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méprisé (1), et qu'il livrera son âme à la mort (2). Mais, comme malgré cela il détruira la gloire de tous les royaumes» (3), et

s'emparera du butin de peuples nombreux » (4), il est évident que ce mépris dont au début il sera l'objet de la part de ses ennemis n'aura pas longue durée, et que, s'il s'expose à la mort dans les batailles qu'il livrera pour délivrer Israël et pour subjuguer tous les peuples, il ne mourra pourtant pas réellement (5). L'oeuvre morale et religieuse du Messie consiste, d'après Jonathan, dans l'intercession: il priera pour nos péchés (6), qui nous seront pardonnés à cause de lui» (7); par sa sagesse il purifiera les purs pour en soumettre beaucoup à sa Loi » (8).

Sa langue (9) ressemble beaucoup à celle d'Onkelos (10).

V. Le Targum de Jérusalem sur le Pentateuque. - Quelques écrivains d'époque assez récente ont attribué à Jonathan ben Uzziel un Targum sur le Pentateuque (11). Un examen attentif a fait voir que cette prétendue œu vre de Jonathan est identique avec le Targum de Jérusalem. Le Talmud n'attribue jamais à Jonathan d'autre Targum que celui des Prophètes, et il ne le désigne jamais comme traducteur du Pentateuque. En outre le style et la méthode des deux écrivains diffèrent complètement (12). Jonathan ben Uzziel, s'il n'est pas aussi correct et aussi sobre qu'Onkelos, est cependant plus pur et moins prolixe que l'auteur du Targum de Jérusalem ou le pseudo-Jonathan. Celui-ci fourmille de mots latins, grecs, persans (13). Il donne un certain nombre d'indications géographiques ou autres qui sont totalement inconnues à Jonathan. Ainsi il parle des six ordres de la Mischnah, de Constantinople, des Lombards et des Turcs; on y trouve les noms de Khadidja et de Fatime. Ces derniers mots ramènent au plus tôt après le VIe siècle. Or nous avons vu que Jonathan vivait à une époque bien antérieure (14):

La confusion entre les deux Targums s'est faite très naturellement, comme Mendelssohn l'indique : elle provient de ce que le Targum de Jéru

(1) Is. LIII, 3.

(2) Ibid., 12.

(3) Ibid., 3.

(4) ibid., 12.

(5) M. Bruston, art. cit., p. 339. — C'est ainsi que plusieurs rabbins postérieurs l'ont en tendu. Cfr. Driver et Neubauer, The 53a chapter of Isaiah, pp. 113 et 382.

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(9) On y trouve, comme dans Onkelos, un certain nombre de mots grecs, mais pas de mots latins, quoique Eichhorn l'ait prétendu sans preuves. Le mot 17 peut difficilement être identifié avec corona, car il dérive de 1 (Hævernick, ibid.).

(10) La plus ancienne édition de ce Targum est celle de Leiria, 1494, in-f"; elle a été réimprimée dans les Polyglottes d'Anvers, de Paris et de Londres, et dans les Bibles de Bomberg et de Buxtorf. Quelques prophètes ont été aussi publiés séparément. Cfr. Wolf, l. c., p. 1166. M. P. de Lagarde a publié le Targum de Jonathan et celui des Hagiographes, Leipzig, 1837, in-8°.

(11) R. Azaria, Meor ennaim, III, 9, etc.

(12) Eichhorn, Einleitung, t. I, § 231, 232.

(13) On en trouve la collection dans Petermann, De duobus Pentateuchi paraphrasibus chaldaicis, Berlin, 1829, in-4°, pp. 64 et suiv.

(14) Wogue, Histoire de la Bible, p. 154.

salem, ban, était souvent désigné, ainsi qu'il l'est encore, par les initiales" abréviation qu'on a prise pour nan (1).

Ce Targum est rempli de fables et de légendes qui n'indiquent pas une époque bien ancienne, car on les retrouve aussi dans le Talmud (2). Il ne peut guère servir qu'à nous faire connaître les idées bizarres des Juifs de l'époque talmudique.

L'auteur s'est servi du Targum d'Onkelos et a probablement écrit en Palestine Le travail de l'auteur primitif parait n'avoir jamais été achevé. Un auteur postérieur en recueillit les fragments, les compléta, les remania et en fit un Targum complet sur le Pentateuque (3).

D'après certains récits des rabbins, le Talmud de Jérusalem se serait étendu aux Prophètes (4).

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VI. Les Targums sur les Hagiographes (5). Ces Targums appartiennent tous à une époque postérieure. Ils concordent en partie avec le Targum de Jérusalem. Leurs auteurs sont inconnus. Les rabbins ne s'accordent pas dans les noms qu'ils donnent. Cette mention de différents noms que l'on rencontre chez eux indique une diversité d'auteurs. L'examen du contenu confirme aussi cette manière de voir (6).

Les Hagiographes, considérés dans leur ensemble, ont été originairement traduits en araméen. Le livre des Paralipomènes l'a été fort tard. Les livres d'Esdras, de Néhémias et de Daniel, ne l'ont pas été (7).

On possède de ces Targums:

1o Un Targum des Psaumes, Job et Proverbes. ancien. On croit qu'il a été écrit en Syrie.

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A. Celui des Proverbes suit très strictement le texte hébreu, et ne s'en écarte que dans des endroits peu nombreux et peu importants (8). Sa conformité avec la version syriaque est remarquable. On a essayé d'expliquer ce fait par l'hypothèse que l'auteur se servait de cette version pour écrire sa traduction. Cette explication n'est pas plausible. La ressemblance partielle des deux versions s'explique suffisamment par le caractère littéral de toutes les deux et par l'affinité de l'idiome. Les quelques formes et expressions syriaques qu'on remarque dans ce Targum font simplement partie du dialecte particulier de son auteur. De plus tous ces syriacismes se retrouvent dans le Talmud, et spécialement dans celui de Jérusalem (9). (1) Wogue, ibid.

(2) Petermann, ibid., p. 39.

(3) Il est imprimé dans la Polyglotte de Londres, t. IV.

(4) Cfr. Zunz, op. cit., pp. 77 et suiv.; Bruns dans Eichhorn, Repertorium, t. XV, p. 175. (5) A l'exception de celui des Paralipomènes qui a été découvert plus récemment (il a été édité par Beck, Augsbourg, 1680 et 1683, in-4°, d'après un ancien ms. d'Erfurth, qui contient beaucoup d'omissions surtout dans les généalogies; Wilkins l'a édité d'après un ms. de la bibliothèque de Cambridge plus complet, Amsterdam, 1715; un mss. de Dresde, no 598, n'a pas encore eté collationné), on les trouve dans les Bibles rabbiniques de Bomberg et de Buxtorf et dans les Polyglottes d'Anvers, de Paris et de Londres.

(6) Cfr. Wolf, Biblioth. Hebr., t. II, pp. 1171 et suiv.; Zunz, op. cit., pp. 64-65.

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(7) Pour ce dernier livre la raison donnée par le Talmud (Megillah, fo 3, 1) est que le temps où doit paraitre le Messie y est révélé. On peut douter que telle soit la vraie raison (Hævernick, ibid., § 32). Il y a d'ailleurs un Targum de Daniel à la bibliothèque nationale; il est traduit en persan; mss. hebr. 128.

(8) Prov. X, 20, XI, 4, 15.

(9) Ainsi le à la troisième personne du futur, 12, 1, etc. Cfr. Buxtorf Gramm. chald.. p. 37.

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Notons d'une manière particulière l'affinité du style de ce Targum avec celui des Psaumes et de Job et le Targum de Jérusalem. Cela suffit pour le classer parmi les plus récentes paraphrases, quoiqu'en même temps par sa littéralité il se rapproche de ceux d'une date plus ancienne.

B. Le Targum des Psaumes et de Job lui ressemble au point de vue de l'idée et de la phraséologie. A cause de cela on a pensé qu'il est du même auteur. Toutefois ces trois Targums sont intercalés avec d'autres d'un caractère plus libre, qui ressemblent par leur manière au Targum de Jérusalem. Celui des Psaumes montre cà et là un esprit hostile aux chrétiens (1). Tous deux, surtout celui sur Job, sont très diffus. L'auteur de celui des Psaumes (2) rapporte que Dieu envoya une araignée qui ourdit sa toile à l'entrée de la caverne où David se cachait pour éviter la poursuite de Saül. Ailleurs (3) il raconte que le Messie, après avoir vaincu les rois ennemis, donnera Léviathan à manger aux Juifs.

2o Targum des cinq Megilloth (Ruth, Esther, Lamentations, Ecclésiaste et Cantique des Cantiques). Ceux de Ruth, de l'Ecclésiaste et d'Esther ont le style libre d'un Midrasch. Leur origine posttalmudique est prouvée par la mention qui y est faite du Talmud (4) et des Mahometans (5). Le style amène à la même conclusion. On y voit aussi des légendes qui se trouvent dans les hagadas des temps les plus récents. Les Lamentations, d'après l'auteur de leur Targum, n'ont pas seulement rapport à la ruine de Jérusalem par les Chaldéens, mais à celle qui fut l'œuvre des Romains. Les critiques se partagent sur la question de savoir s'ils sont l'œuvre d'un seul (6) ou de plusieurs auteurs (7).

3o Targums d'Esther. Les Targums sur ce livre ont dû être nombreux à cause de la prédilection spéciale qu'ont eue pour lui les Juifs. L'un est concis et suit de près le texte (8). Un autre, plus prolixe, donne beaucoup de légendes (9). D'autres sont encore inédits (10).

4o Targum des Paralipomènes. Les Juifs eux-mêmes ont douté longtemps de son existence. Il est de date relativement moderne, et ressemble bien à une paraphrase hagadique.

Tous les textes publiés des Targums ne s'accordent pas entre eux. Une édition critique serait fort utile, et les matériaux ne manquent pas pour la mener à bonne fin (11).

(1) Cfr. Ps. II, 7, 12, CX, 1.

(2) Ps. LVII, 3.

(3) Ps. CIV, 26.

(4) Cant. I, 1, V, 10.

(5) Cant. I, 7.

(6) L'opinion d'après laquelle Joseph l'aveugle (mort en 325) serait l'auteur de ce Targum, avait déjà été refutée au XIIIe siècle. Cfr. Zunz, op. cit., p. 65.

(7) On les trouve dans les Polyglottes d'Anvers, de Paris et de Londres.

(8) Il est dans la Polyglotte d'Anvers, t. III.

(9) Esth. I, 2, 11, II, 5, 7, III, 1, V, 14, etc.

(10) Les deux dont nous venons de parler ont été imprimés par Tailer, Londres, 1655. in-4°. Pour les mss. V. Catalogus codicum mss. bibl. bodleianæ, t. I, p. 432.

(11) A la bibliothèque nationale de Paris, fonds hébreu, on peut consulter: 1o Targum d'Onkelos, les numéros 5-6 (XIIIe siècle), 8-10 (XIVe siècle), 17-18 (XVIe siècle), 33–36 (XIVe siècle), 37 (XIII siècle) incomplet, 38 (XIV® siècle), 39 (XIIIe siècle), 40 (XIVe siècle), 41 (XIII• siècle), 42 (XVe siècle), 45 (XIII° siècle ?), 48-49 (XVe siècle), 50 (XV siècle), 54 (XIVe siècle) inles complet pour la paraphrase, 55 (XV° siècle), 68-69 (XIV° siècle) 73 (XIII° siècle), n'a que tiis premiers livres de Moïse, 75-76 (XV• siècle), 77-78 incomplet.

2o Targum de Jonathan : 17-18 (XVIe siècle), 75-96-98 (XVIe ou XVIIe siècle).

Section II.

ANCIENNES TRADUCTIONS SYRIAQUES ET VERSIONS QUI EN DÉRIVENT (1)

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I. La version peschito, NW (de la racine ), veut dire la version simple ou fidèle (2). Elle a été sans doute désignée par ce nom, parce qu'elle est la traduction pure et simple du texte original, sans aucuns développements ou paraphrases targumiques (3).

Elle comprend les livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, à l'exception de la deuxième épître de saint Pierre, de la deuxième et de la troisième de saint Jean, de celle de saint Jude et de l'Apocalypse.

II. Elle est faite pour l'Ancien Testament sur l'hébreu, pour le Nouveau sur le grec. Il est nécessaire d'étudier séparément ces deux traductions.

1o La version de l'Ancien Testament est une des plus anciennes qui aient été écrites par des chrétiens.

A qui est due cette traduction?

D'après Richard Simon (4), Frankel, Rapoport, Graetz, Perles (5), M. Vigouroux (6), elle aurait un juif pour auteur. D'après Dathe (7) et Bruston (8), ce serait un judæo-chrétien. Selon Kirsch (9), Michaelis (10), Bertholdt (11), Gesenius, Hirzel (12). Hævernick (13), Wichelhaus (14),

3. Targum de Jérusalem: 110 (nombreuses variartes, XVe siècle).

4° Hagiographes: 36 (XIVe siècle), 110 (Esther, XV• siècle), 114 (XIVe siècle), 115 (le psaume CXIX seulement), 128

(1) Adler, Novi Testamenti versiones syriacæ, Hafniæ, 1789, in-8°; Wiseman, Hora Syriaca, Rome, 1828, in-8°; Wichelhaus, De Novi Testamenti versione, peschito, Halle, 1850, in-4°, et les ouvrages cités plus haut, p. 400 et seqq.

(2) Bertholdt (Einleitung, t. II, p. 593) traduit à tort ce mot par zow, « qui a une grande diffusion ». Cfr. Hirzel, De Pentateuchi versionis syriacx indole, p. 17. La traduction littérale n'est pas meilleure.

(3) On l'a peut-être nommée ainsi par opposition à quelqu'une des versions qui furent faites plus tard (l'abbé Martin, Introduction, partie théorique, p. 98). Bar Hebræus a consacré un chapitre de sa grande grammaire intitulée Livre des splendeurs, à la critique de la Peschito (ibid.).

(4) Histoire critique du Vieux Testament, pp. 270 et suiv.

(5) Meletemata peschittoniana, Breslau, 1859.

(6) Manuel, t. I. p. 158.

(7) Psalterium syriacum, préf., pp. xxiij et suiv.

(8) Art. cité, p. 271.

(9) Pentateuchus syriacus, préf., p. vi.

(10) Abhandl. Syr. Sprach, p. 59.

(11) Einleitung, p. 575.

(12) L. c., p. 127.

(13) Einleitung, § 83.

(14) Op. cit., p. 73.

Bleek (1). le P. Cornely (2), elle est l'œuvre d'un chrétien. L'interprétation des passages messianiques (3) parait favoriser cette dernière opinion (4). On peut admettre qu'elle eut plusieurs auteurs. La méthode d'interprétation n'est pas partout la même : le Pentateuque est traduit d'une façon, les Paralipomènes d'une autre, l'Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques d'une troisième. Un passage de saint Ephrem confirme cette manière de voir (5).

L'antiquité de cette version est incontestable (6). Au IVe siècle, saint Ephrem n'en comprend plus certaines expressions, qui avaient vieilli de son temps; cependant il l'appelle toujours notre version. Les deutérocanoniques y avaient été ajoutés avant son temps, car il les cite, à l'exception des additions au livre de Daniel, qui y manquaient encore (7).

Il est probable que tout l'Ancien Testament fut traduit peu après la mort de Notre-Seigneur. C'est ce que dit Bar Hebræus (8). Jacques d'Edesse s'accorde avec lui. Il écrit dans son explication des Psaumes : « Interpretes illi, qui missi sunt ab Adæo (9) apostolo, et Abgaro rege Osroheno in Palæstinam, quique verterunt libros sacros... » (10).

Généralement la Peschito suit de très près le texte hébreu dont elle dérive. Elle se conforme au Canon hébraïque. Elle n'accepte pas les paraphrases juives courantes. Habituellement elle rend d'une manière très heureuse le texte original. Quand elle donne des explications, elle se borne au strict nécessaire et n'apporte pas dans le texte d'additions hétérogènes (11). C'est dans les Psaumes que se trouvent les variations les plus apparentes. Dans les titres, tout ce qui concerne l'histoire ou la musique est supprimé. A la place de ces renseignements, d'autres sont donnés, soit plus longs, soit plus courts, qui concordent souvent avec les interprétations des Pères, et qui, variant dans les manuscrits, n'ont probablement été ajoutés qu'à une époque postérieure (12). La traduction des Psaumes s'éloigne souvent aussi de l'original. Ces différences peuvent provenir de l'usage liturgique.

La Peschito se rapproche souvent de la version des Septante. Mais cet accord ne se produit pas dans les passages difficiles. On peut conclure de là que les traducteurs ne s'en sont pas servis (13). Il n'est pas plus admissi

(1) Einleitung, p. 791.

(2) Introductio, p. 410.

(3) Is. VII, 14, III, 15, LIII, 8, Zach. XII, 10, etc.

(4) Wiseman (Horæ Syriacæ, pp. 100-101) et Lamy (Introductio, t. I, pp. 176–177), ne se prononcent pas.

(5) « Quia nesciebant, qui in syriacum transtulerunt quænam sit vis vocis hebraic e 72, ipsam retinuerunt ». In Jos. XV, 28. Op., t. I, p. 305.

(6) Cfr Cornely, Introductio, p. 168. Mais elle ne remonte pas, comme le prétend IchouHad, évêque d'Hadeth, au VIIIe siècle, jusqu'au règne de Salomon (Martin, op. cit., p. (7) Cfr. Assemani, Bibliotheca orientalis, t. I, "2; von Lengerke, De Ephræmi Syri arte hermeneutica, p. 3.

(8) Cité par Wiseman, pp. 86-87, 90.

(9) Thaddée.

(10) Explanat. in Psalm., dans Wiseman, p. 103.

(11) V. Hirzel, op. cit., pp. 18 et suiv.; Gesenius, ibid., p. 81; Credner, De prophetarum minorum versionis syriaca quam Peschito vocant indole, Gættingue, 1827, pp. 82 et suiv. (12) Carpzov, Critica sacra, pp. 633 et suiv.

(13) Credner et Gesenius pourtant l'admettent, mais sans motifs suffisants. Cfr. Hirzel, I. e Bleek (Einleitung, p, 791) suppose que les emprunts faits aux LXX proviennent d'interpolations.

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