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aux détails encore plus secs de la navigation imparfaite de son tems & de la construction des vaisseaux : c'est la matière du second Livre. L'Ouvrage est terminé par une espèce de chapitre sur les jours remarquables. Heinsius & Salvini l'ont distingué du reste du Poëme. C'est un recueil d'observations fausses & puériles, & de pratiques superstitieuses fondées uniquement sur les fables du Paga

nisme.

La seconde moitié du Poëme d'Hésiode n'est pas traduisible en vers. Elle doit cependant exciter la curiosité des Lecteurs. C'est l'écrit didactique le plus ancien que nous ayons sur l'agriculture & sur la navigation. On pourra se satisfaire sur cela dans l'excellente traduction en prose qu'a faite M. l'Abbé Bergier de toutes les Poésies d'Hésiode, avec des notes un peu systématiques, mais pleines d'érudition & d'agrément.

La partie intitulée les Travaux, est vraiment digne d'un grand Poëte par la beauté des images & par l'harmonie des vers. J'ai cru pourtant devoir la resserrer. L'abondance y dégénère en répétitions & en longueurs.

Le début en est pompeux sans enflure. Le ton philosophique y perce dès les premiers vers, sur-tout dans le tableau des deux pouvoirs opposés qui forment les inclinations des hommes, & qui décident de leur bonheur ou de leur malheur. Rien n'est plus beau que la description des cinq différens âges du monde; car il en compte cinq, & non pas quatre, comme M. Rollin ( 1 ) l'a dit par inadvertence. L'épisode de Pandore est charmant. Ce Poëme enfin, depuis l'invocation jusqu'au commencement de la seconde partie, est un des plus recommandables monumens de la Poésie Grecque. Hésiode s'y est élevé au-dessus 'de lui-même. Sa versification n'est guère inférieure à celle d'Homère. Ses préceptes sont lumineux & justes. Il a souvent de ces vers sententieux qu'on retient aisément par cœur, & qui renferment des traits de morale ou des vérités utiles. Comme Homère & comme Virgile, il respecte par-tout la Religion & les mœurs. Il n'est ni licencieux ni impie. Ce sont-là les Poëtes qu'on peut appeller Philosophes.

(1) Hist. anc. tom. II, pag. 618.

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LES TRAVAUX

ET LES JOURS,

POEME TRADUIT OU IMITÉ
DU GREC D'HESIODE.

LIVRE PREMIER.

FILLES
ILLES du Dieu puissant qui régit l'univers,
Muses, que sa grandeur soit l'ame de nos vers.
C'est par lui seul que l'homme est tout ce qu'il doit être,
Obscur, illustre, libre ou dépendant d'un maître.

C'est lui, c'est ce grand Dieu dont la foudre est la voix, Qui parmi les éclairs nous prononce ses loix, Qui sait nous enrichir au sein de l'indigence, Du riche trop superbe écraser l'opulence, Humilier les grands, terrasser leur fierté,

Et ramener l'injuste à l'exacte équité.

Tout change en un clin d'oeil par ses decrets suprêmes;
Nos destins, notre état, nos desirs, nos cœurs mêmes.
O Dieu, rends-nous humains, sages & généreux;
Et toi, mon frère, apprends à devenir heureux.

Deux pouvoirs sur la terre exercent leur empire;
Un esprit différent les guide & les inspire:
Contraires l'un à l'autre, ils divisent les cœurs.
L'un, de l'aimable paix y verse les douceurs,
L'autre y souffle la guerre, & l'envie & la haine;
C'est le fléau commun de la nature humaine :
Mais soumis par les Dieux à ce maître insolent,
L'homme le craint, le hait & l'adore en tremblant.
Il est fils de la nuit, noir & triste comme elle.
L'autre est, de Jupiter, le disciple fidèle;
Dans les flancs de la terre il dirige nos pas;
L'amour seul du travail a pour lui des appas.
Le plus lâche à ses yeux se réveille & s'anime,
Quand de l'oisiveté, nonchalante victime,
Il voit près de ses champs où naissent les buissons,
De son heureux voisin, le pampre & les moissons.
C'est ainsi qu'une juste & noble jalousie
Des émules entr'eux excite l'industrie;
Chacun veut sur lui seul attirer les regards,
Et la rivalité fait le progrès des arts.

Persès, prends mes conseils, fuis les juges iniques. De ton foyer champêtre, & des travaux rustiques,

Que les cris du barreau ne t'arrachent jamais;
Cérès pour tes besoins destina ses bienfaits.
Garde-toi d'employer leur secours nécessaire,
A nourrir les clameurs d'un patron mercenaire,
Qui te promet demain les dépouilles d'autrui,
Et dans ce faux espoir t'appauvrit aujourd'hui.

Crois-moi, n'achète plus un si triste avantage.
Nous avons de nos biens terminé le partage.
Si ton esprit encore y trouve des erreurs,
Le tribunal des Dieux est ouvert dans nos cœurs;
C'est-là qu'il faut porter & ta cause & la mienne.
Ne cherche point ailleurs un bras qui te soutienne.
Tu n'as que trop souvent, pour affoiblir mes droits,
Gagné par des tributs les organes des loix,

Ces hommes sans honneur, dont l'infame avarice
Dévore ses cliens, & leur vend l'injustice.

Ils connoissoient bien mal mes besoins & mon cœur.
La médiocrité fait seule mon bonheur,

Je le trouve au milieu d'un potager champêtre,
Et j'y suis plus content qu'un riche ne peut l'être.

Les Dieux pouvoient sans doute épargner nos travaux, Livrer nos bras oisifs aux douceurs du repos, Du soc dans les sillons interrompre l'usage, Et des flots périlleux nous fermer le passage. Maîtres de la nature, ils tenbient dans leurs mains, Les trésors de la vie & le sort des humains.

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