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Suet. Aug. 43-45.

la magnificence des jeux, en dépensant pour leur exé-
cution le triple de ce qu'ils recevoient du trésor public.
Son attention à amuser le peuple par des spectacles de
toute espèce fut extrême, et dura autant que sa vie. Il
est vrai qu'il s'y plaisoit lui-même. Il y passoit souvent
plusieurs heures de suite, et quelquefois les jours entiers;
et cela, uniquement occupé du spectacle, comme les
personnes du plus grand loisir. Il étoit bien aise de ne
point se distinguer, et d'éviter le blâme qu'avoit encouru,
disoit-il, le dictateur César son père, qui, pendant les
jeux, dont la futilité ne pouvoit servir de pâture suffi-
sante à un esprit tel que le sien, lisoit et apostilloit ses
lettres, et répondoit aux placets qui lui avoient été pré-
sentés. Auguste 'trouvoit plus populaire de se conformer
au commun des spectateurs: mais de plus il ne dissimu-
loit pas que le spectacle l'attachoit
le spectacle l'attachoit par lui-même.

Un intérêt plus sérieux sans doute le porta à multiplier ces sortes d'amusemens. Il vouloit repaître la curiosité d'un peuple inquiet, et en détourner la vivacité vers des objets de nulle conséquence, qui l'attirassent, qui le remplissent, qui lui fissent oublier les affaires de l'état, auxquelles il avoit pris autrefois tant de part.

C'est le sens d'un mot très-judicieux, qui lui fut dit par un homme d'une profession frivole, Pylade le pantomime. Pylade et Bathylle étoient rivaux, et partageoient les applaudissemens et la faveur de la multitude, qui s'échauffoit, et prenoit parti entre eux, comme du temps de la république entre César et Ponipée. Ces farceurs en avoient le cœur enflé; et Pylade, se voyant un jour sifflé par un des spectateurs, le montra au doigt pour l'exposer à l'indignation de ses partisans. L'empereur châtia l'insolence du pantomime, en le chassant de la ville et de l'Italie : mais bientôt il se laissa fléchir, et il accorda son rappel aux désirs du peuple. Pylade

1 Civile rebatur misceri voluptatibus vulgi. Tac. Ann.1, 54.

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donc ayant paru devant Auguste, comme ce prince lui recommandoit d'être sage à l'avenir et de ne plus exciter de factions : « César, lui dit le comédien, il Dio. « vous est utile que le peuple s'occupe de Bathylle et

de moi. >>

Auguste le savoit bien; et c'est par ce motif que pen- Suet. dant toute la durée de son empire il prodigua tous les genres de spectacles, pièces de théâtre en grec et en latin, courses du Cirque, combats de gladiateurs et d'athlètes, nouveautés venues des pays étrangers. Il y entretenoit même l'émulation par les récompenses qu'il donnoit aux comédiens ou aux combattans qui s'étoient signalés.

Il a été rapporté dans l'histoire de la république qu'Auguste aimoit particulièrement le jeu de Troie, où la jeune noblesse s'exerçoit par des courses à cheval et des caracoles exécutées avec beaucoup d'adresse et d'agilité. Ce jeu étoit sujet à des accidens: et le fils de Nonius Asprénas s'y étant blessé, Auguste le consola en lui faisant présent d'un hausse-col d'or; et il ne trouva pas mauvais que le jeune homme en prît occasion de porter le surnom de Torquatus, qu'une aventure plus brillante et plus glorieuse avoit introduit plusieurs siècles auparavant dans la maison des * Manlius. Mais un pareil accident s'étant renouvelé en la personne d'Eserninus petit-fils de Pollion, celui-ci s'en plaignit dans le sénat avec amertume, et selon toute la hauteur de son caractère en sorte qu'Auguste se crut obligé de renoncer à un jeu trop dangereux, et qui lui attiroit de semblables

scènes.

Voy. Hist. rom. tom., liv.vn, S. 1,

'p. 205.

42.

Si ce prince étoit charmé de se gagner la bienveillance Suet. Aug. du peuple, c'étoit pourtant sans préjudice de la dignité et de la fermeté qui convenoient à son rang. Ainsi, quoiqu'il sût combien la multitude étoit attachée aux distributions de blé, dont l'usage s'étoit établi sous le gouvernement républicain, et qu'il continuoit lui-même, il eut la pensée de les abolir, parce qu'il sentoit qu'elles

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Av. J.C.17.

Dio.

nourrissoient la fainéantise, et que, par l'appât d'une subsistance trop aisée, elles détournoient bien des citoyens de la culture des terres. Et il auroit exécuté cette résolution, s'il n'eût appréhendé que quelqu'un après lui ne renouvelât l'usage de ces largesses par le même principe qui leur avoit donné naissance, c'est-à-dire, par le motif d'une basse flatterie envers le peuple.

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«

Une année que le vin étoit cher et rare, la multitude en fit des plaintes, et excita des clameurs. « Que craignez-vous (leur dit l'empereur)? Agrippa, mon gendre, vous a mis à portée de ne point souffrir de «< la soif. » Il entendoit parler de l'eau qu'Agrippa avoit amenée dans Rome par plusieurs aqueducs, et récemment par celui de l'eau vierge, qui subsiste encore aujourd'hui sous le nom de Trevia.

Je reviens à l'ordre des temps, qui me ramène au consulat de Furnius et de Silanus.

G. FURNIUS.

C. JUNIUS SILANUS.

Sous ces consuls Auguste poussa son plan de réforme, et fit ou renouvela des règlemens utiles pour différens objets de bien public.

Il étoit défendu aux avocats par une loi qu'avoit portée autrefois Cincius, tribun du peuple, de recevoir ni argent, ni présens de leurs parties. Auguste remit cette loi en vigueur, et y ajouta une clause qui soumettoit les contrevenans à la restitution au quadruple de ce qu'ils auroient reçu.

Il défendit aux juges de faire aucune visite pendant l'année qu'ils seroient en place.

Comme il voyoit que les sénateurs se relâchoient beaucoup sur l'exactitude à se rendre aux assemblées de la

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Querentem de inopia et caritate Agrippà, perductis pluribus aquis', vini populum severissima coërcuit ne homines sitirent. Suet. Aug. voce: Satis provisum à genere suo cap. 42.

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compagnie, il augmenta les amendes, qui de tout temps étoient en usage contre les absens.

Pendant qu'il s'occupoit ainsi de tout ce qui pouvoit être avantageux à l'état, sa famille s'accrut, et acquit un nouvel appui par la naissance d'un second fils d'Agrippa et de Julie, qui fut nommé Lucius. Auguste, à qui il importoit de montrer au public des successeurs désignés de sa puissance, se hâta d'adopter ses petits-fils, quoique l'aîné ne pût avoir que trois ans, et que l'autre vînt de naître. Il suivit dans cette adop- Suet. Aug. tion les formalités les plus solennelles du droit romain ; et il voulut qu'Agrippa, père de ces jeunes enfans, lui transmît son droit sur eux par une espèce de vente. Il leur donna son nom, en sorte qu'ils furent appelés Caïus César et Lucius César.

64.

Il célébra cette même année les jeux séculaires, qui ne peuvent guère nous intéresser aujourd'hui qu'à raison du beau poëme qui fut composé par Horace pour cette fête, et chanté à deux chœurs, l'un de jeunes garçons, et l'autre de jeunes filles. On trouvera ce qu'il y a de plus curieux à savoir sur ces jeux dans une courte dissertation de M. Rollin au troisième tome de son histoire L. x, §. 1, romaine.

P. 24.

Je me contenterai d'observer ici l'attention tout-à- Suet. 'Aug. fait louable d'Auguste à prévenir les occasions de 31, 44. désordres en défendant aux jeunes gens de l'un et de l'autre sexe de venir seuls à aucun spectacle pendant les trois nuits que duroit la fête, et les assujettissant à s'y faire accompagner de quelque parent ou parente d'un âge mûr. Il usoit de semblables précautions dans tous les spectacles en général, dont il connoissoit le danger pour les mœurs: et s'il ne portoit pas l'exactitude jusqu'à les interdire aux jeunes gens, au moins il leur affectoit un quartier de l'amphithéâtre où ils fussent placés à part, et sous les yeux de leurs gouverneurs. Par une suite du même esprit, il sépara les femmes d'avec

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Dio.

les hommes dans l'assistance aux jeux et aux combats des gladiateurs, et il les exclut absolument des combats d'athlètes. Il eût encore mieux fait d'obliger les combattans à respecter, suivant l'ancien usage, les lois de la pudeur naturelle, et à ne pas paroître nus devant les spectateurs.

L'année suivante eut pour consuls deux hommes qui portoient des noms bien illustres, Domitius et Scipion. Le premier étoit gendre d'Octavie, et fut grand-père de l'empereur Néron : l'autre tenoit aussi de très-près à Auguste, étant fils de Scribonia, et par conséquent frère utérin de Julie.

L. DOMITIUS AHÉNOBARBUS.

P. CORNELIUS SCIPIO.

Les mouvemens des Germains déterminèrent Auguste à faire cette année un voyage en Gaule. Ces mouvemens, sur lesquels je donnerai dans un autre lieu le peu de détail que nous en ont conservé les anciens auteurs, furent le commencement d'une guerre qui devint trèsimportante, et la seule a considérable, à proprement parler, qui se soit faite sous l'empire d'Auguste. Car ce prince, amateur de la paix, en maintenant les Romains tranquilles, fit jouir tout l'univers d'une heureuse tranquillité preuve évidente que c'est à Rome qu'il faut s'en prendre de ces guerres perpétuelles qui, depuis sa naissance, l'avoient successivement mise aux mains avec toutes les nations connues. L'ambition du peuple romain et de ses généraux, avides de se signaler par de glorieux exploits et de mériter l'honneur du triomphe, cherchoit souvent la guerre où sans eux elle n'auroit point été. Cette observation se vérifiera de plus en plus par la continuation du calme sous les empereurs suivans, qui,

a En m'exprimant ainsi, je mets ensemble les guerres de Germanie et de Pannonie. Elles ont concouru

pour le temps; et l'une a servi d'occasion et d'appui à l'autre.

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