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Suet. Cal.16.

exemples de cette espèce. Depuis ce temps, au lieu de lois on ne trouve plus dans le droit que des sénatus-consultes. Aiusi le sénat réunit les droits du peuple aux siens, et acquit par là le privilége de représenter seul l'ancienne république,

Caligula voulut rendre les élections au peuple: mais cette entreprise d'un prince furieux n'eut pas plus de suites que quantité d'autres idées chimériques dans lesquelles il s'égaroit.

Le peuple se vit donc bientôt privé de toute part au gouvernement : et ces fiers conquérans de l'univers, ces bourgeois qui s'estimoient au-dessus des plus grands rois du monde, et 1 à qui les premières têtes de l'empire faisoient autrefois la cour pour en obtenir des commandemens et des charges, bornèrent désormais leur ambition et leurs vœux aux largesses et distributions de pain, vin, et viandes, par lesquelles les empereurs soulagoient leur misère, et aux spectacles, dont ils anusoient leur légèreté.

La nation romaine sous ce nouveau gouvernement peut sembler extrêmement déchue de son ancienne splendeur. Elle perdit réellement l'exercice de la souveraineté, que tous les citoyens comptoient posséder solidairement, et des droits de laquelle ils jouissoient en commun. Mais cet avantage, si flatteur pour l'amourpropre, étoit devenu depuis long-temps une occasion perpétuelle de désordres et de malheurs pour la république en général, et pour tous les citoyens en particulier. Les Romains, en perdant une liberté tumultueuse, et qui dégénéroit en horrible licence, ne perdirent, à proprement parler, qu'un bien imaginaire ;

Qui dabat olim

Imperium, fasces, legiones, omnia, nunc se
Continet, atque duas tantùm res anxius optat,
Panem et Circenses.

Juven. Sat x. v. 78.

et ils en furent abondamment dédommagés par les biens solides et réels dont la monarchie les fit jouir.

Les guerres civiles finies au bout de vingt ans, les guerres étrangères ou terminées par la victoire, ou évitées par une conduite prudente, ou soutenues sans que la tranquillité intérieure de l'état en fût altérée, la paix rétablie, la fureur des armes partout étouffée, les lois remises en vigueur, l'autorité rendue aux tribunaux, la culture aux campagnes, lé respect et l'honneur aux choses saintes, le repos et la libre et paisible possession de leurs biens aux citoyens et aux sujets de l'empire, les anciennes lois réformées de nouvelles lois établies avec sagesse, voilà quels furent les fruits du changement introduit par Auguste, et telle est l'idée générale que l'on peut ici se former d'avance de tout ce que nous aurons à raconter de son gouvernement.

Les excellens poëtes ses contemporains, honorés de ses bontés et de son estimé, se sont plu à peindre la félicité publique dont on lui étoit redevable: et j'espère que le lecteur en lira ici volontiers une description charmante de la façon d'Horace. « Sous votre sauve« garde ( dit cette aimable poëte en adressant la parole « à l'empereur) le bœuf en sûreté trace un tranquille

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« sillon: Cérès et l'heureuse fécondité enrichissent les « campagnes les vaisseaux volent sur la surface des «mers sans craindre aucune hostilité: la foi et la probité ne se ternissent d'aucune tache. On ne connoît plus ces désordres honteux qui déshonorent les familles les lois et les mœurs de concert ont dompté « un vice si odieux. On loue les mères dont les enfans ressemblent à leurs maris. La faute est suivie de près « du châtiment qui en arrête la contagion. Qui craindra, tant que le ciel nous conserve Auguste, qui craindra «< ou le Parthe ou le Scythe, ou les sauvages enfans de la « fère Germanie? A qui la révolte de l'opiniâtre Ibérie donne-t-elle la moindre alarme? Chacun sur son coteau achève tranquillement le jour, et marie sa vigne « aux arbres qui en soutiennent la foiblesse: de là il « revient gai et content à un repas champêtre, où il vous offre des libations comme à un dieu tutélaire. » Rome et l'Italie ne ressentirent pas seules les fruits et la douceur du nouveau gouvernement. Les provinces, vexées auparavant par des préteurs avides, tourmentées par autant de petits tyrans qu'elles recevoient de Romains constitués en dignité, déchirées et épuisées par les guerres, civiles, se remirent enfin de tant de maux sous un prince qui, en faisant régner la paix, savoit aussi faire respecter les lois, et rendre à tous une exacte justice.

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"Ainsi la sagesse d'Auguste fut comme une source féconde d'où la félicité coula et se répandit sur toutes les parties de l'univers: grand ouvrage sans doute, et seul Plut. Apo- digne d'un véritable héros, Il avoit coutume de dire au

pluheg. Aug.

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sujet d'Alexandre, qu'il s'étonnoit que ce conquérant craignît de n'avoir plus rien à faire lorsqu'il n'auroit plus de peuples à vaincre : comme si gouverner un vaste empire n'étoit pas quelque chose de plus grand que de le conquérir. Il vérifia ce mot en sa personne et il n'eut jamais d'occupation plus noble, plus glorieuse, ni plus héroïque que lorsqu'il n'eut plus de guerres à faire ni de victoires à remporter.

Ce calme et cette tranquillité, qui firent le bonheur du siècle d'Auguste, en ont rendu l'histoire sèche et moins intéressante pour nous. Il n'est pas à souhaiter pour les hommes que le temps où ils vivent offre aux écrivains une abondante moisson d'événemens propres à piquer et à émouvoir les lecteurs. D'ailleurs, par la nouvelle constitution de l'état, les' affaires publiques, devenues absolument étrangères au très-grand nombre des citoyens, en étoient communément ignorées; et l'on n'étoit pas même à porté de s'instruire des délibérations d'un conseil privé comme on savoit autrefois celles qui se prenoient dans les assemblées du sénat et du peuple. Néanmoins il s'étoit trouvé encore de beaux génies qui Tacit. Ann. avoient exercé leur plume sur ces temps peu féconds. ', 1. Mais leurs ouvrages ne sont plus. Dion presque seul nous reste; écrivain peu capable de nous consoler de la perte des autres. Velleïus est un abréviateur, et de plus infecté du poison de la flatterie. Suétone a fait des vies, et non pas une histoire. Il fournit des détails curieux, intéressans, qui font connoître la personne des empereurs dont il parle, mais qui ne nous donnent pas une suite de faits, et en développent encore moins les ressorts cachés. Pour enrichir un fonds si stérile, il a fallu ramasser dans les poëtes du temps et dans les écrivains postérieurs, qui n'ont pensé à rien moins qu'à composer une histoire d'Auguste, quelques parcelles détachées et éparses çà et

'Inscitia reipublicæ, ut aliena. Tacit. Hist. 1, 1.

là. C'est ce que Freinshemius a exécuté avec succès: mais il finit, commé les épitomes de Tite-Live, à la mort de Drusus. L'illustre M. de Tillemont a traité dans ce goût non-seulement l'histoire d'Auguste, mais celle de ses successeurs. Ses mémoires seront ma principale ressource dans l'ouvrage que j'ai entrepris. Je les suivrai d'autant plus volontiers pour guide, qu'aux recherches d'une érudition profonde leur auteur joint l'esprit du christianisme, qui rapporte tout à Dieu, à Jésus-Christ, à la religion, seule fin à laquelle doit tendre tout ce que nous faisons, en quelque genre que çe puisse être.

§. II

Nouveaux honneurs et priviléges decernés par le sénat à Auguste. Double paie aux troupes de la garde de l'empereur. Laurier et couronne civique. Le nom du mois sextilis changé en celui d'augustus. Un tribun du peuple se voue à Auguste selon l'usage des Celtes. Auguste vient en Gaule. Triomphes de Messala. Auguste passe en Espagne. Chute et mort funeste de Cornélius Gallus. Actions de grâces aux dieux pour cet événement. Haine publique contre son délateur. Vanité folle d'Egnatius Rufus. Conduite sage d'Agrippa. Edifices publics construits par lui: les parcs Jules; le Panthéon; bains publics; temple de Neptune. Le temple de Janus rouvert. Les Salasses vaincus: fondation d'Aouste. Arc de triomphe et trophées érigés sur un sommet des Alpes. Auguste subjugue avec beaucoup de difficulté les Cantabres et les Astures. Son inclination pour la paix. L'Espagne pacifiée après deux cents ans de guerre. Temple de Janus fermé. Fondation de Mérida. Auguste marie son neveu Marcellus avec Julie sa fille. Sa considération pour Agrippa. Trait mémorable de piété filiale. Au

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