Obrázky na stránke
PDF
ePub

Latinos poetas exempla. Les gladiateurs s'appeloient ludii, et l'endroit où ils s'exerçoient ludus.

19 La monstrueuse turpitude de nos mœurs révolta les habitans même de Canope, v. 84. ] Canope, ville d'Egypte, éloignée de cent vingt stades d'Alexandrie, vers une des embouchures du Nil, qui en a tiré son nom, et est appelée Canopique. Les stades dont il s'agit ici sont de dix par mille, suivant le calcul ordinaire de Strabon (Liv. XVII). Les habitans de cette ville étoient fort décriés pour leurs débauches. On a présumé que c'étoit la patrie de Claudien; mais Suidas dit qu'il étoit d'Alexandrie. Il y a maintenant un château au même endroit où étoit Canope on l'appelle Abukir, et suivant la prononciation européenne, Bekier.

Quant à la fameuse ville de Lagus (vers 83), il s'agit d'Alexandrie. Lagus, simple soldat de l'armée d'Alexandre, fut père de Ptolémée, qui régna dans cette ville. Juvénal l'appelle fameuse à cause de son luxe et de ses voluptés.

20 Elle abandonne les jeux et ce fameux Páris, v. 87.] L'histoire parle de deux Pâris. Le premier, célèbre pantomime et délateur d'Agrippine, étoit affranchi de Domitia, tante de Néron. Ce prince voulant qu'il lui apprit à danser, le fit mourir parce qu'il n'y réussit pas. ( Suet. in Neron. §. 54.) Le second, originaire d'Egypte, éprouva le même sort de la part de Domitien. Voyez Dion Cass. Vraisemblablement il s'agit ici du dernier, parce qu'il étoit plus voisin du temps où Juvénal composa ses satires.

21 Un autre Véjenton, v. 113. ] Véjenton, mari d'Hippia.

22 Vois quels furent les rivaux d'un mortel égal aux dieux, v. 115.] On sait quelle fut la puissance des empereurs, et l'idée qu'on s'en formoit. Virgile a dit :

Divisum imperium cum Jove Cæsar habet.

Ainsi, par rivales divorum, Juvénal entend les amans de Messaline, et par conséquent les rivaux de Claude. 23 S'évadoit du palais, suivie d'une seule confidente, v. 119.] Cette confidente, selon Pline (Liv. vII), étoit l'une des plus fameuses prostituées que l'on connût à Rome; il ajoute qu'elle l'emportoit souvent sur sa maîtresse : eamque die ac nocte superavit quinto et vicesimo concubitu.

24 Sous le nom de Lysisca, etc v. 123.] Les mauvais lieux de Rome étoient distribués en petites cellules, sur les portes desquelles on lisoit les noms de chacune des courtisanes qui les habitoient.

25 C'est là Messaline toute nue, que la gorge soutenue par un réseau d'or, etc. v. 122. ] Gonçales (ad Petron. page 94) nous apprend que nude prostrabant olim in cellis meretrices. Catulle (Liv. XIII, 65) parle d'une femme dont la gorge n'étoit point retenue par le réseau dont il s'agit :

Non tereti strophio luctantes vincta papillas.

Au reste, le papillis auratis de Juvénal signifie aurea fascia cohibitis.

26 Dévouoit à la brutalité publique les flancs qui te portèrent, généreux Britannicus, v. 124. ] Lubin veut que generose ne soit qu'un trait satirique, pour faire entendre que Britannicus n'étoit peut-être que le fils d'un porte-faix; c'est gâter le sublime. Generosus, qui signifie le plus souvent d'une illustre naissance, exprime aussi quelquefois les qualités de l'ame.

Catherine Sforce, petite fille de François Sforce, montra son ventre dans une place publique; mais quelle différence! Des séditieux la menacent, dans Rimini, de faire périr ses enfans qu'elle leur avoit donnés en otage. Cette 'héroïne, retroussant ses vêtemens, leur dit : En quo possim liberos iterum procreare! Balthas. Bonif. Hist. Ludicræ, Lib. v, cap. 4.

[ocr errors]

27 Elle profite du temps au gré de ses lubriques fu•reurs, v. 126.] Et resupina jacens, etc. Je me flatte d'avoir remis dans sa véritable place ce vers, évidemment transposé par les copistes; c'est une faute qu'ils ont souvent faite. J'en remarquerai encore une de la même nature dans cette Satire.

[ocr errors]

28 Elle sort enfin, plus fatiguée qu'assouvie, v. 130.] J'écris sed non ; necdum 'a été mis au lieu de nondum, qui se lit dans les anciennes éditions, où l'on observe que les manuscrits ont sed non, qui est la véritable leçon.

29 Les yeux éteints, etc. v. 131.] J'ai mis dans la première édition « les joues livides », comme tous les interprètes l'avoient dit en expliquant obscurisque genis. Je crois qu'il s'agit des yeux, où la fatigue se manifeste beaucoup plus que sur les joues. Pline (Lib. x1, cap. 37) appelle les poils des paupières, palpebræ, et les paupières, genæ je sais que ce dernier terme signifie souvent les joues, parce que celles-ci commencent immédiatement après les paupières; mais je suis persuadé que Juvénal, dans cette circonstance, entendoit les yeux, comme nous disons « des yeux gros, des « yeux battus ».

30 Elle rapporte l'odeur de cet antre sur l'oreiller de l'empereur, v. 132.] Juvénal, quel que soit ce tableau, n'a point exagéré les désordres de Messaline, et Tacite n'en dit pas moins: Jam Messalina, facilitate adulteriorum in fastidium versa, ad incognitas libidines profluebat.

31 Parlerai-je de l'hippomanès, etc. v. 133.] Ce mot signifie principalement deux choses dans les écrits des anciens : 1o. une certaine liqueur qui coule des parties naturelles d'une jument en chaleur; 2°. une excroissance de chair que les poulains nouveaux-nés ont quelquefois sur le front. Les anciens prétendoient que ces deux sortes d'hippomanès avoient une vertu singulière dans les

philtres et autres compositions destinées à des maléfices; que la cavale n'a pas plutôt mis bas son poulain, qu'elle lui mange cette excroissance charnue, sans quoi elle ne voudroit pas le nourrir.

Théocrite, dans son Idylle, appelle hippomanès une plante qui n'a probablement jamais existé que dans son imagination. Voyez Saumaise, sur Pline (page 659, édition de Hollande). M. de Buffon est entré dans un fort grand détail sur tout ce qui concerne l'hippomanès, tome IV, pag. 214 et suivantes de l'édition in-4°.

32 Lorsque le marchand Jason n'ose sortir du port, etc. v. 153. ] Mercator comme on le voit dans ces vers d'Horace, est ici un homme qui fait le commerce maritime :

Luctantem Icariis fluctibus Africum mercator metuens.
Impiger extremos currit mercator ad Indos.

Juvénal, qui se sert volontiers de noms feints, emploie celui de Jason pour faire allusion à ce chef des Argonautes qui, l'un des premiers, osa naviguer jusque dans le Pont-Euxin. L'hiver, mare est clausum; le marinier, clausus, etc. C'en est assez pour faire entendre ce passage, qui n'avoit pas encore été bien expliqué, du moins par les traducteurs,

33 Des vases murrhins, etc. v. 156.] Tout ce que l'on sait aujourd'hui sur ces sortes de vases, c'est qu'ils étoient fort rares, et d'un prix si exorbitant, que Néron en acheta un trois cents talents, ce qui fait environ un million et demi de nos livres. Je vais prouver que l'on a, jusqu'à présent, mieux dit ce qu'ils n'étoient pas, que ce qu'ils étoient en effet.

Le passage de Pline sur les vases murrhins, Oriens murrina mittit, etc. (Lib. xxxvII, cap. 2) a exercé plusieurs savans en différens pays. Michel Mercatus et le cardinal Baronius ont prétendu que les vases murrhins étoient faits avec de la myrrhe. N. Guibert les a réfutés

[ocr errors]

dans une dissertation imprimée à Francfort en 1597. Athénée (Deipnosop. Liv. x1, 2) avoit dit que, dans la composition de certains vases, on employoit de l'argile pétrie avec des aromates. Il n'en fallut pas davantage à Paulmier de Grentemesnil (Exercit. in Auct. Græc. page 517) pour imaginer que ceux dont il s'agit étoient d'argile pétrie avec de la myrrhe: ce qui leur avoit fait donner le nom de vases murrhins. Pline ne parle point d'argile, mais d'une pierre qui se trouve dans les entrailles de la terre. Pierre Bellon (Observat. Lib. 11, cap. 7) prétendoit que ces vases étoient d'une espèce de coquillages; ce qui ne répugne pas moins au témoignage de Pline. Cardan, Mercurialis, Scaliger, Kempfer, M. Mariette et l'éditeur de la nouvelle traduction de Sénèque, ont avancé que les murrhins étoient de porcelaine. M. l'abbé Leblond a combattu cette assertion dans un mémoire lu en 1779 à l'Académie des BellesLettres. Ce vers de Properce, Murreaque in Partis pocula cocta focis? (Lib. IV, Eleg. v, 26) semble favoriser l'opinion des savans que je viens de citer. Cependant si l'on considère, 1°. que les murrhins étant rares, précieux et d'un très-grand prix, l'art dut chercher à les imiter; 2°. que, selon Pline (Lib. XXXVI, cap. 26), on en fit avec du verre, et qui n'étoient pas si chers; on sentira que c'est à ces murrhins factices que le vers de Properce fait allusion.

On trouve dans les Mémoires de l'Académie de Cor→ tone, une dissertation dans laquelle M. Janhon de SaintLaurent essaie de prouver que ces vases étoient d'agatheonix ou sardonix : c'est aussi le sentiment de M. l'abbé Leblond. M. Larcher, après avoir pesé cette opinion, après l'avoir confrontée aux chapitres de Pline, (2 et 6 du xxxvII Livre) en conclut, dans un excellent Mémoire lu en 1779 à l'Académie des Belles-Lettres, que, pour savoir à quoi s'en tenir à cet égard, il faut faire de nouvelles recherches, et sur-tout ne point perdre de vue

« PredošláPokračovať »