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sa veine en pate

* 3

* On

trouve

re fur

Comme on voit les frelons, troupe lâche & stérile,
Aller piller le miel que l'abeille distile.
Cessons donc d'aspirer à ce prix tant vanté,
Que donne la faveur à l'importunité.
(8) Saint-Amand n'eut du Ciel que

tage, L'habit qu'il eut sur lui, fue fon seul héritage : Un lit & deux placets composoient tout son bien, ra un

ComOu, pour mieux en parler,Saint-Amand n'avoit rien. mentaiMais quoi , las de traîner une vie importune ,

ce vers, Il engagea ce rien pour chercher la Fortune ;

dans le Er tout chargé de vers qu'il devoir mettre au jour, I.rome Conduit d'un vain espoir il parut à la Cour.

à

des

CheQu'arriva-t'il enfin de fa Muse abusée ?

vrzana, Il en revint couvert de honte & de risée ;

P. 34. Et la fiévre au retour terminant son deftin, Fit par avance en lui ce qu'auroit fait la faim. Un Poëte à la Cour fut jadis à la mode : Mais des fous aujourd'hui c'est le plus incommode, Et l'esprit le plus beau , l'Auteur le plus poli, N'y parviendra jamais au sort de * l'Angéli. *C'étoit Faut-il donc deformais jouer un nouveau rôle ?

· un fou

de Dois-je , las d'Apollon , recourir à Bartole Louis Et feuilletant Louet allongé par Brodeau , ,

II. Prin-
D'une robe à longs plis balayer le Barreau ? Condé.
Mais à ce seul penser , je sens que je m'égare.
Moi ? que j'aille crier dans ce pais barbare,
Où l'on voit tous les jours l'innocence aux abois
Errer dans les détours d'un Dédale de loix,

ce de

(8) Il y a dans cette description dela pauvreté de S. Amål,
des traits tirés de la 3. Satire de Juvénal comme celui-ci,

Nil habuit Codrus, quis enim negat? & tamen illud
Perdidit infelix torum nihil.

1

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Et dans l'amas confus des chicanes énormes,
Ce qui fut blanc au fond rendu noir par les formes :
Où Patru gagne moins qu'Uor & le Mazier ;
Ec donc les. Cicérons le font chez Pé-Fournier..
Avant qu'un tel dessein m'entre dans la pensée,
On pourra voir la Seine à la Saint Jean glacée,
Arnaud à Charenton devenir Huguenot ,
Saint-Sorlin Janseniste, & Saint-Pavin bigot.

Quittons, donc pour jamais, une Ville importune
Où l'honneur est en guerre avecque la Fortune
Qù le vice orgueilleux s'érige en Souverain,
Et va la mître en tête & la crosse à la main :
() Où la science triste, affreuse & délaissée,
Eft

par-tout des bons lieux comme infâme chassée
Où le seul art en vogue est l'art de bien voler :
Où cout me choque : Enfin , ou.... Je n'ose parler..
Et quel homme si froid ne seroit plein de bile',
A l'aspect odieux des mæurs de cette Ville ?
Qui pourroit les souffrir ? & qui, pour les blâmer
Malgré Mufe & Phébus n'aprendroit à rimer ?
Non, non, sur ce sujet pour écrire avec grace,
Il ne faut point monter au sommet du Parnasse :
Ec sans aller rêver dans le double Vallon,
(10) La colere suffit , & vaut un Apollon..

(9) Regnier a dit,
Si la Science pauvre , affreuse & méprisée

Sert au peuple de Fable, aux plus grands de risée. Il y a aparence que l' Auteur a eu en vúe ces Vers de Régnier, fameux Poète Satirique qu'il estime beaucoup, comme il paroît par l'éloge qu'il en fuit dans son Art Poëtique, Chant. 2. vers la fin. (10) Juvénal, Sat. l. ul. 79 Și natura negat, facit indignatio versum.

Puis souvent la colère engendra de bons vers. C'est ainsi que Régnier a traduit ce vers de Juvinal. On

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Tout beau , dira quelqu'un , vous entrez en furie. A quoi bon ces grands inocs! Doucement, je vous

prie, Ou bien montez en chaire, & là,comme un Docteur, Allez de vos sermons endormir l'auditeur, C'est là

que

bien ou mal on a droit de tout dire. Ainsi parle un esprit qu'irite la Satire, Qui contre ses défauts croit être en sûreté, En raillant d'un Censeur la triste austérité : Qui fait l'homme intrépide, & tremblant de foibles

fe,

Attend pour croire en Dieu que la fiévre le presse : Et toûjours dans l'orage au Ciel levant les mains , Dés

que l'air eft calmé, ric des foibles humains. Car de penser alors qu'un Dieu tourne le monde, Et régle les ressorts de la machine ronde , Ou qu'il ait un vie au-delà du trépas, C'est-là, tout haut du moins ce qu'if n'avoura pas. Pour moi qu'en santé même un autre monde étonne, Qui croit l'ame immortelle , & que c'eft Dieu qui

conne, 1 vaut mieux pour jamais me bannir de ce Lieu , Je me retire donc, Adieu, Paris. Adieu.

2

voit combien l'expression de M. D.:.. eft plus libre plus noble. La comparaison des endroits que ces deux Satiriques ont imité des Anciens , ne feroit pas desagréable ni sans instruction. Cette première Satire de M. D. Lg In troisiéme de Régnier en fournissent plusieurs autres exemples, comme les Curieux pourront le voir s'ils veulent en: prendre la peine.

SATIRE II.

A Monsieur DE MOLIERE. R

ARE & fameux Esprit, donc la fertile veine

Ignore en écrivant le travail & la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésorts ouverts , Et qui sçais à quel coin se marquent les bons vers. Dans les combats d'esprit sçavant Maître d'escrime, Enseigne-moi , Moliére , où tu trouve la rime. On diroit quand tu veux, qu'elle te vient chercher : Jamais au bout du vers on ne te voic broncher ; Et sans qu'un long détour, t'arrête, ou t'embarrasse, A peine as-tu parlé, qu'elle-même s'y place. Mais moi qu'un vain caprice, une bizarre humeur, Pour mes pechés, je croi fit devenir Rimeur ; Dans ce rude métier , où mon esprit se tue ; Souvent j'ai beau rêver du matin jusqu'au soir, Quand je veux dire blanc, , la quinteuse dit noir, Si je veux d'un Galant dépeindre la figure , Ma plume pour rimer trouve l'Abbé de Pure: Si je pense exprimer un Auteur fans défaue , La raison dit Virgile , & la rime Quinaut. Enfin quoique je fasse ou que je veuille faire , La bizarre toûjours vient m'offrir le contraire. De rage quelquefois ne pouvant la trouver , Triste, las , & confus , je cesse d'y rêver : Et maudissant vingt fois le Démon qui m'inspire, Je fais mille sermens de ne jamais écrire : Mais quand j'ai bien maudit & Muses & Phébus, Je la vois qui paroît, quand je n'y pense plus. Ausli-tôt , malgré moi , couc mon feu se rallume ;

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Je reprens sur le champ le papier & la plume,
Et de mes vains fermens perdant le souvenir
J'accens de vers en vers qu'elle daigne venir.
Encor , fi pour rimer , dans sa verve indiscére,
Ma Muse au moins souffroit une froide épithéce :
Je ferois comme un autre, & fans chercher si loin,
J'aurois coûjours des mots pour les coudre au besoin.
Si je louois Philis, En miracles féconde ,
Je trouverois bien-tôt , A nulle autre seconde :
Si je voulois vanter un objet nonpareil ,
Je mettrois à l'instant, Plus beau que le Soleil.
Enfin parlant toûjours d'Altres & de merveilles,
De Chef-d'æuvre des Cieux, de Beautés Sans paeilles
Avec tous ces beaux mots souvent mis au hazard,
Je pourrois aisément , fans génie & fans art,
Et transposant cent fois & le nom & le verbe,
Dans mes vers recousus mettre en piéces Malherbe'.
Mais mon esprit tremblant sur le choix de ses mocs,
N'en dira jamais un, s'il ne tombe à propos,
Et ne sçauroit souffrir qu'une phrase insipide
Vienne à la fin d'un vers remplir la place vuide.
Ainsi recommençant un ourage vingt fois, ,
Si j'écris quatre mors, j'en effacerai trois.

Maudit soit le premier doar la verve insensée
Dans les bornes d'un vers renferma sa pensée :
Er donnant à ses mots une étroite prison
Voulue avec la rime enchaîner la raison,
Sans ce mécier fatal au repos de ma vie ,
Mes jours pleins de loisir couleroient sans envie : 1
Je n'aurois qu'à chanter , Tire, boire d'autant ;
Et comme un gras Chanoine,à mon aise, & contene,
Paffer tranquillement, sans fouci , fans affaire,
La nuit à bien dormir , & le jour à rien faire

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