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lée, ou dépourvue d'un objet précis. Done le Nouveau-Testament contient l'histoire de JésusChrist telle que la racontoient les Apôtres, et sa doctrine telle qu'ils l'enseignoient; et alors son authenticité est certaine : ou si l'on prétend que cette histoire et cette doctrine y sont altérées, il faut soutenir que les chrétiens, en même temps qu'ils couroient au martyre pour rendre témoignage à l'une et à l'autre, se concertoient dans toute l'étendue de l'empire romain, sous le couteau des persécuteurs, pour dénaturer cette même histoire, et pour détruire cette même doctrine, en répandant et autorisant des écrits apocryphes où des imposteurs l'avoient corrompue.

Je ne sais s'il se rencontrera des hommes qui consentent à déclarer que ces étranges contradictions, disons mieux, ces impossibilités manifestes ne rebutent pas tellement leur raison' qu'elle ne soit prête à les admettre, plutôt que de reconnoître l'authenticité de nos Livres saints. Il se pourroit; et après tout, c'en est assez, non pour nos désirs, mais pour la cause que nous défendons. Se réduire volontairement à de pareilles extrémités, c'est se confesser vaincu. La vérité a de plus doux triomphes, elle n'en a point de plus grands. L'esprit superbe qui la hait, fuit devant elle jusqu'où il peut aller; comme le

sauvage, fuyant devant la civilisation, s'approche peu à peu de ces régions où luit à peine un reste de lumière, et où l'on n'aperçoit rien de vivant.

Au reste, pour établir l'authenticité de l'Ecriture, rien ne nous obligeoit de faire voir à quels prodiges d'absurdité l'on est conduit, dès qu'on ose la mettre en doute. Oublions un moment ces conséquences absurdes; supposons qu'on parvienne à imaginer un enchaînement de circonstances possibles, par lesquelles on expliqueroit comment l'Ecriture, crue authentique, pourroit néanmoins ne l'être pas qu'en résulteroit-il ? rien, absolument rien ; à moins qu'on ne montrât que ces circonstances ont existé réellement (1). Sans cela il n'y auroit plus de vérité

(1) C'est-à-dire, à moins qu'on ne fit une nouvelle histoire certaine du peuple juif et de Jésus-Christ, avec des matériaux qui n'existent nulle part. Moise est antérieur de 1100 ans à Hérodote, le plus ancien historien grec. Celui-ci étoit contemporain d'Esdras, qui réunit les livres canoniques, et les fit transcrire en caractères chaldaïques, au retour de la captivité. Nous avons une preuve matérielle et sans réplique du respect scrupuleux avec lequel il conserva l'intégrité du texte sacré. Les Samaritains, séparés des Juifs par un schisme qui dure encore, gardèrent leurs anciens exemplaires de la Loi. Ils ne peuvent s'être entendus pour l'altérer avec les Juifs qu'ils haïssoient, et dont ils étoient haïs mortellement. Or, le Pen

historique, plus de société, plus de famille. Car qu'est-ce qui empêcheroit de dire à un homme qui jouit paisiblement du nom et de l'héritage de ses aïeux : « Vous prétendez descendre » de tel ancêtre; c'est la tradition de votre » famille, confirmée par des titres ou votre » filiation est tracée avec beaucoup de clarté et » d'exactitude apparente. Cependant je nie cette » filiation; je soutiens que la tradition qui l'at> teste est mensongère, et que les titres qui l'é»tablissent sont supposés, ou altérés. »

Que répondroit-on, par toute la terre, à l'auteur d'un pareil discours? Vous avez sans doute, lui diroit-on, des preuves incontestables de ce que vous avancez avec tant d'assurance, contre

tateuque samaritain, écrit en caractères qui étoient ceux dont se servoit originairement le peuple juif, existe encore; il est imprimé dans les polyglottes de Le Jay et de Walton; et, sauf quelques différences très-légères, et qui viennent presque toutes de la facilité avec laquelle les copistes ont pu confondre plusieurs lettres semblables, le texte en est parfaitement conforme au texte hébreu. La version des Septante, faite environ trois siècles avant Jésus-Christ, n'offre non plus aucune variation importante pour le fond de l'histoire, ou pour la doctrine. Du reste, on peut voir dans le docte Huet de nombreuses preuves de l'authenticité des livres de Moïse, tirées des auteurs profanes. Demonst. Evang., Proposit. IV, cap. II.

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la notoriété publique. Quelles sont ces preuves? faites-nous-les connoître.

« De preuves directes, répliqueroit-il, je ne » saurois vous en donner. Mais si vous voulez » bien considérer certaines circonstances que j'ai imaginées en moi-même, et qui sont toutes possibles, quoique rien n'en prouve la réalité, » vous comprendrez parfaitement que, dans mon hypothèse, les titres que je nie pourroient être » faux, et la tradition que je refuse d'admettre » pourroit être une erreur, ou une imposture. »

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Pense-t-on qu'après cette réponse quelqu'un fût tenté d'aller plus loin? Le philosophe le plus décidé y verroit-il autre chose qu'un trait de moquerie, ou de folie? Or la tradition de tout un peuple a-t-elle moins de poids que celle d'une famille? Les monumens publics d'une société, les titres de son origine, de ses lois, de ses croyances, ont-ils moins d'autorité que les titres domestiques d'un seul individu? Un homme pourra-t-il venir, sans renverser l'ordre entier des choses humaines, et sans blesser le bon sens universel, opposer de simples conjectures, de vagues possibilités qu'il a conçues dans son esprit, au témoignage formel, constant, uniforme, d'une nation attestant des faits qui la concernent et qu'elle n'a pu ignorer? Et qu'y aura-t-il de certain si on rejette ce témoignage ?

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Quoi! l'on ne seroit pas écouté si l'on disputoit à Hérodote son histoire, à Sophocle ses tragédies, à Cicéron ses harangues, et l'on auroit le droit de disputer au législateur des Hébreux, le livre où il a consigné les lois invariables qui ont perpétuellement régi sa nation; livre sacré aux yeux de cette nation, qui, pour le préserver des altérations les plus légères, ne cessa jamais d'employer des précautions tellement multipliées, j'ai presque dit tellement minutieuses, qu'il n'en existe aucun autre exemple (1) On auroit le droit de disputer aux Apôtres et à leurs disciples, les ouvrages que tous les chrétiens leur attribuent, qu'ils leur ont toujours attribués! On auroit le droit de nier ce qu'ils affirment unanimement; le droit de leur dire: Vous ne connoissez ni l'origine de votre religion, ni son histoire, ni celui même que vous adorez !

En vérité, j'admire la confiance de certains

(1) Voyez Fabricy, Des titres primitifs de la révélation, ou considérations critiques sur la pureté et l'intégrité du texte original des livres saints de l'Ancien-Testament. Rome, 1772. « Les écrits qu'ils faisoient (les Pro

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phète étoient entre les mains de tout le peuple, et >> soigneusement conservés en mémoire perpétuelle aux » siècles futurs. (Exod. XVII, 14.) » Bossuet, Hist. univers., II part., ch. V, p. 225. Edit. de Versailles.

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