Obrázky na stránke
PDF
ePub

Si l'on nie qu'une de ces lois opposées soit naturelle, qu'on explique ce que ce peut être qu'une loi qui n'est pas naturelle, et quel sens on attache au mot de loi.

Au fond, ce seroit clairement avouer le miracle qu'on refuse d'admettre; car une loi connue seulement par quelques faits, se réduit à ces faits mêmes ; et dire que la loi n'est pas naturelle, c'est convenir que ces faits sont une exception réelle et visible aux lois de la nature.

Donc, à moins de nier qu'il existe des lois de la nature, il faut reconnoître la raison commune fondée sur l'expérience générale, c'est-àdire, le sens commun, pour juge de ce qui est conforme ou contraire à ces lois; il faut le reconnoître pour juge infaillible, sans quoi l'existence même de l'ordre seroit douteuse.

Or,. qu'on demande à tous les hommes s'il est conforme aux lois de la nature que des lépreux, des aveugles, des boiteux, des sourds, soient guéris instantanément par quelques prières; s'il est naturel que ces paroles, Lève-toi et marche, rendent l'usage de ses membres à un paralytique de trente-huit ans ; qu'un mort ressuscite à ce seul mot, Sors du tombeau! J'adjure tout homme sensé et de bonne foi, de me dire ce que répondra le genre humain.

Mais qu'est-il besoin de l'interroger? et qui

ne sait que tous les peuples, dans tous les temps, ont cru aux faits miraculeux, qu'ils ont été persuadés que le souverain Être manifesioit quelquefois sa puissance dans des faits particuliers? Et puisque cette croyance est universelle, donc elle est vraie : il n'en faut pas d'autre preuve, et nous pouvions, sans affoiblir la cause du christianisme, nous dispenser de combattre par le raisonnement les sophismes de l'incrédulité. Le témoignage de tous les siècles et de toutes les nations, prouve invinciblement qu'il y a de vrais miracles, comme il prouve qu'il existe une vraie religion; et de même qu'on discerne aisément la vraie religion des religions fausses, par sa perpétuité et son universalité; on discerne aisément les vrais des faux miracles, en considérant ce qui fut toujours et partout reconnu pour une exception réelle et visible aux lois de la nature (1); et c'est ainsi que toutes les vérités unies dans leur principe, qui est la raison éternelle et infinie de Dieu, nous sont manifestées avec certitude par le témoignage infaillible de la raison une, perpétuelle et universelle du genre humain.

(1) Rousseau avoue que plusieurs des miracles rapportés dans la Bible paroissent être dans ce cas. Lettres écrites de la Montagne, p. 114.

Pour appliquer maintenant ce qui vient d'être dit, aux prodiges opérés par Jésus-Christ et par les Apôtres est-il certain que les faits rapportés dans l'Évangile soient vrais? est-il certain que ces faits soient miraculeux? Voilà les deux questions qui nous restent à examiner.

Déjà nous avons prouvé généralement la vérité des faits évangéliques (1); mais nous voulons encore montrer combien il est impossible de révoquer en doute aucun de ceux dont il s'agit ici particulièrement.

Presque tout ce que raconte l'Évangile s'est passé devant une multitude de témoins, qui venoient de toutes parts écouter les enseignemens de Jésus-Christ, et contempler ses œuvres. Ce n'étoit point dans les ténèbres ni dans des lieux solitaires qu'il manifestoit sa puissance, mais au grand jour, au milieu du peuple, et dans le temple même, sous les yeux des docteurs de la loi. Sa vie étoit publique ; il ne cachoit pas plus ses actions que sa doctrine (2), et ses actions. n'étoient qu'une suite continue de prodiges. Qui donc auroit pu se tromper sur des faits si nom

(1) Voyez le chapitre XXXII.

(2) Ego palàm locutus sum mundo; ego semper docui in Synagoga et in templo, quo omnes Judæi conveniunt: et in occulto locutus sum nihil. Joan., XVIII, 20.

breux, si éclatans? Et en supposant même dans quelques hommes ou l'erreur ou l'imposture, auroient-ils donc pu abuser un peuple entier pendant trois ans, lui faire croire qu'il voyoit chaque jour ce qu'il ne voyoit pas, persuader à des aveugles qu'ils avoient recouvré la vue, à des sourds qu'ils entendoient, à des paralytiques qu'ils marchoient, à des lépreux que leur lèpre avoit disparu? Quel prodige plus étonnant qu'une crédulité si profonde et si générale !

Car, ni pendant la vie de Jésus-Christ, ni après sa mort, personne ne contesta la vérité d'aucun de ces faits. Ils ont toujours passé pour constans parmi les Juifs (1). Le Talmud et tous les rabbins les avouent expressément (2). Il est

[ocr errors]

(1) Virtutes autem facturum (Christum) à Patre Esaias dicit Ecce Deus noster judicium retribuit; ipse veniet, et salvos faciet nos. Tunc infirmi curabuntur, et oculi cæcorum videbunt, et aures surdorum audient, et claudus saliet sicut cervus, et multorum linguæ solventur, et cætera quæ operatum Christum nec vos diffitemini. Tertullian. adv. Judæos, cap. IX. Vid. et. S. Chrysost., Exposit. in Ps. VIII, cap. V, n. 1.

p. 34.

(2) Talmud., tract. Sanhedr. fol. 43, 104 et 107. Nizzachon. ap. Wagenseil. Tela ignea Satan., tom. II, - Acta. S. Pion. ap. Bolland. 1a die mens. feHerban, Juif, dans sa dispute avec saint Grégence, dit que les Juifs ont fait mourir Jésus, parce que

bruar.

dit dans le Toldoth que Jésus-Christ, afin de prouver qu'il étoit le Fils de Dieu annoncé par Isaïe, ressuscita un mort (1). Ce n'est pas du moins la prévention qui a dieté ces témoignages, confirmés par celui de tous les païens (2), de Celse (3), de Porphyre (4), de Julien (5), d'Hiéroclès (6). Croit-on que ces anciens ennemis

c'étoit un magicien, et qu'il guérissoit les malades le jour du sabbat, ce que la loi défendoit. Biblioth. Patr., t. I, p. 198 et 263., gr. lat. On voit dans saint Isidore de Séville que, lorsqu'on alléguoit les miracles de Jésus-Christ aux Juifs, ils répondoient que les Prophètes en avoient pareillement fait un grand nombre. Dicit incredulus quòd et Prophetæ miracula multa fecerunt. (De Nativit. Domini, cap. XVII.) Bullet cite beaucoup d'autres témoignages des Juifs dans son Hist. de l'établissem. du christianisme. (1) Lib. Toldoth Jeschu, p. 7 et 8.

(2) S. Justin, Apolog. I, n. 3o. - Arnob. adv. gentes, lib. I, p. 25. Lactant., Institut. divin., lib. IV, cap. XIII, et lib. V, cap. III. Euseb., Demonstrat. Evang., lib. III, cap. VIII. — Evagr. in Spicileg. Marten., tom. V, p, 2 et 3. — Volus. ap. August., Epist. 135 et 136.

(3) Ap. Orig. contr. Cels., lib. I, n. 6, 38, 67, 68, 71; lib. II,. n. 48; lib. III, n. 27; lib. VIII, n. 9, 47. (4) Vid. Bullet, Hist. de l'établissement du christian., pag. 107. Paris, 1764.

(5) Ap. Cyrill. adv. Julian, lib. VI.

(6) Ap. Euseb. contr. Hierocl. ad calc. Demonst. Evang., pag. 512.

« PredošláPokračovať »