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a-t-il été dit: Voilà celui qui ôte le péché du monde (1)? On peut sans doute, car que ne peuton pas? on peut refuser de le reconnoître (2); les hommes peuvent l'exclure de ce qu'ils appellent leur religion; mais sa place reste vide, et bientôt il s'y forme un gouffre où toutes les vérités s'engloutissent.

On croyoit universellement que le Désiré des nations seroit Dieu, on croyoit aussi qu'il seroit homme mystère impénétrable avant son accomplissement, et qui ne s'explique que par l'Homme-Dieu, et par les vérités qu'il a révélées. La distinction des personnes divines, la Trinité, l'Incarnation (3), tous ces dogmes chrétiens sont, pour ainsi parler, l'expansion du dogme antique, où ils étoient cachés (4), suivant la

(1) Ecce qui tollit peccatum mundi. Joan. I, 29.

(2) In mundo erat, et mundus per ipsum factus est, et mundus eum non cognovit. In propria venit, et sui eum non receperunt. Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem filios Dei fieri, his qui credunt in nomine ejus. Joan. I, 10-12.

(3) Porphyre avoue la possibilité de l'incarnation du Verbe. Vid. Alnetan., Quæst., lib. II, cap. XIII, p. 235.

(4) Ante Christi adventum fides Trinitatis erat occultata in fide majorum; sed per Christum manifestata est mundo, et per Apostolos. S. Thom., 2. 2. Quest., II, art. 8.

juste expression d'un saint Docteur. Les nier, c'est non seulement nier la foi universelle, c'est couper la racine de toute croyance; car, remarquezle bien, si Jésus-Christ n'est pas le Redempteur qu'attendoit le monde entier, il n'y a point eu de Rédemption; si Jésus-Christ n'est pas homme et s'il n'est pas Dieu, si le Verbe ne s'est pas fait chair, et n'a pas habité parmi nous (1), tous les peuples ont été le jouet de l'erreur pendant quarante siècles. S'il n'existe pas en Dieu trois personnes dans une seule nature; si le Père, le Fils, le Saint-Esprit, au nom desquels Jésus-Christ a ordonné à ses apôtres de baptiser et d'enseigner toutes les nations, ne sont pas ces trois personnes égales et distinctes; si l'Esprit divin, qu'il avoit promis à ses disciples de leur envoyer, n'est pas venu renouveler la terre, Jésus-Christ est un imposteur. Donc alors point de Rédemption; donc la religion primitive, fondée sur cette Rédemption future, étoit fausse; doncle genre humain s'est trompé perpétuellement dans les choses qu'il lui importoit le plus de connoître; donc on ne peut rien admettre comme certain sur son témoignage; donc un doute universel, et dans l'invincible sentiment

(1) Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. Joan. I,

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que nous avons de la corruption de notre nature, une douleur sans consolation et un déses→ poir sans remède.

Tel est l'abîme où tombe nécessairement quiconque rejette un seul point de la doctrine chrétienne. Et qu'offre-t-elle qui ne porte en soi le caractère de sainteté essentiel à la vraie religion? Que commande-t-elle de croire? Un Dicu saint par essence, et trois personnes éternellement subsistantes dans ce Dieu unique le Père créant tout ce qui est par son Verbe; le Fils rachetant par un ineffable sacrifice le genre humain condamné; l'Esprit saint concourant, par l'infusion de sa grâce, à la sanctification de l'homme racheté. Encore une fois, nous le demandons à l'incrédule lui-même; qu'y a-t-il dans cette doctrine qui ne soit digne de la sain-, teté de Dieu, puisqu'elle n'est que la manifestation de sa puissance, de sa vérité, de sa justice et de sa miséricorde infinie? « Dieu a aimé le monde, jusqu'à donner son Fils unique,

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afin que quiconque croit en lui ne périsse point, » mais qu'il ait la vie éternelle; car Dieu n'a point envoyé son Fils dans le monde pour con» damner le monde, mais pour que le monde >> fût sauvé par lui (1). »

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(1) Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum

Ne voyez-vous pas dans ce seul mot le sommaire de toute la religion, la substance de la foi ancienne, et l'accomplissement des espérances de ce monde, que Jésus-Christ est venu sauver?

<< Celui qui croit en lui n'est point condamné; » mais celui qui ne croit pas est déjà condamné; » parce qu'il ne croit point au nom du Fils uni)) que de Dieu (1). "

Et pourquoi condamné? O Christ, fils du Dieu vivant! peut-être que ce malheureux n'a pas pu vous reconnoître. L'erreur involontaire estelle un crime à vos yeux? Punissez-vous dans le juste la foiblesse de l'esprit, comme vous punissez dans le méchant la corruption du cœur? La foi dépend-elle de nous? Cet infortuné qui ne croit point, peut-il croire? et sur quel motif est-il condamné?

« Voici sa condamnation : La lumière est ve» nue dans le monde, et les hommes ont mieux » aimé les ténèbres que la lumière; parce que

unigenitum daret; ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam æternam. Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. Joan. III, 16, 17.

(1) Qui credit in eum, non judicatur; qui autem non credit, jam judicatus est: quia non credit in nomine unigeniti Filii Dei. Joan. III, 18.

» leurs œuvres étoient mauvaises. Quiconque » fait le mal, hait la lumière, et ne vient point à

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la lumière, afin que ces œuvres ne soient pas » dévoilées. Mais celui qui fait la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu (1). Comprenez donc que la lumière est offerte à tous, et qu'en choisissant les ténèbres, on rejette librement le don divin, par un usage criminel de la volonté résolue à se fixer dans le mal. On nie la vérité, la sainteté de la doctrine, à cause de la sainteté des devoirs qu'elle impose. Qui ne seroit chrétien, si le christianisme permettoit à chacun de vivre selon ses désirs? On doute, parce qu'on veut douter; on doute, parce que l'esprit traite secrètement avec les passions, et leur livre pour un indigne prix, la vérité qu'il feint d'aimer, comme l'homme de meurtre (2) livra la Vérité vivante.

(1) Hoc est autem judicium : quia lux venit in mundum, et dilexerunt homines magis tenebras, quàm lucem; erant enim eorum mala opera. Omnis enim qui malè agit, odit lucem, et non venit ad lucem, ut non arguantur opera ejus : qui autem facit veritatem, venit ad lucem, ut manifestentur opera ejus, quia in Deo sunt facta. Joan, III, 19-21.

(2) Judas surnommé Iscariotes, ou l'homme de meurtre, vir occisionis.

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