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Vois cet autre : il pâlit quand les fils d'Israel (26),
Pour fêter leur Hérode, en un jour solennel,
Etalant au dehors leurs lampes parfumées,

Des viandes et des vins savourent les fumées ;
Le Sabbat lui fait peur; il parle entre ses dents;
Il craint les spectres noirs (27), les tristes accidens
Prédits par l'œuf cassé (28), la rencontre sinistre
De la prêtresse borgne errant au bruit du sistre (29);
Il tremble d'être enflé par un pouvoir malin,

S'il n'a mordu de l'ail trois fois de grand matin (30).

Voilà comme on est libre!... Eh bien! vas, si tu l'oses, A nos centurions dire toutes ces choses (31),

Et l'un d'eux s'écriera, poussant des rires fous ;
Cent philosophes grecs ne valent pas cent sous.

ARGUMENT DE LA SATIRE VI.

La sixième satire est adressée à Casins Bassus, ami de Perse, poète lyrique assez distingué, et qui périt dans l'éruption du Vésuve dont Pline l'ancien fut aussi la victime.

Elle est dirigée contre les avares, et particulièrement contre ceux qui ont la sottise de se priver du nécessaire pour enrichir des héritiers ingrats.

En voici à peu près l'analyse :

Ne soyons, dit l'auteur, lorsqu'il entre en matière, après une quinzaine de vers de préambule, ne soyons ni parcimonieux, ni prodigues; jouissons de notre récolte et laissons à la Providence le soin de la remplacer.

Mais, surtout, siton ami tombe dans le malheur, n'épargne pas ton bien, quand il s'agit de le secourir.

Bestius te dira, il est vrai, qu'en t'apauvrissant tu irriteras ton héritier et le rendras négligent sur le chapitre de tes funérailles; il tonnera contre la philosophie qui inspire une si ridicule générosité; il trouvera

qu'elle n'est bonne que pour des femmes et qu'elle est capable d'énerver jusqu'aux gens du peuple.

Mais, pour moi, je me soucie peu de ce qui doit en ar. river après ma mort, et je dis à mon héritier: Je prétends faire ce que bon me semble de mes biens, et si tu t'avises d'en murmurer, prends garde, je vais donner dans les largesses; j'irai même, s'il le faut, choisir dans le bourg de Virbius un autre héritier que toi, le premier venu, Manius, par exemple. En vain, tu me dis que cet homme sort de terre; nous en sortons tous, et mes aïeux, que je ne connais pas bien, en sortent des premiers. Voyons, veux-tu mon bien tel qu'il est et sans me demander compte de ce qui en manque? Tu hésites! - Allons, qu'on m'apprête de bons repas, car je n'ai pas envie de maigrir pour engraisser ton libertin de petit-fils.

Je t'entends me dire que je dois vendre mon âme à l'or, courir tout le globe pour doubler et tripler ma fortune. —Eh bien! la chose est faite, je l'ai même décuplée; mais enfin fixe un terme auquel ton avidité ine permette de me tenir, et je te trouverai une fin au fameux argument de Chrysippe.

SATIRE VI.

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