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et tous les écrits de ce temps en conservent une teinte plus ou moins forte: or, il peut se faire que Quintilien ait eu la politique, ce qui ne répugne point à son caractère, de risquer un éloge outré pour se concilier un parti nombreux, pour se faire pardonner les jugemens défavorables qu'il avait portés sur le style et le goût de cette secte accréditée; car je ne saurais me figurer que celui qui reprochait à la philosophie d'avoir usurpé sur l'éloquence, n'ait pas senti qu'il était encore plus ridicule à la poésie d'affecter le langage du Portique. Ajoutez que la rivalité qui régnait entre les épicuriens et les stoïciens ne pouvait manquer de rendre ceuxci jaloux du grand poète dont les premiers avaient lieu de se félici ter, et qu'ils voyaient peut-être dans leur élève le rival du sublime Lucrèce.

Dès lors, le crédit de Perse s'explique naturellement : les cercles philosophiques qui l'entendaient à demi-mot s'extasiaient à chacun des vers qui rappelaient un article de leur doctrine favorite. On se fait illusion en pareil cas: on ne juge point à la rigueur une ébauche, une simple esquisse, surtout quand elle offre une foule des traits assez heureux pour faire présumer le talent. D'ailleurs, la modestie de l'auteur, son peu de prétention et la briéveté de son ouvrage, devaient inspirer de l'indulgence, devaient persua– der qu'il lui aurait été facile de se surpasser lui-même, s'il avait vécu plus long-temps.

Il est donc probable que Perse ne doit sa renommée qu'à la secte dont les opinions, tant débattues, n'ont point encore manqué de défenseurs. S'il venait à perdre une partie de cette gloire dont Quintilien l'a gratifié sans restriction, ce serait moins pour avoir été trop fidèle aux principes qu'il avait adoptés dans sa jeunesse, que pour n'avoir pas su les mettre en œuvre d'une manière plus satisfaisante.

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Les partisans de ce poète s'autorisent encore de deux vers de Martial. Ce faiseur d'épigrammes dit à son ami, que la prolixité fatigue et que la précision soutient, rara juvant; puis il ajoute que :

Sæpius in libro memoratur Persius uno,
Quam levis in tota Marsus Amazonide.

Lib. IV, epig. 29.

Il y a loin de ce passage à celui de Quintilien, car il ne signifie presque rien en faveur de Perse: tout l'éloge, si c'en est un, se réduit à dire que son petit ouvrage fournissait plus de vers à citer, que l'immense volume du poète Marsus; ce qui, par le sens même de l'épigramme, n'était qu'un médiocre avantage. D'ailleurs, l'exemption d'un défaut, dit Horace, ne suppose pas toujours les qualités qui lui sont opposées.

Brevis esse laboro,

Obscurus fio; sectantem levia, nervi

Deficiunt animique.

HORAT., de Art. poet., vers. 25.

Les deux vers de Martial, ne formant qu'une simple comparaison, ne sauraient servir à fixer le degré d'estime que lui-même accordait à Perse, considéré comme satirique; et c'est là ce qu'il faudrait constater.

18 J'ai donné des raisons, et je suis prêt à me rétracter quand on m'aura prouvé qu'elles sont insuffisantes, page lviij. Qu'on ne se figure pas néanmoins que j'aie, à l'exemple de quelques savans, formé le projet de supprimer le livre du vertueux élève de Cornutus (1): je décrierais mon jugement beaucoup plus que sa mémoire. Quand je ne songe qu'à ses beaux vers, à ses grands sentimens, à quelques-uns de ses morceaux sublimes, et qui paraîtront toujours tels, pourvu qu'on les sépare de ce qui les précède et les suit, je me plais à croire que s'il avait joui d'une plus longue vie, il aurait, comme Cicéron, retouché les productions de sa jeunesse, et même qu'il en aurait désavoué quelques-unes (2); ou plutôt, lorsque je trouve chez lui l'esquisse d'un poëme digne de sa secte et de sa gravité (3), j'aime à croire que, renonçant à la

(1) Solus ad nos pervenit Liber sex Satirarum, doctus et argutus, sed quum acerbis salibus plenus, tum obscurus, ut propterea aliquibus abjiciendus esse videretur. FABR., Bibl. Lat., tom. II, pag. 64.

(2) M. Tullius non dubitavit aliquos jam editos libros aliis postea scriptis ipse damnare, sicut Catulum atque Lucullum, et hos ipsos de quibus modo sum locutus, artis rhetoricæ. QUINT., lib. III, cap. 4.

(3) J'ai prévenu, page xlviij, que je me servirais de la traduction de M. Lemonnier.

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Instruisez-vous, malheureux; des effets remontez aux causes; sachez ce

Satire, il aurait fait pour Zénon ce que fit Lucrèce pour Épicure; et qu'il serait maintenant assis sur le Parnasse à côté de ce grand poète. C'est accorder à Perse beaucoup plus que je ne lui refuse.

que vous êtes, à quelle condition l'être vous est donné, quel ordre vous est prescrit, à quel endroit vous devez mollement faire le tour de la borne, de quel point vous devez partir : sachez jusqu'où doit aller l'amour de l'argent, ce qu'on peut licitement désirer; quelle est l'utilité d'un écu; quelle portion vous en devez à la patrie, à des parens chéris: enfin, sachez quel poste la Providence vous a donné, quel rang elle vous a marqué dans la nature humaine. »

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SATIRES

DE

JUVÉNAL.

SATIRA I.

Cur Satiras scribat.

SEMPER

EMPER ego

auditor tantum? nunquamne reponam

Vexatus toties rauci Theseide Codri?

Impune ergo mihi recitaverit ille togatas,
Hic elegos? Impune diem consumpserit ingens
Telephus, aut summi plena jam margine libri
Scriptus, et in tergo, necdum finitus, Orestes?

NOTA magis nulli domus est sua, quam mihi lucus
Martis, et Æoliis vicinum rupibus antrum
Vulcani. Quid agant venti, quas torqueat umbras
Æacus, unde alius furtiva devehat aurum
Pelliculæ, quantas jaculetur Monychus ornos,
Frontonis platani convulsaque marmora clamant
Semper, et assiduo ruptæ lectore columnæ.
Exspectes eadem a summo minimoque poeta.

Er nos ergo manum ferulæ subduximus : et nos
Consilium dedimus Sullæ, privatus ut altum

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