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» auquel ils immoloient des bœufs et d'autres victi>>mes. C'est ce qu'atteste Procope (1), qui écrivoit sous >> l'empire de Justinien. Ces peuples faisoient partie » des Scythes. On sait que la première de ces deux » nations a occupé la Bohème, la Pologne, l'Escla» vonie et la Russie, et qu'elle n'embrassa le christia»nisme que quatre ou cinq cents ans après le temps » dont il est ici parlé. » Or l'histoire prouve qu'aucun peuple ne passa jamais de lui-même, et sans un secours étranger, de l'idolâtrie au culte d'un seul Dieu. « J'infère de là, continue Bullet, que les Esclavons >> n'avoient jamais adoré qu'un seul Dieu, maître du >> monde, puisque telle étoit leur religion au sixième » siècle. J'en infère encore que tel avoit été originai>>rement le culte de tous les Scythes, dont les Escla>>>vons étoient un essaim, n'étant pas croyable que la >> même nation ait eu, dans ses premiers temps, des >> religions différentes (2). »

Rien n'obscurcit, rien n'altère l'éclat de la vérité, lorsqu'elle se lève comme l'astre de la vie sur les peuples naissans. Sa pure lumière pénètre dans des cœurs purs et y féconde le germe de tout ce qui est bon, de tout ce qui est saint: heureux âge d'innocence et de foi; et que ne peut-il durer toujours! Mais bientôt les passions fermentent; elles produisent l'erreur et le vice, qui se projettent comme d'énormes ombres entre

(1) De bello goth., lib. III, p. 498.

(2) L'existence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature, tom. II, p. 20-22.

l'homme et la vérité. Cependant l'astre-poursuit son cours, il continue de briller, mais à travers de noires vapeurs qui s'épaississent sans cesse ; et vers le soir on le voit, descendant peu à peu dans des ténèbres enflammées, éclairer de ses derniers rayons un ciel sanglant et chargé de tempêtes.

Les habitans de l'Amérique (1), de la Perse (2), et de l'Inde (3), ne rendoient originairement de culte

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Garcilasso de la

(1) Carli, Lettres améric., tom. I, p. 105. Vega nous apprend qu'avant l'arrivée des Incas au Pérou, les anciens habitans de ces contrées croyoient qu'il y avoit un Dieu suprême auquel ils donnoient le nom de Pacha-Camack (Créateur du Monde), qu'il donnoit la vie à toutes choses, qu'il conservoit le monde. Ils disoient qu'il étoit invisible... Tout son culte se réduisoit à incliner profondément la tête et à élever les yeux lorsqu'ils prononçoient son auguste nom. Cependant on lui éleva dans la suite un seul temple, dans un endroit appelé la vallée de PachaCamack: il subsistoit encore lors de la première entrée des Espagnols au Pérou. Leland, Nouv. Démonstr. évang., tom. I, p. 127.

(2) Suivant Mohsin Fani, la religion primitive de la Perse fut une ferme croyance dans un Dieu suprême qui a fait le monde par sa puissance et le gouverne par sa sagesse; une crainte pieuse de ce Dieu, mêlée d'amour et d'adoration; un grand respect pour les parens et les vieillards; une affection fraternelle pour le genre humain. Sir John Malcolm, Histoire de la Perse, tom. I, p. 273.

Caïumarath ou Kaïomurs, premier roi et fondateur de la première dynastie de Perse, descendit volontairement du trône et se retira, disent les historiens persans, dans sa première demeure, qui étoit une grotte où il vaquoit à prier et à adorer le Créateur de toutes choses. Il n'est pas probable que le peuple eût une autre religion que le monarque. Voyez d'Herbelot, Biblioth. orientale, art. Caïumarath; tom. II, p. 180. Paris, 1783.

(3) Le théisme a été la religion primitive du genre humain. La marche progressive du polythéisme supposeroit cette vérité, si d'ailleurs les faits ne la démontroient pas. Chez les Indiens, comme chez tous les autres peuples de la terre, on reconnoît, à travers les fables et les fictions les plus bizarres, un culte pur dans son ori

qu'au seul vrai Dieu. Ce culte primitif se conserva long-temps à la Chine (1), où le gouvernement, les lois, les mœurs, s'unissoient pour consacrer l'autorité de la tradition; et Voltaire lui-même a remarqué le respect prodigieux que ces peuples ont pour ce qui leur a été transmis par leurs pères (2).

L'auteur (3) d'un commentaire (4)sur le TchoungYoung, l'un des quatre livres, parle ainsi : « T'ssèu>> ssé-tséu (petit-fils de Confucius), affligé de voir que » la doctrine traditionnelle, base de la raison et de » toute instruction, commençoit à se perdre, ressaisit >> et donna le fil de cette tradition en l'établissant >> par ces paroles; il dit: Il n'y a pas sous le ciel >> d'hommes qui ne sachent qu'il y a en eux quelque >> chose de naturel, qu'il y a dans les choses une ma» nière d'être, et qu'il y a dans les saints un enseigne>> ment. On sait aussi que ce naturel, cette raison, >>> cette instruction, tirent leur nom de leur origine. » C'est le Thian (ciel ou Dieu) qui nous les a confé>> rés par l'entremise des deux principes et des cinq

gine, corrompu dans son cours... Le commerce des nations altéra le culte public des Indiens. Quoiqu'assez éloignés de l'Égypte, on ne peut cependant douter qu'ils n'aient eu connoissance de la religion de cette contrée. L'Ezour-Vedam; Observat. prélim. par M. de Sainte-Croix, tom. I, p. 13, 14.

(1) La religion de la Chine est toute renfermée dans les King. On y trouve, quant à la doctrine fondamentale, les principes de la loi naturelle que les anciens Chinois avoient reçus des enfans de Noé. Lettres édifiantes, tom. XXI, p. 177. Toulouse, 1811.

(2) Essai sur l'hist. génér. et sur l'esprit et les mœurs des nat., tom. I, chap. I, p. 19. Ed. de 1756.

(3) Téna-thoùi ân.

(4) Le Kiàng-î-pî-tchî.

» élémens. C'est des hommes que les hommes les ont » reçus; ils en ont formé le courage, l'obéissance, et >> les cinq vertus éternelles, et c'est là ce qu'on appelle » nature. Dans les hommes tout ce qui est conforme » à cette doctrine naturelle, tout ce qui, de soi-même » et dans l'usage journalier forme la voie ordinaire » des actions raisonnables, s'appelle loi (ou vertu). De >> la part des saints, tout ce qui tend à disposer ou à >> mesurer d'une manière conforme à la raison les ac>>tions des autres hommes, de telle sorte qu'elles ne » péchent ni par excès ni par défaut, ce qui forme » pour l'univers une règle ou une loi invariable, s'ap>> pelle instruction. Cette instruction s'établit d'après » la raison ou la loi; la raison est conforme à la na» ture, la nature est un ordre du ciel. Ainsi l'on peut » regarder la première origine de la raison ou de la vertu » comme venant du ciel même (1). »

Un écrivain qui paroît avoir soigneusement étudié l'ancienne histoire de la Chine, assure «< que les Chi» nois, depuis le commencement de leur origine jus>> qu'au temps de Confucius, n'ont point été idolâtres; >> qu'ils n'ont eu ni faux dieux ni statues; qu'ils n'ont >> adoré que le Créateur de l'univers, qu'ils ont tou

jours appelé Xam-ti, et auquel leur troisième empe» reur, nommé Hoam-ti, bâtit un temple.......... Le nom » de Xam-ti, qu'ils donnoient à Dieu, signifie sou» verain Maître ou Empereur. On remarque qu'il y >> a bien eu des empereurs de la Chine qui ont pris as

(1) L'Invariable Milieu, etc., not., p. 134, 135.

>> sez souvent le surnom de Ti, qui veut dire Maître, » Empereur, ou celui de Vam, qui signifie Roi; » qu'il y a eu même un prince de la quatrième race, >> qui s'est fait appeler Xi hoam-ti, le grand ou l'au» guste Empereur; mais qu'il ne s'en est trouvé aucun >> qui ait osé prendre le titre de Xam, c'est-à-dire de » Souverain, et qu'on l'a toujours laissé par respect » à l'Arbitre absolu de l'univers (1). »

Nous avons déjà cité l'écrit plein d'intérêt, sous divers rapports, dans lequel un prince de la famille impériale, converti au christianisme, et qui reçut au baptême le nom de Jean, expose les motifs de sa conversion; voici comment il s'exprime au commencement de cet écrit :

J'ai bien examiné nos livres, et j'ai remarqué » que Yao-Chun, Ya-Tang, Ouen-Vou, Kong-Tze, » Mong-Tze, tous ces sages philosophes et ces anciens » empereurs, ne servoient que le suprême Monarque >> du ciel; qu'ils regardoient ce culte comme la pre>> mière et la plus essentielle affaire, comme la base de » leur gouvernement. >>

Après avoir rapporté différentes preuves de ce fait, tirées des anciennes annales de la Chine, il ajoute :

<< Le philosophe Confucius dit: Les cérémonies » qu'on pratique pour honorer la terre, doivent se >> rapporter toutes au culte du Maître du ciel. Mon» goze, autre philosophe célèbre, dit: Veillez sur votre » cœur, veillez sur votre esprit, parce que vous servez

(1) Morale de Confucius; Avertissem.,

p. 15.

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