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conformes à la loi souveraine, la loi royale, immuable règle de toute justice; loi universelle, perpétuelle, et que nul homme ne peut méconnoître à ces caractères. Le passage est trop important pour que nous hésitions à le citer en entier.

<< SOCRATE. Pensez-vous que ce qui est juste puisse >> en même temps être injuste, et réciproquement? >>> le juste et l'injuste ne sont-ils pas au contraire essen>>> tiellement distincts l'un de l'autre?

» MINOS. Sans doute, ce qui est juste ne peut pas >> ne point être juste; et il en est de même de ce qui est >> injuste.

>> SOCRATE. En juge-t-on par toute la terre comme »> nous en jugeons ici?

>> MINOS. Assurément.

>> SOCRATE. Et chez les Perses aussi?

» MINOS. Et chez les Perses.

>> SOCRATE. Et toujours?

» MINOS. Oui, toujours.

>> SOCRATE. De deux corps qui entraînent un plus grand et un moindre poids, lequel estime-t-on le >> plus pesant?

» MINOS. Celui qui entraîne un plus grand poids. >>> SOCRATE. Porte-t-on là-dessus le même jugement >> en Lycie et à Carthage?

» MINOS. Le même.

>> SOCRATE. Il paroît donc que partout l'on regarde » comme beau ce qui est beau, et comme honteux ce >> qui est honteux?

>> MINOS. Oui certainement.

TOME 4.

3

» SOCRATE. Donc, en toutes choses, ce qui est vrai » est reconnu pour vrai, et ce qui est faux est reconnu » pour faux, tant par nous que par tous les autres » hommes (1).

>> MINOS. Je le pense comme vous.

>> SOCRATE. Donc celui qui s'éloigne de la vérité, » viole la loi (2). »

Socrate continue de montrer, par différens exemples, que ce qui est juste et vrai est partout et toujours le même. Puis il reprend :

« Ce qui est légitime (3) ne varie donc pas?

>> MINOS. Non certes.

» SOCRATE. Et si nous voyons des gens qui

(1) Οὐκοῦν ὡς κατὰ πάντα εἰπεῖν, τὰ ὄντα νομίζεται εἶναι, οὐ τὰ μὴ ὄντα, καὶ παρ' ἡμῖν, καὶ παρά τοῖς ἄλλοις ἅπασιν.

(2) ὃς ἂν ἄρα τοῦ ὄντως ἁμάρτῃ, τοῦ νομίμου ἁμαρτάνει. Voici le raisonnement de Socrate : « La distinction du juste et de l'injuste est > invariable comme la vérité, ou plutôt est la vérité même, puis» que la vérité n'est autre chose que ce qui est, vò bv. On reconnoît >> donc ce qui est juste ou injuste, comme on reconnoît ce qui est » vrai ou faux, par le consentement universel et perpétuel des peu» ples. Or il n'y a de véritable loi que celle qui est conforme à la » justice ou à la vérité immuable : donc quiconque s'éloigne de la » vérité, viole la loi. » Lex tua veritas. Ps., CXVIII, 142. Pindare dit, dans le même sens, que la vérité souveraine est le principe de toute vertu; et il appelle la loi la reine des mortels et des immortels.

Αρχὰ μεγάλας ἀρετᾶς, ὤνασσ ̓ Ἀλάθεια.

Principium magnæ virtutis, regina Veritas. Ap. Stob., Serm. LIX, pag. 230. Wech.

Νόμος ὁ πάντων βασιλεὺς θνατῶν τε καὶ ἀθανάτων.

Lex omniun rex est mortalium et immortalium.

Schol. Pindari ad Nem., IX, 35.

(3) Noμo, ce qui a force de loi.

>> changent et qui ne sont point d'accord entre eux, >> dirons-nous qu'ils savent ou bien qu'ils ignorent? >> MINOS. Nous dirons qu'ils ignorent.

>> SOCRATE. Ce qui, en toute chose, est juste et » vrai (1), ne doit-il pas être appelé loi ?...

>> MINOS, Sans aucun doute.

>> SOCRATE. Ce qui n'est ni juste ni vrai est donc » contraire à la loi ?

» MINOS. Nécessairement.

» SOCRATE. C'est pourquoi dans les ordonnances >> touchant les choses justes et injustes, et générale>> ment en tout ce qui concerne l'ordre et le gouver>>nement des cités, ce qui est équitable et vrai est » la loi souveraine (2); ce qui n'a pas ce caractère >> vient de l'ignorance, et, loin d'être la loi souveraine, » est l'opposé de la loi (3).

>> MINOS. Il est ainsi (4). »

Cette loi souveraine, loi non écrite, loi commune, loi divine, comme l'appellent Aristote (5) et Cléanthe (6), en ajoutant qu'on la reconnoît à son univer

(1) Optov renferme cette double signification, comme le mot latin rectum.

(2) Νόμος ἐστι βασιλικός.

(3) Littéralement, est une antiloi, ëctɩ yàp ävoμov.

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(4) Platon, Minos. Oper. tom. VI, p. 129–133. Ed. Bipont. (5) Νόμος δ' ἐστὶν, ὁ μὲν, ἴδιος· ὁ δὲ, κοινός. Λέγο δὲ, ἴδιον μὲν, καθ ̓ ὃν γεραμμένου πολιτεύονται· κοινὸν δέ, ὅσα ἄγραφα παρὰ πᾶσιν ὁμολογεῖσθαι doxεt. Lex verò est, una propria; altera communis. Voco propriam, secundùm quam scriptam civiliter agunt; communem, quæcumque non scripta apud omnes constare videntur. Aristot., Rhetoric., lib. I, cap. X. Oper. t. II, p. 413. Edit. Aureliæ Allobrog.,

1605.

(6) Δύσμοροι... ὄντ ̓ ἐπορῶσι Θεοῦ κοινὸν νόμον. Miseri... Legem Dei

salité ; cette loi qui a existé toujours, qui est la justice, la vérité, l'ordre par excellence, et qui oblige tous les hommes, dans tous les temps et dans tous les lieux, qu'est-ce autre chose que la religion? Si vous en doutez, Socrate lui-même va vous le dire expressé

ment.

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«< Connoissez-vous, Hippias, des lois non écrites? >> - Assurément, celles qui règnent dans tous les » pays (1). — Direz-vous que ce sont les hommes qui >> les ont portées ? Et comment le dirois-je, puis» qu'ils n'ont pu se rassembler tous en un même lieu, >> et que d'ailleurs ils ne parlent pas une même langue? Qui croyez-vous donc qui ait porté ces lois ? Ce sont les dieux qui les ont prescrites aux >> hommes ; et la première de toutes, reconnue dans >> le monde entier, ordonne de révérer les dieux (2). >> -N'est-il pas aussi partout ordonné d'honorer ses » parens? -Sans doute.-Et les mêmes lois ne dé>>>fendent-elles pas aux pères et aux mères d'épouser >>> leurs enfans, aux enfans d'épouser les auteurs de >>> leurs jours? — Oh! pour cette loi-ci, je ne crois » pas qu'elle vienne de Dieu (3). — Pourquoi ?

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>> C'est que je vois des gens qui la transgressent. >> On en transgresse bien d'autres ; mais les hommes

communem spectare non curant. Cleanth. inter Gnomic., p. 142 edit. Brunckii.

(1) Τούς γ' ἐν πάσῃ χώρᾳ κατὰ ταὐτὰ νομιζομένους.

(2) Εγὼ μὲν θεοὺς οἶμαι τους νόμους τούτους τοῖς ἀνθρώποις θεῖναι. Καὶ γὰρ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις πρώτον νομίζεται τοὺς θεοὺς σέβειν.

(3) Οὗτος Θεοῦ νόμος εἶναι.

» qui violent les lois divines subissent des châti>> mens auxquels il est impossible qu'aucun d'eux >> échappe (1). »

Il n'y a sur ce point qu'un langage parmi les anciens, lorsqu'ils ne parlent pas d'après un système particulier de philosophie; car alors, comme l'observe Diodore, ils ne sont d'accord sur rien, et ils se contredisent en des choses de la plus haute importance (2).

Fondé sur l'antique tradition (3), Plutarque enseigne « que non seulement la justice accompagne le » Dieu suprême, mais qu'il est lui-même la justice, la

plus ancienne et la plus parfaite loi (4). Les limites >> de notre patrie, dit-il ailleurs, ce sont les bornes du » monde; nul ne doit s'estimer étranger, ou banni, >> là où sont le même feu, la même eau, le même air, » le même soleil, les mêmes lois pour tous, le même >>> chef qui préside au même ordre, le même roi et le >> même souverain, Dieu, qui tient en sa main le com>> mencement, le milieu et la fin de toutes choses, que » la justice accompagne, et qui punit les violateurs de

(1) Xenophont. Memorab. Socrat., lib, IV, cap. IV.

(2) Si quis maximè insignes philosophorum sectas diligenter expendat, plurimùm inter se discrepare, et in gravissimis sententiis sibi invicem adversari comperiet. Diodor. Sicul., lib. II, p. 82.

(3) Οἱ παλαιοὶ οὕτω λέγουσι καὶ γράφουσι καὶ διδάσκουσι : Sic veteres dicunt, scribunt atque docent. Plutarch. ad Princip. indoct. Oper. tom. II, pag. 781.

(4) ὁ μὲν Ζεὺς οὐκ ἔχει τὴν δίκην πάρεδρον, ἀλλ' αὐτὸς δίκη καὶ θέμις ἐστὶ, καὶ νόμων ὁ πρεσβύτατος καὶ τελειότατος. Id., ibid. - In Petri autem prædicatione inveneris Dominum vocari legem et rationem Clem. Alexandr. Strom., lib. I, pag. 357.

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