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nant de Dieu même. Si l'abbé paraît favoriser quelqu'autre plus que lui; s'il le fait manger à une table différente, il doit reconnaître la volonté de Dieu dans celle de son supérieur, sans s'embarrasser s'il y sera admis à son tour. Celui qui ne reçoit point ce qu'il demande doit se persuader, ou que cet objet ne se trouve point dans le monastère, ou que l'on a jugé utile de le lui refuser. Comme l'abbé ne peut ni tout voir ni tout entendre, et qu'il se trouve quelquefois obligé de s'absenter au dehors, il faut alors que chaque moine soit l'abbé de son frère, c'est-à-dire, qu'ils doivent se tendre la main les uns aux autres, lorsqu'ils tombent en quelques fautes, se reprendre et se corriger mutuellement. Ils doivent surtout s'appliquer à l'humilité, à l'obéissance et à la charité; car, encore que le jeûne et les mortifications soient d'un grand secours pour dompter les passions, rien n'est plus dangereux pour des moines que de croire que ces exercices les élèvent au-dessus des autres. Ce discours dont l'époque nous paraît difficile à déterminer, est aussi bien pensé que bien écrit.

NOVATIEN. L'anti-pape Novatien, à qui saint Cyprien et saint Jérôme accordent la gloire de l'éloquence et d'une grande connaissance de la philosophie païenne, fut le premier qui donna à l'Eglise chrétienne le scandale de deux élections ennemies. On croit qu'il professa d'abord l'idolâtrie, mais que, délivré par les exorcismes de l'Eglise d'une possession qui l'agitait depuis longtemps, il prit la résolution d'embrasser la foi catholique. Pendant que les exorcistes s'efforçaient de le guérir, il tomba si dangereusement malade, que, dans la crainte de le voir enlevé par la mort, on lui conféra le baptême par immersion et dans son lit. Après sa guérison, il négligea de se faire suppléer les cérémonies ordinaires et de recevoir le sceau du Seigneur de la main de l'évêque, c'est-à-dire le sacrement de confirmation. Quoique cela fût contraire à toutes les règles, on ne laissa pas dans la suite de l'ordonner prêtre, malgré l'opposition motivée de tout le clergé et d'un grand nombre de laïques. Mais le pape, qui l'aimait, obtint pour une fois qu'on se dispensât de suivre cette discipline en faveur de Novatien. Il s'en fallût beaucoup par la suite qu'il se montrât digne de cette bienveillante exception. La persécution de Dèce étant survenue, pendant la vacance du Saint-Siége, Novatien se tint enfermé dans sa maison; et comme les diacres le priaient d'en sortir pour assister ceux de leurs frères qui avaient besoin de secours; non-seulement il se refusa à cet appel, mais il se sépara d'eux tout en colère, en disant qu'il ne voulait plus être prêtre et qu'il embrassait une autre philosophie. On croit qu'il avait embrassé celle des stoiciens. Il affecta donc une doctrine sévère, mais désolante et cruelle, contre les fidéles tombés pendant la persécution. Il prétendait que l'Eglise elle-même navait pas le pouvoir de les absoudre. Ce

système trouva des partisans, parmi lesquels trois évêques fanatiques eurent la faiblesse ou l'indignité de nommer Novatien évêque de Rome. Il fut suivi dans son schisme par une partie du peuple, par cinq prêtres, par un grand nombre de confesseurs et par quelques évêques des provinces éloignées; car il écrivit à toutes les églises pour les informer de son ordination, leur recommandant en même temps, dit l'historien Socrate, de ne point admettre aux mystères ceux qui avaient sacrifié pendant la persécution; mais de les exhorter à la pénitence, en les remettant à Dieu, à qui seul appartient de pardonner les crimes. Il envoya même des. députés en Afrique pour obtenir la communion de cette église, mais les évêques de la province, s'étant assemblés, rejetèrent les légats de Novatien et écrivirent au pape saint Corneille qu'ils étaient d'avis qu'on devait secourir les tombés, et chasser de l'Eglise l'auteur de l'hérésie avec tous ceux de sa secte. Les confesseurs qu'il avait séduits se réunirent à l'Eglise, et pour ne pas voir son parti entièrement abandonné, Novatien se trouva réduit à obliger ses sectaleurs de jurer par le corps et le sang de Jésus-Christ, qu'ils ne le quitteraient jamais pour retourner à Corneilie. Il fut condamné dans les conciles de Rome, de Carthage et d'Antioche et rejeté par toutes les Eglises d'Orient. L'histoire ne dit point ce que devint Novatien, mais sa secte subsista longtemps après lui. On en voyait encore des traces dans le ive siècle, où elle se mêla enfin à d'autres hérésies qui attaquaient les dogmes de la religion ou l'autorité du SaintSiége. Nous avons analysé, dans son lieu, la lettre dans laquelle saint Corneille raconte toutes les ruses et les fourberies indignes employées par Novatien, pour se faire ordonner évêque. Ceux de nos lecteurs qui désireraient plus de renseignements, les trouveront à l'article consacré à ce saint Pontife, au premier volume de ce Dictionnaire.

SES ÉCRITS. - Novatien avait composé un grand nombre d'écrits sur divers sujets, entre autres sur la Paque, le Sabbat, la Circoncision, le Pontife, l'Oraison et les Viandes des Juifs; sur l'Instance, sur Attale, que l'on croit être celui de Pergame, qui souffrit le martyre sous Marc-Antonin, et un livre fort long sur la Trinité. Il écrivit aussi plusieurs lettres, mais, suivant toute apparence, en faveur de sa secte et pour maintenir son schisme, puisque saint Jérôme prie Paul de Concorde de les lui envoyer, afin que, connaissant le venin contenu dans les écrits de cet hérésiarque, il prit avec plus de plaisir l'antidote qui lui était fourni par saint Cyprien. Nous n'avons plus aucune de ces lettres, mais il nous reste deux de ses traités, celui qui est intitulé Des viandes des Juifs et celui de la Trinité.

Des viandes des Juifs. Ce traité est écrit en forme de lettre et adressé au peuple qui demeure ferme dans la foi. L'auteur y parle en évêque, mais en évêque absent de son

livre quelques passages qui, quoique susceptibles d'un sens orthodoxe, semblent contraires à la divinité du Fils et du SaintEsprit. C'est pourquoi les macédoniens de Constantinople s'en servaient pour autoriser leurs erreurs, en attribuant l'ouvrage à saint Cyprien, en quoi ils ont été suivis par plusieurs autres, entre autres, par Rufin. Mais saint Jérôme soutient que le titre de l'ouvrage, dans plusieurs exemplaires, portait le nom de Novatien, et que le style montrait clairement qu'il était de lui. On l'a attribué aussi quelquefois à Tertullien, peut-être parce que ce Père a traité la même matière dans son livre contre. Praxée, et que les principes qu'il y établit sont ceux que Novalien développe dans ce traité.

prétendu troupeau. Il dit de ceux à qui il s'adresse qu'ils observaient l'Evangile dans toute sa pureté, et qu'ils avaient la force et le courage de l'enseigner de même aux autres. Il avait donc moins besoin de les instruire que de les exhorter à persévérer dans la vertu. Il témoigne avoir reçu plusieurs lettres de leur part, mais sans en indiquer le sujet. Le but de ce traité est de montrer que, sans nous arrêter aux vaines observances des Juifs et des hérétiques, nous devons reconnaître que tous les êtres étant bons, puisque c'est Dieu qui les a faits, il n'y a point de viandes impures par ellesmêmes. Si la loi distinguait entre les animaux purs et les animaux impurs, ce n'était qu'une distinction figurative, et la loi ayant cessé, la distinction est abolie. Pour montrer que les animaux que la loi appelle immondes ne le sont pas absolument, il a recours à la permission que Dieu accorde aux hommes de manger la chair des animaux, sans distinction, et dit que JésusChrist, qui est la fin et l'accomplissement de la loi, a donné aux hommes la même liberté en leur prescrivant d'en user suivant les bornes de la sobriété; ce qui lui fournit l'occasion de s'élever contre les désordres de quelques Chrétiens qui violaient les règles de la tempérance. Ce défaut ajoute-t-il, est une chose indigne de ceux qui doivent prier jour et nuit. I excepte du nombre des viandes qu'il est permis de manger celles qui ont été offertes aux idoles. Il cite ses traités ou, comme il les appelle, ses lettres sur le vrai Sabbat et la circoncision, ce qui est une preuve que ce livre Des viandes des Juifs est l'œuvre authentique de Novatien.

De la Trinité. - On a divisé son livre De la Trinité en trois chapitres. L'auteur montre dans les huit premiers, que, conformément au Symbole, qu'il appelle la règle de vérité, nous devons croire qu'il y a un Dieu Père et Seigneur tout-puissant, créateur de toutes choses, immense, éternel, immortel, infini; que ce Dieu est un esprit immuable, et n'a rien de la forme ni des passions humaines, quoique l'Ecriture semble lui en attribuer. Les chapitres suivants sont consacrés à prouver la vérité de cet autre article du Symbole, savoir que Jésus-Christ, notre Seigneur, est Fils de Dieu et Fils de l'homme tout ensemble; ce qu'il démontre par des passages de l'Ancien et du Nouveau Testament. Dans le chapitre 18, il réfute l'erreur des Sabelliens, en établissant par des paroles de l'Ecriture la distinction entre le Père et le Fils, puis il répond aux objections de Sabellius. Il montre ensuite, par l'autorité des mêmes Ecritures qu'outre le Père et le Fils, nous devons encore croire au Saint-Esprit. Revenant au Fils, il dit qu'il est éternel, quoiqu'il soit né du Père; il a toujours été en lui, il en procède, il est Dieu de Dieu et la seconde personne, par qui toutes choses ont été faites, égal à son Père, avec lequel il ne fait qu'un seul Dieu, par la communication de la même substance. Malgré cela, cependant, on trouve dans ce

ECRITS SUPPOSÉS. On trouve parmi les œuvres faussement attribuées à saint Jérôme, un livre Sur la vraie circoncision, qui, de l'aveu des critiques, n'est point de ce Père. On ne peut pas non plus l'attribuer à Novatien, puisqu'il y est question des manichéens et des ariens. Il faut donc dire que le traité qu'il avait composé sur cette matière est perdu, de même que ceux qu'il avait écrits sur le Sabbat, la Pâque, et divers autres sujets dont nous avons parlé plus haut.

Il ne faut pas oublier que l'on fait honneur à Novalien de l'excellente lettre que le clergé de Rome adressa à saint Cyprien, et qui se trouve la vingt-sixième dans l'édition d'Oxford. On se fonde sur ce témoignage même de saint Cyprien, qui paraît assez clair, puisque après avoir cité quelques paroles de cette lettre, il dit : « Les Romains ajoutaient, et c'était Novatien luimême qui l'écrivait et qui relisait ensuite à haute voix ce qu'il avait écrit; les Romains, dis-je, ajoutaient qu'il fallait donner la paix aux tombés, lorsqu'ils seraient malades à l'extrémité. » On doit remarquer encore que dans les lettres que Novatien écrivit à toutes les Eglises, pour leur donner, suivant la coutume, avis de son élection, il feignait d'avoir été ordonné malgré lui, puisque saint Denys d'Alexandrie, dans la réponse qu'il lui adressa, lui dit positivement : « Si l'on vous a ordonné malgré vous, comme vous le dites, vous le montrerez en cédant volontairement. >>

Novatien écrivait avec beaucoup d'agrément et de douceur. Son discours est méthodique et bien suivi; ses raisonnements sont solides et soutenus par des autorités de l'Ecriture, qu'il cite ordinairement avec beaucoup d'à propos. Jusqu'en 1709, les ouvrages de cet auteur n'avaient été imprimés qu'à la suite des œuvres de Tertullien ou de saint Cyprien; mais on en publia depuis plusieurs éditions séparées. La plus belle est celle que Jean Jackson, prêtre de l'Eglise anglicane, a publiée, in-8°, à Londres, en 1728. Cette édition, revue après celle de Pamélius sur les plus anciennes, est ornée d'un grand nombre de notes et d'observations dans lesquelles l'éditeur est loin de se montrer orthodoxe, surtout dans les questions qui touchent à la divinité du Fils.

ODELIRI homme d'esprit et d'éloquence naquit à Orléans, vers la fin du x1 siècle. Lors de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard; il passa dans cette fle à la suite de Roger de Montgommeri dont il devint le confident. Ce seigneur, ayant reçu de la libéralité du nouveau roi le comté de Scrobesbury, donna à Odeliri une chapelle et ensuite une maison de sa dépendance. Odeliri était prêtre, mais, comme tant d'autres en ce temps-là, engagé dans le mariage, dont il eut au moins trois fils Orderic Vital, moine de Saint-Evroult, qui se rendit célèbre par ses écrits; Ebrard, qui semble avoir fini ses jours dans la condition laïque, et Benoît, que le père destina à l'état monastique, comme il n'avait encore que cinq ans. Odeliri, dont la chapelle n'était bâtie qu'en bois, se trouvant à Rome en 1082, s'engagea par vœu au tombeau des apôtres, à la faire construire en pierres, et il l'offrit même avec la maison et tout ce qui en dépendait, pour la convertir en monastère, espérant par là déterminer le comte Roger à faire les frais du reste de la fondation. Les travaux commencèrent dès l'année suivante et le comte dota la nouvelle abbaye d'un faubourg entier de la ville de Scrobesbury. Odeliri, de son côté y ajouta deux cents livres, somme alors considérable, sans compter quinze livres sterling qu'il avait déjà sacrifiées pour jeter les premiers fondements de cet édifice, et il y consacra son fils Benoît au service de Dieu. Il y embrassa lui-même la profession monastique, après la mort du comte Roger, arrivée le 27 juillet 109%. Odeliri, après y avoir vécu en bon disciple de saint Benoît, y mourut en odeur de sainteté, le vendredi dans l'octave de la Pentecôte de l'année 1102.

Orderic Vital nous a conservé un assez beau discours qu'il suppose avoir été adressé par son père au comte Roger de Montgommeri, pour l'engager à la fondation dont nous venons de parler. Cette pièce, qui ne manque pas d'éloquence, est remplie d'éloges pour l'état monastique. On y trouve la plupart des événements de la vie de l'auteur, et les premiers traits de l'histoire du monastère de Saint-Pierre de Scrobesbury. Mais, pour dire ce que nous en pensons, ce discours nous fait l'effet d'une de ces harangues composées après coup, pour en faire honneur 1 personnage à qui on veut l'attribuer. En effet, ce dernier nous paraît être de la composition d'Orderic Vital, qui y aura fait entrer néanmoins les principaux motifs allégués par son père pour déterminer le comte de Scrobesbury à la fondation de la nouve..e abbaye.

ODELRIC, ou ULRIC, et autrement UDELRIC, nous est représenté comme un homme de mœurs innocentes et de très-sainte vie. De prieur de Saint-Michel en Lorraine, igen DICTIONN. DE Patrologie. IV.

devint abbé après la mort de Sigefroi, arrivée en 1094. Il remplissait cette dignité depuis quelque temps, lorsqu'en octobre 1098, Richer, évêque de Verdun, restitua à son monastère une chapelle que le comte Louis lui avait enlevée. Depuis que l'abbaye de Saint-Michel avait été transportée, du lieu de sa fondation première à celui qu'elle occupa plus tard, on avait toujours continué à enterrer les frères au vieux Moutier, quoiqu'à plus d'une lieue de distance. Odelric, plus sensible à cette incommodité qu'aucun de ses prédécesseurs, obtint que le monastère eût son cimetière propre. En 1099, le même évêque Richer, à la prière de notre abbé, accorda à Saint-Michel le droit de battre monnaie. On a déjà vu d'autres exemples d'un pareil droit accordé aux abbayes; et celle de Saint-Vincent de Metz en jouissait en même temps. Odelric vécut jusqu'en 1115 et eut Lanzau pour succes

seur.

ODÉRIC, ou ODRI, succéda à Rainaud, mort premier abbé de Vendôme en 1044. It s'acquitta des devoirs de sa charge avec tant de sagesse et d'édification que la bonne odeur de ses vertus attira en peu de temps des biens considérables à son monastère. Le Pape Alexandre II, voulant de son côté reconnaître l'honneur que ce nouvel établissement faisait à l'Eglise, le déclara feudataire immédiat du Saint-Siége, et rendit un décret qui, en le confirmant dans toutes ses possessions, y ajouta encore l'Eglise de Sainte-Prisque, sur le mont Aventin, avec le titre de cardinal-prêtre, pour l'abbé Odéric et tous ses successeurs légitimes à perpétuité. La bulle qui contient cet illustre privilége, en date de l'an 1063, se trouve plus entière dans les Annales de dom Mabillon que dans le Recueil des conciles et des rescrits des Papes. Trois ans plus tard, le même pontife joignit à ces premières gratifications celle du monastère contigu à l'église de Sainte- Prisque et dépendant de l'abbaye de Saint-Paul; à la condition que les abbés de Vendôme y entretiendraient douze moines, pour y célébrer le service. divin. Ce vénérable abbé mourut le 4 octobre 1082, après avoir dignement gouverné son monastère pendant l'espace de trentehuit ans, trois mois et quatre jours.

On a conservé longtemps, dans la bibliothèque de son monastère, un manuscrit contenant un Traité des vertus et des vices, qui, bien qu'il ne portât pas son nom, a toujours été regardé comme une production de sa plume. Avec cet ouvrage, on ne connaît de lui qu'une simple lettre, qui, bien que très-courte, prouve qu'il ne manquait point de politesse dans le style. Cette lettre, publiée par dom Mabillon, est adressée à Gérard, évêque d'Ostie et légat du Saint-Siége, pour lui apprendre que le différend survenu

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ODI

DICTIONNAIRE

entre les abbayes de Vendôme et de SaintAubin d'Angers, au sujet de la dépendance. du monastère de Craon, différend pour lequel ce légat s'était donné plusieurs mouvements, venait d'être terminé.

ODILON, moine de Saint-Médard, à Soissons, s'est fait connaître par son Histoire de la translation des reliques de saint Sébastien, martyr, et de saint Grégoire, Pape, au monastère de Saint-Médard. Cette histoire avait d'abord été donnée par Bollandus, sans nom d'auteur; mais on a reconnu depuis qu'elle était l'ouvrage d'un moine de cette abbaye nommé Odilon. Il l'avait entreprise par l'ordre d'Ingranne, alors prévôt de SaintMédard et plus tard évêque de Laon, en 932 Ce fut avant cette année qu'Odilon travailla à cette histoire, puisque dans l'épître dédicatoire à Ingranne, il ne le nomme pas évêque. Il en use de même dans la préface d'une autre histoire, dans laquelle il raconte comment s'est faite la translation de plusieurs autres reliques de martyrs au mêine monastère. Dom Mabillon a inséré ces deux histoires dans le Ve tome des Actes de l'ordre de Saint-Benoit, avec la préface de la première, que Bollandus n'avait pas donnée. C'est au moyen de cette préface que le moine Odilon avait l'on s'est assuré que écrit l'histoire de la première translation que quelques-uns avaient attribuée à un nommé Rodoin. Ils se fondaient sur ce qu'il est dit à la fin de cette histoire, que l'on conservait dans les archives de SaintMédard un petit écrit de Rodoin, adressé à Hilduin, dans lequel il faisait le récit de plusieurs miracles opérés par la vertu des reliques de saint Sébastie. Odilon se reconnaît encore auteur de cette histoire dans une lettre qu'il écrivit à Hucbald, moine de Saint-Amand. Ce dernier lui avait communiqué une Vie de saint Lebwin qu'il avait composée sous l'épiscopat de Baldric. Odilon répondant à sa lettre, lui envoya l'Histoire de la translation des reliques de saint Sébastien, avec prière de lui en dire son sentiment. La lettre d'Odilon à Hucbald a été publiée par dom Mabillon.

On trouve encore dans la bibliothèque de Fleury trois discours anonymes, dont le premier paraît être d'un moine de SaintMédard et prononcé depuis la translation des reliques de saint Sébastien dans ce monastère. C'est un préjugé pour l'attribuer à Odilon, et d'autant mieux fondé qu'il y a de la ressemblance de style entre ses écrits et ce premier discours. L'auteur y relève les libéralités des rois envers cette abbaye et le rétablissement de l'église dédiée sous le nom de ce saint. Il y a aussi conformité de style dans les deux autres discours avec celui d'Odilon. Ce sont des éloges de saint Médard et de saint Gildard son frère, que l'auteur dit être nés, baptisés, ordonnés et morts l'un et l'autre le même jour. On met la mort d'Odilon vers l'an 920.

ODILON, qui parmi tant d'autres abbés de son temps, s'illustra par sa science et ses vertus, appartenait à une ancienne et noble

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famille qu'on croit être celle des Mercœur.
Il naquil en Auvergne, en 962. Dès son en-
fance, il fut attaché au clergé de Saint-Ju-
lien de Brioude, où il se fit remarquer par
ses inclinations pieuses et son goût pre-
noncé pour l'étude. Le désir de mener une
vie plus parfaite lui inspira la résolution de
se retirer à Cluny, où il reçut l'habit mo-
nastique des mains de saint Mayeul lui-
même. Il n'avait pas encore fini son temps
de probation, lorsque ce digne abbé, déjà
chargé d'années jeta les yeux sur lui pour
lui succéder. Odilon fut le seul qui désap-
prouva ce choix, et il éprouva plus de peine
encore, lorsqu'à la mort de saint Mayeul,
arrivée en 994, il lui fallut exercer seul les
fonctions d'abbé. Il possédait toutes les
de taille médiocre, il savait joindre à un air
qualités nécessaires pour y réussir; quoique
d'autorité grave beaucoup de grâce et d'af-
fabilité, ce qui le faisait tout à la fois aimer
des bons et redouter des méchants. Doué
du don de la parole jusqu'à l'éloquence, il
avait le secret de proportionner ses discours
aux divers sujets dont il avait à parler;
mais quoique la grâce et la douceur en fus-
sent inséparables, il savait toujours dissi-
muler par une humble modestie l'usage
qu'il faisait de son savoir. Son premier
soin fut de régler sa conduite sur celle des
saints de l'antiquité. A leur exemple, tout
le temps que lui laissèrent ses autres de-
voirs était partagé entre la prière et l'étude.
Il acquit par là une grande intelligence de
l'Ecriture et ce fond de doctrine que l'on re-
trouve en partie dans ses sermons et ses au-
tres écrits. Autant ce pieux abbé fut soi-
gneux de cultiver lui-même les bonnes
études, autant il montra d'empressement à
les favoriser et à exciter les talents dans les
monastères de sa dépendance. La réputa-
tion que lui acquirent ses vertus parvint
jusqu'à l'empereur saint Henri, qui le pria
de l'accompagner dans le voyage qu'il fit à
Rome pour s'y faire couronner, et jouit plu-
sieurs fois depuis de ses pieux entretiens.
Son humilité était si grande qu'il refusa
l'archevêché de Lyon, et le pallium dont
le pape Jean XIX voulut Fhonorer. Ce saint
abbé mourut à Souvigny, âgé de quatre-
vingt-sept ans, en 1049, après avoir répan-
du son ordre en Italie, en Espagne et en
Angleterre. Son caractère dominant était
une bonté extrême, qui le fit surnommer
Je Débonnaire. Son nom est immortel dans
l'Eglise, par l'institution de la commémora-
tion générale des trépassés. Cette pratique
passa des monastères de Cluny dans d'autres
Eglises, et fut enfin adoptée par l'Eglise
universelle. On raconte diversement la ré-
vélation que l'on dit y avoir donné lieu.
Dans le doute, il est plus prudent d'attri-
buer cette institution à la piété illustre de
l'abbé de Cluny qu'à des visions toujours
plus ou moins incertaines.

Vie de sainte Adélaïde. - On a de lui dans le recueil intitulé: Bibliotheca Cluniacensis, in-fol., 1614, une Vie de sainte Adelaide, impératrice et femme d'Othon Ier,

pereur en 999. On ne peut assez s'étonner que Basnage, homme d'esprit et de savoir, ait tenté de ravir à saint Odilon l'honneur de cet ouvrage, par des raisons qui se détruisent les unes les autres et qui le trahissent lui-même. Car ce n'est certainement pas par conviction qu'il a pris ce parti. S'il s'était donné la peine de relire la petite préface publiée en tête de l'édition de dom Marrier et André Duchesne, il aurait vu que l'auteur s'y nomme formellement, et qu'enfin le style et tous les caractères sous lesquels il se présente conviennent sans équivoque à saint Odilon, à qui, du reste, tous les autres critiques ne font aucune difficulté d'attribuer cet écrit. Malgré toutes ces preuves décisives Basnage prétend que ce livre est l'œuvre d'un courtisan ambitieux qui faisait sa cour à l'impératrice pour en obtenir des faveurs et des emplois. Peu lui importe que cette princesse ne fût plus au monde lorsque son histoire fut écrite, que ce prétendu courtisan reconnaisse saint Mayeul pour son père, qu'il se donne la qualité d'abbé, et qu'avec une humble modestie, il nous apprenne que cette pieuse princesse, un moment avant de mourir, prit dévotement l'habit négligé de l'auteur qui se trouvait présent, et le baisa comme une relique, en se recommandant à ses prières et à celles de ses frères. De bonne foi reconnaît-on ici un courtisan ambitieux?

Il est donc clair que les taux raisonnements de Basnage ne prouvent rien contre l'authenticité de cet ouvrage. Saint Odilon l'acheva au plus tôt en 1046, lorsque le prince Henri le Noir était déjà empereur. Comme la sainte impératrice lui avait accordé une part singulière dans sa confiance, et qu'il possédait d'ailleurs le talent de bien écrire pour son siècle, il était plus en état qu'un autre d'entreprendre et de conduire à bonne fin cette histoire. Aussi s'est-il acquitté de sa tâche avec ordre, en écrivain aussi judicieux que bien instruit des faits qu'il raconte, et qui sait entrer dans tous les détails nécessaires sans tomber dans une ennuyeuse prolixité. Son style est clair, concis, agréable et respire un parfum de piété douce et pénétrante, quoiqu'il ait peut-être un peu trop suivi le goût de son temps pour les consonnances et les vers intercalés dans la prose. Il s'en fallait que le saint auteur eût une idée aussi avantageuse de son ouvrage. Son humilité ne le lui faisait regarder que comme une espèce d'épitaphe mal écrite, qu'il n'avait entreprise que pour faire naître à quelqu'autre écrivain plus habile l'oc casion de consacrer sa plume à développer une aussi riche matière. Il a divisé son écrit en deux livres. Le premier est consacré à raconter en détail les événements qui composent la vie de la sainte impératrice et le second contient la relation de ses miracles. L'auteur l'a dédié à André, abbé de SaintSauveur de Pavie, et à tous les frères qui vivaient sous sa discipline, sans en donner d'autres motifs, sinon que leur monastère reconnaissait sainte Adelaïde pour sa fonda

trice. Il n'y prend que la qualité de frère, et du plus méprisable des pauvres de Cluny. Frater Odilo Cluniacensium pauperum cunctorum peripsema. Du reste, quand il ne se serait pas nommé, on le reconnaîtrait à la qualification qu'il donne à sa communauté. En effet, on voit par ses lettres qu'il aime à l'appeler la communauté des pauvres de Cluny. Outre la Vie de la sainte, cet écrit nous revèie plusieurs traits intéressants des coutumes alors usitées dans l'Eglise, et dont une des plus remarquable est l'adoration rendue à l'Eucharistie. Aussi l'auteur de la Perpétuité de la foi n'a-t-il pas manqué de relever cette circonstance contre le ministre Claude, qui prétendait faussement que cette coutume ne s'était introduite qu'après Bérenger. La meilleure édition de cet ouvrage et la seule où se trouve la préface ou épitre dédicatoire de l'auteur, est celle que dom Marrier et André Duchesne ont donnée dans leur Bibliothèque de Cluny. Leibnitz l'a fait entrer dans son Recueil de monuments pour l'histoire du duché de Brunswick, 1707; et Basnage dans sa Collection renouvelée de Canisius, l'a réimprimée avec quelques remarques de sa façon, dont plusieurs, comme nous l'avons observé, sont fort déplacées. A la fin de ces éditions se lit une hymne avec cinq oraisons pour la messe et l'office de sainte Adélaïde, mais on n'a pas d'autres motifs de les attribuer à saint Odilon que parce qu'ils se trouvent à la suite de son ouvrage dans les manuscrits.

Vie de saint Mayeul. - Quoique Syrus et deux autres écrivains avant lui, se fussent déjà exercés sur la Vie de saint Mayeul, et que saint Odilon eût connaissance de leurs écrits, dont il relève d'ailleurs le mérite, cependant il ne laissa pas d'entreprendre de traiter le même sujet après eux. Mais il l'a exécuté plutôt en panégyriste qu'en historien, de sorte que son ouvrage est moins une histoire qu'un éloge de saint Mayeul. Il l'adresse à l'abbé Hugues, qui fut depuis son successeur, et à Almanne, autre moine de Cluny, à la censure desquels il le soumet. On juge par là que Hugues et Almanna s'occupaient de littérature, et l'on acquiert en même temps une nouvelle preuve de T'humilité d'Odilon. Du reste il nous apprend qu'il composa cet écrit pendant un séjour qu'il fit à Romans, monastère du Dauphiné, dépendant de Cluny, pour y chercher quelque consolation à la douleur que lui faisaient éprouver les malheurs de son temps. L'écrit a été publié pour la première fois par Surius, qui en a abrégé quelques passages, retranché quelques autres, et défiguré le style, sous prétexte de le corriger; mais les éditeurs de la Bibliothèque de Cluny lui ont rendu sa première intégrité. Enfin les continuateurs de Bollandus l'ont reproduit d'après l'édition précédente conférée avec divers manuscrits, n ais après l'avoir enrichi de notes et d'observations.

SERMONS. - On a encore du savant abbé plusieurs sermons ou discours familiers sur divers sujets, Jotsaud, son historien, en

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