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REVUE DES PÉRIODIQUES ITALIENS

Rivista di Filosophia scientifica.

Septembre-décembre 1882.

I. — R. ARDIGò: Empirisme et science. La vieille philosophie reproche à la science positive de ne pouvoir fonder qu'un simple empirisme, si elle n'a recours à certains principes antérieurs à l'expérience et indépendants de ses données. Cet argument repose sur deux faits supposés : le premier, c'est que la science est déterminée par l'efficacité logique exclusive de certains principes mentaux, antérieurs absolument à l'expérience; le second, que la différence entre l'empirisme et la science est déterminée par la présence au moins des mentalités logiques à priori des métaphysiciens. Mais ces deux hypothèses sont-elles réellement fausses? C'est ce qu'il s'agit de démontrer. La manière de voir de l'ignorant est la simple affirmation de l'expérience sensible; c'est un pur empirisme. Celle du savant est la même affirmation, une affirmation expérimentale, qui dans son esprit est coordonnée logiquement à d'autres affirmations également expérimentales. Par cette coordination, elle est devenue un fait expérimental scientifique. Mais cette coordination est toute en ceci, que le fait expérimental dans l'esprit du savant réside au sein même de son explication, c'est-à-dire au mihieu d'autres faits expérimentaux reliés par succession ou coexistence, qui en déterminent le rapport de causalité ou de genre. Ainsi la connexion ou coordination, comme phénomène externe et comme phénomène interne, est un fait expérimental. La science montre réunis des faits qui étaient d'abord isolément connus: voilà tout. Il n'y a rien là qui vienne d'une raison à priori. La connaissance scientifique, et R.Ardigo le démontre rigoureusement, ne contient aucun élément spécial et qui ne se rencontre dans la connaissance vulgaire. Et c'est précisément parce que la science n'a pas d'autre source et d'autre fondement que l'empirisme ou l'expérience brute, que son progrès est indéfini. La connaissance du savant diffère de celle de l'ignorant seulement par le nombre des faits distincts notés sur le même indistinct. Cette différence n'est que relative. Et même, par exemple, pour les faits précédant la sensation visuelle, il existe toujours entre eux et elle, dans la connaissance du savant, un saut, une lacune, un abime, comme dans celle de l'ignorant.

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G. TREZZA: Le darwinisme et les formations historiques. La grande découverte du naturaliste anglais s'étend aux espèces historiques aussi bien qu'aux espèces physiques. Le darwinisme renouvellera

la base de l'histoire il donnera une idée scientifique de sa marche et de ses lois. L'histoire n'est pas une création indépendante de la nature, mais un cas humain de l'évolution cosmique. Les volontés individuelles sont rejetées par l'histoire, et ses lois appartiennent à la mécanique même qui gouverne les phénomènes physiques. Déterminisme des lois, impossibilité de causes finales et d'une Providence intervenant dans les faits humains, prédominance des formes les plus adaptées à leur propre climat et à leur propre temps, tel est la conception de l'histoire comme nous la donne la théorie de la sélection. En histoire, il y a une « lutte pour l'existence », et la sélection fait prévaloir les nations les plus fortes, c'est-à-dire les plus riches en énergies intellectuelles et morales. Mais les énergies produites par la sélection sont-elles toujours fécondes? L'évolution est-elle toujours une cause de progrès, de bien? L'évolution historique ne contient-elle pas en elle-même sa Némésis qui l'épuise dans sa propre grandeur? En un mot, le pessimisme n'aurait-il pas raison encore ici? La réponse à de telles questions nous est donnée par l'évolution elle-même, pourvu qu'on en précise le sens scientifique. Les lois de l'évolution sont sceptiques : elles ne se proposent aucun idéal comme fin voulue. La sélection produit toujours ses effets à elle, sur quelque matière qu'elle opère. Il ne faut pourtant pas juger de ses efforts, par rapport au bonheur de l'homme, d'après quelques-unes de ses phases historiques : c'est l'ensemble qu'il faut voir; c'est à distance, par grands intervalles, que se mesurent les effets de l'évolution historique. Après ces considérations élevées sur les vicissitudes, expliquées par la sélection, de l'évolution historique, l'auteur montre que tout ce qu'on sait scientifiquement sur l'origine et l'histoire des langues confirme la loi de la sélection. O. MATTIROLO: Sur la nature, la structure et le mouvement du protoplasma végétal. Cette intéressante étude du protoplasma est empruntée en partie à un travail de G. Klebs portant le même titre que cet article, et aux meilleurs et plus récents traités de botanique qu'on peut consulter sur la matière. Les noms abondent de Bary, Engelmann, Frommann, Hæckel, Haustein, Heidenhain, Heitzmann, Hofmeister, Klebs. Kühne, Loew, Mohl, Montgomery, Nægeli, Pfeffer, Poulsen, Pringsheim. Reinko, Sachs, Schmitz, Schultze, Stahl, Strassburger, Van Thieghem, Welten, Zacharias, etc.

DE DOMINICIS: Nos universités et les écoles secondaires. — Intéressant article de pédagogie darwiniste.

T. VIGNOLI: Sur la cause de la chaleur terrestre; indications d'une nouvelle hypothèse géologique. Cet article est trop spécial pour

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que nous puissions en rendre compte.

Revue synthétique.-G. SERGI: L'anthropologie moderne. L'anthropologie est l'histoire naturelle de l'homme étudié dans tous ses caractères et toutes ses manifestations. Cette science est si vaste et si compréhensive qu'elle pourrait être appelée « une encyclopédie scientifique de l'espèce humaine ». Et les recherches des anthropologistes correspondent à l'ampleur de cette science. Leur activité scientifique

s'est admirablement déployée sur un domaine jusqu'ici inexploré. Une utile division du travail a rendu plus faciles les travaux qu'ils poursuivent avec une noble émulation. Les musées de Rome, Florence, Paris, Berlin, Copenhague, Londres, Moscou, Washington, Cambridge, sont déjà très riches en documents préhistoriques, ethnologiques et anthropologiques. La solidarité et le concours des forces viennent en aide à l'initiative individuelle, grâce aux sociétés anthropologiques, dont la première a été fondée par l'illustre Broca en 1859. Ces sociétés tiennent des séances où chaque membre apporte son tribut d'observations, où les opinions sont discutées, où se modifient les prétentions individuelles, où l'on reçoit les communications d'autres sociétés, où l'on fait échange de produits, où s'imprime une vive impulsion pour de nouvelles recherches et de nouveaux travaux. Dans cette grande solidarité, les connances s'accroissent, les erreurs s'éliminent, le brillant arsenal de la science se remplit. Ces sociétés ont des revues, dont nous citerons les principales: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris; Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'homme (Toulouse); la Revue d'anthropologie de Broca; l'Archiv für Anthropologie de Brunswick; le Mittheilungen der anthropologischen Gesellschaft de Vienne; l'Archivio per l'antropologia et l'etnologia de Florence; la Revue d'ethnologie d'Hamy; la Zeitschrift für Ethnologie de Berlin; le Journal of the anthropological Institute, l'Anthropological Rewiew, de Londres; la Revista de anthropologia de Madrid; les Actes de la Société des sciences naturelles et anthropologiques de Moscou; les Proceedings of the Smithsonian Institute de Boston. Toutes ces publications marquent la vitalité de la science anthropologique par la richesse des mémoires, des discussions, des comptes rendus, des notes. N'oublions pas les congrès nationaux et internationaux d'anthropologie. Ce n'est pas tout. L'activité des explorateurs ne connaît pas de bornes; elle ne s'arrête devant aucun sacrifice ni devant aucun obstacle. Les voyages individuels et les grandes expéditions scientifiques ouvrent, dans l'Inde, l'Amérique centrale et l'Amérique du Nord, dans l'Océanie, dans les contrées les plus inhospitalières, de sûres tranchées pour les conquêtes de la science anthropologique.

Passons à quelques parties spéciales de l'anthropologie. Depuis Blumenbach la crâniologie, comme depuis Quételet l'anthropométrie, ont reçu un développement considérable. Mais la crâniologie, malgré ses adeptes aussi nombreux que célèbres et éminents, n'a pas encore donné de résultats définitifs. On n'a pas trouvé toutes les lignes différentielles et caractéristiques qui peuvent faire distinguer sûrement un crâne d'un autre, toutes les lignes différentielles qui, réunies ensemble, donnent les caractères constants d'un type. Par exemple, rien de plus incertain que l'indice céphalique. Retzius avait établi une classification reconnue comme très importante, celle des races humaines en dolicocéphales et brachycéphales. Broca avait fait adopter la quintuple division en brachycéphales, dolicocéphales, mėsaticéphales, subbrachycephales et

subdolicocéphales. Les expériences démontrent que l'indice n'est qu'un indice, et pas une mesure, pour les races et les familles, et plus encore pour la totalité des races. Broca lui-même a dû modifier ses divisions et subdivisions. Il faut donc attendre de nouvelles recherches et de nouvelles découvertes pour que la crâniologie, qui n'est pas toute l'anthropologie, comme l'ont cru de trop zélés disciples de Broca, soit ce qu'elle doit être, l'une des parties les plus importantes de l'anthropologie. Mais il ne suffit pas d'étudier le crâne, qui est seulement l'enveloppe d'un organe précieux plus nécessaire encore est l'étude du cerveau, étude si difficile et sur laquelle une grande partie de l'activité scientifique doit se tourner. Un autre champ très étendu s'offre aux adeptes de l'anthropologie : c'est l'étude des milieux, que Bertillon propose d'appeler mésologie. Jusqu'où va l'énergie transformatrice des influences extérieures? Jusqu'où la plasticité de l'organisme humain en adaptation s'étend-elle? Il semble que les études sur les races humaines soient parvenues à des résultats mûrs, que les classifications soient faites de façon à n'admettre des doutes d'aucune sorte, et que l'ethnologie est plus avancée que l'anthropologie générale et partielle. De fait, il existe de nombreux et estimables travaux, d'ensemble et partiels, sur les races humaines. Cependant on n'est pas encore fixé sur le fait caractéristique qui doit servir de base aux classifications. Est-ce la coloration de la peau, avec sa division encore populaire en cinq classes? Est-ce la structure et la forme des cheveux (Huxley, Hæckel, F. Müller)? Faut-il joindre (Müller) la classification linguistique à l'anthropologique? Weisbach estime aussi que l'on peut fonder une classification des races sur un très grand nombre de mesures anthropométriques. Sa tentative ne paraît pas avoir abouti. La difficulté d'une classification est ici très grande. Il reste donc à l'anthropologiste une grande moisson à récolter, car le champ est immense. Que dire enfin de cette partie de la science qui veut traiter de l'origine de l'homme et des races humaines? En général, le problème des origines est un problème très difficile, souvent insoluble; et les deux problèmes qui regardent notre espèce sont de tous les plus graves et les plus ardus. Quoiqu'on ait beaucoup travaillé, et surtout depuis Darwin, sur ces questions, et principalement en ce qui regarde l'embryologie et l'anatomie comparée, tout est loin d'être fait.

Par ce bref résumé, on peut comprendre quel est l'avenir de l'anthropologie. Elle n'a pas épuisé tous ses moyens ni atteint tous ses buts. Elle revêtira plusieurs formes successives, selon la loi de sélection applicable aux sciences elles-mêmes. Elle est destinée, comme la plus apte de celles qui se rapportent à l'homme, comme individu et comme espèce, à absorber beaucoup de parties d'autres sciences qui sont sur le déclin, pour leur donner une nouvelle vie et un nouveau développement. Revue analytique. Un article favorable et très substantiel d'E. Morselli sur le livre de Romanes, Animal Intelligence, dont M. A. Espinas a fait pour nos lecteurs une analyse si intéressante et si solide. - Du

même un article beaucoup moins élogieux sur une brochure de J. Virgilio ayant pour objet L'évolution du champ économique. Nous y voyons relever, entre autres choses, une confusion très fréquente en Italie, et pas très rare chez nous, qui tend à faire de positiviste un synonyme de positif. « L'auteur dit que « l'illustre fondateur de la philosophie positive fut celui qui formula pour la première fois la loi d'évolution. Ce n'est pas exact cette loi fut tout à fait inconnue à Comte, à moins qu'on ne veuille la voir dans sa fameuse doctrine des trois états de l'esprit humain; mais il est communément admis que l'honneur d'avoir formulé le principe de l'évolution appartient à la science et non à la philosophie, et plus spécialement aux sciences biologiques. L'évolutionisme moderne accepte beaucoup du positivisme comtiste, mais il le dépasse en ce qu'il est plus ample, moins négatif, et, j'oserais dire, plus philosophique.

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II. — G. CANESTRINI: Charles Darwin et la biologie. Tot sunt species quot ab initio creavit supremum Ens, tel est l'axiome qui régnait, soutenu par la grande autorité de Cuvier, et, malgré l'écho d'une voix discordante, celle de Lamarck, quand parut l'œuvre principale de Darwin sur l'origine des espèces. Le naturaliste anglais à établi les causes du fait reconnu par Lamarck. La théorie darwinienne, de même qu'elle a changé la base de l'étude des êtres vivants, ne pouvait pas ne pas exercer une très grande influence sur toutes les branches de la biologie, et aussi sur l'anatomie, la physiologie de l'homme et des animaux, sur la botanique systématique, et sur l'anatomie et la physiologie des plantes. L'auteur de cet article s'efforce de prouver la vérité de ces assertions avec autant de brièveté que possible. Voici l'énumération des principaux points établis par cette consciencieuse étude : En zoologie, la barrière qui séparait le règne animal du règne végétal est tombée; l'îdée de l'espèce a été profondément modifiée; le système naturel a reçu une signification claire et précise; l'adaptation des organismes à leurs conditions de vie trouve une explication plausible dans la lutte pour l'existence et dans la sélection naturelle qui en est la conséquence; la théorie darwinienne explique le perfectionnement progressif des organismes; Darwin a eu le mérite d'avoir appelé l'attention des savants sur les rapports biologiques qui existent entre les êtres organiques; il a donné une base scientifique à l'étude de la distribution géographique des animaux et des êtres vivants en général; les instincts des animaux trouvent une explication scientifique dans la théorie de l'évolution; la théorie darwinienne assigne à l'espèce humaine le poste qu'elle mérite par ses caractères psychiques et physiques; la théorie darwinienne nous a fait connaître en détail les différences sexuelles secondaires et a tenté d'en expliquer l'origine par la sélection sexuelle. Darwin a contribué à montrer la grande influence que les petits animaux exercent sur la nature. En anatomie comparée, la théorie darwinienne donne une explication plausible des types organiques; elle a démontré que les caractères anatomiques sont eux-mêmes sujets à

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