Obrázky na stránke
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]

qu'il loue de n'avoir point d'autres maîtres que leurs parens, ce qui fait qu'ils possèdent une > instruction plus solide, et qu'ils ont plus de » foi dans ce qui leur est enseigné. Pour les Grecs, ajoute-t-il, qui ne suivent point la doc» trine de leurs pères, et n'écoutent qu'eux» mêmes dans les recherches qu'ils entrepren» nent, courant sans cesse après des opinions nouvelles, ils disputent entre eux des choses les plus élevées, et forcent ainsi leurs disciples, continuellement indécis, d'errer toute leur vie » dans le doute, sans avoir jamais rien de cer» tain (1). »

>>

[ocr errors]

Il s'en faut beaucoup cependant que, même à cette époque de désordre, le respect pour l'antiquité fût éteint dans la Grèce, et l'autorité de la méthode traditionnelle entièrement détruite. Lorsque la philosophie eut accoutumé à dis

[ocr errors]

(1) Quoniam parentibus utuntur magistris ( Chaldæi), pleniùs omnia discunt, et iis quæ docentur majorem fidem habent.... (Greci verò) qui non parentum doctrinam imitantur, sed ipsi suâ sponte in disciplinarum studio pro libitu incumbunt, et de maximis scientiis inter se altercantes, dùm novis semper opinionibus student, incertos discipulos reddunt, animumque eorum per omnem vitam dubium, nullâ certâ sententiâ, errare compellunt. Diod. Sicul., lib. C. Vid. et. Clem. Alex. Strom., lib. VIII, pag. 768.

D

"puter de tout, observe un savant académicien, il s'éleva dans tous les pays, peuplés par les » Grecs une foule d'artisans de systèmes philosophiques, tous plus bizarres les uns que les » autres; ce qui a fait dire à Cicéron qu'il n'y » avoit point d'extravagance que quelque philosophe n'eût débitée gravement. L'expédient auquel on avoit communément recours, pour » faire passer un nouveau système, étoit d'en rapporter la première idée à quelques anciens, dont la réputation fût bien établie (1). »

D

[ocr errors]

D

[ocr errors]
[ocr errors]

Le peuple ne prenoit d'ailleurs aucune part aux disputes philosophiques, et ne connoissoit même pas les systèmes qui divisoient les différentes écoles des sophistes; tant le raisonnement est peu fait pour être le principe des croyances publiques.

Les descendans de Noé conservèrent la tradition qu'ils tenoient de lui, et qu'il tenoit lui

(1) M. de la Barre, Mémoir. de l'acad. des Inscript., tom. XXIX, p. 71. -Les Romains avoient un si grand respect pour l'antiquité, que son nom même, dans le langage usuel, désignoit ce qui est bon, vrai, précieux. Rien ne doit être plus antique pour l'homme, c'est-à-dire plus sacré, dit Cicéron, en parlant des devoirs de la justice. Quibus rebus intelligitur, studiis officiisque scientiæ præponenda esse officia justitiæ;.... quâ nihi! homini esse debet antiquiùs. De officiis, lib. I, cap. XLIII, n. 154.

même de ses pères qui avoient vécu avec Adam. C'est ainsi qu'elle se perpétua dans les familles. qui furent la tige des premières nations. Dieu, comme nous le lisons dans l'Écriture, préposa sur chacune d'elles un chef pour la guider (1); et, suivant l'observation d'un ancien Père, elles étoient encore instruítes de la vraie doctrine par les Patriarches et les saints personnages que Dieu, de siècle en siècle, suscitoit dans ce dessein (2).

Pour ne pas détruire la liberté de l'homme, et tout ensemble pour assurer la durée du genre humain, il falloit que la connoissance de la loi divine ne se perdît jamais dans le monde, et

(1) In unamquamque gentem præposuit rectorem. Ecclesiast., XVII, 14.

(2) Hanc Deus à multis retrò sæculis doctrinam disseminavit in unâquaque generatione. Ægyptios itaque docuit ex Abraham, Persas rursùs ex eodem, Ismaëlitas ex ejus nepotibus, et alios innumerabiles, et per Jacob eas qui habitabant in Mesopotamiâ. Vides universum orbem terrarum fuisse à sanctis docendum, si modò ipsi voluissent. Quinetiam ante eos, diluvium et linguarum confusio ad excitandam eorum mentem satis fuerant.... Ità etiam qui habitabant in Occidente omnes omnia discebant cum mercatoribus ægyptiis versantes. Quamquam alioqui non multæ gentes erant in illâ regione: sed maxima hominum frequentia ac turbæ multitudo crat in partibus Orientis. Etenim et Adam illinc egressus est, et genus Noë

et

que l'homme néanmoins pût la violer. Or, nous voyons en effet cette loi toujours connue, toujours aussi plus ou moins transgressée par les passions, soit dans ce qu'elle ordonne de croire, soit dans ce qu'elle commande de pratiquer.

Les cultes superstitieux ne s'établirent cependant pas immédiatement après le déluge (1). Comment les hommes auroient-ils osé, si hardis qu'ils fussent, dresser des autels sacriléges sur une terre encore humide des flots de la vengeance de Dieu? Ni les individus, ni les peuples ne se corrompent en un jour, et l'idolâtrie n'a pu naître qu'au sein d'une corruption déjà profonde.

illic versabatur, et post turrim illic erant, et ut plurimum versabantur in Oriente. Sed tamen in unâquaque generatione Deus illis doctores constituit, Noë, Abraham, Isaac, Jacob, Melchisedech. S. Joan. Chrisostom., Exposit. in psalm. IV. Oper., tom. V, p. 15 et 16. Edit.

Benedict.

(1) Tous les peuples de la terre ont conservé, pendant quelque temps, la religion de Noé, leur père commun, et ne s'en sont écartés que peu à peu, et presque sans s'en apercevoir. Mem. de l'acad. des Inscript., tom. LXXI, p. 85. D'après les traditions orientales, les musulmans croient que les premiers hommes n'avoient qu'une même religion, et qu'ils étoient souvent visités des anges. D'Herbelot, Biblioth. orientale, art. Adam; tom. I, p. 141. Paris, 1781..

Aussi ne commence-t-on à en découvrir quelques traces qu'assez long-temps après la mort de Noé, lorsque ses descendans, dispersés dans l'Asie et dans l'Afrique, formoient non plus seulement des familles, mais des nations. Lactance en attribue l'origine aux Sabéens, «parce » que, dit-il, le prince et le fondateur de ce peuple, maudit par son père, ne reçut point de » lui le culte de Dieu (1). » Lactance, comme on le voit, suppose que les Sabéens descendoient de Cham.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Quoi qu'il en soit, les monumens historiques et la tradition générale attestent que les hommes n'adorèrent d'abord qu'un seul Dieu. «La religion, dit le savant et judicieux Mignot, fut la » même chez tous les peuples, dans les premiers temps. Elle consistoit dans la croyance d'un » Dieu auteur de toutes choses, rémunérateur des bons, et juge sévère des méchans; à cette croyance étoit jointe la pratique du culte qu'il › avoit lui-même prescrit. Cette religion ne fut point altérée aussi promptement que quelques» uns se le sont persuadé. L'histoire du monde, » et celle de la conduite de Dieu sur les hommes,

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Quonian princeps ejus et conditor cultum Dei à patre non accepit, maledictus ab eo. Lactant., Divin. inst., lib. II, cap. XIII.

« PredošláPokračovať »