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Les Matinées suisses, par Henri Zsckokke, 4 vol. in-12. Paris, Cherbuliez, libraire, rue de Seine, no 57.

Nous avons sous les yeux cinq nouvelles matinées de Henri Zschokke. Il y a du bon, il y a des choses communes; voyons: A propos de la fondation du Maryland, il y avait une belle page à faire sur la religion chrétienne. Il eût été beau de décrire les efforts de lord Baltimore, qui a si bien compris le Christ, et qui, persécuté par Charles I, a jeté sur la terre de Virginie les bases d'un gouvernement régi par les lois de l'Évangile, qui pourrait bien servir de loi à des gouvernemens établis et à établir. Or, dans la fable de Henri Zschokke, rien de profond, rien de philosophique. Raynal a écrit là-dessus quelques pages; lisez Raynal et comparez.

Dans le Voyage du Philhelène (l'amoureux obligé, indispensable, des femmes qui s'appellent Hélène), j'ai trouvé de l'esprit, mais une gaîté un peu gênée, parfois du comique et de l'observation. C'est une scène, en effet, assez singulière, que le dîner de Trieste : Franz (le héros) près de ses trois Hélènes, obligé envers les deux premières à quelques égards, comme étant leur ancien amant; forcé pourtant d'observer certaines réserves à cause de leurs maris, présens au repas, et enfin réduit à beaucoup de circonspection maritale devant sa troisième et dernière Hélène, l'Hélène légitime, Hélène son épouse.

Le Millionnaire est une histoire assez commune. Un jeune homme riche et amoureux; un père avare qui a une fille charmante ; puis, le jeune homme bientôt ruiné et toujours amoureux, et le père refusant la fille qu'il avait promise d'abord. C'est partout, excepté, cependant, la constance du jeune homme, qui, à force de peine, regagne sa fortune et se représente, toujours amoureux et aimé.

Vive l'Apologie du Nez! C'est un article amusant. L'importance de ce personnage est fort comique. Vous croyez rire; eh bien! le nez est une invention chef-d'œuvre. « Il en est du nez, dit Zschokke, comme de ces bonnes gens fort utiles dans ce monde, dont on ne parle pas tant qu'ils sont là, et dont on ne peut faire assez d'éloges quand ils ne sont plus.

>>

Dans les familles, le nez joue un très-grand rôle ; car le nez, c'est une généalogie vivante. Voyez plutôt les portraits de vos aïeux; c'est le point de ressemblance le plus frappant. Ce serait la pierre d'achoppement des discussions d'héritage, et pour les maris incré

dules, ce serait une preuve qu'ils ne sont pas ce qu'ils croient être. Pour la morale, le nez étant un obstacle, un rempart, contre les baisers des jeunes gens, c'est une sauve-garde pour la vertu des jeunes filles. Par le tabac, le nez est une source de liaisons, étant un commencement d'hospitalité. C'est aussi une source de bénédictions éternuez... « Dieu vous bénisse! » Il y a un pays, en Asie, où, quand le roi éternue, cette action de grâce se prolonge de bouche en bouche jusqu'aux frontières de son état. Et pour l'ivrogne, donc! le nez, quel reproche! Couvert de rubis, ne semble-t-il pas lui dire : « Regarde, ivrogne, j'en rougis de honte pour toi! >>

Tout cela est gai et spirituellement raconté.

Enfin, nous arrivons à Hans-Dampf, et je remercie les traducteurs de Henri Zschokke, car je retrouve bien dans ce conte l'originalité allemande. C'est de la politique de juste-milieu mise en gaîté; c'est, si j'ose parler ainsi, de la plaisanterie sérieuse, et de la plaisanterie de bon aloi. Combien de nos sauveurs politiques d'hier, et de nos Cagnards d'aujourd'hui, retrouveront leurs portraits dans Hans-Dampf! J'en recommande donc la lecture à ces grands faiseurs de grands riens, et, en particulier, à nos arrangeurs d'émeutes.

A. L.

Melanges catholiques, extraits de l'Avenir, publiés par l'Agence générale pour la défense de la liberté religieuse; 2 vol. in-8°, prix: 7 fr., et 9 fr. par la poste les deux volumes. Aux bureaux de l'Agence, à Paris, rue Saint-Germain-des-Prés, no 10 bis. Cet ouvrage est un recueil des principaux articles de l'Avenir, publiés depuis un ans. Chaque article est signé par son auteur.

Histoire. - Philosophie.

TABLEAU

DES

DERNIÈRES RÉVOLUTIONS DU BRÉSIL.

Le Brésil est situé entre les 4° 18' et 34° 55' latitude sud, et comprend environ le tiers de l'Amérique méridionale. Il ne serait pas étonnant qu'une étendue de pays aussi immense offrit une grande variété de richesses et de productions; mais souvent, dans la même province, dans le même district, on trouve le fer et les diamans, l'or, le plomb et les topases; on peut cultiver à la fois le manioc, le blé et le maïs, le café et la vigne, le lin et le cotonnier, les fruits. les plus délicieux de l'Inde, de l'Amérique et de l'Europe; enfin la terre, vierge encore, a une telle fécondité, qu'elle rend de cent cinquante à cinq cents pour un à celui qui prend la peine d'y jeter quelques semences.

TOME IV.

24

Pendant plusieurs siècles, cette belle contrée fut soumise au système colonial. Peut-être ce système ne fut-il jamais aussi rigoureux pour le Brésil que pour l'Amérique espagnole; mais il n'en est pas moins vrai que les prohibitions les plus sévères empêchaient sans cesse les Brésiliens de profiter des bienfaits que leur avait prodigués la nature. Fermé aux étrangers, le Brésil s'épuisait pour enrichir les négocians de Lisbonne. Ses habitans marchaient sur le fer, et, sous peine d'aller finir leurs jours sur le rivage insalubre d'Angole, ils étaient obligés de tirer du Portugal leurs instrumens aratoires; ils possédaient d'abondantes salines, et il fallait qu'ils achetassent à des compagnies européennes le sel qui leur était indispensable. Ils étaient contraints de se faire juger sur les bords du Tage, et leurs enfans ne pouvaient recevoir quelque instruction dans la médecine et la jurisprudence, s'ils n'allaient la chercher à l'université de Coïmbre.

Le système colonial ne tendait pas seulement à appauvrir le Brésil; il avait un but plus odieux encore, celui de le désunir. En semant des germes de division entre les provinces, la métropole espérait conserver plus long-temps cette supériorité de forces qui lui était nécessaire pour exercer sa tyrannie. Chaque capitainerie avait son satrape, chacune avait sa petite armée, chacune avait son petit trésor; elles communiquaient difficilement entre elles, souvent même elles ignoraient réciproquement leur existence. Il n'y avait point au Brésil de centre commun : c'était un cercle immense, dont les rayons allaient converger bien loin de la

circonférence.

Lorsque Jean VI, chassé du Portugal par les Français, chercha un asile en Amérique, une partie du système colonial dut nécessairement tomber d'elle-même. Alors on établit à Rio de Janeiro des tribunaux qui jugèrent en dernier ressort; le Brésil fut ouvert aux étrangers, et l'on permit enfin à ses habitans de profiter des richesses que la nature avait semées sous leurs pas. Mais on n'alla pas plus loin; après

cet effort on s'endormit. On ne chercha point à établir quelque homogénéité dans le nouveau royaume, dont on venait de proclamer l'existence; on laissa maladroitement subsister la même désunion entre les provinces, et Jean VI était, à Rio de Janeiro, le souverain d'une foule de petits états distincts. Il y avait un pays qu'on appelait le Brésil; mais il n'existait point de Brésiliens.

Jean VI était étranger aux notions les plus simples de l'art de gouverner les hommes. Il avait eu un frère auquel on avait prodigué tous les soins d'une éducation excellente, tandis que lui, fils puiné, qui semblait ne point être destiné au trône, avait été condamné à une profonde ignorance. Jean VI était né bon, il n'eut jamais la force de prononcer lui-même un refus, il se montra toujours fils tendre et respectueux; simple particulier, il eût été remarqué pour quelques qualités honorables, comme roi il fut absolument nul.

Les ministres qui gouvernèrent sous son nom ne furent point tous dépourvus de talens; mais aucun ne connaissait assez le Brésil pour cicatriser les plaies qu'avait faites à ce pays le système colonial, pour en réunir les parties divisées, et leur donner un centre commun d'action et de vie. Don Rodrigo, comte de Linhares, avait des idées élevées; mais il voulait tout entreprendre, tout finir à la fois; dans un pays où tout est obstacle, il n'en voyait aucun; il ne mesurait point la grandeur de ses idées sur la petitesse de ses moyens, et, dupe des charlatans qui l'entouraient, plus dupe encore de son imagination bouillante, il croyait déjà exécutés des projets gigantesques qui à peine pourront s'accomplir dans quelques siècles. Ceux qui lui succédèrent, vieux et infirmes, voyaient toujours l'Europe dans l'empire du Brésil, et laissèrent les choses dans l'état où ils les avaient trouvées. Antonio de Villanova e Portugal, le dernier ministre qu'eut le roi Jean VI comme souverain absolu, était un homme de bien, et possédait même quelques connaissances en agriculture, en économie politique, en jurisprudence; mais ses idées, surannées et mesquines, n'étaient point en harmonie

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