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Mais sans troubler le bonhomme endormi.

A son réveil, se croyant auprès d'elle,
Il se voit seul, saute du lit, appelle
Valets, voisins; crie au meurtre, au voleur:
La foule accourt; il conte son malheur.
Mais, ô dépit! la nouvelle entendue:

Quoi! ce n'est donc qu'une femme perdue?»>
Dit un gausseur, d'un gros rire éclatant:
« Adieu, voisin ; qu'il m'en arrive autant! »
A l'importune et brusque raillerie,
Il sent tourner sa douleur en furie;
Il fuit Corinthe; et, privé du bon sens,
Par les chemins il demande aux passans:
<< Savez-vous point où ma femme est allée ?
<< Ma femme, hélas! ma femme on m'a volée. »
Il s'arrachait la barbe et les cheveux,
Remplissait l'air de regrets et de vœux,
Contait aux vents, au soleil, à la lune,
Aux durs rochers, sa piteuse fortune.

Menant ce deuil sept grands jours tout entiers, revient par routes, par sentiers,

Il va,
Par monts, par vaux, par lande, par bocage,
Sans avaler nourriture ou breuvage;

Et, n'ayant plus que les os et la peau,
Il semble un corps déterré du tombeau.
Le Ciel, qui voit un si cruel martyre,
Le Ciel enfin par pitié l'en retire.

Un certain jour, de douleur consumé,
Comme il menait son deuil accoutumé,

La voix lui manque; et, par miracle étrange, Sa bouche ouverte en un long bec se change; Il croit tirer barbe et cheveux chenus:

Barbe et cheveux plumes sont devenus;

Il tend ses bras; mais ses bras sont des ailes;
Et l'homme oiseau, sous ses formes nouvelles,
A chaque instant devenu plus léger,
Coucou parfait, commence à voltiger.
Bien ébahi de perdre sa figure,

Il va rêvant à sa mésaventure,

S'envole au bois, au bois se tient caché,
N'y trouvant pas ce qu'il a tant cherché.
Et tous les ans, quand le printems renflamme
Nos cœurs d'amour, il cherche encor sa femme,
Parle aux passans, et ne peut dire qu'où:
Rien que ce mot ne retint le Coucou
D'humain parler; mais sa peine il allège
Par les douceurs d'un fort beau privilège :
Se souvenant qu'on vint pondre chez lui,
Pour se venger il pond au nid d'autrui.

LE CHANT MARITIME,

HYMNE,

FAIT A L'OCCASION DU CAMP DE BOULOGNE.

28 thermidor an XII (16 août 1805).

BIENTÔT la trahison s'expie.

Pardonner aux vaincus fut le vœu des Français;
Mais les traités sont vains, et l'Insulaire impie
Fait la guerre en signant la paix.
Trop long-tems l'onde tributaire
Vit les pavillons d'Angleterre

Enchaîner ses flots irrités :

Océan, sors de l'esclavage!
Revendiquez votre partage,
Peuples qu'elle a deshérités!

LE CHOEUR.

Tremblez, tremblez, Tyrans des ondes,
Faux amis, ennemis pervers:

Nous courons venger les deux mondes;
Victoire, et Liberté des mers!

Enfant d'une mère inhumaine,

L'Américain brisa son joug dénaturé;
Érin gémit encor; Érin maudit sa chaîne,
Et sera bientôt délivré.

Ravisseurs de l'Inde opulente,

Bourreaux de l'Égypte sanglante,
Les attentats sont vos succès;
De l'or, du sang et des esclaves,
Sont la conquête de vos braves;
L'honneur est celle des Français.

LE CHOEUR.

Tremblez, etc.

Par vous,

l'Anarchie homicide,

Élevant sur des morts son tròne détesté,

Toujours teinte de sang, de sang toujours avide,
Égorgea notre liberté.

Par vous, Bellone fanatique
Dans la Vendée et l'Armorique
Ralluma ses hideux flambeaux;
Sur l'héroïque territoire

Vos guerriers cherchaient la victoire:
Ils n'ont trouvé que leurs tombeaux.

LE CHOEUR.

Tremblez, etc.

Indigne épouse, horrible mère, Isabelle a livré son époux et son fils,

1. Isabelle, ou Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, roi de France. On connaît l'épitaphe que lui fit la Place:

Reine, épouse coupable, et plus coupable mère,
Après avoir livré le royaume aux Anglais,

Objet de leur mépris, exécrable aux Français,

Ci git ISABEAU de Bavière.

(Note de l'éditeur.)

Et du peuple français, vendu par l'étrangère,
L'Anglais a profané les lys.

Mais un crime en vain le couronne:

Il fuit devant notre Amazone;

Il est détrôné. par Dunois;
Et le cruel, en sa ruine,
Au supplice d'une héroïne
Borne ses infâmes exploits.

LE CHOEUR.

Tremblez, etc.

Ici, voyez d'augustes ombres Frayer à notre audace un chemin sur les eaux: Duguay-Trouin, Suffren, quittant les rives sombres, Diriger encor nos vaisseaux; Ouvrant sa tombe triomphale, De sa haine, aux Anglais fatale, Duguesclin remplir tous les cœurs; Et le héros de la Neustrie1 Devant notre élite aguerrie Agiter ses drapeaux vainqueurs!

LE CHOEUR.

Tremblez, etc.

Là, les vainqueurs du Capitole

Sont unis parmi nous aux vainqueurs de Fleurus;

1. Guillaume Ier, dit le Conquérant.

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