Obrázky na stránke
PDF
ePub

à tous les sentiments tendres. Il a célébré dans plusieurs de ses poèmes la tendresse maternelle dans la première ode, livre rer, il signale la guerre comme un objet d'horreur pour les mères: Matribus bella detestata. Il parlait cependant au milieu d'un peuple qui ne devait sa fortune qu'aux

armes.

Dans le poème séculaire, Carmen seculare, composé par l'ordre d'Auguste, il invoque la douce Ilithya et la prie de protéger les mères. Ailleurs, il peint une mère folle de douleur, et se liant par des vœux insensés pour obtenir la guérison d'un enfant atteint de la fièvre quarte.

Mais les mœurs du temps devaient atténuer ces sentiments dans Horace. Femme libre ou matrone, affranchie ou esclave, la femme, dans ces diverses conditions, tenait peu de place dans la société romaine et n'était considérée qu'au point de vue de l'utilité. Matrone, elle était destinée à donner des héritiers au peuple romain, et cependant le mariage n'était point chez ce peuple un lien sacré, indissoluble; le divorce lui était

facile, et les plus grands hommes en usaient par intérêt, par caprice et pour les causes les plus futiles. La plupart des mariages mêmes n'étaient que des unions temporaires, d'intérêt ou de convenance. Le sévère Caton cède sa femme à l'orateur Q. Hortensius, i la reprend devenue veuve et enrichie des dons de cet époux. Cicéron répudie Terentia qui lui avait donné un fils, et cette Tulliola que ses regrets ont tant célébrée, pour épouser une pupille dont les biens pouvaient l'accommoder.

Esclave ou affranchie, la femme était à la discrétion d'un patron ou d'un maître. A laquelle de ces trois conditions appartenait la mère d'Horace? Nous ne le savons pas (il n'est pas probable qu'elle ait été une matrone). Même en faisant la part du temps, nous ne concevons pas pourquoi Horace impose silence aux sentiments de son cœur, nous ne pouvons l'expliquer à son honneur.

et

Etudes d'Horace.

Je prends pour la première jeunesse d'Horace l'époque de sa vie consacrée aux études supérieures. Si l'éducation est une seconde nature, l'opinion commune est donc d'accord avec nous, quand nous parlons de son influence sur la conduite et sur l'avenir des hommes.

Voyons donc quels furent les effets de l'éducation sur Horace? Son père choisit pour lui le plus célèbre professeur de belleslettres. On le nommait Orbilius; c'était un homme dur et brutal qui accablait de coups ses élèves. Horace, sans doute, en eut sa bonne part; car il lui donna l'épithète de plagosus, avec laquelle il est arrivé à la postérité. Son cours consistait dans l'examen de tous les vieux comiques grecs et latins. Ceci doit nous expliquer pourquoi le génie naissant d'Horace s'exerça d'abord dans la composition de la satyre. Chez les Grecs et chez les Romains, le plan des études ne

consistait que dans la poésie d'abord, qui était en même temps l'étude de la religion. On passait ensuite à la philosophie, puis à la rhétorique, et on terminait par l'histoire. Voilà pour les lettres.

Il n'y avait pas à Rome de faculté des sciences; on se rendait compte des causes physiques, de l'ordre constant et uniforme de l'univers, en admettant l'intervention d'un des dieux de l'Olympe pour chaque phénomène. (On entrevoit ici la source du sentiment religieux, sans doute plus apparent que réel, si fréquemment exprimé dans les vers qu'Horace composa plus tard.) Les livres d'Hésiode et d'Homère étaient alors des ouvrages d'un caractère religieux, et les croyances donnaient aux poètes une valeur que leurs livres ne peuvent avoir dans les temps modernes ; mais cela ne suffisait pas à l'éducation, car ils n'offraient aucune règle, aucun traité méthodique pour la conduite de la vie, et il fallait recourir aux philosophes.

Horace, enclin par tempérament aux douceurs d'une vie facile, écoutait avec préfé

rence les leçons de Syronus, philosophe de la secte d'Epicure; il se choisit des compagnons d'étude, et comme l'amitié n'étreint par des liens durables que ceux qui ont les mêmes goûts, les mêmes jouissances, nous ferons honneur au caractère d'Horace et à ses mœurs du choix qu'il sut faire. Il eut pour amis Lucius Varius, si cher au vieux Catule, et P.-Virgilius Maro, favorisé comme lui par les muses latines.

Des goûts, des études, on peut déjà prévoir quelque chose de l'avenir du jeune Horace; mais les mœurs, l'esprit de l'époque et les événements qui s'accomplissent autour de nous modifient singulièrement nos opinions et notre conduite.

N'est-il pas vrai que les hommes de notre temps, élevés au milieu du bruit des armes, des victoires et des revers du premier empire, ne ressemblent point à ceux qui les ont suivis, quoique tous aient été élevés par l'Université? C'est cette influence des événements, indépendante des leçons et des préceptes de l'éducation, qui agiront sur la conduite du jeune Horace. Or, la jeunesse de

« PredošláPokračovať »