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En Angleterre, nous trouvons, à la fin de cette période, trois auteurs remarquables. N. Lardner (1684-1768), quoique se rattachant à l'école socinienne, a composé une solide défense de l'authenticité et de la crédibilité des Evangiles (1). Lowth (1710-1787) est l'auteur d'un livre souvent réimprimé, et qui a eu beaucoup d'influence: De sacra poesi Hebræorum (2). Paley (1734-1805) défend les opinions traditionnelles avec une science ingénieuse et solide dans ses Hora paulina (3) et dans ses Preuves du Christianisme (4).

Nous bornerons ici ces indications, où nous croyons n'avoir oublié aucun des auteurs marquants de l'ancien protestantisme orthodoxe.

2o Époque postérieure à l'avènement du rationalisme (5). — I. Rationalistes. 1. Semler (Jean-Salomon), professeur à Halle (1721-1791), est considéré comme le père du rationalisme biblique. Erudit (6), mais confus, n'ayant pour la partie dogmatique du christianisme qu'une indifférence absolue, il ne donne à la religion qu'un caractère complètement subjectif et privé. Ses principaux ouvrages sont: Apparatus ad liberaliorem novi Testamenti interpretationem (7); Abhandlung von freier untersuchung des Kanon (8), qui provoqua une véritable révolution dans le monde scientifique protestant. En réalité, Semler ne laisse subsister du Christianisme que ce détritus abstrait que l'on appelle religion naturelle (9).

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Semler fut suivi dans cette voie par une multitude d'érudits, qui visèrent, en se servant de toutes sortes d'arguments, à détruire le surnaturel des Ecritures. Voici les principaux :

Eichhorn (J.-G.), né en 1752, mort en 1827, professeur à Gætingue depuis 1787, est auteur d'une célèbre Introduction à l'Ancien Testament (10), à

(1) Credibility of the Gospel history, Londres, 1727-1733, 5 vol. in-8°.

(2) Oxford, 1753, in-4°.

(3) Londres, 1787, in-8°; traduit en français.

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(4) A view of the evidences of christianity, Londres, 1794, 2 vol. - Traduit aussi en français, par Levade, et reproduit dans Migne, Démonstrat. évangéliques, t. XIV.

(5) Cfr. l'importante étude de M. Vigouroux, Esquisse de l'histoire du rationalisme biblique en Allemagne, en tête de La Bible et les découvertes modernes, 2o éd., t. I, pp. 5-115, V. aussi A. Saintes, Histoire du rationalisme, 1841, in-8°; Lichtenberger, Histoire des idées religieuses en Allemagne depuis le milieu du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, Paris, 1873, 3 vol. in-8°. - Pour l'Angleterre, V. Tabaraud, Histoire critique du philosophisme anglais, Paris, 1806, 2 vol. in-8°; Sayous, Les Déistes anglais, Paris, 1882.

(6) Delitzsch nie assez âprement cette qualité, au moins en ce qui concerne les études hébraiques (Jesurun, p. 24).

(7) Halle, 1767.

(8) Ibid., 1771-1775, 4 vol. in-8°.

V. sur ce livre Reuss, Histoire du Canon des Saintes Ecritures dans l'Église chrétienne, 2 éd., Strasbourg, 1864, in-8°, pp. 413 et suiv. D'après cet auteur, les idées de Semler avaient eu un précurseur dans J.-A. Turretin, De S. S. interpretandæ methodo, 1728; ibid., p. 414.

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(9) M. Lichtenberger, art. Semler, dans l'Encyclopédie des sciences religieuses, t, XI, p. 552.- Malgré cela, dit le même auteur, il s'occupa, vers la fin de sa vie, d'alchimie et de la recherche de la pierre philosophale; il approuva les cures merveilleuses opérées par Gassner, et la foi aux miracles de Lavater. Ibid., p. 553. On peut citer encore son Apparatus ad liberalem Veteris Testamenti interpretationem, Halle 1773, in-8°. V. aussi Dorner, Histoire de la théologie protestante, trad. fr. de Paumier, Paris, 1870, in-8°, p. 607. (10) 4 édit., Leipzig, 1823-1824, 5 vol. in-8°.

côté de laquelle il faut citer son Répertoire de la littérature biblique et orientale (1) et son Introduction au Nouveau Testament (2).

Corrodi (1752-1793), élève de Semler, a écrit un Essai sur l'histoire du Canon biblique juif et chrétien (3).

Bertholdt (1774-1822), professeur à Erlangen, a écrit une Introduction aux écrits de l'Ancien et du Nouveau Testament (4). On lui reproche l'absence du sens historique et un défaut de méthode. Il représente le rationalisme dans ce qu'il a de plus vulgaire.

De Wette (G.-M.), mort professeur à Bâle (1780-1849), débuta par ses Beiträge zur Einleitung in das alte Testament (5), qui, remaniés plus tard par lui, devinrent l'Introduction historique et critique à l'Ancien Testament, Lehrbuch der historisch kritischen Einleitung in das A. T. (6). • On a comparé le travail que de Wette a fait sur l'Ancien Testament à celui de Wolff sur Homère. C'est en effet un des traits saillants de la méthode de notre auteur d'appliquer à l'étude de la littérature hébraïque exactement les mêmes règles critiques que l'on applique à celle des produits littéraires des autres peuples. L'histoire primitive de tous les peuples révélant les traces du travail de la légende, de Wette ne voit pas pourquoi l'on se refuserait à admettre un travail semblable dans l'histoire du peuple juif › (7).

Schott (1780-1835) a écrit une Isagoge historico-critica in libres novi Fœderis sacros (8), qui, malgré son esprit rationaliste, ne manque pas de mérite.

Credner (1797-1857), professeur à Iéna et à Giessen, a laissé en outre de ses Recherches sur le Canon, que nous citerons plus loin, une Introduction au Nouveau Testament (9), qu'il a complétée par son Histoire du Nouveau Testament (10), où il étudie l'origine des écrits qui composent le recueil sacré.

Neudecker a écrit Lehrbuch der historisch-kritischen Einleitung in das neue Testament (11).

Bunsen (1791-1860) appartient à notre sujet par son grand ouvrage Gott in der Geschichte (12), où il suit la révélation dans les religions des peuples, jusqu'à ce qu'elle atteigne son point culminant en Jésus-Christ. Son Bibelwerck (dont MM. Holtzmann et Kamphausen ont achevé la publication) (13) doit être cité aussi.

(1) Leipzig, 1777-1786, 18 vol. in-8°. Ce recueil fut suivi de la Bibliothèque universelle de la littérature biblique, Leipzig, 1787-1801, 10 vol. in-8°.

(2) 2o éd., Leipzig, 1820-1825, 5 vol. in-8°.

(3) Halle, 1792, 2 vol. in-8°.

(4) Erlangen, 1812-1819, 5 vol. in-8°.

(5) Iéna, 1806-1807, 2 vol. in-8°.

(6) 1817, 7° édit., 1849.

(7) Lichtenberger, dans l'Encyclopédie des sciences religieuses, t. XII, p. 452.

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n'avons pas besoin de dire que nous ne faisons que mentionner la théorie de de Wette, et que, loin de la partager, nous la réprouvons complètement.

(8) Iéna, 1830.

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Il y a encore chez ces auteurs un certain sentiment religieux que nous ne trouvons plus chez les trois écrivains que nous allons mentionner maintenant.

2. Paulus (1761-1851) dans sa Vie de Jésus (Leben Jesu als Grundlage einer reinen Geschichte des Urchristenthums) (1), et dans son Manuel exégélique sur les trois premiers évangiles (2), rejette complètement tout ce qui a, à quelque degré que ce soit, un caractère miraculeux, et veut tout expliquer par une cause naturelle.

Strauss (1808-1874) est si connu par ses deux Vies de Jésus (3) qu'il est inutile de nous arrêter à son système (4).

Bauer (Bruno), né en 1809, mort en 1882, a écrit un grand nombre d'ouvrages, dont nous ne citerons que la Kritik der Geschichte des Offenbarungs (5), et dans lesquels, s'il y a parfois quelque perspicacité, ce qui n'est pas prouvé, manque partout le sens historique.

Il nous faudrait parler ici des travaux de Baur et de l'école de Tubingue, ainsi que de ceux d'Ewald. Mais les travaux de Baur et de ses élèves appartiennent plutôt à l'histoire ecclésiastique qu'à l'introduction. Ewald (18031875) a plus de titres à figurer dans ces pages. Sans parler de ses grammaires hébraïque (1827) et arabe (1831-1833), il faut citer son Histoire du peuple d'Israël (6), sa Théologie de l'Ancien et du Nouveau Testament (7).

3. Le mouvement déiste et rationaliste, qui s'était déjà produit en Angleterre au XVIIIe siècle, puis avait disparu, reparait sous l'influence des idées allemandes. Il se manifeste d'abord d'une manière éclatante dans les Essays and Reviews. Ce volume (8) contenait sept mémoires dont six dûs à des membres du clergé anglican (9). On y abordait les questions les plus graves de la philosophie religieuse et de la critique biblique. Nous ne citerons que ceux de ces travaux qui se rapportent à notre sujet. M. Baden Powell, dans son Etude sur les preuves du Christianisme, et M. Goodwin, dans son travail sur la Cosmogonie mosaïque, concluaient. le premier à l'insuffisance de la preuve qui se tire du miracle, le second à l'existence d'erreurs dans la Bible. M. Jowets, traitant de l'Interprétation de l'Ecriture, se demandait pourquoi on traite la Bible autrement que tous les livres de l'antiquité. Le bruit soulevé par cette publication fut immense; après de longues polémiques, les auteurs furent déclarés non coupables par le Conseil privé.

(1) Heidelberg, 1828, 2 vol. in-8°.

(2) En allemand aussi, Heidelberg, 1841-1842, 3 vol. in-8°.

(3) Das Leben Jesu Kritisch bearbeitet.

(4) Il est exposé par M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. I, p. (5) Berlin, 1838, in-8°.

On trouvera la liste de ses ouvrages dans l'Encyclopédie des

sciences religieuses, t. XIII, p. 11.

(6) Gættingue, 1851-1858, 7 vol. in-8°. Cet ouvrage a eu trois éditions, et a été traduit en anglais.

(7) 1871-1874.

(8) Londres, 1860, in-8°.

(9) Voici les noms des auteurs: M. Goodwin, les révérends Jowets, professeur royal de grec à Oxford, Baden Powell, professeur de géographie à la même université; Pattison, recteur de Lincoln Collège Oxford; Temple, chapelain de la reine et directeur de l'école de Rugby; Rowland Williams, vice-principal du Collège de Lampeters; Wilson, pasteur de Great Staugleton.

La polémique causée par les théories des Essayistes se développa avec plus de violence lorsque l'évêque anglican de Natal, T.-W. Colenso, qui s'était prononcé contre l'obligation de renoncer à la polygamie imposée aux païens convertis (1860), et qui avait rejeté l'éternité des peines (1861), commença à publier son grand ouvrage sur le Pentateuque et sur Josué (1) (1862). Il y combat, comme l'école allemande, l'origine mosaïque du Pentateuque et sa valeur historique. L'autorité civile prit, comme dans l'affaire des Essays, parti pour Colenso contre ses adversaires orthodoxes.

Les mêmes idées sont développées dans les Introductions de S. Davidson (2) et dans les travaux de Robertson Smith (3). De nombreuses traductions des ouvrages rationalistes allemands, hollandais et français, prouvent que les adhérents à ces systèmes se multiplient en Angleterre.

4. En Hollande, le mouvement est beaucoup plus prononcé. Les professeurs de théologie de Leyde lui sont acquis. Il a pour son organe le plus autorisé un homme réellement savant, M. Kuenen, né en 1828, professeur d'hébreu et d'exégèse de l'Ancien Testament à Leyde, depuis 1853. Le plus absolu des rationalismes paraît dans tous ses travaux. Nous avons pu le constater déjà pour son livre sur Les Prophètes et la prophétie en Israël (4). Il faut mentionner ici deux de ses ouvrages: 1o Criticæ et hermeneuticæ librorum novi foederis lineamenta (5); 2° Recherches historicocritique sur l'origine et la collection des livres de l'Ancien Testament (6). Nous mentionnerons aussi son Histoire d'Israël (7) et la Revue théologique qu'il dirige avec MM. Hoekstra et van Bell.

M. Scholten, né en 1811, aussi professeur à Leyde, a publié une Introduction historique aux écrits du Nouveau Testament (8). De ses nombreux écrits nous ne citerons qu'un discours prononcé en 1857 et qui a pour titre De sacris litteris, theologiæ, nostra ætate libere excultæ, fontibus. M. Scholten, que les protestants libéraux appellent le fondateur de la théologie moderne aux Pays-Bas, rejette en même temps le libre arbitre et tout surnaturel.

5. En France, le rationalisme, s'inspirant des théories allemandes et hollandaises, a trouvé ses principaux adeptes dans MM. Renan et Réville. On connaît assez les écrits de M. Renan. Quant à M. Réville, né en 1826, c'est pendant son séjour à Rotterdam, comme pasteur de l'Eglise wallonne (1851-1872), qu'il s'est familiarisé avec les idées de MM. Scholten et Kuenen, et qu'il les a vulgarisées dans de nombreux articles de la Revue des DeuxMondes. En fait de travaux personnels rentrant dans notre cadre, il n'y a

(1) The Pentateuch and Book of Joshue critically examined, Londres, 1862-1872, 6 vol. in-8°.

(2) Introduction to the New Testament, 1848-1851, 3 vol. in-8°; Introduction to the old Testament, 3 vol. in-8°, etc.

(3) The old Testament in the jewish church, Édinburgh, 1881, in-8°; The prophets of Israel and their place in history, ibid., 1882, in-8°; articles relatifs à l'Ancien Testament dans l'Encyclopædia britannica.

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(4) 1875, 2 vol. in-8°. — V. notre Introduction générale aux prophètes, passim. (5) Leyde, 1856, in-8°.

(6) En hollandais, Leyde, 1861-1865, 3 vol. in-8°. Traduit en français par M. Pierson, Paris, 1867-1872; 2 vol. seulement ont paru.

(7) Leyde, 1869-1870. Il en existe une traduction anglaise.

(8) En hollandais, Leyde, 1856, in-8°.

guère à citer que ses Etudes critiques sur l'évangile selon S. Matthieu (1). L'influence de ces deux auteurs sur un public mal préparé par des études antérieures à contrôler leurs dires, a été fatale à la science et à la critique. Elle a créé un courant d'opinion, qu'il est difficile aujourd'hui de remonter. et jeté dans ce que l'on nomme le grand public une masse d'idées fausses et de généralisations sans fondement qui sont la plupart du temps indé racinables; ce sont plutôt en effet des impressions que des convictions. Nous n'irons pas toutefois jusqu'à dire que ces idées n'ont pas trouvé en France des représentants sérieux. C'est surtout dans le Protestantisme libéral qu'elles les ont recrutés.

M. Michel Nicolas, né en 1810, professeur à la faculté de théologie de Montauban, a développé le nouveau système dans deux ouvrages: Etudes critiques sur la Bible, Ancien et Nouveau Testament (2), et Des Doctrines religieuses des Juifs pendant les deux siècles antérieurs à l'ère chrétienne (3).

Nous pourrions citer encore MM. E. Schérer, Colani, Maurice Vernes. Toutes leurs idées se trouvent résumées dans l'Encyclopédie des sciences religieuses (4), que nous aurons l'occasion de citer souvent.

Celui qui les concentre le mieux, et que nous citerons en dernier lieu, quoiqu'il puisse se rattacher au moins autant à l'Allemagne qu'à la France, est M. E. Reuss. Né à Strasbourg en 1804, ce théologien (au sens protestant moderne) y est professeur depuis 1828, d'abord à la faculté française de théologie, puis à l'Université allemande de cette ville. Parmi ses ouvrages, écrits en français ou en allemand, il faut citer: 1o Geschichte der heiligen Schriften neuen Testaments (5); 2o Histoire du Canon des Saintes Ecritures dans l'Eglise chrétienne (6); 3o La Bible, traduction nouvelle avec introductions et commentaires (7); 40 Geschichte der heiligen Schriften alten Testaments (8); 5o Bibliotheca novi Testamenti græci (9). La science incontestable de M. Reuss, l'ordre qu'il suit dans ses Introductions spéciales en font un des défenseurs les plus redoutables de l'hypothèse rationaliste.

II. Orthodoxes. - L'école rationaliste a trouvé, dans le protestantisme même, de nombreux et savants adversaires.

Hengstenberg (1802-1869), professeur à Berlin, le représentant le plus illustre de la science luthérienne croyante, a été le chef d'une école nombreuse, qui compte dans ses rangs des hommes éminents en tous genres. A une grande érudition il joint une habileté qui dégénère parfois en subtilité. Les ouvrages d'Hengstenberg, que nous citerons ici, sont : Beitraege

(1) Paris, 1862, in-8°.

(2) Paris, 1861-1863, 2 vol. in-8°.

(3) Ibid., 1860, in-8°. Une 2o édition est de 1869.

(4) Publiée sous la direction de M. F.Lichtenberger, doyen de la faculté de théologie protestante, Paris, 1877-1882, 13 vol. in-8°. - Il n'est que juste de reconnaître qu'à côté de ces articles, il y en a d'autres d'une nuance beaucoup plus conservatrice, dûs à MM. Astier, Berger, de Pressensé, Sabatier, Stappfer. - La Revue de théologie, publiée à Strasbourg, de 1850 à 1868, et dont la collection forme 31 vol. in-8°, a été l'organe de la nouvelle école. (5) 1842, in-8°. Une 5o édition a paru en 1874.

(6) Paris, 1864, in-8°, 3° édition.

(7) Ibid., 1874-1880, 16 vol. in-8°.

(8) Brunswick, 1882, in-8°.

(9) Brunswick, 1872, in-8°,

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