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ARGUMENT DE LA SATIRE III.

On regarde généralement la troisième satire comme l'une des plus obscures. Il faut convenir qu'elle parait offrir peu de suite dans les idées, et que, notamment, après le début, qui n'est qu'une critique de la paresse d'un jeune homme, on est étonné de voir arriver tout à coup une imprécation contre les tyrans. Mais le défaut général de cette pièce est racheté par des pensées et des vers d'une beauté remarquable. Ainsi on a toujours admiré le passage que nous citions, où Perse, emporté par son ardent amour de la liberté, s'élève contre la tyrannie.

Toutefois, comme le premier besoin du lecteur est de ne pas se voir arrêté par l'obscurité de cette satire, nous essayons ici d'en faire bien comprendre l'enchaînement en comblant les lacunes qui se font surtout sentir dans les transitions.

L'auteur suppose un dialogue entre un maître et son disciple, auquel il veut faire sentir tout le prix de la philosophie. Voici à peu près le sens de ce dialogue :

LE MAITRE.

Eh quoi vous restez au lit quand le soleil brille depuis longtemps!

LE DISCIPLE.

Est-il vraiment si tard? Vite, quelqu'un ! que je me lève. (Il se lève en effet et se dispose à étudier le plus lentement possible; puis, comme tous les paresseux, il accuse sa plume d'être mauvaise).

LE MAIRE

N'espérez tromper personne par ces prétextes, en essayant de vous tromper vous-même. Prenez garde, vous courez au mépris. En vain vous vous fiez sur votre fortune, votre naissance: le peuple seul se laisse prendre à ce clinquant. Mais, qu'est-ce que cela si votre âme est encrassée dans le vice? C'est ainsi que le cœur des tyrans est empoisonné par d'affreuses passions. Père des Dieux, si tu veux les punir selon leurs crimes, montre-leur la vertu, et qu'ils sèchent de regrets en la voyant dans toute sa beauté.

Dans mon enfance, je vous ressemblais, je fuyais l'étude; mais j'avais un maitre peu éclairé, un père qui suait de joie à chaque parole de ma bouche; tandis que vous, vous avez reçu les préceptes de la sagesse que le Portique enseigne. Et vous dormez encore! A quoi donc pensez-vous? Remédiez vite à ce mal, et n'attendez pas qu'il soit trop tard pour le faire. Apprenez, infortunés mortels, les principes des choses, et la fin que Dieu assigne à votre existence!

Un centurion me dirait ici : Je me soucie peu de Solon et de la sagesse ; je ne veux ni pálir, ni jeûner pour elle. Et le peuple, la jeunesse même éclaterait de rire à ces paroles.

Je lui répondrais: Vois ce malade, il appelle son médecin, qui lui prescrit le repos et la diète. A peine est-il mieux qu'il retombe dans l'intempérance et la paie de sa vie.

Qu'est-ce à dire? répartira le centurion. Suis-je donc malade? Tâte mon pouls, philosophe déplorable, vois si mes extrémités sont froides.

Non, sans doute, tu ne parais pas malade en ce moment; mais que l'or brille à tes yeux, qu'une belle jeune fille excite ton désir brutal, que la peur ou que la colère s'empare de toi, et pourras-tu dire encore que tu es sain? Oreste lui-même, Oreste furieux, s'il pouvait te voir, jurerait que tu es malade.

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