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cinquième persécution, qui fut si cruelle qu'on crut que l'Antechrist était proche. Tertullien, tombé dans l'hérésie des montanistes, n'a pas craint de dire que ce saint pontife avait approuvé leur doctrine; mais on sait que c'est une ruse des hérétiques de vouloir appuyer leurs erreurs du suffrage de quelque pontife ron.ain. On lui suppose deux décrétales. La première de ces lettres est adressée aux évêques de Sicile, et défend aux patriarches et aux primats de rendre une sentence définitive contre un évêque sans l'autorité du Siége apostolique. Y avait-il donc plusieurs primats dans la Sicile et plusieurs patriarches au siècle de Zéphirin? Et les évêques de Rome avaient-ils alors le titre d'archevêque qu'on leur donne dans l'inscription de cette lettre? Saint Athanase est le premier des anciens chez qui on trouve le nom d'archevêque; et il est témoin qu'on le donnait aux évêques de Lycopolis. Eusèbe, qui vivait dans le même siècle, est encore témoin qu'en Orient on jugeait définitivement les causes des évêques, sans recourir au Saint-Siége, et nous ne pensons pas que les apôtres à qui on attribue ce règlement, aient décidé que cette forme de procédure aurait lieu seulement dans la Sicile. Cette lettre rend leur décret général pour toute l'Eglise, ajoutant qu'ils ont aussi ordonné que tous pourraient appeler au Saint-Siége, et que là seraient jugées en dernier ressort les affaires déjà jugées par les évêques, et les causes majeures de l'Eglise. Cette letttre est au reste composée des propres paroles du quatrième concile de Carthage, de celui de Chalcédoine, du code Théodosien, de saint Augustin, de saint Prosper, et la marque des consuls en est fausse, car Saturnin et Gallican ne furent pas consuls sous Zéphirin. Gallican le fut en 150, sous le pontificat de Pie, mais avec Vérus et non pas Saturnin. On donne encore à Zéphirin le titre d'archevêque dans la seconde lettre sous son nom, et elle est datée du consulat de Saturnin et Gallican, comme la première; ce qui suffit pour en faire voir la supposition. On y emploie aussi le terme d'apocrisiaire, inconnu dans le siècle de Zéphirin, et principalement dans l'Eglise d'Occident. On ne voit pas non plus qu'il y ait eu sous son poutificat de persécution contre les évêques d'Egypte, comme le marque cette lettre; et ce qui regarde l'ordination des prêtres et des lévites se lit dans le 6 canon du concile de Chalcédoine et dans le 12 de celui de Laodicée.

ZOZIME, fils d'un nommé Abraham, grec de nation monta sur la chaire de saint Pierre après Innocent le 18 mars 417. Il était alors de coutume de n'ordonner les Papes et même les évêques, que le dimanche, et ce fut aussi en ce jour que se fit l'ordination de Zozime,

Lettre aux évêques des Gaules. -Aussitôt après son ordination il écrivit à tous les évêques des Gaules et des sept provinces. Par cette lettre du 22 mars 417, Zozime fait une obligation à tous les ecclésiastiques qui voudront venir à Rome de recevoir du mé

tropolitain d'Arles une lettre fermée. Il ne recevra, dit-il, aucune personne, soit évêque, soit prêtre, soit diacre, ou autre clerc, s'il n'est porteur de ces lettres, et ceux qui violeront cette ordonnance seront séparés de sa communion. Il ajoute qu'il accorde ce privilége à Patrocle à cause de son mérite personnel. Zozime dit ensuite qu'il a ordonné que le métropolitain d'Arles aura seul le droit de consacrer tous les évêques dans la Gaule Viennoise et dans les deux Narbonnaises, et déclare déchus du sacerdoce ceux qui auront ordonné ou été ordonnés dans ces provinces sans la participation du métropolitain d'Arles. I adjuge à l'évêque d'Arles les paroisses de Cethariste et Gargarée, et quoi qu'il veuille que chaque Eglise se tienne dans ses bornes, il ordonne néanmoins que l'église d'Arles, pour le respect dû à l'apostolat de saint Trophime par le moyen duquel la foi de Jésus-Christ a élé reçue dans les Gaules, conservera les paroisses qui sont même hors de son diocèse, dans le territoire de quelques villes que ce soit, si elle en est en possession depuis longtemps. Enfin il veut que tous les différends qui surviendront dans les Gaules Viennoise et Narbonnaise soient portés devant l'veque d'Arles, si l'affaire n'est pas assez importante pour être envoyée à Rome. Ces lettres fermées, dont il est parlé ici, donnaient droit à tous ceux qui en étaient munis, de communiquer avec les évêques répandus dans toute la terre. On les donnait à ceux qui allaient en voyage, atin qu'ils fussent reçus partout comme catholiques.

Lettres à Aurèle et aux évêques d'Afrique. - Pélage et Célestius se voyant condamnés également par le pape saiat Innocent, comme par les évêques d'Afrique, n'oublièrent rien pour se justifier. Pélage écrivit à ce sujet au Pape lui même, et Célestius vint à Rome dans l'espoir d'y trouver de l'appui dans le clergé de cette ville, dont un prêtre nommé Sixte passait pour être favorable aux ennemis de la grâce. Il se présenta au pape Zozime, dans le dessein de poursuivre son appel interjeté cinq ans auparavant, de la sentence renuue contre lui dans le concile de Carthage en 412. Il fit valoir l'absence de ses accusateurs, et présenta une confession de foi dans laquelle

expliquait en détail sa croyance sur tous les points du symbole sur lesquels on ne lui reprochait rien. Mais lorsqu'il venait à la question agitée, il disait : « S'il s'est ému quelques disputes sur des questions qui ne sont pas de foi, je n'ai pas prétendu les décider comme auteur d'un dogme; mais je vous présente à examiner ce que j'ai tiré des propliètes et des apôtres, afin que si je me suis trompé par ignorance, vous me corrigiez par votre jugement. » Il disait ensuite sur le péché originel : « Nous confessons que l'on doit baptiser les enfants pour la rémis sion des péchés, suivant la règle et l'autorité de l'Eglise universelle, parce que le Seigneur a déclaré que le royaume des cieux ne peut être donné qu'aux baptisés; mais nous ne prétendons pas pour cela établir la

1908 avons trouvé, dit-il, que leurs ordinations étaient irrégulières, et qu'ils avaient usurpé le sacerdoce dans les Gaules. On n'a pas dû recevoir de leur part une accusation par écrit contre un absent, qui présent maintenant explique sa foi et dèție son accusateur; et pour leur faire voir qu'on ne doit jamais se repentir de réformer un jugement rendu avec trop de précipitation, il rapporte comment Daniel, quoique jeune, prouva l'innocence de Susanne qui avait été condamnée injustement par des vieillards, et ajoute que souvent quand on fait difficulté de croire ceux qui témoignent la droiture de leur foi, on les précipite dans l'erreur comme par nécessité. Cette première lettre à Aurèle et aux évêques d'Afrique est datée du consulat d'Honorius pour la onzième fois, qui est l'an 417.

transmission du péché par les parents, ce qui est fort éloigné de la foi catholique: car le péché ne naît pas avec l'homme, c'est l'homme qui le commet après sa naissance; il ne vient pas de la nature; mais de la volonté. Nous avouons donc le premier pour ne pas admettre plusieurs baptêmes, et nous prenons cette précaution pour ne pas faire injure au Créateur. » C'est tout ce qui nous reste de la confession de foi de Célestius. Il y en a néanmoins qui prétendent trouver la première partie qui y manque dans un . discours de saint Augustin. D'autres prétendent que ce que ce saint docteur rapporte, appartient à un écrit de Pélage, et non de Célestius. Quoiqu'il en soit, le Pape Zozime ayant reçu cette confession de foi, les écrits et les lettres de Pélage, résolut d'examiner l'affaire avec le clergé de l'Eglise romaine, et fixa le jour et le lieu de cette assemblée. 11 choisit l'église Saint-Clément, afin que par respect pour ce saint martyr, qui avait été instruit par saint Pierre, on y procédât plus religieusement. Plusieurs évêques de divers pays assistèrent à cette assemblée, ét on y examina ce qu'on avait fait jusque-là dans la cause de Célestius et la profession de foi qu'il avait présentée fut lue en sa présence. Le Pape. non content de cela, lui demanda s'il l'avait écrite lui-même, s'il parlait et pensait de la même manière. Il l'interrogea aussi sur les reproches d'Héros et de Lazare, contenus dans leurs lettres que le concile de Carthage avait envoyées à Rome. Célestius répondit qu'il n'avait jamais vu Lazare qu'en passant, et qu'Héros lui avait fait satisfaction d'avoir eu mauvaise opinion de lui. Le Pape pour ne rien précipiter dans une affaire qu'il ne trouvait pas assez éclaircie, et ne voulant pas néanmoins absoudre Célestius de l'excommunication dont il était lié, donna un délai de deux mois, afin d'en écrire aux évêques d'Afrique à qui la cause était connue, et de lui donner à luimême le temps de se corriger. Ce délai était, selon la remarque de saint Augustin, comme une médecine qu'on donne à un malade, ou comme une douce fomentation qu'on fait à un frénétique, pour lui donner quelque repos. Le Pape cita aussi les accusateurs de Célestius à Rome dans le même délai de deux mois, afin qu'ils le convainquissent d'avoir d'autres sentiments que ceux dont il venait de faire profession. I traita toutes ces questions de vaines subtilités et de contestations inutiles, qui détruisent plutôt que d'édifier, et ajoute qu'il a averti les évêques présents à l'assemblée de les éviter. Il dit à Aurèle et aux autres évêques d'Afrique qu'ils doivent s'en rapporter à leur propre jugement dans ces sortes de contestations, plutôt qu'aux divines Ecritures. I leur marque dans la même lettre, qu'il leur envoyait les actes de ce qui s'était passé dans le jugement rendu dans la cause de Célestius, et se plaint de ce qu'ils avaient ajouté foi trop légèrement aux lettres d'Héros et de Lazare, dont les mœurs n'étaient pas telles qu'on dût ajouter foi à leur témoignage. Car nous

Lettre à Aurèle.-Quelque temps après que Zozime l'eut écrite, il en reçu une de Prayle, évêque de Jérusalem, qui favorable à la cause de Pélage, la lui recommandait avec de grandes instances. Avec cette lettre il y en avait une de Pélage même à laquelle il avait joint sa confession de foi. Le tout était adressé au Pape Innocent; car l'un et l'autre n'avaient pas encore appris sa mort. Pélage disait dans sa lettre qu'on voulait le décrier sur deux points, l'un de refuser le baptême aux enfants et de leur promettre le royaume des cieux sans la rédemption de Jésus-Christ; l'autre, d'avoir tant de confiance au libre arbitre, qu'il refusait le secours de la grâce. Il rejetait la première erreur, en disant qu'il n'avait jamais entendu personne la soutenir, et ajoutait : « Qui est assez impio pour refuser à un enfant la rédemption commune du genre humain, et pour empêcher de renaître pour une vie certaine celui qui est né pour une incertaine?» Il disait encore qu'il n'y avait personne assez étranger dans la lecture de l'Evangile, pour oser assurer que les enfants ne participent pas à la rédemption de Jésus-Christ. Sur le second article, il disait : « Nous avons le libre arbitre pour pécher et ne pas pécher; mais dans toutes les bonnes œuvres il est toujours aidó du secours divin. Nous disons, ajoutait-il, que le libre arbitre est en tous généralement, dans les Chrétiens, les Juifs et les gentils. Ils l'ont tous par nature, mais il n'est aidé par la grâce que dans les Chrétiens. Dans les autres, ce bien de la création est nu et désarmé; ils seront condamnés, parce que, possédant le libre arbitre qui pourrait les ramener à la foi et mériter la grâce de Dieu, ils usent mal de leur liberté. Les Chrétiens seront récompensés, parce que usant bien de leur libre arbitre, ils méritent la grâce du Seigneur et observent ses commandements.» Enfin Pélage, pour prouver qu'il pensait sainement sur la grâce, renvoyait ses ac cusateurs aux lettres qu'il avait écrites à l'évêque saint Paulin, à l'évêque Constantius et à la vierge Démétriade, et au livre qu'il avait composé depuis peu Sur le libre arbitre, soutenant que dans tous ces écrits il confessait pleinement le libre arbitre êt

la grâce. Dans sa confession de for que nous avons encore, il expliquait, de même que Célestius, tous les articles de foi contenus dans le symbole depuis le mystère de la Trinité jusqu'à la résurrection de la chair. Puis if disait, nous tenons un seul baptême, et nous assurons qu'il doit être administré aux enfants avec les mêmes paroles qu'aux adultes. Il ajoutait que l'homme tombé depuis le baptême pouvait être sauvé par la pénitence. Il recevait, dit-il, tous les livres de l'Ancien et du Nouveau-Testament, dans le même nombre que les reçoit l'Eglise catholique, il croyait les âmes créées de Dieu, et disait anathème, soit à ceux qui en faisaient une partie de la substance divine soit à ceux qui enseignaient qu'elles avaient péché ou demeuré dans le ciel avant d'être envoyées dans les corps. I rejetait comme un blasphème le sentiment de ceux qui croyaient les commandements de Dieu impossibles, ou qui condamnaient les premières ou secondes noces, ou disaient que le Fils de Dieu avait été sujet au mensonge par la nécessité de la chair, et n'avait pu, à cause de la même chair, faire tout ce qu'il avait voulu. Il condamnait aussi l'hérésie de Jovinien qui ôtait la distinction des mérites dans la vie future. Ensuite s'expliquant sur la grâce, il disait : « Nous confessons le libre arbitre; mais nous avons toujours besoin du secours de Dieu, et ceux-là se trompent également, qui disent avec les manichéens que l'homme ne peut éviter le péché, et avec Jovinien que l'homme ne peut pécher. Voilà, concluait-il, bienheureux Pape, la loi que nous avons apprise dans l'Eglise catholique, que nous avons toujours tenne et que nous tenons encore. Si elle contient quelque chose qui ne soit pas expliqué avec assez de lumière ou de précaution, nous désirons que vous le corrigiez, vous qui tenez la foi et le Siége de Pierre. Après la lecture publique des lettres et de la confession de foi de Pélage, tous les assistants et le Pape trouvèrent qu'il s'expliquait de la même manière que Célestius. Ils furent remplis de joie et d'admiration, et à peine pouvaient-ils retenir leurs larmes, tant ils étaient touchés, qu'on eût pu calomnier des hommes dont lá foi paraissait si orthodoxe. « Y a-t-il, disait le Pape dans sa seconde lettre à Aurèle, un endroit dans les écrits de Pélage, dans lequel il ne parle de la grâce et du secours de Dieu.» Puis venant à ses accusateurs Héros et Lazare : « Est-il possible, disait-il, mes chers frères, que vous n'ayez pas encore appris, du moins par la renommée, que ces deux hommes sont perturbateurs de l'Eglise? Ignorez-vous leur vie et leur condamnation? mais quoique le Siége apostolique les ait séparés de toute communion par une sentence particulière, apprenez encore ici

(33) Ce tyran, protecteur de Lazare, est Constantin, qui s'était rendu maître des Gaules sur Honorius en 407, et qui fut défait et tué en 411. Si le Lecteur désire avoir de plus amples renseignements

sommairement leur conduite. Lazare est ac coutumé depuis longtemps à accuser les innocents et dans plusieurs conciles il a calomnié notre saint confrère Brice, évêque de Tours, Proculus évêque de Marseille l'a condamné comme tel dans un concile de Turin. Toutefois le même Proculus l'a ordonné plusieurs années après évêque d'Aix pour soutenir le jugement du tyran (33) qui le protégeait. Il est entré dans le siége épis copal, presqu'encore teint du sang innocent; et a soutenu l'ombre du sacerdoce, tant que le tyran a gardé une image de l'empire: mais après sa mort il a quitté la place et s'est condamné lui-même. Il en est de même d'Héros, ajoute Zozime, c'est la même protection: ce sont des meurtres, des séditions, des emprisonnements de prêtres qui lui résistaient; ce fut la même consternation dans la ville, le même repentir qui l'ont fait renoncer au sacerdoce.» Zozime insiste aussi sur l'absence d'Héros et de Lazare, et en tire une preuve de la faiblesse de leur accusation. Il en dit autant de celle de Temase et de Jacques, et blâme les évêques d'Afrique d'avoir ajouté foi trop légè rement à de semblables accusations. Il les exhorte à être plus circonspects à l'avenir, à ne pas croire facilement les rapports de gens inconnus, à ne juger personne sans l'entendre, à imiter la modération des tribunaux séculiers, à conserver soigneusement la paix et la concorde, et à se réjouir de ce que Pélage et Célestius n'ont jamais été séparés de la vérité catholique ni de la communion de l'Eglise romaine. Cette lettre, datée du 21 septembre 417, fut envoyée aux évêques d'Afrique avec des copies des écrits de Pélage.

La suite fit voir que le Pape Zozime ne s'était pas assez défié de ceux qui lui avaient parlé en faveur de Pélage et contre ses accusateurs. Lazare et Héros qu'il traite si mal, sont cités avec éloge par les auteurs contemporains, et saint Augustin, à l'imitation du concile de Carthage, les qualifie de sancti. Héros est en particulier appelé homme saint dans la chronique de Prosper et disciple de saint Martin. Mais il était dans l'intérêt de Patrocle intrus dans le siége épiscopal d'Arles et successeur d'Héros qu'il en avait chassé, de le décrier à Rome; et Célestius, qui était alors dans cette ville, n'était pas moins intéressé dans la cause de Pélage, que Pélage même. C'était aussi sans fondement que l'on accusait Lazare de s'être emparé, contre les règles, de l'évêché d'Aix. Il en avait été choisi évê que légitimement, de même qu'Héros dans celui d'Arles; mais il l'avait quitté volontairement dans la crainte qu'Honorius ne lui fit souffrir quelques mauvais traitements, ainsi que nous le lisons dans la chronique d'Itace. Les lettres qu'ils écrivirent l'un et

sur Héros et Lazare, il peut se reporter à l'article que nous leur avons consacré dans ce dictionnaire, à la lettre II.

aux lettres d'Innocent; mais qu'il devait anathématiser clairement ce qu'il y avait de mauvais dans son écrit, de peur que plusieurs ne crussent que le Saint-Siége avait approuvé ses écrits erronés, plutôt que de croire qu'il se fût corrigé de ses erreurs. Ces évêques rappelaient aussi au Pape le jugement de son prédécesseur, sur le concile de Diospolis; ils lui découvraient tous les artifices de la confession de foi de Pélage, et réfutaient tous les arguments de ces deux hérétiques. Comme ce Pape leur avait reproché d'avoir cru trop légèrement aux accusateurs de Célestius, ils lui représentaient aussi qu'il n'aurait pas dû croire si facilement tout ce que lui avait dit cet hérétique. Enfin ils exposaient au Pape tout ce qui s'était passé en Afrique dans cette affaire, et lui envoyaient les actes qui en avaient été dressés, soit en présence soit en l'absence de Célestius. Le Pape dans sa lettre du 21 mars 418 répond, qu'il n'avait pas, comme ils le croyaient, ajouté foi à tout ce que lui avait dit Célestius, qu'il n'avait rien changé dans les dispositions de son prédécesseur à l'égard de cet hérétique, et que dans toute cette affaire il n'avait rien voulu décider sans leur avis.

Tautre contre Pélage au concile de Diospo fis ne méritaient pas une censure aussi sévère que celle de Zozime, qui probablement de les avait pas vues et ne les connaissait que sur un rapport infidèle. Ces deux évêques ayant trouvé dans les livres de Pélage, qui était alors en Palestine, plusieurs erreurs contre la foi catholique, envoyèrent ces livres aux évêques d'Afrique et y joi gairent une requête contre Pélage, comme Te disent saint Augustin et Orose. Ils en chargèrent Euloge évêque de Césarée, qui assembla à cet effet un concile à Diospolis; mais Lazare et Héros ne purent y assister, parce que l'un d'eux tomba dangereusement mmalade. Au reste, il n'est pas étonnant que le Pape Zozime se soit laissé surprendre par l'hérétique Pélage de la manière dont il avait enveloppé ses erreurs dans les lettres et la confession de foi qu'il envoya à Rome; tout autre y aurait été surpris, et saint Augustin avoue qu'à la lecture de la lettre de Pélage à la vierge Démétriade, il crut presque y trouver la doctrine catholique sur la grâce. Ce ne fut qu'en lisant les autres écrits que cet hérésiarque composa depuis, qu'il remarqua la différence de ses sentiments sur cette matière d'avec ceux de l'Eglise. Dans les précédents il avait abusé du lerine de grâce pour mieux cacher le venin de sa doctrine. Aussi Facundus, quoique persuadé que Zozime croyait Pélage et Célestius orthodoxes, soutient néanmoins qu'on ne peut inférer de sa conduite envers eux qu'il ait été répréhensible en cette occasion, puis qu'on ne doit pas faire un crime aux saints, de ne pas concevoir les ruses des méchants. Saint Augustin pense à peu près de la même manière lorsqu'il dit qu'on n'avait traité Pélage et Célestius plus doucement qu'ils ne le méritaient, que dans l'espérance de les corriger. Ce Père ajoute que Zozime usa encore de douceur par un autre motif; il cherchait à conserver à l'Eglise ces deux hommes qui auraient pu lui être utiles par la force de leur esprit, s'ils s'étaient corrigés de leurs erreurs. Enfin, il dit que Zozime ne s'éloigna en rien de la conduite d'Innocent son prédécesseur.

Lettre aux évéques d'Afrique. Les évêques sans s'étonner de la protection que Zozime paraissait accorder à Célestius, lui écrivirent pour le prier de ne pas lever l'excommunication prononcée contre cet hérétique, jusqu'à ce qu'ils eussent pu lui donner une connaissance plus approfondie de cette affaire. Ils disaient dans cette lettre au Pape Zozime: Nous avons ordonné que la sentence rendue par le vénérable évêque Innocent, contre Pélage et Célestius, subsistât, jusqu'à, ce qu'ils eussent confessé clairement, que la grâce de Jésus-Christ nous aide, non-seulement pour connaître, mais encore pour pratiquer la justice dans chaque action, de sorte que sans elle nous ne pouvons rien avoir, penser, dire ou faire, qui appartienne à la vraie piété. Hs ajoutaient qu'il ne suffisait pas pour les personnes moins éclairées, que Célestius eût dit en général qu'il s'en tenait

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Lettre de Zozime aux évêques des Gaules, d'Espagne et d'Afrique. La lettre de Zozime à tous les évêques des Gaules, d'Espagne et d'Afrique, fut écrite à l'occasion des évêques Ursus et Tuentius. Comme ces deux évêques avaient été ordonnés sans la participation de Patrocle métropolitain d'Arles dont l'autorité était nécessaire; il les déclara privés de tout rang ecclésiastique et même de la communion. Le Pape prétend dans sa lettre, qu'Ursus avait mêine déjà été déposé autrefois de la cléricature pour quelques crimes qu'il ne nomme pas, et ajoute aux autres défauts de son ordination, ceux d'avoir été faite en l'absence des évêques de la province et dans un autre jour que le dimanche. Il dit encore qu'on l'avait établi évêque dans une église dépendante de l'évêque d'Arles, et enfin que Lazare, condamné depuis longtemps dans le concile de Turin, pour avoir calomnié le bienheureux Brice de Tours, avait été présent à son ordination avec Proclus de Marseille, l'un des évêques qui avaient déposé Ursus de la cléricature dans le concile de Turin. Le Pape joint toujours Tuentius à Ursus; mais il dit en particulier du premier, qu'outre ses mauvaises mœurs, il avait été autrefois convainçu d'avoir suivi les erreurs de Priscillien. Toutefois, par une indulgence presque sans exemple, le SaintSiége lui avait pardonné, afin qu'il fut plus sage à l'avenir; ce qui aurait dû l'empêcher, s'il eût voulu marquer quelque repentir de sa vie passée, de se faire ordonner avec tant de précipitation. Il appuie ses allégations contre ces deux évêques, des actes et des témoins qu'on avait produits en sa présence contre eux, ainsi que plusieurs sentences qui témoignaient de leurs condamnations en divers pays: ce qui les fesait regarder ajoute t-il, comme des évêques vagabonds. Le Pape

à la fin de sa lettre, confirme les droits de la métropole d'Arles, comme il l'avait fait autrefois dans sa première lettre aux évêques des Gaules, à laquelle il renvoie. Le Pape l'envoya non-seulement dans Afrique, les Gaules et l'Espagne; mais dans tous les pays catholiques, afin qu'Ursus et Tuentius ne fussent reçus nulle part à la communion, et qu'on les traitât partout comme des personnes anathématisées.

Lettre aux évêques de la province Viennoise et de la seconde Narbonnaise. Proculus évêque de Marseille, autorisé du concile de Turin, prétendait avoir le droit d'ordonner les évêques dans la seconde Narbonnaise; et Simplice de Vienne s'attribuait le même droit dans sa province. Le Pape Zozie, sans aucun égard à ce qui avait été réglé dans ce concile, condamne ces deux évêques comme s'étant unis pour une entreprise téméraire, et déclare que le Saint-Siége inême ne pouvait lui accorder ce droit : «< car l'antiquité, ajoute-t-il, est vivante parmi nous et y est enracinée si profondément que rien ne la peut ébranler, puisqu'elle est fondée sur la vénération que les Pères lui ont acquise. Il appuie le droit de l'évêque d'Arles, sur ce que l'église de cette ville avait été établie par saint Trophime envoyé par les évêques de Rome. Cette lettre est du 29 septembre 417.

Lettre à Hilaire de Narbonne. Hilaire évêque de Narbonne prétendait aussi avoir le droit d'ordonner les évêques de la première Narbonnaise, et il paraît qu'il en avait obtenu un rescrit du Saint-Siége. I écrivit donc à Zozime, pour le prier de le maintenir dans ce droit; car, dit-il, il n'était pas juste qu'un évêque étranger vint Ordonner dans sa province. Le Pape supposant que le droit de Patrocle évêque d'Arles, était confirmé par une possession continuelle depuis saint Trophime, déclare le rescrit d'Hilaire subreptice, ordonne que le privilége d'Arles sera conservé et menace de déposition tous ceux qu'Hilaire aurait ordonnés, et Hilaire lui-même s'il ose ordonner quelqu'un, La date de cette lettre n'est pas la même dans tous les exemplaires, dans les uns elle est du troisième des ca'endes d'octobre, et dans d'autres du cinquième et du sixième des calendes du mêbe mois de l'an 417.

Lettre à Patrocle. Proculus, malgré la défense que lui avait faite le Pape de faire des ordinations, se soutint dans le droit, que lui avait accordé le concile de Turin. Zozime, informé de sa conduite, écrivit en septembre 417 à Patrocle évêque d'Arles, pour exhorter à se maintenir dans son droit de métropolitain. Il le charge en même temps de donner des lettres ferinées à tous les ecclésiastiques des Gaules qui voulaient se rendre à Rome, et de faire observer les interstices à ceux qui aspiraient aux ordres sacrés. Dans la seconde lettre du 5 mars 418, le Pape exhorte Patrocle à user contre Proculus de Marseille, de toute l'autorité que lui donnait son droit de métropolitain, et de

ne pas recevoir ceux que Proculus avait ordonnés ou sans les faire passer par les degrés inférieurs ou depuis sa condamnation. Cette lettre donne à penser que Zozime avait écrit plusieurs lettres sur le même sujet à Patrocle, et que Proculus se mettait peu en peine des menaces du souverain Pontife. Cette obstination de Proculus, obligea le Pape à le condamner, et à écrire au clergé et au peuple de Marseille afin de les engager à recevoir un autre évêque de la main. de Patrocle. Saint Jérôme parle de Proculus avec éloge; mais on ne peut l'excuser de sa résistance aux ordres du Pape Zozime.

Lettre à Hésychius. Hésychius, évêque de Salonne, métropole de Dalmatie, s'opposait de tout son pouvoir à l'ambition de ceux qui voulaient passer de l'état laïque aux plus hauts degrés du sacerdoce, sans garder les interstices; mais il souhaitait en cela l'autorisation du Saint-Siége. I en écrivit done au Pape qui lui répondit le 21 février 418, que ses prédécesseurs et luimême dans ses lettres aux évêques des Gaules et d'Espagne, avaient défendu d'élever à l'épiscopat ceux qui n'avaient pas gardé les interstices ordinaires, et qu'il était étonné de ce qu'Hesychius n'eût pas été informé de ce qui avait été réglé à ce sujet par le SaintSiége. Il dit donc à cet évêque de s'opposer de tout son pouvoir à de pareilles ordinations; car, si dans les charges séculières on doit passer par plusieurs degrés pour arriver au principal, à plus forte raison doit-on le faire quand il s'agit du gouvernement de l'Eglise. Il exige que l'on soit lecteur, exorciste, acolyte, sous-diacre et diacre avant que d'être élevé au sacerdoce, et que personne ne soit élevé à cette dignité avant l'âge requis et d'avoir prouvé sa probité dans les degrés inférieurs. Il s'élève contre les évêques qui pensaient s'acquérir de l'estime en conférant les ordres à des personnes à qui ils n'avaient rien autre chose à douner. Celui qui, dès son enfance, s'est dévoué au ministère des autels doit rester lecteur jusqu'à l'âge de vingt ans ; s'il s'est enrôlé dans la divine milice dans un age plus avancé, mais aussitôt après son baptême, il doit demeurer cinq ans dans le degré de lecteur ou d'exorciste, ensuite quatre ans dans l'ordre d'acolyte ou de sous-diacre, cinq ans dans celui de diacre, après quoi il pourra être élevé au sacerdoce et enfin à l'épiscopat, si ses mœurs sont bonnes et sa vie pure. Zozime en excepte les bigames et ceux qui ont été mis en pénitence, Les défenseurs pris entre les laïques seront soumis aux mêines règles que les laïques mêmes, quand ils méritent d'être admis dans la cléricature. Ou remarque que ce qui est prescrit ici touchant les interstices se trouve dans le Pontifical d'Egbert, archevêque d'York, et dans le Pontifical de Cahors, sous le nom du Pape Innocent; mais dans tous les manuscrits, cela fait partie de la lettre de Zozime.

Zozime condamne les pélagiens. - La let tre du Pape Zozime, du 21 mars 418, ne fut remise aux évêques d'Afrique que le 29

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