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qu'elle lui a appartenu de tous temps. Mais ce qu'Horace n'a jamais su, c'est que la source de son talent était positivement dans les conditions physiques qui l'avaient fait nommer Flaccus.

Les sciences médicales nous apprennent que les enfants qui naissent avec la mollesse du tempérament lymphatique, sont doués d'un génie précoce. Les os crâniens se prêtent au développement facile du cerveau. L'intelligence grandit de bonne heure, et la mémoire conserve, après de longues années, les vives impressions du premier àge et le souvenir des lieux où l'enfance s'est écoulée. D'habitude, de tels sujets restent petits, leur ventre devient obèse de bonne heure; il est rare qu'ils ne révèlent pas leur disposition strumeuse par quelque écoulement d'oreille ou quelque ophthalmie opiniâtre, et généralement ils ne sont point destinés à une longue vie. Tel fut, en effet, Horace, et ses écrits vont nous prouver que son moral était en harmonie avec cette constitution physique.

Né à Venouse, ville antique sur les con

fins de l'Apulie et de la Lucanie; cette contrée reculée de la belle Italie resta présente à sa pensée, même à une époque avancée de sa vie. Sa mémoire, reconnaissante encore après de longues années, signala le but de ses excursions enfantines: c'était le sommet volcanique du majestueux Vultur, la petite ville de Ferentum, les champs fertiles et les bois délicieux de Bantia. Certes, il n'était plus jeune, lorsqu'il célébrait ces souvenirs de son enfance et la fontaine de Bandusie, située à quelques milles de Ve

nouse:

O fons Bandusiæ splendidior vitro.

<< Fontaine de Bandusie, lui dit-il en terminant, mes vers te placeront au nombre des sources les plus renommées ; ils célébreront le chêne-vert qui s'élève au-dessus des rochers caverneux, d'où jaillissent tes flots murmurants : »

Fies nobilium tu quoque fontium,
Me dicente cavis impositam ilicem
Saxis unde loquaces

Lymphæ desiliunt tuæ.

On voit bien que cette composition ne remonte pas à sa jeunesse. Horace avait quarante-deux ans alors, il avait eu longtemps avant, et sans aucun doute, la conscience de son talent; mais il ne parle de l'immortalité due à ses vers que dans l'âge mûr, quand les succès les plus éclatants lui en eurent inspiré le légitime orgueil.

N'était-il pas plus âgé encore quand il célébrait les lieux où s'écoulèrent ses premières années?

C'est dans la quatrième ode du troisième livre adressée à Calliope (Horace avait quarante-six ans). La sécurité la plus grande, la prospérité et le bonheur dont jouissait alors le peuple romain inspirèrent à Horace le désir de louer l'empereur, et dans cette ode adressée à la reine des muses, il suppose qu'il est transporté sous des ombrages. délicieux, qui lui rappellent les lieux chers. à son enfance, en même temps que son caractère sacré de poète (vates). « C'est, dit-il, sur le sommet du mont Vultur, que des colombes prophétiques vinrent me couvrir d'un vert feuillage. Fatigué de mes jeux

innocents, j'étais plongé dans un profond sommeil, les habitants d'Achérontia, ceux que rafraîchissent les ombres des bois de Bantia, ceux qui, dans la plaine, cultivent les champs fertiles de Ferentum ont tous admiré le prodige; ils m'ont vu, enfant courageux, protégé par les dieux, au milieu des ours et des vipères, dormir en sûreté sous un amas de myrthe et de laurier : »

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N'est-ce pas une prodigieuse mémoire que celle qui reproduit si bien les souvenirs du jeune âge dans l'âge de la maturité !

Quelques commentateurs, qui étaient loin d'envisager Horace à notre point de vue, n'ont trouvé là qu'une réminiscence dont le

voyage à Brinde aurait été l'occasion. Mais quand il suivit Mécène à Brinde et à Tarente, le poète ne passa point par Venouse, il décrit une autre route. On peut bien conjecturer qu'il traversa sa ville natale, en revenant à Rome. C'était, en effet, la route directe; mais ce n'est là qu'une conjecture, qu'une supposition créée pour appuyer une autre opinion.

Première éducation d'Horace.

On comprend sans peine qu'un enfant aussi bien doué ne pouvait être élevé à Venouse; son intelligence eût manqué d'aliments; lui-même nous raconte qu'il n'y avait là qu'un pauvre maître, nommé Flavius, qui enseignait aux enfants à lire et à compter.

Ce Flavius était dans une condition plus humble encore que celle des maîtres de nos écoles primaires. Il n'avait pas de subvention officielle, et les enfants seuls devaient, chaque mois, lui apporter son salaire. Le

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