Obrázky na stránke
PDF
ePub

l'examen de la doctrine est le moyen général donné aux hommes pour reconnoître certainement la vraie religion. Rousseau lui-même avoue que ce caractère « est le moins facile à » constater; qu'il exige, pour être senti, de » l'étude, de la réflexion, des connoissances, » des discussions qui ne conviennent qu'aux » hommes sages qui sont instruits et qui savent » raisonner (1). » Mais enfin Rousseau se comptoit sans doute parmi les hommes sages, instruits, et qui savent raisonner, et nous ne pensons pas qu'aucun déiste lui conteste ces qualités. Qu'il nous dise donc si le christianisme, qu'un autre déiste appelle la plus belle des religions (2) possède le premier des caractères qui rendent la mission des envoyés divins reconnoissable à tous les hommes.

Dans le même livre, à la même page, d'où nous avons tiré ces paroles, nous lisons encore celles-ci : « L'Évangile seul est, quant à la mo» rale, toujours sûr, toujours vrai, toujours unique, et toujours semblable à lui-même (3). » Le caractère de divinité le plus sûr, le plus infail

(1) Ibid., p. 87.

(2) Lord Herbert de Cherbury. Relig. laici., p. 28. (3) Lettres écrites de la Mont., p. 87, not.

lible, et qui porte en lui-même une preuve qui dispense de toute autre, appartient donc manifestement à l'Évangile, et à l'Evangile seul.

Peut-être dira-t-on que dans ce passage il ne s'agit point de toute la doctrine de l'Évangile, mais seulement de sa morale. Ce seroit jassez déjà, car la seule morale qui soit toujours sûre, toujours vraie, toujours unique, est évidemment la seule morale divine, et par conséquent la seule religion qui enseigne cette morale est aussi la seule religion divine. Cela nous semble clair et incontestable. Si cependant l'on veut de plus un aveu formel de Rousseau, nous ne refusons point de le produire.

D

« Les sciences sont florissantes aujourd'hui, » la littérature et les arts brillent parmi nous; quel profit en a tiré la religion? Demandons» le à cette foule de philosophes qui se piquent de n'en point avoir.... La science s'étend et la ⚫ foi s'anéantit. Tout le monde veut enseigner - » à bien faire, et personne ne veut l'apprendre ; » nous sommes tous devenus docteurs, et nous » avons cessé d'être chrétiens.

[ocr errors]
[ocr errors]

Non, ce n'est point avec tant d'art et d'appareil que l'Évangile s'est étendu par tout l'u»nivers, et que sa beauté ravissante a pénétré » les cœurs. Ce divin livre, le seul nécessaire à » un chrétien, le plus utile de tous à quiconque

» même ne le seroit pas, n'a besoin que d'être » médité pour porter dans l'âme l'amour de son » auteur et la volonté d'accomplir ses préceptes. » Jamais la vertu n'a parlé un si doux langage;

[ocr errors]

jamais la plus profonde sagesse ne s'est exprimée » avec tant d'énergie et de simplicité. On n'en quitte point la lecture sans se sentir meilleur qu'auparavant (1). »

[ocr errors]
[ocr errors]

On ne sauroit reconnoître plus expressément dans la doctrine de l'Évangile, l'utilité, la beauté, la sainteté, la vérité, la profondeur, qui forment le caractère le plus certain, le plus infaillible, de la mission des Envoyés divins. Donc, nier la Mission divine de Jésus-Christ, qui est venu apporter au monde la doctrine de l'Evangile, c'est nier une vérité, un fait infailliblement certain.

[ocr errors]
[ocr errors]

« Le second caractère est dans celui des >> hommes choisis de Dieu pour annoncer sa parole; leur sainteté, leur véracité, leur justice, leurs mœurs pures et sans tache, leurs vertus » inaccessibles aux passions humaines, sont avec » les qualités de l'entendement, la raison, l'esprit, » le savoir, la prudence, autant d'indices respec» tables dont la réunion, quand rien ne s'y dé

(1) Réponse au roi de Pologne. Mélanges, tom. IV, pag. 268, 269.

» ment, forme une preuve complète en leur faveur, et dit qu'ils sont plus que des hommes (1). » Ce second caractère qui, quoique moins certain que le premier, suivant Rousseau, frappe par préférence les gens bons et droits (2), se trouvet-il dans le christianisme? Jésus-Christ a-t-il possédé toutes les qualités dont la réunion forme une preuve complète de la mission divine? Ecoutons encore le même philosophe.

>>

[ocr errors]

« Je vous avoue que la majesté des Ecritures » m'étonne, la sainteté de l'Evangile parle à mon » cœur. Voyez les livres des philosophes avec » toute leur pompe; qu'ils sont petits près de >> celui-là! Se peut-il qu'un livre, à la fois si >> sublime et si simple, soit l'ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l'histoire ne soit qu'un homme lui-même? Est-ce là le ton d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire ? » Quelle grace touchante dans ses instructions! Quelle douceur, quelle pureté dans ses mœurs! Quelle élévation dans ses maximes? Quelle profonde sagesse dans ses discours! Quelle présence d'esprit, quelle finesse et quelle jus» tesse dans ses réponses! Quel empire sur ses passions! Où est l'homme, où est le sage qui

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Lettres écrites de la Montag., p. 87, 88. (2) Ibid.

[ocr errors]
[ocr errors]

>> sait agir, souffrir et mourir sans foiblesse et >> sans ostentation! Quand Platon peint sonjuste imaginaire, couvert de tout l'opprobre du crime, et digne de tous les prix de la vertu, il > peint trait pour trait Jésus-Christ: la ressem» blance est si frappante que tous les Pères l'ont » sentie, et qu'il n'est pas possible de s'y trom» per (1). Quels préjugés, quel aveuglement ne » faut-il point avoir pour oser comparer le fils » de Sophronisque au fils de Marie? Quelle dis>>tance de l'un à l'autre ! Socrate mourant sans » douleur, sans ignominie, soutint aisément jusqu'au bout son personnage, et si cette facile >> mort n'eût honoré sa vie, on douteroit si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu'un sophiste. Il inventa, dit-on, la morale. >> D'autres avant lui. l'avoient mise en pratique; » il ne fit que dire ce qu'ils avoient fait, il ne fit

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) La ressemblance est en effet très-frappante. Méconnu, outragé, persécuté, le juste de Platon, persévère jusqu'à la mort dans la vertu, qui n'attire sur lui que des souffrances. «Ne pensez pas, ajoute Platon, que ce soit » moi qui le dise; mais ce seront les méchans qui diront › que ce Juste doit être battu de verges, tourmenté, chargé de chaînes, et enfin suspendu à un gibet. » De republic., lib. II, Oper. tom. VI, pag. 215. Edit. Bipont. Nous abandonnons ce passage au jugement du lecteur.

[ocr errors]
« PredošláPokračovať »