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I. Les traducteurs français du moyen âge n'ont pas travaillé sur les originaux, mais sur le texte latin.

Le Psautier à été le premier traduit, sur la version que S. Jérôme avait faite directement de l'hébreu. Cette version ancienne existe dans deux manuscrits seulement (2). Cette traduction est probablement d'origine anglonormande et a dû être faite non loin de Cantorbéry.

D'autres ont traduit les psaumes d'après le Psautier gallican. Le plus ancien ouvrage de cette classe, duquel sans doute dérivent les autres (3). est le Psautier de Montebourg (4). Les cantiques ont été traduits sur une combinaison des Psautiers hébraïque et gallican (5).

Quant à la Bible des Vaudois, elle est décidément passée à l'état de légende et d'une légende qui n'est plus à détruire (6).

On a retrouvé l'Evangéliaire de Metz (7). Il est accompagné d'un commentaire dû à Haimon, moine de Savigny en Normandie (mort en 1173). Les quatre livres des Rois (8) et les deux livres des Machabées furent traduits dans le XIIe siècle, les premiers par un anglo-normand, les se

(1) V. Reuss, Fragments littéraires et critiques relatifs à l'histoire de la Bible française, dans la Revue de théologie de Strasbourg, 1852, 1853, 1857, 1865, 1866, 1867; notre Essai sur l'histoire de la Bible dans la France chrétienne au moyen âge; et surtout S. Berger, La Bible française au moyen age, Etude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en prose de langue d'oil, Paris, 1884, in-8°; J. Bonnard, Les traductions de la Bible en vers français au moyen âge, Paris, 1884, in-8°. Nous suivrons ici l'étude si complète et si abondante en résultats de M. S. Berger. (2) Cambridge, Bibl. de Trinity College; Paris, Bibl. nat., mss. lat. 8846. (3) S. Berger, op. cit., p. 200.

. Cfr.

(4) Oxford, Biblioth. Bodléienne, fonds Douce, 320. Il a été publié par M. F. Michel, Libri psalmorum versio antiqua gallica e cod. ms. in Bibliotheca Bodleiana asservato, uná cum versione metrica, aliisque monumentis pervetustis, Oxford, 1860, in-8°. Meister, Die Flexion in Oxforder Psalter, Halle, 1877, in 8o. M. F. Michel a publié aussi le Psautier (latin-français), de Cambridge, X1Ie siècle, le livre des Psaumes, Paris, 1876, in-4°.

(5) S. Berger. p. 30 et suiv.

(6) Ibid., p. 35.

(7) Bibl. de l'Arsenal, mss. 2083. - V. des fragments dans S. Berger, pp. 41 et suiv. (8) Les quatre livres des Rois, traduits en français du XIIe siècle..., publiés par M. Le Roux de Lincy, Paris, 1841, in-4°. Un autre ms. de ce livre est à l'Arsenal, 5211.

conds par un auteur de l'Ile de France ou de la Bourgogne (1). L'Apocalypse a été traduite vers la même époque (2), au milieu du XIIe siècle.

II. C'est sans doute dans l'université de Paris, sous le règne de S. Louis, qu'a été faite la première traduction française complète de la Bible. « La Bible du XIIIe siècle s'est annexé plusieurs morceaux qui existaient avant elle, et elle a si bien occupé la place, qu'on n'a jamais pu refaire d'une manière populaire, l'œuvre accomplie, fort brillamment du reste, au temps de S. Louis (3). Elle ne s'est conservée intégralement que dans quelques manuscrits (4). On y trouve des commentaires empruntés à la Glossa ordinaria de Walafrid Strabon. La traduction de la Genèse est excellente, claire, brève, exacte et énergique (5). Le livre des Juges est glosé; mais il n'y a aucune glose dans les Rois, les Paralipomènes, Esdras, Néhémias, Tobie, Judith et Esther. Job présente des gloses. On compte cent soixantetreize psaumes (6). La traduction des prophètes n'a pas de gloses; elle est très bonne. Celle des Evangiles est excellente par sa précision et sa brièveté; elle contient quelques commentaires. La traduction des Epitres, où on ne lit que peu de gloses, est inégale: l'épitre aux Romains est très bien rendue. Les Actes et les Epîtres catholiques sont traduits avec lourdeur et sans style. L'Apocalypse reproduit l'ancienne version normande.

Il est évident que plusieurs traducteurs ont travaillé à cette Bible (7). Quant à la date, il est possible que la version ait été faite entre 1226 et 1250 (8).

III. Cette Bible avait des défauts: elle était longue, inégale. encombrée au commencement de commentaires sans valeur (9). Cinquante ans après son apparition, Guyart Desmoulins, chanoine d'Aire (mort avant 1322), voulut donner au public une œuvre populaire, dans laquelle il prit pour modèle l'histoire scolastique de Pierre Comestor (mort en 1179 ou en 1198). Mais il ne se borna pas à une simple traduction de cet ouvrage; il mêla au texte biblique suivi dans plusieurs passages une traduction libre de l'Histoire scolastique. Moins de dix-huit ans après l'achèvement de l'ouvrage de Guyart. les copistes y ajoutèrent les trois quarts de la Bible parisienne. Ainsi agrandi, il a formé le livre qu'on appelle la Bible historiale (10), et qui, à proprement parler, est plutôt une histoire sainte qu'une Bible. Elle fut prise pour base d'une Bible française par beaucoup

(1) Nous ne parlerons pas des Psautiers glosés sur lesquels on lira avec intérêt M. Berger, pp. 64 et suiv.

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(2) Bibl. nation. mss. fr. 403. V. aussi ibid., les mss. 9574; British Museum, 15 D II; Arsenal, 5214, etc., et la note 1re de M. Berger, op. cit., p. 87. (3) Berger, op. cit., p. 110.

(4) Pour la première partie de la Bible, Bibl. nat. mss. fr. 899; 6-7; Arsenal, 5056; British Museum, Harleien, 616; Cambridge; Strasbourg (détruit durant le siège). Pour la seconde, Mazarine, 684; Bibl. nat. mss. fr. 398, 6258, 12581: Vatican, Bibl. de la reine Christine, 26; Bruxelles, 15516; Rouen, A, 211.

(5) Berger, p. 123. V. les citations qui sont données à cette p. et aux suivantes. (6) V. l'explication de ce nombre dans M. Berger, p. 131.

(7) Ibid., p. 146. Dans plusieurs mss., il y a deux versions de l'épitre à Tite, qui se suivent.

(8) Ibid., p. 151.

(9) Ibid., p. 157.

(10) V. notre Essai, p. 85 et suiv.; et M. Berger. pp. 168 et suiv.

de personnes. qui y intercalèrent les livres de l'Ecriture qui leur plaisaient le plus. Ce fait se produisit du vivant même de Guyart (1). On a pu distinguer trois familles de ces Bibles historiales complétées (2). C'est à Paris qu'on a commencé à enrichir, ou, du moins, à allonger ainsi Guyart (3). On est arrivé jusqu'à y faire entrer la traduction d'une partie des prologues de la Vulgate (4).

IV. Au XIVe siècle, nous trouvons la traduction des Epitres et des Evangiles (5) selon l'ordre du Missel de Paris, par Jean de Vignay (6); la Bible anglo-normande (7), traduite probablement en Angleterre (8); la Bible du roi Jean, traduite par Jean de Sy, ou peut-être seulement excellente révision de la Bible anglo-normande; la Bible de Raoul de Presles, (mort en 1382), traduite pour Charles V (9), qui a pour base la version du XIIIe siècle, et est en général une œuvre de seconde main; enfin le Psautier lorrain qui se rapproche beaucoup de celui de Raoul de Presles (10).

On voit, par ces quelques détails, que l'activité littéraire de la France n'a pas laissé de côté le champ des traductions bibliques. Peu de pays en ont fait autant au moyen âge (11).

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I. Catholiques. La traduction française du Nouveau Testament faite par deux Augustins, Julien Macho et Pierre Farget, est la première que nous puissions citer (12).

(1) Berger, p. 188.

(2) Ibid., p. 189 et 210

(3) Ibid.

(4) Ibid., p. 196.

(5) Bibl. nat. mss. fr. 22890, 22936; Ashburnham, fonds Barrois 195.

(6) Berger, op. cit., pp. 221 et suiv.

(7) Bibl. nat., mss. fr. 1, 9562; British Museum 1 C I11.

(8) Berger, op. cit., p. 237.

(9) Ibid.. p. 244 et suiv. (10) Ibid., 278. p. Il a été publié par M. F. Apfelstedt, Lothringischer Psalter, Heilbronn, 1881, in-8°; il doit l'être prochainement par M. Bernhardt. M. F. Bonnardot vient de commencer la publication de : Le psautier de Metz, téxte du XIVe siècle, édition critique publiée d'après quatre manuscrits, Paris, 1885, in -8°, t. I.

(11) Nous ne pouvons nous occuper ici des traductions en vers, pour lesquelles nous renvoyons à l'ouvrage de M. Bonnard, cité plus haut: les principales sont celles d'Herman de Valenciennes (XII° siècle), <«< chanson de geste ecclésiastique » (Bonnard. p. 41), de Geffroy de Paris (XIIIe siècle), de Jean Maltaraume (XIIIe siècle), de Macé de Cenquoins (vers 1300), d'un anonyme du XIIIe ou du XIVe siècle (Bibl. nat. mss. fr. 763), celle de la Genèse, du champenois Evrat (XIIe siècle). Les Psaumes ont été plusieurs fois traduits en vers. On possède aussi des traductions versifiées du Cantique des Cantiques, des Proverbes et des Machabées. Il y a plusieurs poèmes sur le Nouveau Testament; mais en fait de traductions en vers proprement dites, on n'en connaît qu'une de l'Apocalypse (Bonnard, p. 217).

M. S. Berger (op. cit., pp. 321 et suiv.) donne une description fort soignée des manuscrits contenant des Bibles françaises. Son ouvrage doit être consulté par ceux qui s'occuperont à l'avenir de cet intéressant sujet.

Les Moralités sur la Bible, si fréquentes au moyen âge, ne rentrent pas dans le cadre de notre travail.

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Nous ne mentionnerons qu'en passant les Bibles historiales impri

Dès 1523, Lefèvre d'Etaples avait traduit le Nouveau Testament et l'avait publié sous l'anonyme (1). Malgré les censures de la faculté de théologie de Paris (26 août 1523), cette traduction, protégée par François I, fut réimprimée à Paris en 1524 et 1525, et se répandit promptement dans toute la France (2). Elle fut suivie de près par la traduction des Psaumes (1525) et par celle du reste de l'Ancien Testament (3). Cette traduction est faite immédiatement sur la Vulgate pour les livres historiques de l'Ancien Testament ces livres, en effet, n'avaient pas été insérés dans la Bible historiale où on ne trouve que le résumé de Guyart Desmoulins. Quant aux parties déjà traduites dans la Bible de Jean de Rély. la version de Lefèvre en dépend certainement. Du reste, le traducteur déclare lui-même, dans sa préface, qu'il n'a fait que revoir l'ancienne traduction (4), et cette déclaration est confirmée par la comparaison des deux textes (5).

On s'étonnera de voir la Bible de Lefèvre mise au rang des traductions catholiques. Mais il faut bien remarquer que Lefèvre s'était bien gardé de traduire toujours d'après les doctrines protestantes (6), et se vantait dans la préface, d'avoir traduit selon le latin qui se list communément partout. sans rien n'y adjouster ou diminuer ». Il gardait les mots prètre, pénitence (7). Enfin, il faisait donner à son œuvre un brevet d'orthodoxie, en y insérant une approbation de Nicolas Coppin, docteur en théologie de Louvain (8). Aussi fut-elle reproduite plusieurs fois, avec privilège de Charles-Quint (9). Elle fut revue par deux théologiens de Louvain, Nicolas de Luye et François van Larben (10), et dans cet état elle a été souvent réimprimée (11).

René Benoist, docteur en théologie de l'Université de Paris et curé de Saint-Eustache (mort en 1608), fit une révision de la Bible (12) de Genève, qu'il accompagna de notes marginales destinées à l'explication des passages difficiles. Censurée par la faculté de théologie de Paris en 1567, elle

mées. La première édition est celle de Paris, 1488, 2 vol. in-f; elle donne la Bible de Guyart avec des intercalations de livres saints dont la traduction a été retouchée par Jean de Rely. On la réimprimait en 1541.

(1) Paris, S. de Collines, 1523, in-8°.

(2) Le seul British Museum possède douze éditions de ce Nouveau Testameut, imprimées à Anvers, Paris, Bàle, de 1524 à 1543.

(3) Anvers, 1528, 7 vol. in-8°.

M. Douen (Histoire de la Société Biblique protestante de Paris, Paris, 1868, in-8°, p. 30) donne la liste des éditions des traductions de Lefèvre. (4) V. le texte dans Berger, op. cit., p. 311.

(5) Ibid., pp. 311 et suiv.

(6) << Les protestants ne pouvaient l'accepter telle qu'elle était sortie des mains de son auteur » (Pétavel, La Bible en France, Paris, 1864, in-8°, p. 79). --« Au fond, ses erreurs (de Lefèvre d'Etaples) sont peu de chose, bien qu'au début la nouveauté les ait fait paraître grandes, car c'était alors chose inouie que de changer la moindre syllabe et même de corriger en texte altéré par la faute des copistes dans l'ancienne version dont se sert l'Eglise. Mais aujourd'hui qu'il s'agit de toute autre chose que de traduction, il semble qu'une version nouvelle, où ne se trouve introduite nulle mauvaise doctrine, est une affaire de minime importance » (Lettre du nonce Alexandri, 30 déc. 1531, dans Hermicijard, Correspondance des reformateurs de langue française, t. II, p. 387).

(7) Cfr. R. Simon, Histoire critique des versions du Nouveau Testament, pp. 326 et suiv. (8) Le premier volume de l'Ancien Testament... Anvers, Martin Lempereur, 1528, in-8°. (9) Anvers, 1530, in-fo, 1534, 1541.

(10) Louvain, 1248 ou 1550, in-fo.

(11) Anvers, 1578, in-fo, avec quelques corrections nouvelles; Paris, 1608, in-fo (éd. de Pierre Basse), 1617, in-fo, 1621, in-fo (éd. publiée par Frizon, pénitencier de Reims).

(12) Paris, 1566, in-fo,

reparut néanmoins en 1568, précédée d'une Apologie, où l'auteur s'écriait: La langue française est-elle plus excommuniée pour parler chrétien que le latin ou autre langue quelconque » ? Mais ce n'était pas là ce qui condamnait la faculté de théologie, dont la censure fui approuvée par Grégoire XIII (1). Ce qu'on reprochait à Benoist, dit le cardinal du Perron (2), c'était d'avoir donné la version de Genève sans la corriger suffisamment. La version de Jacques Corbin, d'un style assez mauvais, fut approuvée par les docteurs de Poitiers (3).

Pendant le XVIIe siècle, parurent aussi les traductions du Nouveau Testament de Deville (4), de Véron (5), de l'abbé de Marolles (6), de Godeau (7), du P. Amelotte, de l'Oratoire (8), du P. Bouhours (9), de Girodon (10), et le Nouveau Testament de Mons, dû à la collaboration d'Antoine Le Maistre, d'Arnaud et de Le Maistre de Sacy (11): cette dernière traduction a été condamnée par Clément IX en 1668, et par Innocent XI en 1679. Elle a été adoptée par le P. Quesnel dans ses Réflexions mo rales (12).

La Bible de Sacy, ainsi nommé de son traducteur Isaac-Louis Le Daistre, dit de Sacy, est la plus célèbre des traductions françaises. Sacy l'écrivit durant son emprisonnement à la Bastille (13). Cette traduction faite sur la Vulgate est trop paraphrasée, sans pourtant manquer de mérite. En France c'est celle qui a été la plus répandue (14).

Au XVIIIe siècle parurent la traduction de la Bible de Legros (15) et les traductions du Nouveau Testament de Huré (16), de Richard Simon (17), qui fut attaquée et condamnée par Bossuet, de Martianay (18). de de With (19), de l'abbé de Barneville (20), de Mézenguy (21), de Valant (22). Dans le cours du XIXe siècle ont paru la traduction de la Bible de M. de

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(6) Paris, 1649, in-8°, 1653, 1655. Il avait aussi commencé une traduction de la Bible, qui fut supprimée per ordre du chancelier Seguier.

(7) Paris, 1568, in-8°. Moitié version, moitié paraphrase. (8) Paris, 1666-1670. 3 vol. in-8°. Souvent réimprimée.

suiv.

V. R. Simon, op. cit.., pp. 361 et

(9) Paris, 1697-1703, in-12. Le P. Lallemant, s. j., a adopté cette traduction dans ses Réflexions sur le Nouveau Testament, Paris, 1709 et suiv., 12 vol. in-12.

(10) Paris, 1686, in-12, 1688, jn-12, 1692.

(11) Mons, 1667, 2 vol. in-8°. — Cfr. R. Simon, op. cit., pp. 396 et suiv. (12) Châlons, 1672.

(13) Paris, 1672-1693. On l'a souvent réimprimée. Une bonne édition a été donnée par l'abbé de Beaubrun, Paris, 1717, 3 vol. in-fo.

(14) Elle a été reproduite par Dom Calmet dans son Commentaire, Paris, 1724 et suiv., et par le P. de Carrière, oratorien, qui y a inséré sa paraphrase, Paris, 1701-1716, 24 vol. in-12, (15) Cologne, 1709, in-8°.

(16) Paris, 1700, in-12.

(17) Trevoux, 1702, 2 vol. in-8°.

(18) Paris, 1712, 2 vol. in-12.

(19) Paris, 1718.

(20) Paris, 1719, in-12. Il y a douze ou treize éditions de ce Nouveau Testament. L'abbé de Barneville, ancien oratorien, appartenait au parti janseniste. Il avait fondé une société pour la diffusion de la Bible traduite en français (Douen, op, cit., pp. 46 et suiv.). (21) Paris, 1752.

(22) Paris, 1760.

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