peur nier que ce Gentilhomme Portugais n'ait débarqué au moins en Terre-Neuve, que la Baye de la Conception ne tienne de lui le nom qu'elle porte. De bons Mémoires le font même aller beaucoup plus loin. Nos Annales, auffi certaines que celles des Espagnols, nous apprennent que des Pêcheurs Bafques, Bretons & Normands fuivirent de près Cortereal dans le Nord de l'Amérique, fi même ils re le devancérent pas. Dés l'année 1506. Jean Denis de Honfleur en publia une Carte: en 1508. Thomas Aubert, Pilote de Dieppe, amena en France un Sauvage du Canada. Voilà donc la Floride découverte & fréquentée par les Anglois, les Portugais & les François, avant que Ponce de Leon y ait mis le pied, fi la Floride, comme le prés tendent les Espagnols, n'a point de bornes au Nord.

Le droit de poffeffion n'est pas plus affûré à l'Espagne, fur tout ce qu'il plaît aux Elpagnols d'appeller Floride, s'ils le fondent uniquement fur le nom de Floride; & il eft cer2 D iij

tain que Luc Vafquez d'Ayllon, celui de tous leurs Navigateurs, qui s'eft plus avancé vers le Nord, n'a point paffé le Jourdain, & ce qu'on appelle la Province de Chicora. Fernand de Soto eft allé un peu plus loin dans les terres, mais il n'a point paffé la hauteur de la Caroline; d'ailleurs ni Soto, ni Ponce de Leon, ni Vafquez n'ont fait aucun établif fement: le premier a parcouru pendant trois ans un païs immenfe en Chevalier erranr, il s'eft battu contre plufieurs Nations Sauvages, fans en affujettir aucune; il eft mort fans avoir feulement bâti un fort, & voilà ce que l'on appelle la Conquête de la Floride. Le fecond a fait deux defcentes dans la Floride fur le Golfe Méxique, il y a été bien batty toutes les deux fois, fans avoir feulement eu le tems d'y dreffer une tente, & il eft allé mourir à l'Ile de Cuba de fes bleffures, ou de chagrin.. Les deux voyages du troifiéme ont eu le même fuccès, il y a péri avec tout ce qui lui reftoit d'Espagnols, & il y avoit bien des années, que

Elpagne ne fongeoit plus à la Flotide, torfque les François s'établirent dans ce qu'on a depuis appellé la Floride Françoise, on la Nouvelle France.

Voilà des faits, que l'Auteur de l'Ellai ne détruit point il ne voit pas que les deux prétentions, que la Floride s'étend depuis la Province de Panuco jufqu'aux extrémitezdu Nord, & que Ponce de Leon a le premiet découvert la Floride, le détruilent l'une l'autre ; il ne fait pas attention qu'un païs abandonné après d'alli infructueufes tentatives, que celles de Ponce de Leon de Lue Vafquez d'Ayllon, de Pamphile de Narvaez, & de Fernand de Soro, peut-être occupé par le premier, qui veut s'y établir, & que les François ne fe font pas crûs en droit de re- / vendiquer la Caroline fur les Alglois, fous le prétexte qu'ils y avoient cu une Colonie, ce qui donne bien un autre droit, que la fimple cérémonie d'une prife de poffeffion. Après tout, fi D. Gonzalez de Barcia donne trop d'étendue à la 2D iiij

de matiere fubtile; d'où naît l'infenfible réfiftence de cette matiere célefte que M. Newton a pris pour un vuide parfait, ou tout au plus pour un milieu, dont il n'a retiré aucun profit. J'aurois encore, Monfieur, pour achever de répondre à votre Lettre bien des chofes à vous dire. Ce fera le fujet d'une quatrième Réponse. J'ai l'honneur d'être, &c.

A Paris le yo. Fevrier 1738.

ENSAYO CHRONOLOGICO · para la Historia general de la Florida, &c. C'est à dire : Effai Chronologique pour l'Histoire géné rale de la Floride, qui comprend les découvertes & les principaux évenemens arrivez dans ce grand Royaume aux Espagnols, Fran çois, Suedois, Danois, Anglois, c. entr'eux,& avec les Indiens; les Coutumes de ceux-ci, leur caractere, leur idolâtrie, leur gouvernement i leurs combats, leurs artifices, les voyages de quelques

Capitaines & Pilotes pour chercher un paffage en Afie par le Nord de l'Amerique, depuis l'année 1512. qui fut celle de la découverte de la Floride par fean-Ponce de Leon, jufqu'à l'année 1723. Par D. Gabil Cardenas z cano, un volume in folio à deux colonnes. Pages 3.66. fans la Preface & la Table. A Madrid, de l'Imprimerie Roya le, aux frais de Nicolas Rodriguez, chez l'Imprimeur, rue du Puy, & au Palais. 1723.

Es Livres Espagnols, pour la plupart, arrivent fort tard en France, ou n'y font connus que de quelques particuliers, qui les gardent dans leur cabinet. Après avoir long-temps cherché celui-ci, dont nous avions entendu parler, nous l'avons trouvé enfin, & nous avons crû que, quoiqu'il foit déja un peu ancien, on ne nous fçauroit pas mauvais gré de le faire connoître. L'Auteur, qui tient un rang diftingué en Espagne, a jugé à propos de fe déguifer fous le nom de Gabriel de Cardenas z cano; mais toute l'Epa