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mandoit de l'avoir sans cesse présente à l'esprit (1). On ne lira point sans quelque étonnement ses paroles, qui montrent d'une manière si frappante l'uniformité de la tradition générale.

« L'ordre établi par le ciel s'appelle nature; ce qui est conforme à la nature s'appelle loi; l'é» tablissement de la loi s'appelle instruction (2). La loi ne peut varier de l'épaisseur d'un cheveu (3); si elle pouvoit varier, ce ne seroit point » une loi (4).

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Euripid. Baccha, v. 870 et seq. Edit. de Brunck, Nous nous sommes servis de la traduction du

p. 256.

P. Brumoy.

(1) Morale de Confucius, p. 103, 104, 148.

(2) Documentum.

(3) Admirez la puissance de la vérité qui, à deux mille quatre cents ans de distance, met le même langage dans la bouche de Confucius et de Montesquieu. « La nature » des lois humaines est d'être soumises à tous les accidens qui arrivent, et de varier à mesure que la volonté des >> hommes change; au contraire, la nature des lois de la religion est de ne varier jamais. » Esprit des lois, liv. XVI, chap. XXVI.

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(4) L'Invariable Milieu, etc., ch. I. § 1, 2, p. 33. (5) Ibid., ch. XX, § 18, p. 81.

Le commentateur chinois observe, sur ce passage, que la loi céleste est cette raison, cette vérité que le ciel a imposée aux hommes (1). »

Se réglant sur les esprits sans avoir de sujet » de doute, ajoute Confucius, le sage connoît le » ciel; attendant sans inquiétude le saint homme qui doit venir à la fin des siècles, il connoît les » hommes (2).

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Le commentaire original, qui est particu» lièrement destiné, dit M. Remusat, à faire sen» tir la suite et l'enchaînement des idées, et les >> rapports symétriques que les phrases ont les » unes avec les autres, fait observer ici les quatre » choses qui, suivant le texte, concourent à for» mer la vertu du sage: la première Khaò, l'exa» men ou la règle de conduite, qu'on prend chez » les anciens; Kiào, l'établissement ou la con>>formité avec le ciel et la terre; Tchi, ou le té» moignage qui se tire des esprits; et Sse, l'expectation qui fait que l'on compte sur la venue » du saint homme (3). »

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Ainsi partout on retrouve la même règle des croyances, les mêmes devoirs, la même loi, qui

(1) Ibid., not., p. 153.

(2) Ibid., ch. XXIX, S4, p. 102.

(3) Ibid., not., p. 158.

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tire de Dieu son origine; et cette loi céleste est reconnue par les habitans du Japon comme par tous les autres peuples de la terre. «Leurs principaux commandemens, qu'ils appellent divins, » sont, dit Voltaire, précisément les nôtres (1). » D'Herbelot fait la même remarque au sujet des Tartares et des Mogols (2).

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Qu'elle est belle cette tradition qui commence avec le monde, et qui, malgré d'innombrables erreurs, se perpétue sans interruption chez tous les peuples! Qu'elle est imposante cette parole que Dieu a prononcée à l'origine des siècles, et que tous les siècles redisent avec un saint respect! Sortie de l'éternité, le temps, comme un long écho

(1) Essai sur l'histoire générale et sur les mœurs et l'esprit des nations, ch. CXX; tom. III, pag. 193. Ed. de 1736.

(2) Taourat Genghiz-Kaniat, la loi de Genghiz-Khan.. C'est un octologue qui contient tous les préceptes du Décalogue, à la réserve de celui qui ordonne la célébration du sabbat. Il est certain que la religion des Mogols approchoit fort du christianisme; car Genghiz-Khan et ses successeurs ont été toujours amis des chrétiens et ennemis des mahométans, jusqu'à Nicoudar-Oglou qui se fit musulman, et prit le nom d'Ahmed.... Biblioth, orient., art. Genghiz-Khaniah, tom. II, p. 567. Quoique cette loi porte le nom de Genghiz-Khan, il n'en est point l'auteur. C'est l'ancienne loi des Mogols. Ibid., art. Jassa, tom. III, pag. 302.

la répète, et la reporte dans l'éternité. Cette parole merveilleuse, image de la Parole engendrée avant l'aurore (1), du Verbe qui est en Dieu et qui est Dieu même (2), est la raison, la vérité, l'ordre, la loi, la vic; et il n'y a de vie, de vérité, de raison qu'en elle. Héritage commun du genre humain (3), elle est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (4); elle l'instruit de ses devoirs et de ses destinées; elle forme son entendement en formant ses croyances; elle élève par la foi cet être d'un jour jusqu'à l'Ancien des jours (5), jusqu'à l'Etre infini, seul principe de toute existence; elle purifie Son cœur en lui révélant sa misère, et en lui en montrant le remède. L'homme, sans elle, ne seroit qu'un fantôme qui passe et disparoît dans l'ombre

(1) Ex utero ante Luciferum genui te. Ps. CIX, 3. (2) Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. Joan., I, 1.

(3) Admirandum est hoc principiųin creationem mundi complexum utpotè cùm et mundus legi et lex mundo conveniat, et homo legi obnoxius mox civis mundi evadat, dirigens sua facta ad arbitrium raturæ gubernantis hanc reruin universitatem. Philo Judæus, de mundi Opific., Oper., p. 1.

(4) Lex vera, quæ illuminat omnem hominem venien¬ tem in hunc mundum. Ibid., 9.

(5) Antiquus dierum. Dan., VII, 9.

elle l'unit avec ses semblables, en l'unissant avec son auteur. La vertu, l'espérance, l'amour, la pensée même vient d'elle. Où sont ceux qui disent: Nous ne la connoissons point! Intelligences déchues, sourdes à la voix du genre humain, et condamnées dès lors à ignorer tout, condamnées à ne rien croire; car la foi naît de l'ouie, et comment croiront-elles, si elles n'ont point entendu (1)? Toute parole, comme toute vérité, toute loi, procède de cette parole, de cette loi première. Où sont ceux qui disent: Nous n'envoulons point! Esprits rebelles, que la lumière importune et blesse ; qui demandent les ténèbres, et à qui les ténèbres seront données; qui repoussent la vérité, et que la vérité repoussera; qui rejettent la loi de grâce, et qui trouveront la loi de supplice; qui, à la place du Dieu qu'ils n'ont pas voulu, et de la mort qu'ils voudroient, auront éternellement leur crime pour compagnon, et pour roi le ver qui ne meurt point (2)!

(1) Fides ex auditu... Quomodò credent ei quem non audierunt? Ep. ad Roman., X, 17, 14.

(2) Vermis eorum non moritur. Marc., IX, 43.

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