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dition qui l'explique. Depuis que cette autorité est éteinte parmi les Juifs, il leur est aussi impossible de s'accorder sur le sens de l'Écriture (1), qu'aux protestans, qui refusent de reconnoître dans la société chrétienne l'existence d'une semblable autorité, quoique l'Écriture ellemême les avertisse que c'est la première chose qu'ils doivent comprendre (2).

Les préceptes de la religion primitive étoient

(1) Les Juifs modernes ont abandonné presque toutes les explications que les anciens rabbins donnoient des prophéties. Ne sachant plus à quoi se prendre, «ils ren>> voient à Élie, dit d'Herbelot, les points les plus diffi» ciles de l'Écriture, qu'ils ont peine à résoudre. » Biblioth. orient., art. Mohammed Aboulcassem, tom. IV, pag. 251.

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希臘

(2) Hoe primum intelligentes quòd omnis prophetia Scripturæ propriâ interpretatione non fit. S. Petr. Ep.II, cap. I, 20. Il est curieux d'entendre le plus ardent ennemi du christianisme parler sur ce point le même langage que saint Pierre. « S'il n'y avoit pas eu dans le » monde chrétien, dit Voltaire, une autorité qui fixât le » sens de l'Écriture et les dogmes de la religion, il y au» roit autant de sectes que d'hommes qui sauroient lire. » Essai sur l'hist. génér. et sur l'esprit et les mœurs des nations; tom. III, chap. CIX, p. 108. Edit. de 1756. Il suit de là que les sociétés bibliques protestantes, aujourd'hui si multipliées, tendent à faire autant de sectes qu'il y a d'hommes qui savent lire.

connus et se transmettoient par la tradition, avant d'être gravés sur les tables de la loi; et la doctrine chrétienne étoit répandue dans une grande partie de l'empire romain lorsque l'Évangile fut écrit. C'est la parole et non l'Écriture qui a conquis le monde à Jésus-Christ.

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Si les Apôtres, disoit saint Irénée vers le milieu du deuxième siècle, ne nous eussent » pas même laissé des Écritures, n'auroit-il pas » fallu suivre l'ordre de la tradition qu'ils ont » mise en dépôt dans les mains de ceux à qui » ils confièrent les églises? Beaucoup de nations » barbares, qui ont reçu la foi en Jésus-Christ,

ont suivi cet ordre, conservant, sans caractères » ni encre, les vérités du salut écrites dans leurs » cœurs par le Saint-Esprit, gardant avec soin >> l'ancienne tradition, et croyant, par Jésus» Christ, fils de Dieu, en un seul Dieu créateur » du ciel et de la terre, et de tout ce qui y est » contenu.... Ces hommes, qui ont embrassé >> cette foi sans aucune Écriture, sont barbares par rapport à notre langage; mais quant à la doctrine, aux coutumes et aux mœurs

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» rapport à la foi, ils sont parfaitement sages » et agréables à Dieu, vivant en toute justice, chasteté et sagesse. Que si quelqu'un parlant » leur langue naturelle leur proposoit les dogmes inventés par les hérétiques, aussitôt ils bou

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» cheroient leurs oreilles et s'enfuiroient bien » loin, ne pouvant pas même se résoudre à

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écouter un discours plein de blasphèmes. Ainsi, étant soutenus par cette vieille tradition des Apôtres, ils ne peuvent pas même admettre dans leur simple pensée la moindre image de ces prodiges d'erreur (1). ›

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« On voit, observe Fénélon (2)

observe Fénélon (2), par ces paroles d'un si grand docteur de l'Eglise, presque contemporain des Apôtres, qu'il y avoit de son temps, chez les peuples barbares, des fidèles innombrables qui étoient très-spirituels, très-、 parfaits, et riches, comme parle saint Paul, en toute parole et en toute science, quoiqu'ils ne lussent jamais les Livres sacrés... La tradition suffisoit à ces fidèles innombrables pour former leur foi et leurs mœurs de la manière la plus parfaite et la plus sublime. L'Église, qui nous donne les Écritures, leur donnoit sans Écritures, par sa parole vivante, toutes les mêmes instructions que nous puisons dans le texte sacré... ; et ce que saint Irénée nous apprend de

(1) S. Iren., lib. III, contr. Hæres., cap. IV, n. 1 et 2, p. 178. Edit. Massuet.

(2) Lettre sur l'Écrit.-Sainte, OEuvres, tom. III, p. 385, 386. Edit. de Versailles.

ces fidèles de son temps, saint Augustin nous le répète pour les solitaires du sien (1). »

Cependant il entroit dans les desseins de la Sagesse suprême, que la religion eût ses annales, et le genre humain les titres de sa foi, de ses espérances et de ses devoirs. Il falloit qu'au milieu de tant de monumens de l'ignorance, de l'incertitude et de l'erreur, l'immortelle vérité eût aussi son monument; et qu'à cette multitude innombrable de livres tous remplis des pensées de l'homme, un livre fût opposé qui contînt la pensée de Dieu.

L'utilité de l'Écriture est d'ailleurs assez évidente (2). Comme la tradition sert à en déterminer le vrai sens, elle sert elle-même à prouver l'antiquité de la tradition; elle en fortifie l'autorité; elle montre que la religion, ses dogmes, ses commandemens sont irrévocables; elle contribue à fixer le langage de la foi, et par conséquent la foi elle-même. Beaucoup de circonstances de faits propres à toucher le cœur,

(1) S. August., De doctr. Christ., lib. I, c. XXXIX, n. 43, tom. III.

(2) Omnis scriptura divinitùs inspirata, utilis est ad docendum, ad arguendum, ad corripiendum, ad erudiendum in justitiâ: ut perfectus sit homo Dei, ad omne opus bonum instructus. Ep. II ad Timoth. III, 16 et 17.

à éclairer l'esprit, scroient ignorées sans elle, ou au moins peu connues. Et combien de vérités sublimes, cachées dans ce livre divin sous les expressions les plus simples, se manifestent successivement pour l'instruction de l'homme et de la société ! Enfin les derniers temps y trouveront des secours nécessaires, lorsque l'homme de péché viendra, ainsi qu'il est prédit, attaquer le Christ, éprouver ses disciples, et les étonner par des prodiges qui séduiroient, s'il se pouvoit, les élus mêmes (1).

Ce que nous disons suppose que l'Écriture est authentique, qu'elle est vraie, et qu'elle a été inspirée de Dieu. C'est en effet ce qu'ont prouvé les défenseurs du christianisme dans un grand nombre d'ouvrages restés sans réplique (2). Leurs savans travaux nous dispensent de nous étendre sur ce sujet. Il n'est pas une seule objection qu'ils n'aient réfutée, pas un seul point de critique qu'ils n'aient éclairci avec autant de sagacité que d'érudition. Notre plan ne nous per met pas d'entrer dans ces détails, dont nous

() Surgent enim pseudochristi, et pseudoprophetæ : et dabunt signa magna, et prodigia, ità ut in errorem inducantur (si fieri potest) etiam electi. Matt. XXIV, 24. (2) Voyez Bossuet, Pascal, Huet, Bergier, Duvoisin, Fabricy, Jaquelot, Stillingfleet, Faber, Paley, etc.

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