Obrázky na stránke
PDF
ePub

En déployant l'azur de ses flots bienfaiteurs,
Attire le ruisseau qui sur l'aride plaine

Épanche une eau dormante, et lentement se traîne,
Et le fougueux torrent qui, du sommet des monts,
Tombe et retombe au loin de vallons en vallons.
En baignant avec lui des campagnes fécondes,
Le ruisseau, le torrent, viennent grossir ses ondes,
Et bientôt aux remparts d'une riche cité
Apportent l'abondance et la prospérité.

Les décrets sont rendus: la Batavie antique
Avec orgueil s'élève au rang de République.
On abjure Philippe; on renonce à des rois;
Du Peuple Souverain le nom préside aux lois
Les États réunis, du Peuple mandataires,
De son pouvoir sacré sont les dépositaires.
On élit, pour régler les communs intérêts
Par des soins assidus, vigilans et secrets,
Nassau, chef des guerriers dont il est le modèle;
Barnevelt à la gloire, à son pays fidèle;

Maurice et Châtillon, rivaux dans les combats;
Boizot,vaillant comme eux, comme eux cher aux soldats.
Au sein de Rotterdam, et bientôt dans l'armée,
De ces grands changemens la nouvelle est semée.
Les membres des États, mêlés aux citoyens,
Sont de la Liberté proclamés les soutiens;
Tout s'ébranle; et déja, sous l'effort unanime
De ces Républicains, que la vengeance anime,

Sous des milliers de bras par la haine poussés,

Sous les pesans marteaux, frappant à coups pressés,
Du monarque déchu tombent les armoiries,
Les titres arrachés, les images flétries.
Ces symboles d'empire et ces signes muets,
Avec pompe étalés sur le front des palais,
Au milieu des combats survivaient à l'empire;
Tant avec le pouvoir l'habitude conspire;
Tant sous le joug royal les peuples abattus
Sont lents à ressaisir leurs droits et leurs vertus!

Par l'airain belliqueux une fête annoncée
Dans la cité paisible est bientôt commencée;
Un bal a rassemblé guerriers et villageois.
Le son bruyant du fifre au doux son du hautbois
Là s'unit en cadence; ici, sous les portiques,
Sur les quais opulens, dans les places publiques,
Mille joyeux festins, que raniment les chants,
Par degrés dans la nuit sont prolongés long-tems;
Et d'innombrables feux la ville au loin parée
Des rayons
d'un jour pur semble encore éclairée.
La Liberté, présente aux jeux des citoyens,
A d'un peuple d'amis resserré les liens;

Dans les banquets, où règne une aimable franchise,
Près de la pauvreté la richesse est assise;
Chacun donne et reçoit; et partout sont offerts
Les tributs des forêts et les tributs des mers,
La douce Malvoisie, et les vins de la France,
OEuvres posthumes. II.

[ocr errors]

Et le nectar qui coule au Cap de l'Espérance.

Une coupe à la main, Châtillon le premier

Dit : « Au Peuple Batave! il est sage et guerrier ». Une coupe à la main, Maurice lui réplique:

<«< Aux Chevaliers Français, au courage héroïque »>! —«< Aux États! dit Boizot; ils nous rendent nos droits.

[ocr errors]

Que ce jour soit béni! que du temple des lois

« Jamais un souffle impur n'empoisonne l'enceinte »! Nassau se lève, et crie: « A la Liberté sainte! « A l'empire du Peuple, unique Souverain »! Et Barnevelt ajoute : « Aux droits du genre humain! «Si de vieux préjugés lui font toujours la guerre, <«<Sur eux et sur les rois reconquérant la terre, «Qu'il pense, et qu'il soit libre, afin qu'il soit heureux »>!

La Raison triomphante, à ces cris généreux,
Fait au sommet des airs, en déployant ses ailes,
De son divin flambeau jaillir trois étincelles:
Aux bords de la Gironde, en des vallons fleuris,
L'une alla de Montaigne échauffer les écrits;
La seconde à Florence éclaira Galilée;
Sur le rivage anglais la troisième envolée
Brillait devant Bacon dans le nouveau chemin
Où ce profond penseur guida l'esprit humain.

味鮮

CHANT SECOND.

mm

FRAGMENT.

L'ESPOIR encor lointain d'un avenir si doux
A de la Tyrannie allumé le courroux.

Près d'elle, ont retenti jusqu'aux bouches du Tage
Les cris de l'allégresse et les vœux du courage;
Et, tandis qu'à Lisbonne elle foule à ses pieds
Des Portugais en pleurs les fronts humiliés,
Au nom d'un peuple libre, elle pleure elle-même,
Essaie avec effroi son nouveau diadême,

Chancelle; et, tout-à-coup dévorant ses regrets,
Se rassure, en voyant ses bourreaux toujours prêts.
<< Non, point de Liberté! non, ma fière ennemie
<«< N'aura point à ma cause attaché l'infamie!
« Dit-elle; c'est en vain, Peuple lâche et sans foi,
«Que ton farouche orgueil ne connaît plus de roi;
« Et de tes séducteurs les trompeuses caresses
«Ne te sauveront pas de mes mains vengeresses.
« Tremble! » Elle dit et part; dans les routes de l'air
Six vautours enchaînés traînent son char de fer.
A son hideux aspect les Aquilons mugissent,
Les champs sont desséchés, les étoiles pâlissent;
Un cimeterre en main l'Esclavage la suit;

Et l'horrible déesse, au milieu de la nuit,
Ayant déja franchi dix provinces tremblantes,
Couvre l'Escurial de ses ailes sanglantes.

Là, Philippe enivrait ses superbes regards
Des trésors du Mexique et du luxe des arts.
Il orne chaque jour ces retraites si belles;
Il y fuit les remords; mais les remords fidèles,
Auprès de leur monarque empressés chaque jour,
Ont à l'Escurial établi leur séjour.

Du palais de Philippe hôtes inévitables,

Dès qu'il est endormi du sommeil des coupables,
Leur noire légion vient, dans l'ombre des nuits,
De son cœur despotique irriter les ennuis.

C'est l'heure accoutumée; et jamais les ténèbres
N'ont tracé devant lui tant d'images funèbres.
D'Egmont sur l'échafaud le glace de terreur;
La flamme des bûchers qu'alluma sa fureur
L'éclaire; et, sur le front de ses pâles victimes,
Il lit, en traits de sang, la liste de ses crimes.
Élisabeth, Carlos, son épouse et son fils,
Parés de leur jeunesse, et de gloire embellis,
Lui font boire à longs traits la coupe empoisonnée
Qui termina trop tôt leur noble destinée'.

1. Les historiens ne s'accordent pas sur le genre de mort de Carlos et d'Élisabeth. Plusieurs, et de ce nombre est Ché

« PredošláPokračovať »