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celle autorité de la tradition que suivent beaucoup de nations barbares,qui croient en JésusChrist, et pour lesquelles l'usage de l'encre et des lettres est encore inconnu (Adv. Hæres.. 1. IV).

On n'aura pas de peine à croire qu'à la fin de cette longue journée d'étude je me sentis tout à fait épuisé et découragé dans mes recherches; je voyais sanctionnés par l'autorité des premiers défenseurs de l'Eglise, dont quelques-uns entendaient encore retentir à leurs oreilles la prédication des apôtres, six points de croyance et de pratiqué entièrement papistes, qui n'étaient rien moins que ceux-ci: 1o la reconnaissance d'un souverain pontife (1); 2 le respect dû aux reliques; 3 la satisfaction envers Dieu par le jeûne, les aumônes, etc.; 4° l'autorité de la tradition, 5° la présence réelle dans l'eucharistie; 6° enfin le sacrifice de la messe. Peut-on s'étonner qu'après cela j'aie désespéré de pouvoir me débarrasser du papisme? Je poussai un profond soupir en fermant mes énormes in-folio; et, saisi d'une sorte d'oppression, comme si le pape eût pesé de tout son poids sur mes épaules, je gagnai mon lit, éprouvant à peu près ce qu'aurait éprouvé Sinbad le matelot, si après avoir cru s'être débarrassé du fâcheux petit vieillard de la mer, il avait encore senti les jambes de cet être fantastique serrées autour de son cou.

CHAPITRE VI

Usage de faire le signe de la croix.--. Tertullien. Vénération des images. - Prière pour les morts. Détermination de trouver le protestantisme quelque part.

Le lendemain matin, grâce à la vertu réparatrice du sommeil, je me levai un peu remis des mécomptes que j'avais éprouvés depuis quelques jours, et animé sur tous les points de sentiments aussi protestants qu'on pouvait l'attendre. Au moins, ma répugnance à retourner au papisme était aussi forte que jamais, bien que tout espoir de devenir un bon protestant, ou, pour mieux dire, de découvrir ce que pouvait être un bon protestant, se fût presque entièrement évanoui pour moi. Je me trouvais donc à peu près dans la position vraiment critique d'une secte d'hérétiques appelés basilidiens, qui se donnaient pour n'être plus Juifs, sans être cependant encore chrétiens.

J'ai déjà parlé de la pratique si désagréable, bien qu'apostolique, du jeûne et de l'abstinence de chaque semaine; mais il y avait un autre usage papiste contre lequel je me révoltais avec encore plus d'indignation, le regardant comme une superstition de vieille femme: c'était l'habitude de faire le signe de la croix sur le front, après les grâces, quand on avait pris son repas. Le sentiment de honte que j'éprouvais, dans ma jeunesse, toutes les fois qu'il fallait faire cet acte extérieur de papisme en présence

(1) Nous trouvons ce titre même de souverain pontife donné à l'évêque de Rome par une autorité aussi imposante qu'ancienne, par Tertullien.

des protestants, ne s'effacera jamais de mon souvenir (1). Toutefois il me semble que je n'étais pas le seul qui fût ainsi disposé parmi les catholiques au milieu desquels je vivais car j'ai observé que depuis que les deux religions se sont rapprochées l'une de l'autre et ont cessé d'être aussi hostiles, cette pratique a été presque entièrement abandonnée, de sorte qu'il faut être un catholique de première ferveur pour oser, dans le temps qui court, se bénir (faire le signe de la croix), comme l'on dit, en honne société.

Ceci, au moins, me dis-je à moi-même, de mauvaise humeur, en ouvrant un énorme volume de Tertullien, cette supercherie monacale, ne saurait assurément trouver sa sanction dans les chrétiens orthodoxes de la primitive Eglise. Ces paroles s'étaient à peine échappées de mes lèvres qu'en parcourant ce que dit ce Père des mœurs et des coutumes des chrétiens de son temps, je lus, à mon grand étonnement, ce qui suit: « Nous nous signons du signe de la croix au front, toutes les fois que nous sortons de nos maisons ou que nous y rentrons, quand nous prenons nos habits ou notre chaussure, lorsque nous allons au bain ou que nous nous mettons à table, que nous nous couchons ou que nous nous asseyons.» Voilà assez de signes de croix, Dieu le sait ! en voilà assez, du temps de Tertullien, dans un seul jour, pour fournir à la dépense de la vicille dame catholique, la plus prodigue en ce genre de toute l'Irlande, pendant une seinaine !

I ne restait plus guère pour combler la mesure de ce qu'on appelle superstitions papistes que le culte des images et la prière pour les morts; or je trouvai ces deux pratiques confirmées par le témoignage de ce Père si célèbre. En parlant de la femme qui survit à son mari, il exprime le désir qu'elle a prie pour l'âme de son époux, qu'elle s'ef force de lui obtenir du soulagement, et offre (pour lui le saint sacrifice) au jour anniversaire de sa mort. » Ailleurs il fait remonter aux traditions apostoliques celle pratique qui, dit-il, n'est point commandée par les paroles expresses de l'Ecriture, mais qui lui avait été transmise par ceux qui l'avaient précédé. Ainsi il ne se contente pas de confirmer la coutume papiste de prier pour les morts, mais il s'appuie même sur une autori. té qui dérive d'une source également papiste, la tradition!

Quant aux images dont les premiers chrétiens faisaient aussi dériver l'usage de la

(1) On voit par les reproches que l'on trouve çà et là dans les Pères, sur ce sujet, que cette honte d'ètre vu faisant le signe de la croix n'était pas inconnue même parmi les anciens catholiques: N'ayons pas honte, ne rougissons pas, dit saint Cyrille, de confesser celui qui a été crucifié; faisons hardiment de notre doigt, sur notre frout, le signe de la croix, (sppay is).? -Tant s'en faut que je rougisse de la croix, s'écrie saint Augustin, que je ne place pas la croix du Christ dans un lieu secret, mais je la porte sur mon front. >

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DEMONSTRATION ÉVANGÉLIQUE. MOORE.

tradition, les considérant comme propres à rappeler de pieux souvenirs, un simple passage de Tertullien où il parle, comme d'une chose tout ordinaire, de la figure du Christ représentée sur les vases qui servaient à la communion (1), est une preuve suffisante que l'usage des images, à l'époque où il écrivait, avait déjà depuis longtemps prévalu. Nul doute que les yeux de nos réformés n'eussent été choqués de ces représentations idolatriques, non-seulement au second siècle du christianisme, mais très-probablement même dès les premiers temps (2). Saint Clément d'Alexandrie n'était pas moins partisan de ces emblèmes religieux nous lc voyons, dans le même siècle, recommander aux chrétiens de porter la figure d'un poisson gravée sur leurs bagues ou anneaux: le poisson étant un symbole du nom du Christ (3).

Il me fallut donc ajouter aux six plaies papistes que j'avais déjà comptées sur la face de l'Eglise, dans son âge virginal, et lorsqu'elle brillait de tout l'éclat de sa jennesse, les trois suivantes, savoir : 7° la prière pour les morts; 8° le culte des images, et 9° le signe de la croix, sans fin ! En vérité, tout autre moins déterminé que moi à trouver le protestantisme quelque part, eût abandonné de désespoir une pareille entreprise. Mais j'étais encore résolu à persévérer : j'avais dit au papisme un trop solennel adieu pour pouvoir alors reculer de bonne grâce; de plus, il faut l'avouer, peut-être même aurais-je dû le confesser un peu plus tôt, que, outre le désir tout à fait consciencieux que j'avais de changer ma religion pour en prendre une meilleure, j'avais encore quelques autres motifs d'une nature plus mondaine, je pourrais dire, plus tendre, qui n'avaient pas été de peu de poids dans ma détermination de me faire protestant le plus tôt possible. Quoique ces motifs soient d'une nature généralement regardée comme secrète et dé

(1) Dans un ouvrage curieux sur les veses encharistiques des anciens chrétiens, par Doughty, l'auteur a recueilli avec beaucoup d'habileté des renseigne

ments sur les diverses matières dont ces vases étaient composés, depuis le bois jusqu'au cristal, les pierres précieuses, etc.; et parmi les images qui s'y trouvaient, il cite en particulier celle du Sauveur crucifié et celle du bon Pasteur portant son agneau sur ses épaules.

(2) En l'année 814, lorsque Léon l'Arménien assembla plusieurs évêques pour les engager à briser les images, Euthymius, métropolitain de Sardes, lui adressa ces paroles Sachez, sire, que depuis huit cents ans et plus que le Christ est venu sur la terre, il a été peint et adoré dans son image. Qui sera assez hardi pour abolir une si ancienne tradition? >

(3) Clem. Alex. opera cura Potteri, etc. p. 288. L'usage de se servir du poisson comme emblème du nom du Christ, vient de ce que le mot expus (poisson) so compose des lettres initiales des mots Ιησούς Χριστός Occũ Tros Ewryf. Dans les prétendus vers sibyllins, il y a quelques acrostiches qui commencent par ces lettres. Pour cette raison, et à cause sans doute aussi de leur rit du baptême, les chrétiens eux-mêmes étaient appelés poissons dans les premiers siècles. Sed nos pisciculi, dit Tertullien, secundum zv, secundum Nestrum Jesum Christum in aqua nascimur. ›

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licate, je me hasarderai à les communiquer au lecteur dans quelqu'un des chapitres suivants.

CHAPITRE VII.

Grande disette de protestantisme. On essaie les troisième et quatrième siècles. Saint Cyprien. - Origène. Primauté de saint Pierre et du pape. Saint Jérôme. Liste des abominations papistes.

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Quoique je me fusse assez bien convaincu que si, comme nous l'assurent les protestants, la pure origine de leur symbole se trouve dans les premiers âges du christianisme, ce ne pouvait être que sous une forme modeste et presque imperceptible, comme un certain auteur tragique nous représente la lune cachée derrière un nuage, je ne me poir de réussir; je ne désespérai pas d'apercelaissai pas aller cependant encore au désesvoir au moinsquelques rayons de cet astrevoilé. Je continuai donc mes recherches, et citant à mon tribunal les Pères des deux siècles suivants, je voulus m'assurer si, en les pressant de questions captieuses, je ne parviendrais point à découvrir au moins un protestant parmi eux. Mais hélas! non leur réponse à tous était la même : ils appartenaient tous à la seule Eglise catholique, à cette Eglise qui, comme le dit saint Cyprien, « étant toute pénétrée de la lumière du « Seigneur, envoie ses rayons sur toute la << terre ». Et quand on demande à ce Père quel est le centre d'où partent ces rayons de lumière catholique, il montre Rome, la chaire de Pierre, et l'Eglise principale comme il le dit emphatiquement l'unité sacerdotale a sa source. (Ep. 55.)

Origène, avec assez d'espérance que ce Père, Ainsi désappointé, je me réfugiai vers dont la sainteté est en question, pourrait bien être un bon protestant; mais je n'eus pas plus de succès: je le trouvai tout aussi ardent partisan de la primauté de saint qu'il faut l'être (1) «Que personne, dit-il, ne Pierre et du pape que ses confrères, et par rapport au salut exclusif aussi catholique

(1) Tel est aussi, cependant, le langage de l'Eglise protestante. L'Eglise visible se compose de tous ceux qui, dans tout l'univers, professent la véritable religion, hors de laquelle il n'y a point de possibilité ordinaire d'arriver au salut. (Confession de Westminster, ratifiée par le Parlement, en l'an 1649).

Le Christ, dit l'évêque Pearson, n'a point indiqué deux chemins pour aller au ciel, il n'a pas non plus fondé une Eglise pour en sauver quelques-uns, et une autre pour le salut des autres hommes. Comme done il n'y eut de sauvés des eaux du déluge que ceux qui étaient renfermés dans l'arche de Noé, ainsi ceux-là ne sauraient échapper à la colère éternelle de Dieu, qui n'appartiennent pas à l'Eglise de Dieu. (Exposition du Symbole.) - Dans les cas d'ignorance invincible, ou d'inévitable nécessité, l'Eglise catholique admet des exceptions à cette terrible sentence. Ainsi dans la censure portée par la Sorbonne sur l'Emile de Rousseau, on lit ce qui suit: Tout homme qui est dans l'ignorance invincible des vérités de la foi, ne sera jamais puni de Dieu pour n'avoir pas cru ces vérités. Telle est la doctrine chrétienne et catholique (Art. xxvi)... Quant aux communions séparées de

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se trompe, que personne ne se fasse illusion hors de cette maison, c'est-à-dire, hors de l'Eglise, il n'y a point de salut (Hom. 3 in Jos.) Saint Jérôme, ainsi que nous l'avons déjà vu, ne se prononce pas avec moins d'énergie en faveur de ce monopole du ciel: « Je sais, dit-il, que l'Eglise est fona dée sur Pierre, c'est-à-dire sur un roc. Qui« conque mange l'Agneau hors de cette mai« son est un profane. Quiconque n'est pas dans l'arche périra par les flots (Ep. 14 ad « Dam.). » Pour un homme comme moi, qui chancelais sur le bord de cette arche, si je n'en étais pas déjà dehors, cette expression métaphorique était fort rassurante!

Sur tous ces points de croyance et de discipline papiste qui, comme je l'ai montré, étaient sanctionnés par les Pères des deux premiers siècles, je trouvai la doctrine de ceux des troisième et quatrième siècles parfaitement identique; seulement elle était exposée dans un plus grand détail, et enrichie de tous les trésors du génie et de la science. Pour reproduire tous les témoignages qu'on pourrait citer, pour prouver, comme ils ne le prouvent en effet que trop. qu'à cette époque christianisme el papisme étaient deux termes entièrement synonymes, il faudrait transcrire la majeure partie des écrits des quatre premiers siècles depuis le simple Hermas jusqu'au savant et éloquent saint Chrysostome. Je me contenterai donc d'ajouter à ce que j'ai déjà dit des temps primitifs de l'Eglise, quelques témoignages propres à faire voir quelle était la doctrine Enseignée par les principaux Pères du troisième et du quatrième siècle sur quelques uns des principaux points controversés entre l'Eglise de Rome et ses opposants.

TRADITION.

AUTORITÉ DE L'EGLISE. Tertullien (1). « Pour savoir ce que les apôtres ont enseigné, c'est-à-dire ce que ale Christ leur a révélé, il faut avoir recours aux Eglises qu'ils ont fondées, et qu'ils instruisaient par leur prédication et leurs Epitres (De Præscript. 21).

« Quant à ces pratiques (certaines cérémonies employées dans l'administration du baptême) et autres usages de ce genre,

l'Eglise, les enfants et les sim; les qui vivent dans ces communions ne participent ni à l'hérésie, ni au schisme; ils en sont excusés par leur ignorance invincible de l'état des choses. Il n'est pas du tout impossible à ceux qui vivent dans des communions séparées de l'Eglise catholique, de parvenir, autant qu'il est nécessaire pour leur salut, à la connaissance de la révélation chrétienne (Art. Xxx11). ›

L'éminent prélat catholique, Frayssinous, enseigne en ces termes cette même doctrine, si conforme aux principes de la raison et aux sentiments de la charité. L'ignorance involontaire de la révélation n'est pas une faute punissable... La révélation chrétienne est une loi positive, et il est de la nature d'une loi de n'être obligatoire que lorsqu'elle est publiée et connue. (Conferences, etc.)

(1) Ce Père ayant embrassé le christianisme, vers l'an 185, et étant mort en 216, on le regarde génératement comme apartenant aux deuxième et troisième Siccles.

si vous me demandez le témoignage écrit des livres saints, je vous répondrai qu'il n'en « existe point. Elles viennent de la tradition, a la coutume les a confirmées et l'obéissance « les a ratifiées (De Corona militis, c. 3, 4). « Ce n'est donc point aux Ecritures qu'il a faut en appeler...... La question est de « savoir à qui a été confiée la doctrine qui « nous a faits chrétiens. Car, là où l'on trou« vera cette doctrine et cette foi, là aussi « est la vérité des Ecritures et leur véritable <«< interprétation, ainsi que de toutes les « traditions chrétiennes.» (De Præscript. cap 19.)

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Origène. « Comme il y en a beaucoup qui « pensent croire ce que Jésus-Christ a enseiagné, et que cependant il s'en trouve parmi « eux qui diffèrent des autres, il devient né« cessaire que tous professent la doctrine qui <«<nous est venue des apôtres, et qui se perpétue dans l'Eglise. Car il n'y a de vrai que « ce qui ne diffère en rien de la tradition ecclé siastique et apostolique (Præf., lib. I de Princip.). Toutes les fois que les hérétiques « produisent les Ecritures canoniques que << tout chrétien croit et reconnaît, ils semblent « dire: Avec nous est la parole de la vérité. « Mais nous ne pouvons ajouter foi à ce qu'ils « (ces hérétiques) disent, ni nous écarter de a la tradition primitive et apostolique nous « ne pouvons croire que ce que les Eglises de « Dieu ont enseigné dans la suite des temps « (Tract. 29 in Matth.). »

Lactance. « L'Eglise catholique scule con« serve le véritable culte : c'est là la source « de la vérité, la demeure de la foi (Inst., «l. IV, c. 30). »

Saint Cyprien. « Il est aisé aux âmes reli«gieuses et simples de fuir l'erreur et de dé« couvrir la vérité : car si nous nous portons a vers la source de la tradition divine, l'erreur « cesse (1) (Ep. 63), »

Eusèbe. « Ces vérités, quoique consignées « dans les saintes Ecritures, sont encore plus « amplement confirmées par les traditions de « l'Eglise catholique, cette Eglise qui est ré« pandue par toute la terre. Cette tradition « non écrite confirme et scelle les témoignages « des saintes Ecritures (Démonst. évang., a l. 1). »

Saint Basile. « Parmi les dogmes de l'Eglise, il en est qui sont contenus dans l'Ecri«lure et d'autres qui viennent de la tradi«tion; mais ils ont les uns et les autres la « meme efficacité pour inspirer la piété (De « Spir. sancto, c. 27). Mon opinion est qu'il a est apostolique d'adhérer aux traditions non « écrites (Ibid., c. 29). Le but commun de tous « les ennemis de la saine doctrine est d'ébran« ler la solidité de notre foi en Jésus-Christ, « en annulant la tradition apostolique... a dédaignent le témoignage non écrit des Pires

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« comme une chose de nulle valeur (Ibid., «< c. 10). »

Saint Epiphane. « Nous devons aussi con«sulter la tradition, car on ne peut pas tout apprendre dans les Ecritures. »

Saint Chrysostome. « De là il est manifeste qu'ils (les apôtres) n'ont pas tout enseigné « dans leurs Epitres; ils ont transmis beau« coup de choses de vive voix. Ces deux mo« des d'instruction ont les mêmes titres à « notre croyance. C'est une tradition, n'en demandez-pas davantage (Hom. ↳ in II « Thess.) (1). »

PRIMAUTÉ DES SUCCESSEURS DE SAINT PIERRE.

J'ai déjà mis sous les yeux du lecteur quel ques-uns des témoignages imposants de saint Irénée, saint Cyprien, etc. sur ce point.

Saint Cyprien. « Néanmoins, pour établir << clairement l'unité, il (Jésus-Christ) fonda « un siége, et, par son autorité, il fixa l'origine de cette même unité, en commençant << par un seul. Les autres apôtres furent donc, « comme saint Pierre, investis de la même « portion d'honneur et de puissance; mais le « commencement est bâti sur l'unité. La pri« mauté est donnée à Pierre, afin qu'on ne a voie qu'une seule Eglise de Jésus-Christ et « qu'un seul siége de Unit. Eccles.). »

Saint Jérôme, dans une lettre au pape Damase. « Je n'en suis pas d'autre que Jésus« Christ, me tenant uni de communion avec « votre sainteté, c'est-à-dire avec la chaire « de Pierre. Je sais que l'Eglise est fondée « sur ce roc (Ep. 14 ad Damas.). Je ne cesse « de crier: celui-là est des miens, qui reste uni « à la chaire de Pierre. »

Saint Chrysostome. « Pourquoi Jésus-Christ « a-t-il versé son sang? Assurément pour « gagner le troupeau dont il a confié le soin « à Pierre et à ses successeurs. »

SATISFACTION ENVERS DIEU PAR LES OEUVRES DE PÉNITENCE.

Saint Cyprien. « Le Seigneur doit être in« voqué; il doit étré apaisé par notre satis«faction (de Lapsis). Que l'âme s'humilie de<< vant lui que notre douleur lui offre une « satisfaction...... Apaisons, comme il nous << en avertit lui-même, son indignation, par ale jeûne, les larmes et les gémissements « (Ibid.). Purifiez-vous de vos péchés par des « œuvres de justice et par des aumônes qui « puissent sauver votre dme. Dieu peut par« donner, il peut détourner ses jugements, « il peut pardonner au pénitent qui implore « sa clémence, il peut accepter pour lui les « prières des autres, ou plutot le pécheur doit « lui-même toucher le cœur de Dieu par ses « propres œuvres de satisfaction, et désarmer ainsi sa colère; Le Seigneur réparera ses a forces, et par là il reprendra comme une « nouvelle vigueur (2) (b.).»

(1) Sur ce passage de saint Paul: C'est pourquoi, mes frères, demeurez fermes, et gardez les traditions qui vous ont été transmises, soit de vive voix, soit par nos lettres.

(2) Voyez comment Bossuet défend le langage de

Saint Ambroise. « Que Jésus-Christ voie « nos larmes, afin qu'il puisse dire: Bien« heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils << seront consolés (Matth., V, 4). Aussi pardonna-t-il sur-le-champ à Pierre, parce « qu'il pleura amèrement; si vous pleurez « de même, Jésus-Christ jettera un regard « sur vous, et votre péché sera effacé....... « Qu'aucune considération donc ne vous em« pêche de faire pénitence. Imitez en cela les << saints, et que leurs larmes soient la me« sure des vôtres (de Panit., c. 10). »

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PRIÈRES POUR LES MORTS.

Saint Cyrille de Jérusalem. « Alors (dans « le sacrifice de la messe) nous prions pour « nos pères dans la foi et pour les évêques dé« funts, et, en un mot, pour tous ceux qui ont quitté cette vie dans notre communion; car <«< nous croyons que les âmes de ceux pour lesquels on fait des prières reçoivent un « bien grand soulagement, lorsque cette « sainte et terrible victime repose sur l'autel a (Catech. mystag. 5). »

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Saint Ambroise, dans son oraison funèbre pour les deux empereurs Valentinien: « Vous serez bienheureux tous les deux si a mes prières peuvent avoir quelque effica« cité. Il ne se passera pas un jour dans le<< quel je ne fasse mention de vous avec <«< honneur, ni de nuit dans laquelle vous « n'ayez part à mes prières dans tous mes << sacrifices je me rappellerai votre souve<< nir. »

Saint Epiphane. « Il n'est rien de plus à propos, rien de plus digne d'admiration que « le rit sacré qui ordonne de rappeler le nom « des défunts. Ils sont aidés par la prière que « l'on offre pour eux, quoiqu'elle ne puisse pas effacer toutes leurs fautes. Nous fai <«< sons mémoire des justes et des pécheurs, « afin d'obtenir miséricorde pour ces der«niers (Hæres., 55). »

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Saint Chrysostome. « Ce n'est pas en vain qu'on fait des oblations et des prières et <«< qu'on distribue des aumônes pour les dé« funts. Le Saint-Esprit l'a ainsi ordonné, « afin que nous puissions nous assister mu<«<tuellement les uns les autres (Hom. 21).»

saint Cyprien, sur ce sujet, dans sa réponse à M. Jurien: Il faut, dit-il (saint Cyprien), satisfaire à Dieu pour ses péchés, mais il faut aussi que la satisfaction soit reçue par Notre-Seigneur. Il faut croire que tout ce qu'on fait n'a rien de parfait ni de suffisant en soi-même; puisque après tout, quoique nous fassions, nous ne sommes que des serviteurs inutiles, et que nous n'avons pas même à nous glorifier du pen que nous faisons, puisque, comme nous l'avons déja rapporté, tout nous vient de Dieu par Jésus-Christ, en qui seul nous avons accès auprès du Père (Averlissements aux protestants). Tel est, sur ce point, la doctrine catholique, si étrangement défigurée par ses ennemis. Le langage de saint Augustin sur cette doctrine est tout aussi papiste que celui de saint Cyprien Ce n'est pas assez, dit-il, que le pécheur change les voies et renonce à ses œuvres d'iniquité; il faut que, par le regret de la pénitence, par d'humbles larmes, par le sacrifice d'un coeur contrit et par des aumônes, il satisfasse à Dieu pour les fautes qu'il a commises (llom. 1, 8). ›

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Origène. « Il nous est permis de dire de « tous les justes qui ont quitté cette vie, et qui conservent toujours les mêmes senti«ments de charité pour ceux qu'ils ont lais« sés ici-bas, qu'ils ont de la sollicitude pour « leur salut, et qu'ils les assistent du secours « de leurs prières et de leur médiation au« près de Dieu. Car il est écrit dans les livres a des Machabées : C'est Jérémie, le prophète « de Dieu, qui prie toujours pour le peuple(Lib. III, in Cant. Cantic.). >>-« Je me prosterne « rai à genoux, et n'osant à cause de mes péa chés, présenter moi-même ma prière à Dieu, j'appellerai tous les saints à mon secours. « O vous, saints du ciel, je vous en supplie a avec une douleur mêlée de soupirs et de lar« mes, tombez aux pieds du Dieu des miséri« cordes pour moi, misérable pécheur (Lib. II, de Job). »

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Saint Cyprien. « Souvenons-nous les uns « des autres dans nos prières; ne soyons. a tous qu'un cœur et qu'une âme en ce «monde et en l'autre; prions toujours, « nous soulageant avec une mutuelle cha«rité dans nos souffrances et nos afflictions. « Et que la charité de celui qui, par la grâce de Dieu, partira le premier de ce a monde, persévère toujours devant le Sei« gneur; que sa prière pour nos frères et « nos sœurs ne cesse pas un instant. (De « habitu Virginum). »

Saint Athanase. « Ecoutez maintenant, ô « fille de David, prêtez l'oreille à nos priè« res; nous poussons des cris vers vous: « Souvenez-vous de nous, ô Vierge très« sainte, et pour les faibles louanges que « nous vous donnons, répandez sur nous « des grâces abondantes, en nous ouvrant « les trésors de vos grâces, vous qui êtes pleine de grâce. Je vous salue, Marie, « pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. a Reine du ciel et Mère de Dieu, intercédez a pour nous. (Sermo in Annunt.). »

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(1) Au sujet de la prière pour les morts, on trouve dans saint Ephrem, d'Edesse, un passage intéressant, qui paraît avoir échappé à l'attention de mon ami. Dans un ouvrage intitulé son Testament, ce pieux Père parle ainsi: Mes frères, venez à moi, et préparez-moi à mon départ, car toutes mes forces sont épuisées. Souvenez-vous de moi dans vos psaumes et dans vos prières, et veuillez constamment offrir des sacrifices pour moi. Quand le trentième jour sera venu, souvenez-vous encore de moi, car les morts sont soulagés par les offrandes des vivants. Maintenant, écoutez avec patience ce que je vais vous rapporter des saintes Ecritures. Moïse bénit Ruben après la troisième génération (Deut. XXXIII, 6); mais si les morts ne peuvent être secourus, pourquoi futil béni? Que s'ils sont insensibles, écoutez donc ce que dit l'Apôtre: Si les morts ne doivent point ressusciler, pourquoi donc se purifier pour eux? (1 Cor. XV, 29.)

Saint Hilaire. « D'après ce que Raphaël « dit à Tobie, il y a des anges qui servent « en la présence du Seigneur, et qui lui « portent les prières de ceux qui l'invo«quent, ce n'est pas la Divinité qui a be« soin de cette intercession, mais bien notre « infirmité. Dieu n'ignore rien de ce que << nous faisons; mais la faiblesse de l'homme << pour demander et obtenir, réclame le mi«nistère d'une intercession spirituelle (In « Psalm., CXXIX). »

Saint Basile. Lors de la célébration de la fête des quarante martyrs: «O vous! gar<< diens communs de la race humaine, nos a coopérateurs dans nos prières, très-puis<< sants messagers, astres du monde et fleurs « des Eglises, permettez-nous de joindre « nos prières aux vôtres. (Homil. 19.) »

Saint Ephrem d'Edesse. « Je vous en sup«plie, saints martyrs, qui avez tant souffert << pour le Seigneur, intercédez pour nous « auprès de lui, afin qu'il repande sa grâce « sur nous.» (Encom. in SS. Mart.)-Nous « recourons à votre protection, sainte Mère « de Dieu, protégez-nous; gardez-nous sous « les ailes de votre miséricorde et de votre « bonté. Dieu très-miséricordieux, par « l'intercession de la bienheureuse vierge « Marie, de tous les anges et de tous les « saints, ayez pitié de votre créature (Ser« mo de Luud. B. Mariæ virginis). »

RELIQUES ET IMAGES.

Saint Hilaire. « Le sang sacré des martyrs «<est partout reçu, et leurs ossements véné<«<rables rendent chaque jour témoignage « (Lib. contra Constant.).»

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Saint Basile. « Si quelqu'un souffre pour « le nom de Jésus-Christ, ses restes sont « regardés comme précieux ; et si quelqu'un << touche les ossements d'un martyr, il de« vient en quelque sorte participant de sa « sainteté, à cause de la grâce qui réside « en lui. En effet, la mort des saints est précieuse aux yeux du Seigneur (Sermo « in Psal. CXV).»-« Je reconnais les apôtres, « les prophètes et les martyrs, je les con« jure d'intercéder pour moi, afin que, par <«<leur intercession, Dieu me soit miséricor« dieux et me pardonne mes péchés. C'est « pour cette raison que je révère et honore « leurs images, surtout depuis que la tradi«tion des saints apôtres nous a appris à le << faire; et bien loin qu'elles nous soient dé« fendues, elles apparaissent dans nos « Eglises (Epist. ad Julian.) (1). »

Saint Ephrem. «La grâce du divin Esprit, « qui opère par elles des miracles, reside « toujours dans les reliques des saints (En« com. in mart.). »

(1) En citant cette lettre à Julien, comme étant sortie de la plume de saint Basile, mon jeune ami n'a pas montré son exactitude ordinaire. Le frag ment dont le passage ci-dessus a été tiré, quoiqu'il se trouve parmi les actes du second concile de Nicée, est abandonné, je crois, comme manquant d'authenticité, par les plus judicieux écrivains catholiques; et le zélé Baronius lui-même, tout en produisant ce fragment, avertit de ne pas s'appuyer dessus comme sur une autorité certaine.

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