBLIQUES, PAR LEURS RAPPORTS AVEC LES JUIFS;

FORMANT UN SUPPLÉMENT A TOUTES LES HISTOIRES ROMAINES '.

IV. Rapports des Romains avec les Juifs et influence du peuple choisi de Dieu pour conserver les traditions primitives sur le peuple conquérant du monde.

Hérode continue à faire bâtir le temple de Jérusalem, et d'autre part pousse avec vigueur les constructions toutes païennes de Césarée.

Mais ces deux constructions avaient lieu dans ses États; Josèphe nous apprend qu'il en faisait de semblables dans toute la Grèce. Nous allons citer ce passage parce qu'il prouve, contre les assertions communes, que le nom juif n'était nullement en exécration chez les nations étrangères, mais on pourrait dire qu'il était connu et béni dans tout l'Orient. Ceci est un démenti historique donné à Tacite, et à grand nombre d'historiens modernes.

<< A la suite de tant de grands ouvrages entrepris et achevés >> par ce prince dans la Judée, il voulut aussi faire connaître » au dehors que sa magnificence n'avait point de bornes. Il » fit faire à Tripoli, à Damas et à Ptolémaïde des colléges pour >> instruire la jeunesse, à Biblis de fortes murailles, à Berite, » et à Tyr des lieux d'assemblée, des magasins publics, des » marchés et des temples, à Sidon et à Damas des théâtres. Il >> fit faire aussi des aqueducs pour conduire de l'eau à Laodicée » qui est une ville proche de la mer: et à Ascalon des bains, >> des fontaines et des portiques admirables tant par leur gran» deur que par leur beauté. Il donna à d'autres des bois sacrés 1 Voir le dernier article au N° précédent, ci-dessus, p. 382.

» et des terres arrosables, à d'autres des terres, comme si elles >> eussent eu droit de participer aux biens de son royaume; » et à d'autres, ainsi qu'à Coos, des revenus annuels et perpé>tuels, pour des Gymnases, afin que des prix ne leur man>> quassent jamais. Il distribua aussi du blé à tous ceux qui en » avaient besoin, prêta souvent de l'argent aux Rhodiens et à » d'autres pour leur donner moyen d'équiper des flottes; et » le temple d'Apollon Pythien ayant êté brûlé, il le fit refaire >> plus beau qu'il n'était auparavant.

>> Que ne pourrais-je point encore dire de la libéralité qu'il >> fit paraître envers les Lyciens, envers ceux de Samos, et » dans toute l'Ionie? Athènes, Lacédémone, Nicopolis et » Pergame de Mysie n'en ont-elles pas aussi senti les effets en » plusieurs manières? La grande place d'Antioche de Syrie » qui a vingt stades de longueur, étant toujours si pleine de » fange que l'on ne pouvait y marcher, ne l'a-t-il pas fait » paver de marbre, et embellir par des galeries où l'on est à » couvert pendant la pluie?....

» Je n'aurais jamais fait si j'entreprenais de rapporter toutes » les dettes qu'il a acquittées, et toutes les impositions dont » il a soulagé les peuples, principalement ceux de Phazaëll » de Balancote, et des autres villes voisines de la Cilicie, aux» quelles il aurait fait encore beaucoup plus de bien s'il n'avait » appréhendé de donner de la jalousie à leurs gouverneurs, » comme s'il eût voulu se les acquérir en leur témoignant >> plus d'affection qu'eux-mêmes 1. »

V. Présentation de la B. vierge Marie au temple.

La B. Vierge Marie, née le 8 septembre 733, était âgée de 3 ans le 8 septembre de cette année. C'est alors, selon le témoignage d'Evodius 2, que Joachim et Anne vinrent la présenter au temple, pour être consacrée au service de Jéhovah, selon la promesse qu'ils en avaient faite, et c'est au 21 novembre que l'Eglise fixe cette présentation et en célèbre la fête.

Et d'abord qu'il y eut des enfants consacrés à Jéhovah, dès

1 Josèphe, Guerre des Juifs, 1. 1,c. 21, N° 11-12; édit. Didot, t. 11, p. 53.
2 Voir le texte que nous avons donné, au N° d'août ci-dessus, p. 131.

leur enfance, et qu'ils fussent reçus et élevés dans le temple, on en a la preuve, dans la mère de Samuel, qui ayant obtenu ce fils par ses prières, et ayant, comme Anne, promis de le consacrer, le présenta elle-même au temple.

<< Et Anne ne monta pas au temple, car elle avait dit à son » époux: je n'irai point jusqu'à ce que mon enfant soit sevré, » et que je le conduise, pour qu'il paraisse en présence du » Seigneur, et qu'il y demeure à jamais 1. »

De même, qu'il y eut des femmes qui habitaient dans l'enceinte du temple, et qui y exerçaient certaines fonctions, nous le savons, par ce qui est dit des fils du grand-prêtre Héli :

« Or Héli était vieux, et il apprit tout ce que ses fils faisaient >> contre tout le peuple d'Israël, et qu'ils dormaient avec les » femmes, qui veillaient à la porte du tabernacle 2. »

De plus nous savons avec certitude qu'à l'époque même du Sauveur, il y avait encore des femmes qui habitaient le temple:

« Il y avait aussi, dit saint Luc, une prophétesse Anne, fille » de Phanuel... Elle était demeurée veuve jusqu'à 84 ans; >> elle ne s'éloignait pas du temple, servant Dieu jour et nuit >> dans les jeunes et dans les prières 3. »

Cela s'accorde fort bien avec ce que l'on dit de la présentation et du séjour de la Vierge Marie au temple, et l'on peut dès ce moment regarder comme fondés les récits des Pères qui en parlent. Mais comment et avec quelles cérémonies cette présentation se fit-elle? Ici nous n'avons que l'autorité des livres apocryphes dont on ne connaît ni les auteurs ni la date. Cependant ils contiennent quelques détails que nous ne voulons pas laisser ignorer à nos lecteurs.

Nous les donnerons donc, non comme des documents historiques sur la Vierge Marie, mais comme témoignages des croyances de l'époque et des auteurs qui les ont écrits, quels qu'ils soient.

Qu'il y ait eu des évangiles et des relations apocryphes dès

1 1 Rois, 1, 22.
2 I Rois, 11, 22.
3 Luc, 11, 36, 37.

« PredošláPokračovať »