Obrázky na stránke
PDF
ePub

Voici d'un nouveau-né la tante ou la grand'mère (12):

Pour le purifier, pieuse à sa manière,

Habile à conjurer les regards malfaisans,

Sur ses lèvres, son front et ses membres luisans,

Elle promène un doigt humecté de salive,
Et déjà cet enfant, espérance chétive,

Possède des palais, des terres... (13) Et les rois
Veulent l'avoir pour gendre, et fières de son choix,
En lui mille beautés vont proclamer leur maître;
Il marche... et sur ses pas les roses doivent naître.

Tous ces vœux de nourrice ont pour moi peu d'appas. O puissant Jupiter, ne les exauce pas !

L'un veut de la vigueur, une saine vieillesse,
Quand les mets recherchés qui flattent sa mollesse
Des Dieux prêts à l'entendre arrêtent les bontés.
Un autre immole un bœuf : Que veut-il? Ecoutez :
De superbes troupeaux pour doubler sa fortune.
Insensé, que devient ta prière importune,

Si tu vas décimer en l'honneur de ton Dieu (14)
Tes plus jeunes taureaux que dévore le feu ?

Et tamen hic extis, et opimo vincere farto
Intendit. Jam crescit ager, jam crescit ovile,
Jam dabitur, jam, jam; donec deceptus et exspes
Nequicquam fundo suspiret nummus in imo.

Si tibi crateras argenti, incusaque pingui Auro dona feram, sudes, et pectore lævo Excutias guttas ; lætari prætrepidum cor. Hinc illud subiit, auro sacras quod ovato Perducis facies. Nam fratres inter ahenos. Somnia pituita qui purgatissima mittunt, Præcipui sunto, sitque illis aurea barba. Aurum, vasa Numæ, Saturniaque impulit æra, Vestalesque urnas, et Tuscum fictile mutat. O curvæ in terras animæ, et coelestium inanes! Quid juvat hoc, templis nostros immittere mores, Et bona diis ex hac scelerata ducere pulpa ? Hæc sibi corrupto casiam dissolvit olivo, Et calabrum coxit vitiato murice vellus.

Hæc baccam concha rasisse, et stringere venas

N'importe il sacrifie... Et le ciel doit se rendre :

« Je vois mon champ grandir et mon troupeau s'étendre ; » Bientôt, dit-il... » Bientôt, pour notre homme déçu

Vient le dernier soupir de son dernier écu.

Si j'étais assez fou pour te donner un vase
D'argent ou d'or massif, tu serais en extase
Devant ce vain objet de ton plus vif désir ;
Je te verrais pleurer et suer de plaisir.
Voilà pourquoi des Dieux tu dores le visage.
Aussi, que donnes-tu, comme suprême hommage,
A celui qui te fait des songes gracieux ?

C'est une barbe d'or qu'il étale à nos yeux (15).
O filles de Vesta! l'oeil cherche en vain votre urne;
Et vous, vases d'airain de Numa, de Saturne (16),
L'or vous exila tous... Cœurs rampants, avilis,
Rien qui vienne du ciel dans vos sombres replis!
Eh quoi! mortels, vos mœurs envahissent le temple!
Vous croyez donc les Dieux moulés à votre exemple?
Par ces mœurs aujourd'hui tout est dénaturé.
La perle sort des mers (17); vous avez altéré
La liqueur du murex pour en teindre vos laines.
La terre cache l'or; vous déchirez ses veines.

Ferventis massæ, crudo de pulvere, jussit.
Peccat et hæc, peccat, vitio tamen utitur. At vos,
Dicite, pontifices, in sancto quid facit aurum?
Nempe hoc, quod Veneri donatæ a virgine pupæ.

Quin damus id Superis, de magna quod dare lance Non possit magni Messalæ lippa propago, Compositum jus, fasque animo, sanctosque recessus Mentis, et incoctum generoso pectus honesto?

Hæc cedo ut admoveam templis, et farre litabo.

SATIRE II.

C'est utile, dit-on. Mais, ministres des Dieux,

Répondez: Que fait l'or décorant les saints lieux (19),
Pareil à ces joucts d'une enfance effacée

Que consacre à Vénus la jeune fiancée ?

Il faut offrir aux Dieux ce qu'avec tous ses plats
Le fils de Messala (21) ne leur offrirait pas :
Esprit juste, cœur droit, ami de la décence,
Sentiments généreux et bonne conscience.
Si j'ai de pareils dons à porter aux autels,
Mon modeste gâteau (22) doit plaire aux Immortels.

5

49

« PredošláPokračovať »