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Si potes. Egregium cum me vicinia dicat,
Non credam? Viso si palles, improbe, nummo,
Si facis in penem quidquid tibi venit amarum,
Si puteal multa cautus vibice flagellas,
Nequicquam populo bibulas donaveris aures.
Respue quod non es; tollat sua munera cerdo :

Tecum habita; et noris quam sit tibi curta supellex.

Eh quoi ! quand mes amis me trouvent du mérite,

Moi, je n'en croirai rien !

-

Détestable hypocrite,

Le reflet d'un écu va te faire pålir,

Dans l'indigne luxure on te voit te salir,

Sur nos places, la nuit, tu traînes tes scandales (11).
Et d'un peuple hébété les louanges banales

Te feront pâmer d'aise... Ah! rejette l'encens (12)
Qui ne t'appartient pas ! En toi-même descends,
Et, faisant l'examen de ton âme troublée,

Vois enfin comme elle est chétivement meublée.

ARGUMENT DE LA SATIRE V.

Perse a adressé cette satire à Cornutus, son maître. Aussi en a-t-il consacré toute la première partie à l'éloge de ce philosophe. Mais le principal et le véritable sujet de cette pièce est l'exposition de la doctrine stoïcienne sur la vraie liberté. Les stoïciens distinguaient la liberté civile, la seule que connût le peuple, de la liberté morale, qui n'est autre chose que l'empire du sage sur ses passions. C'est de cette dernière qu'il est question ici. Suivant le poète, et en ne donnant pas à cette idée un sens trop absolu (car elle serait fausse au point de vue de la liberté civile), tous les méchans, tous les hommes vicieux sont esclaves : le sage seul est libre.

Cicéron a, comme on sait, développé éloquemment la même pensée dans le 5° Paradoxe, et Horace l'a également traitée dans deux de ses satires (les satires 3 et 7 du livre 2).

Voici maintenant l'ordre d'idées suivant lequel a procédé notre auteur:

Après un long préambule où il n'est question que de

son amitié pour Cornutus, dépeinte d'ailleurs dans de fort beaux vers et en termes touchans, il poursuit :

Il faut être libre; mais je n'entends pas parler de cette liberté que le préteur donne au moyen d'un coup de baguette; si vous marchez d'un pas ferme dans le chemin de la vertu, si vous êtes doux, modeste ct désintéressé, vous êtes libre; mais si, au contraire, vous cachez un cœur faux sous des dehors honnêtes, vous êtes esclave de vos passions.

L'avarice va troubler votre repos et vous faire affronter mille dangers.

Ou bien la mollesse vous retiendra dans une lâche inaction en murmurant à votre oreille que la volupté senle est quelque chose ici-bas.

Vous flottez indécis entre ces deux maîtres impérieux, sans savoir auquel obéir.

De même, ce jeune fou qui veut rompre une indigne chaîne et qu'un sourire ramène plus soumis que jamais aux pieds d'une coquette;

Cet ambitieux qui sacrifie son sommeil et ses biens au vain plaisir de briller aux yeux du peuple, pour capter ses suffrages;

Ce superstitieux qui a peur des fantômes et des puissances malfaisantes, sont autant d'esclaves qui se croient libres.

- Voilà la vérité; et cependant, allez la dire au peuple, il en rira, et un grossier centurion ne manquera pas de dire que cent philosophes ne valent pas cent sous.

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