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Nous avons parlé ailleurs de sainte Milburge, vierge en Angleterre, au commencement du vir siècle, dont on croit que Goscelin, moine de Cantorbéry écrivit l'histoire. Son corps ayant été découvert en 1101 donna occasion à divers miracles qu'Aton, cardinal évêque d'Ostie prit soin de recueil lir. De ce fait, dont les monuments anglais font seuls mention, les successeurs de Bollandus conjecturent avec beaucoup de vraisemblance que cet Aton pourrait bien être le prélat dont nous recherchons les écrits. Il se présente il est vrai une difficulté, c'est qu'on ne voit point quel motif l'aurait porté à écrire cette relation, ni à quelle occasion il l'aurait entreprise. Mais la difficulté disparaît, remarquent judicieusement les mêmes critiques, si l'on fait réflexion que le pape Pascal II put fort bien, aussitôt après sa consécration, envoyer notre cardinal-évêque, remplir en Angleterre les fonctions de légat du Saint-Siége et y faire reconnaître le nouveau Pontife contre les prétentions de l'antipape Guibert, qui continuait toujours de e porter comme chef de l'Eglise. De cette sorte, Odon se serait trouvé sur les lieux et aurait pu être témoin de la découverte du corps de sainte Milburge et de quelques-uns des miracles qui la suivirent. On ignore du reste quel a été le sort de la relation qu'il en écrivit et ce qu'elle est devenue.

ODON, cardinal-évêque d'Ostie a été souvent confondu par les biographes avec Ódon de Lageri, qui fut Pape sous le nom d'Urbain II. Celui dont nous voulons parler était Français de nation, et ce que l'histoire nous en apprend se réduit à nous le représenter comme un homme parfaitement bien fait, de belle taille, d'une humeur agréable, d'un accès facile et gracieux, et qui avait fait d'assez bonnes études pour mériter les titres d'orateur, de poëte et de philosophe. Il avait embrassé la vie monastique à l'abbaye de Cluny, sous le gouvernement de saint Hugues, et il avait eu pour condisciple Odon de Lageri dont nous venons de parler. Lorsque celui-ci laissa vacant l'évêché d'Ostie pour monter sur le trône de saint Pierre, il pourvut à ce siége, en y plaçant son ancien confrère, qu'il créa en même temps cardinal. Odon, élevé à cette double dignité fit beaucoup d'honneur à l'épiscopat et devint un des principaux conseillers du nouveau Pontife et une des plus fermes colonnes de l'Eglise. Quoique rigide observateur des règles de la justice, il était néanmoins fort affable et savait se faire tout à tous. Il aimait passionnément la poésie, y cherchait quelquefois son délassement et chérissait les poëtes, les protégeait, les animait par ses bons offices et même par des récompenses. Il entretenait des liaisons littéraires jusqu'en France, particulièrement avec Baudri, abbé de Bourgueil, qui l'a grandement célébré dans ses vers. L'attachement qu'il avait pour son église l'empêcha de suivre en France le pape Urbain II, comme firent tant d'autres évêques d'Italie. Ainsi il ne se trouva point au grand concile de Clermont et il ne succéda pas non plus à ce Pontife, comme le même poëte l'en avait flatté; mais il eut l'honneur de faire en 1099, assisté des autres cardinaux évêques, la cérémonie du sacre de Pascal II. Odon souscrivit encore l'année suivante, avec le cardinal Milon, une bulle du Pape, en faveur de l'abbaye de Cluny. Il mourut en 1101, mais le mois et le jour de sa mort sont inconnus. Ce qui nous reste de lui se réduit à peu de choses et est loin de justifier la réputation qu'on Jui a faite.

Nous avons une élégie en vingt-quatre vers, adressée à Baudri, pour le louer avec une exagération plus poétique que ses vers, d'un écrit de sa façon qu'il venait de lire. et que l'on croit être le recueil des poésies, de cet abbé. Comme son nom ne figurait point parmi ceux de tant de grands hommes que le poëte y célébrait, il lui en fait des reproches, et le presse d'y insérer au moins un distique qui pût rappeler le nom d'Odon. Cette demande lui attira de la part de Baudri une élégie de cent huit vers, laquelle fat bientôt suivie d'une seconde, mais beaucoup plus courte que la précédente. On juge par celle de notre prélat qu'il avait pour la poésie un talent quelque peu supérieur à celui du commun des versificateurs de son siècle.

OECUMENIUS, écrivain grec dont l'âge est inconnu, fit des Commentaires sur l'octateuque et sur tous les livres du Nouveau Testament. Il n'a encore rien paru d'OEcumenius sur l'Ancien Testament; et à l'égard du Nouveau nous ne connaissons que ses Commentaires sur les Actes des Apôtres, sur les Epitres catholiques et sur celles de saint Paul. Encore Fronton le Duc a-t-il douté qu'ils fussent d'OEcumenius, parce que, dans plusieurs manuscrits de la bibliothèque nationale, ces commentaires sont sans nom d'auteur et n'ont d'autres titres que celui d'écrits des saints Pères. Mais Donat de Ve rone et Henschenius ont montré, par des rai sons tirées de deux endroits de ces commentaires, l'un du dernier chapitre de l'Epitre aux Colossiens, l'autre du quatrième aux Ephésiens, qu'ils sont d'OEcumenius. L'auteur ne s'est point borné à extraire les anciens interprètes; mais après les avoir consultés, il a donné lui-mêine le sens littéral du texte de l'Ecriture, s'appropriant ce qu'il avait puisé dans les écrits des anciens II montre partout du choix et du jugement et s'énonce avec beaucoup de netteté. Ses commentaires sur les Actes des apôtres, les Epitres de saint Paul et les sept catholiques furent imprimés en grec à Vérone en 1552. La dernière de toutes les éditions est de 1631 à Paris, chez Frédéric Morel, en deux volumes, et comprend tous les ouvrages d'OEcumenius.

OLBERT, issu d'une famille honnête et chrétienne du diocèse de Liége ou de Cambrai, fut placé dès son enfance à l'abbaye de Laubes, pour y être élevé dans la connaisa

sance des lettres et de la religion. Il y embrassa la vie monastique, et les progrès qu'il fit dans les sciences et la vertu annoncèrent de bonne heure ce qu'il deviendrait un jour. Son ardeur pour l'étude était telle que plus il acquérait de connaissances, plus il désirait en acquérir. Il parcourut successivement les écoles de Saint-Germain des Prés, de Troyes et de Chartres, où il suivit les leçons du docte Fulbert. Rentré dans son abbaye, il commençait à peine à y jouir de quelque repos, lorsque son évêque l'envoya à Bouchard, nouvellement nommé évêque de Worms, qui lui avait demandé quelque maître habile qui pût l'aider à perfectionner ses études. Bouchard trouva dans la personne d'Olbert tout ce qu'il souhaitait, et quoique revêtu de la dignité épiscopale, il ne fit pas difficulté de se rendre son disciple. Aussi ne tarda-t-on pas à s'apercevoir des progrès qu'il fit dans la science ecclésiastique, par le recueil des canons qu'il publia quelques années après. De retour à Laubes, Olbert eut à peine le temps de s'y recueillir dans la pratique des devoirs religieux, que l'évêque Baldric ou Baudri le fit nommer abbé de Gemblours, dont il prit le gouvernement en 1012. Il s'appliqua aussitôt à remplir à la lettre tous les devoirs d'un bon pasteur. Le monastère était dans un état de délabrement complet et presque aussi déchu au spirituel qu'au temporel; mais le vigilant abbé travailla avec tant de sagacité et d'application à remédier à ces maux qu'il eut la consolation d'y réussir en peu de temps. Il en renouvela l'église et tous les lieux réguliers, et parvint à établir parmi ses frères une exacte discipline. Et afin de l'y maintenir solidement il les appliqua à l'étude des livres sacrés, des écrits des Pères, et des autres écrivains ecclésiastiques, dont il fournit abondamment la bibliothèque de son monastère. La réputation qu'il s'acquit par ces réformes le fit appeler à rendre le même service à l'abbaye de Saint-Jacques en l'Ile, située aux portes de Liége. Il en fut élu premier abbé et y mourut en 1048. Sigebert de Gemblours, qui avait étudié sous sa discipline, nous a laissé une notice de ses écrits, suivant la connaissance qu'il n'avait pu manquer d'en acquérir en assistant à leur publication.

Recueil de canons. Ainsi, il nous apprend dans sa Chronique, son Catalogue des écrivains et son Histoire des abbés de Gemblours qu'Olbert a eu la principale part au fameux décret ou Recueil de canons qui porte le nom de Bouchard, évêque de Worms, et dont nous avons parlé. Les termes de Sigebert ne sont rien moins qu'équivoques; on ne peut même rien dire de plus énergique pour établir ce qu'il avance. Apres avoir donné une idée de ce décret, en le présentant comme une compilation de sentences choisies des auteurs ecclésiastiques, qu'il comprend ici par le terme de Scripturarum, il ajoute que Bouchard avait partagé ce travail avec l'abbé Olbert, collaborante sibi magistro suo Olberto, viro undequaque do

ctissimo; il s'explique encore plus fortement ailleurs, en disant que ce fut Olbert qui fit les recherches nécessaires pour cet ouvrage et qui les rédigea par écrit: ejus studio, ore et manu, ou, comme il dit encore dans un autre endroit: Dum Olberto dictante el magistrante magnum illud canonum volumen centonisavit. Ce recueil, divisé en vingt livres, est assez connu pour que nous soyons dispensés de nous y arrêter; nous nous contenterons seulement de quelques remarques. Comme il commence par traiter de l'autorité du Pape, on en a pris occasion de lui donner dans un manuscrit du x siècle, qui se voit encore à l'abbaye de Saint-Benedetto en Italie, le titre suivant: De potestate et primatu sedis apostolicæ; mais son titre ordinaire est Magnum decretorum volumen. C'est en effet le plus ample recueil en ce genre qui eût paru jusqu'alors. Nous observerons, en parlant de celui de Réginon,que Bouchard et son collaborateur ont beaucoup puisé dans cet autre canoniste; qu'ils en ont copié jusqu'aux fautes, et que souvent, en changeant les termes, ces changements leur ont fait commettre d'autres fautes quelquefois considérables. Du reste, quelque défectueux que soit ce recueil de Bouchard, il a beaucoup servi à Gratien, pour la fameuse compilation qu'il a publiée sur le même sujet.

"Vie de saint Véron. Sigebert ajoute que l'abbé Olbert a rendu son nom immortel en écrivant des Vies des Pères : Vitas SS. Patrum describendo; sur quoi Ellies Dupin observe que ce bibliographe ne dit pas qu'OIbert eût composé ces Vies, mais seulement qu'il les avait écrites de sa main. Cette observation nous paraît tout à fait déplacée et contraire au véritable sens de Sigebert, qui aurait attaché par là l'immortalité d'un homme de lettres à transcrire simplement les œuvres d'autrui. En effet il nous paraît impossible de supposer que cet écrivain ait voulu dire qu'Olbert était le simple copiste, et non l'auteur véritable des Vies dont il est ici question. La preuve s'en tire d'un autre ouvrage de Sigebert, où, à propos de ce même travail du savant abbé, il déclare sans équivoque qu'il avait composé quelques Vies de saints: liquide et polite compo

suit.

De toutes ces Vies composées par l'abbé Olbert, Sigebert ne nous fait connaître particulierement que celle de saint Véron, confesseur, que l'auteur écrivit à la prière de Raginer, comte de Hainaut. Cette vie est intitulée: Histoire de l'invention, des miracles et de la translation de saint Véron, par Olbert, abbé de Gemblours. Ce titre qui ne fait aucune mention de l'histoire personnelle du saint, convient parfaitement à cet écrit où l'auteur ne parle des actions de sa vie que pour annoncer qu'il les ignorait entièrement. Cette retenue est louable, et on ne peut que féliciter l'abbé Olbert d'avoir mieux aimé passer sous silence ce qu'il ne savait pas, que d'y suppléer, comme tant d'autres lé gendaires, par des faits controuvés ou par

des traditions souvent incertaines. On peut donc en conclure qu'Olbert n'a fait entrer dans son écrit que ce qui s'était passé de son temps, c'est-à-dire, l'invention du corps de saint Véron, qui se fit en 1004, les miracles qui l'accompagnèrent et la suivirent, ainsi que sa translation de Lambec à Mons, appelé alors le Mont de Châteaulieu, événement que les chroniqueurs rapportent à l'an 1012. Tous les faits y sont détaillés avec beaucoup d'ordre et accompagnés de leurs principales circonstances. On lit en tête une Courte épître dédicatoire au comte Raginer, suivie d'une description abrégée des ravazes causés autrefois dans les Gaules par les Huns, les Vandales et les Normands, ce qui prouve que l'auteur avait étudié avec fruit T'histoire de son pays. Ce passage du reste est écrit avec une piété charmante. On serait disposé même à reconnaître dans tout l'ouvrage les beautés que Sigebert y découvrait, sans les consonnances que l'auteur répèle avec affectation, et qui en rendent la lecture excessivement désagréable.

Enfin, le même bibliographe dont nous avons suivi le catalogue atteste qu'Olbert consacra les connaissances qu'il avait en musique à composer des chants, c'est-à-dire apparemment des hymnes, des répons, des antiennes en l'honneur des saints. On sait qu'il en fit particulièrement pour les offices de saint Véron et de sainte Vaudru, honorée d'un culte tout spécial dans la ville de Mons. Aubert le Mire et plusieurs autres bibliographes modernes attribuent aussi à Olbert une Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament, que Sigebert et Trithème ont complétement ignorée. Mais il y a tout lieu de croire que cette attribution n'a d'autre fondement qu'un passage de l'histoire du vénérable abbé, où il est parlé du soin qu'il prit d'enrichir de bons livres la bibliothè que de Gemblours. On y lit en effet qu'il fit copier ou qu'il copia lui-même en un seul volume l'Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament. Les œuvres de l'abbé Olbert se trouvent imprimées en plusieurs recueils et sa Vie de saint Véron a été publiée, par les soins de dom Georges Galopin, qui l'a accompagnée de remarques, Mons 1636.

OLDEGAIRE, né de parents nobles en Catalogne, vers l'an 1060, après avoir été chanoine et prévôt de l'église de Barcelone, embrassa l'institut des chanoines réguliers de Saint-Ruf, au prieuré de Saint-Adrien, près de la même ville. Devenu supérieur de son monastère, il se rendit, en 1109, au cheflieu de sa congrégation, situé dans le diocèse de Valence, en Dauphiné, pour l'élection d'un nouvei abbé. Les religieux, frappés de son mérite, lui déférèrent la place vacante à l'unanimité. Son gouvernement fut très-sage, mais la réputation qu'il lui acquit en abrégea la durée. En 1116, les Barcelonais l'élurent pour leur évêque, et malgré sa résistance, ils employèrent l'autorité du pape Pascal II, pour le contraindre à accepter. Ce nouvel état ne fit qu'ouvrir une nouvelle carrière à ses vertus et à les

faire apparaître avec un nouveau lustre. Pendant qu'il s'occupait avec autant de zèle que de succès à la réforme de son diocèse, le comte Raymond Bérenger, son souverain, poussait vivement la guerre contre les Maures de la Catalogne. Ce prince, ayant reconquis sur eux la ville archiepiscopale de Tarragone, lui en confia l'administration spirituelle et temporelle. Non-seulement le Pape Gélase II, qu'Oldégaire alla consulter en Italie sur ce plan d'union, le ratifia par une bulle du 21 mars 1118; mais il y ajouta même l'évéché de Tortose, dont une partie était encore au pouvoir des infidèles. Le saint pasteur, chargé du poids de ces trois églises, prouva par sa conduite que cette triple mission n'était ni au-dessus de son courage, ni audessus de sa capacité.

Le comte cependant, malgré ses avaniages, était trop faible par lui-même pour exécuter le dessein qu'il avait formé de chasser entièrement les Maures de ses Etats. Convaincu de son impuissance, il prit le parti de demander à l'Eglise les mêmes secours qu'elle accordait aux armées chrétiennes d'Orient, secours auxquels il croyait avoir d'autant plus de droits qu'il avait les mêmes ennemis à combattre. A cet effet, il députe Oldégaire au concile général de Latran, assemblé en 1123 pour les affaires de la terre sainte. L'archevêque s'acquitta de sa commission avec succès; il revint en Espagne avec une bulle du pape Calixte II, qui l'instituait son légat et lui donnait tout pouvoir de faire publier la croisade. Cette bulle, appuyée des exhortations du saint prélat, contribua beaucoup à renforcer l'armée du comte, et mit dans l'âme du soldat un courage et une confiance qui furent trèsfunestes aux infidèles. Mais les hostilités furent suspendues en 1124. Oldégaire profita de cet intervalle pour aller visiter les saints lieux, dans la vue d'y puiser un nouvel aliment à sa ferveur. De retour l'année suivante, il s'opposa aux envahissements des seigneurs qui avaient profité de son absence pour s'emparer des biens ecclésiastiques. Il réeoncillia le comte Bérenger avec Alphonse de Tolède et lui obtint une paix avantageuse avec les Génois contre lesquels il était en guerre.

Une autre circonstance non moins remarquable de la vie de notre prélat, c'est le parti qu'il prit entre les deux rivaux qui se disputèrent le Saint-Siége, après la mort du pape Honorius. Il fut le premier, et pendant longtemps, le seul des évêques d'Espagne qui tint pour Innocent. Raymond Bérenger, déclaré pour Anaclet, à l'exemple du comte de Sicile, son parent, avait entrainé les rois d'Espagne et, par eux, tout le clergé de leurs Etats. L'archevêque de Tarragone, qui ne connaissait ni égards ni complaisance, aux dépens de la justice et de la vérité, n'en demeura pas moins ouvertement attaché au premier. Il eut même la générosité de se rendre au concile de Clermont, présidé par Innocent, en 1130, pour y faire condamner son compétiteur. De là il

suivit ce Pape à Etampes, à Rouen, à Beauvais et à Reims, où il assista aux nouveaux conciles qui furent célébrés pour ce sujet. Il rapporta en Espagne les décrets de ces assemblées qui, insensiblement, firent impression sur le clergé et sur les princes, et les firent revenir de leurs préventions: le reste de la vie du saint prélat fut consacré à des établissements utiles dans ses diocèses. I reconstruisit la cathédrale de Tarragone et plusieurs autres églises ruinées par les infidèles. Il introduisit les Templiers en Catalogne et leur fit hâtir un monastère. Enfin il mourut le 6 mars de l'an 1137, après avoir prédit le jour de son décès, dans un synode où il traita, pendant trois jours, avec une éloquence et une ferveur admirables, de l'état de l'Eglise, des devoirs des pasteurs, de la religion, de la foi, des dons du Saint-Esprit et des œuvres chrétiennes. I fut inhumé dans le cloître de son église de Barcelone, et son tombeau devint célèpre par ses miracies: son nom est inséré au Martyrologe romain.

SES ÉCRITS. Les auteurs contemporains qui ont parlé d'Oldégaire n'ont pas moins exalté son savoir que sa vertu. Le pape Pascal II, dans la lettre qu'il lui écrivit pour lui enjoindre d'accepter l'épiscopat, le loue de ce qu'ayant reçu de grands talents, loin de les enfouir comme le serviteur inutile, il les a fait valoir avec avantage dans le gouvernement de son abbaye, « de sorte, ajoute-t-il, que vous pouvez dire avec le Prophète Je fais sentinelle pour le Seigneur et j'y demeure pendant tou: le jour; je fais

a garde et j'y demeure pendant les nuits entières. Par là, continue-il, après vous être montré fidèle dans les petites choses, vous avez été jugé digne d'être établi sur de plus grandes. » Un écrivain anonyme, cité par le P. Pagi, en parlant de la canonisation de saint Godehard, évêque de Hidelsheim, proclamée au concile de Reims, en 1131, dit que l'archevêque de Tarragone, prélat vertueux et savant, y exposa les règles à observer dans cette cérémonie. On trouve ailleurs beaucoup d'éloges semblables accordés à sa doctrine; mais il nous en reste très-peu de monuments. Le cardinal d'Aguire a publié deux lettres de lui, dans sa Collection des conciles d'Espagne.

La première, adressée, en 1131, au Pape Innocent I a pour but d'informer ce pontife de l'élection d'un moine de Tomière, nommé Pierre, pour l'évêché de Barbastro et des suites de cette élection. L'archevêque de Tarragone, ayant été prié de venir imposer les mains à l'élu, l'évêque d'Osca prévint la cérémonie par un interdit qu'il jeta de sa propre autorité sur toutes les églises de Barbastro. Le motif de ce procédé si hardi était la prétention de l'évêque d'Osca, que l'église de Barbastro, dépendant de son diocèse, ne devait point avoir d'évêché. Oldégaire s'applique à prouver le contraire au Pape, en montrant que le siége épiscopal de Rote avait été transféré à Barbastro sous

le dernier évêque, et avec la permission de l'Eglise romaine.

La seconde lettre est une réponse à l'évêque de Vic d'Ausone qui, l'avait consulté sur un enfant qui, en jouant avec un autre, lui avait occasionné une chute dont il était mort. Le saint répondit que l'enfant blessé ayant éprouvé du mieux après cet accident, on peut présumer qu'il n'est pas mort de sa chute, mais par la négligence de ceux qui l'ont traité, ou par quelque autre cause inconnue. En conséquence il est d'avis que l'enfant à qui l'on attribue ce malheur étant de mœurs chrétiences, rien n'empêche, dès à présent, de lui conférer les ordres mineurs, ni même de l'élever, dans la suite, aux ordres sacrés, s'il donne des preuves de son avancement dans la piété.

Les Bollandistes rapportent une charte par laquelle le saint prélat établit Robert Aquilar, autrement dit Bordet, prince de Tarragone. Il remarque que le comte Bérenger lui ayant donné, à lui et à ses successeurs dans l'archevêché de Tarragone, cette ville disposer selon leur bon plaisir, il la confère en toute propriété pour la rétablir et en au même titre audit seigneur Bordet, par le conseil du comte, des évêques et des nobles de Catalogne, à la charge d'en réparer les ruines, d'y exercer la justice suivant les anciennes coutumes, et de la tenir en foi et hommage de l'église de Tarragone, se réservant toutefois, le dit archevêque, à lui et à ses successeurs, l'autorité sur les égliecclésiastiques. Dom Martène a publié une ses, le clergé, les dimes et autres droits autre charte par laquelle le saint donna aux pauvres de l'hôpital de Tarragone les lits de tous les chanoines après leur mort. Cet c'est-à-dire de l'an 1132. acte est de la 25 année du règne de Louis,

OLIBA, issu de la famille des comtes de jeune âge, et se consacra à Dieu dans le moCerdagne, prit le parti du cloître dès son nastère de Ripouil. De là, il passa à l'abbaye de Cuson, au docèse d'Elne, dont il fut prévôt ou prieur claustral, dès l'an 990. A la mort de 'Guarin, abbé du monastère; tous les religieux s'accordèrent à le lui donner pour successeur, aux grands applaudissements des gens du pays. Il gouverna avec une sagesse et une douceur qui lui ont mérité les éloges de la postérité. Son aptitude à diriger les âmes, le fit nommer à l'évêché de Vic, soumis alors à la métropole de Narbonne. Sa conduite dans l'épiscopat répondit parfaitement à la réputation qu'il s'était acquise dans le cloître. Il veillait avec une sollicitude vraiment pastorale sur les peuples confiés à ses soins; et, afin que ce qu'il plantait et arrosait portât son fruit, il avait soin d'accompagner son travail de ferventes prières. Au mois de janvier 1032. il fit faire avec un religieux appareil la dédicace de son église de Ripouil, qu'il avait rebâtie, et qui fut suivie d'un concile auquel assistèrent plusieurs évêques. Oliba finit saintement ses jours dans son monastère de Cuson, en 1017.

vait entretenir avec les hommes de lettres dans le cœur de la France, on voit qu'il était en relation d'amitié avec un moine de Fleuri, nommé Jean. On a de lui une lettre adressée à notre prélat, intéressante pour l'histoire de son temps; Papire Masson, qui l'avait entre les mains, en rapporte un fragment considérable. Jean y décrit à Oliba les erreurs des nouveaux manichéens, découverts à Orléans, et le genre de supplice dont ils furent punis, après le concile tenu en cette ville en 1022.

On nous a conservé que ques-unes de ses lettres dans lesquelles il réunit toujours son titre d'abbé à celui d'évêque. Baluze en a publié deux dans son appendice au Marca Hispanica. La première, qui est courte, mais écrite avec une politesse qui n'était pas alors très-commune, est en réponse à celle que Gauselin, archevêque de Bourges, lui avait adressée, tant en son nom qu'en celui de sa communauté de Saint-Benoît-sur-Loire, au sujet de la mort de son frère Bernard, comte de Besola, qui avait eu le malheur de se noyer dans le Rhône en 1020. L'autre let- OLYMPIODORE, moine grec, à qui queltre d'Oliba est adressée aux moines de Cu- ques-uns donnent le titre de diacre, est son, pour leur rendre compte de plusieurs placé ordinairement parmi les écrivains du aflaires qu'il avait traitées depuis leur sépa-x siècle. Il y a même des critiques qui ont ration. Jean Briz Martinez, historien de l'abbaye de Saint-Jean de la Pena, témoigne ayoir vu une troisième lettre de cet évêque dont il copie même quelques passages. Cette lettre, dont il porte un jugement très-avanlageux, est adressée à don Sanche, roi de Navarre.

cru qu'il fallait distinguer deux et jusqu'à trois Olympiodore. Le premier se serait uniquement appliqué à écrire sur des matières ecclésiastiques; le second, à commenter les livres d'Aristote, et le troisième, à éclaircir ceux de Platon. Nous n'avons à nous occuper que du premier, parce qu'il n'est pas impossible qu'un seul et même écrivain ait traité toutes ces matières; et cela nous paraît d'autant plus vraisemblable, que dans les manuscrits de Vienne, de Leyde et de Londres, Olympiodore est qualifié, tantôt de philosophe péripatéticien, de moine et de diacre de Constantinople ou d'Alexandrie.

Le même bibliographe, dans ses additions au chapitre 24 du quatrième livre de la Concorde du sacerdoce et de l'empire, nous a donné les Actes ou statuts d'un synode du diocèse d'Elne. Ces Actes qui ont passé ensuite dans la Collection générale des conciles, appartiennent principalement à Oliba, qui présida ce synode, à la place de Bérenger, évêque diocésain, alors en pèlerinage à la terre sainte, et que ce prélat, à son départ, avait chargé du soin de son Eglise. L'objet principal de ces statuts est l'établissement de la paix ou trève de Dieu, dont lobservation y est prescrite sous peine d'excommunication. Ils portent la date du 16 mai 1027, mais c'est une faute, comme le prouvent fort bien les derniers historiens du Languedoc. Il faut lire 1047, qui était la der-x siècle, puisque Nicétas d'Héraclée le

nière année de la vie d'Oliba. Dix-huit ans plus tard, une nouvelle assemblée se réunit encore en ce lieu pour délibérer sur le même sujet; mais ses actes sont moins connus.

On doit rapporter encore à ce prélat la Relation de la décadence de. l'Eglise de Ripouil, faite en janvier 1032. Il est visible, par la manière dont elle est conçue, que ce fut lui qui la dicta à Isarne. Celui-ci eut commission de l'écrire en l'absence d'Arnalte, secrétaire d'Oliba, qu'on y trouve indifféremment nommé Olibau et Oliva. On trouve dans cette relation une nouvelle preuve que le roi Robert le Pieux était mort dès l'année précédente 1031.

Baluze a découvert dans un manuscrit de l'ancienne bibliothèque Colbert, un cycle pascal, dressé en 1047 par Oliva, moine de Notre-Dame de Ripouil; mais la qualité de moine, donnée à l'auteur, ayant échappé à la plume du copiste, s'y trouve ajoutée audessus de la ligne. Aussi Baluze n'a-t-il osé prononcer définitivement si l'écrit appartient à notre prélat qui fut effectivement moine et abbé de Ripouil, ou à quelque autre moine du même lieu, qui aurait également porté le nom d'Oliba.

Ontre les liaisons que cet évêque, pou

Commentaire sur Job. Si tous les commentaires, dont nous donnons l'analyse, sont du même Olympiodore, il faut dire qu'il les a composés vers le milieu du Vir siècle, puisque Anastase le Sinaïte, qui écrivait vers l'an 680, cite deux fois le commentaire sur Job, en donnant à son auteur le titre de philosophe et de diacre d'Alexandrie. Dans tous les cas on ne peut assigner à ce commentaire une date postérieure au

cite souvent dans sa Chaine sur Job, écrite vers l'an 1070, et dans les Chaines sur les Psaumes. On en conserve une grande partie dans les Chaines des Pères grecs et dans la Bibliothèque de Vienne.

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AUTRES OUVRAGES. Olympiodore fit aussi des Scholies, ou petits commentaires sur le livre de l'Ecclésiaste. Ils furent imprimés in-4 à Paris en 1511, sur la version de Zénobius Acciajoli, et réimprimés à Bâle en 1535 et 1551, in-8°; puis dans les Orthodoxographes et les Bibliothèques des Pères. Olympiodore admet trois sens pour expliquer le texte de l'Ecriture: le sens littéral, le sens mystique, et le sens moral. Il l'insinue, dans un passage, qu'il avait également écrit sur Esdras, mais ce livre nous est inconnu. On voit aisément que celui dont nous parlons n'est qu'une compilation des anciens commentateurs, quoiqu'il ne nomme que Symmaque et Aquila. Son commentaire sur les Lamentations de Jérémie fut imprimé in-4° à Rome, en 1598, avec celui d'Origène. Dans sa Chaine sur Jérémie, Ghisserius cite souvent Olympiodore auquel il donne le titre de diacre. Le traité de l'Etat de l'âme, après sa séparation d'avec le corps, qui lui est attribué par tous les

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