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» que mettre en leçons leurs exemples. Aristide avoit été juste avant que Socrate eût dit ce que c'étoit que justice; Léonidas étoit mort » pour son pays avant que Socrate eût fait un » devoir d'aimer la patrie; avant qu'il eût défini

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la vertu, la Grèce abondoit en hommes ver» tueux. Mais où Jésus avoit-il pris chez les siens » cette morale élevée et pure dont lui seul a

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donné les leçons et l'exemple? Du sein du plus > furieux fanatisme (1), la plus haute sagesse se >> fit entendre, et la simplicité des plus héroïques » vertus honora le plus vil de tous les peuples (2). » La mort de Socrate philosophant tranquille» ment avec ses amis est la plus douce qu'on puisse désirer; celle de Jésus expirant dans » les tourmens, injurié, raillé, maudit de tout » un peuple, est la plus horrible qu'on puisse » craindre. Socrate, prenant la coupe empoi» sonnée, bénit celui qui la lui présente et qui pleure; Jésus au milieu d'un supplice affreux prie pour ses bourreaux acharnés. Oui, si » la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la

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(1) Tous les philosophes du siècle dernier ont déclamé avec un fanatisme furieux contre les Juifs. Ce peuple les embarrasse.

(2) Est-ce à cause qu'il rendoit seul un culte au vrai Dieu, qu'il étoit le plus vil de tous les peuples?

» vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu (1).

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Rien ne manque à ce tableau de ce que Rousseau exige pour former une preuve complète en faveur de l'homme choisi de Dieu pour annoncer sa parole. Voilà donc, suivant Rousseau même, une seconde preuve complète de la divinité du christianisme. Et remarquez de plus qu'il reconnoît que la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu, paroles qui n'ont aucun sens, si elles ne signifient pas que Jésus est réellemement Dieu. Poursuivons.

« Le troisième caractère des envoyés de Dieu, » est une émanation de la puissance divine qui peut interrompre et changer le cours » de la nature à la volonté de ceux qui re

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çoivent cette émanation. Ce caractère est sans contredit le plus brillant des trois, le plus frappant, le plus prompt à sauter aux yeux; » celui qui, se marquant par un effet subit » et sensible, semble exiger le moins d'exa

men et de discussion par là ce caractère » est aussi celui qui saisit spécialement le peuple, incapable de raisonnemens suivis, d'observations lentes et sûres, et en toute chose esclave de ses sens (2).

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(1) Emile, liv. IV, tom. III, p. 40, 41, 42.
(2) Lettres écrites de la Montag., p. 88.

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Ce dernier caractère est équivoque selon Rousseau, qui ne veut pas qu'on puisse être pleinement certain de la réalité d'un miracle. Cependant, quelque équivoque que soit ce caractère à ses yeux, il ne l'est pas jusqu'au point de lui ôter toute force de preuve. «La bonté divine, dit-il, se prête >> aux foiblesses du vulgaire (1), et veut bien lui ⚫ donner des preuves qui fassent pour lui (2). » Il est à croire que des preuves que Dieu donne ont bien quelque poids. Mais ce qui peut paroître assez singulier, c'est que Rousseau luimême, qui conteste ici la possibilité de s'assurer d'aucun miracle, parle ailleurs, sans la moindre apparence d'hésitation, de tous les miracles dont Dieu honoroit la foi des Apôtres (3). Au reste, quelle que fût à cet égard sa croyance réelle, nous avons prouvé qu'il falloit abjurer le sens commun et renoncer complètement à la raison humaine, pour nier que les œuvres de Jésus fussent des vrais miracles. Ainsi, des trois caractères qui établissent la mission des

(1) Que cette pitié philosophique est touchante! Avec quelle modeste naïveté le sage s'élève au-dessus du vulgaire, et se déclare exempt de ses foiblesses!

(2) Lettres écrites de la Montag., p. 89.

(3) Réponse au roi de Pologne. Mélanges, tom. IV, pag. 262.

Envoyés divins, deux appartiennent, de l'aveu de Rousseau, manifestement à Jésus-Christ. Ii avoue également que le troisième lui appartient aussi dans tout ce qu'il peut avoir de force; et cette force est telle, comme on l'a vu, qu'il n'en existe point de plus grande. Laissons maintenant Rousseau tirer les conséquences.

« Il est clair que quand tous ces signes se » trouvent réunis, c'en est assez pour persuader >> tous les hommes, les sages, les bons, et le peuple; tous, excepté les fous, incapables de raison, et les méchans, qui ne veulent être » convaincus de rien.

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» Ces caractères sont les preuves de l'autorité de ceux en qui ils résident; ce sont les raisons » sur lesquelles on est obligé de les croire. Quand tout cela est fait, la vérité de leur

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» mission est établie ; ils peuvent alors agir avec droit et puissance en qualité d'envoyés de >> Dieu. Les preuves sont les moyens; la foi due » à la doctrine est la fin (1).

» Ainsi, reconnoissant dans l'Evangile l'au» torité divine, nous croyons Jésus-Christ re» vêtu de cette autorité; nous reconnoissons une » vertu plus qu'humaine dans sa conduite, et une sagesse plus qu'humaine dans ses leçons.

(1) Lettres écrites de la Montagne, pag. 89.

» Voilà ce qui est bien décidé par nous (1)

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Déistes, retenez bien ces paroles d'un de vos maîtres; souvenez-vous que Jésus-Christ étoit revêtu de l'autorité divine, qu'on est dès lors obligé de le croire, que la foi est due à sa doctrine, qu'il a droit et puissance pour commander au nom de Dieu. Encore un coup, retenez bien ces paroles, car un jour elles vous seront rappelées, lorsqu'en présence des hommes assemblés pour rendre compte de leurs pensées et de leurs œuvres, on vous demandera pourquoi vous n'avez cru ni à Jésus-Christ, ni à ceux qu'il avoit chargés d'annoncer sa doctrine, ni à ceux même qui en ont reconnu la vérité en la combattant.

Et qu'est-ce que Dieu pouvoit faire de plus pour convaincre tous les esprits, pour persuader tous les cœurs (2)? Pendant quatre mille ans, il ouvre l'avenir aux regards de l'homme, afin de le préparer aux mystères qui devoient s'accomplir. L'histoire du Libérateur promis étoit écrite depuis long-temps, lorsqu'il parut sur la terre; et le genre humain a trois évangiles qui, parfaitement semblables

(1) Ibid., p. 30.

(2) Quid est quod debui ultrà facere, et non feci? Isa., V, 14.

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