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dans chaque monastère un supérieur pour le gouverner, en l'absence de l'abbé ou du supérieur général de la congrégation On donnait à ce supérieur le titre de père et d'économe, et il avait sous lui un second pour le suppléer. Chaque monastère, comme nous l'avons dit, était partagé en plusieurs maisons ou familles, composées d'environ trente ou quarante religieux; chaque mai son avait un prévôt avec un second pour l'aider, et trois ou quatre maisons réunies prenaient le nom de tribu. Ceux qui exerçaient le même métier faisaient partie de la même famille, et ils allaient ensemble à l'ouvrage. Les familles se succédaient les unes aux autres dans les services communs. La première était chargée du soin de la table et de la cuisine; la seconde, des infirmeries; la troisième, de la garde des portes, de la réception des hôtes et du soin d'instruire les postulants, jusqu'à ce qu'ils eussent reçu l'habit. Les autres familles étaient destinées à des occupations diverses, comme de confectionner des nattes, du pain, des draps, des habits, de la toile, des sandales, des corbeilles et des paniers il y en avait pour le labour, la charpente, la tannenerie. Les prévôts rendaient compte de tous les ouvrages de leur famille, une fois par semaine, au supérieur du monastère. I's avaient aussi le soin de distribuer aux frères placés sous leur conduite, les habits et les livres convenables. Les frères observaient en toutes choses le rang de leur profession, soit pour commencer les psaumes, soit pour communier, ou pour toute autre chose qui se faisait en commun.

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Des novices. Lorsque quelqu'un se présentait, pour être religieux, on le faisait attendre quelques jours, pendant lesquels on observait sa vocation, sa naissance, sa condition. On lui faisait apprendre l'Oraison dominicale, autant de psaumes qu'il en pouvait retenir jusqu'à vingt, avec deux Epitres de saint Paul, ou quelqu'autre partie de l'Ecriture, puis toutes les règles du monastère qu'il avait à observer, soit en particulier, soit en commun. Après cette épreuve, l'abbé lui donnait l'habit du monastère et le laissait entre les mains du portier, qui l'amenait à l'assemblée des frères, pendant le temps de la prière, et on le faisait asseoir à une place d'où il ne sortait point que le prévôt de la famille à laquelle en l'associait ne vint le prendre pour lui tmontrer celle où il devait demeurer. Ses habits séculiers étaient remis entre les mains du supérieur qui les gardait. On obligeait les novices à apprendre à lire car on ne souffrait personne dans le monastère qui ne pût lire et apprendre par cœur une partie de l'Ecriture, au moins le Nouveau Testament et le psantier. Les enfants étaient admis dans le monastère; ils y mangeaient avec les religieux et servaient dans leur semaine. Quand les paroles ne suffisaient pas pour les corriger, on les fouettait; mais on adoucissait à leur égard l'austérité de la règle.

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Des habits. Les tuniques de lin, à l'usage des religieux de Tabenne, descendaient jusqu'aux genoux. La peau de chèvre qu'ils mettaient par-dessus, couvrait les épaules et descendait par derrière jusqu'en bas des cuisses I paraît qu'elle leur servait en même temps de besace. Le capuce dont ils couvraient leur tête était de laine et n'allait que jusqu'à la naissance des épaules. On y mettait des croix avec la marque'du monastère et de la famille à laquelle chaque moine appartenait. Ils portaient à l'église un petit manteau de toile, et ils ne pouvaient le porter ailleurs sans la permission du supérieur. En certaines occasions, ils se servaient de galoches ou sandales; mais ordinairement ils allaient pieds nus : c'est pourquoi ils avaient des instruments pour Oter les épines des pieds. Lorsqu'ils allaient en voyage, ils portaient des sandales et un baton.

Des offices. Les prières de la nuit se faisaient vers minuit. On en faisait d'autres le matin, et, après qu'elles étaient finies, celui qui était de semaine prenait l'ordre du supérieur pour tout ce qu'il y avait à faire, soit au dedans, soit au dehors du monastère. Il y avait aussi des prières ordo: nées avant le repas; six autres prières à l'heure des vêpres, et six avant d'aller coucher. Les vépres et les prières qui précédaient le coucher se disaient par chaque famille en particulier, mais dans le même ordre que celles qui se récitaient en commun. On appelait les frères à l'église et au réfectoire par le son de quelque instrument sur lequel on frappait, et c'était un semainier qui remplissait cette fonction. Ils communiaient, selon leur rang de profession, les pieds nus, n'ayant que leur tunique de lin et le capuce, et, autant qu'on peut le croire, avec un petit morceau de toile. Lorsqu'il fallait célébrer les saints mystères, saint Pacôme envoyait prier un prêtre de quelque église voisine, car, parmi ses disciples, il n'y en avait aucun qui fût clerc ; mais dans la suite, cependant, lorsqu'il se présentait quelque ecclésiastique pour être admis dans fa communauté, il le recevait, pourvu qu'il se soumît à la règle commune.

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Des repas et des jeunes. Chaque famille avait son heure réglée pour manger, mais les infirmes mangeaient à midi, les autres à une heure, et ainsi de suite, jusqu'à la nuit fermée, chacun selon ses forces et la famille à laquelle il appartenait. Il n'était pas permis de manger hors l'heure des repas, ni même de ramasser les fruits que l'on trouvait à terre dans le jardin. La règle était de jeûner tous les mercredis et vendredis, hors le temps de Pâques et de la Pentecôte. Dans les autres temps on mangeait à midi et le soir. Plusieurs cependant ne faisaient qu'un repas, et le second n'était que pour les enfants, les infirmes et les vieillards, ou dans les chaleurs excessives. Il y en avait qui sortaient de table après avoir mangé un peu de pain, se contentant presque de toucher à ce qu'on leur avait

Il lui était permis d'accepter des fruits et autres choses semblables, si on lui en ɔpportait, et même d'en goûter un peu. Le reste était pour l'infirmerie. Il n'en était pas de même des légumes ou de toute autre chose qui ne se mange qu'avec du pain. Le religieux ne devait pas en goûter, mais les remettre entre les mains du portier pour l'usage des infirmes. Les religieux allaient voir leurs parents malades, accompagnés d'un autre religieux que le supérieur ou le prévôt choisissaient. On leur donnait, en sortant du monastère, de quoi subvenir à leurs besoins pendant le voyage. S'ils ne pouvaient revenir le même jour, il leur était permis de manger chez d'autres religieux ou chez des ecclésiastiques orthodoxes, jamais chez leurs parents ni chez d'autres laïques. Ils pouvaient néanmoins recevoir à boire et à manger de leurs parents, mais en se conformant à la nourriture du monastère. On leur accordait encore d'assister aux funérailles de leurs parents. Lorsque quelqu'un des frères était mort, les autres passaient la nuit auprès du corps à veiller et à prier. Le lendemain on allait l'enterrer sur une montagne, à trois milles du Nil. Tous les frères y conduisaient le corps en chantant des psaumes, à moins que le supérieur n'ordonnât à quelqu'un de demeurer. On donnait aux infirmes des personnes pour les soutenir en chemin. Les parents du défunt assistaient au convoi et chantaient des psaumes avec les religieux. On offrait aussi le saint sacrifice à son intention. Les funérailles des frères se faisaient solennellement, même le jour de Pâques, si la circonstance se rencontrait.

servi, pour pouvoir dire qu'ils avaient fait un repas. Ceux qui voulaient manger dans leurs cellules ne prenaient que du pain, de l'eau et du sel, pour en manger une fois le jour, et souvent de deux jours l'un. Dans la semaine sainte, le jeûné était plus rigoureux, mais on exhortait ceux qui étaient faibles à manger tous les jours, excepté le vendredi. Quelques-uns, pendant le carême, passaient deux, trois et même quatre jours sans manger. La nourriture ordinaire des moines de Tabenne était du pain, des olives salées, du fromage, des herbes en salade, des figues et d'autres fruits de la saison. Le samedi et le dimanche on servait des légumes cuits avec de l'huile. Le vin n'était que pour les malades, et ils n'en pouvaient boire qu'à l'infirmerie. Il était interdit même à ceux qui étaient en voyage, comme aussi tout ce dont on n'avait pas coutume d'user dans le monastère. Les jours de jeûne il n'était pas permis de boire hors les repas. On donnait aux malades tout ce qui pouvait les soulager, même de la viande qu'on allait acheter dehors. Mais dans le monastère on nourrissait des porcs pour consommer les restes du réfectoire ou d'ailleurs, et ou en faisait manger les pieds, les entrailles et les extrémités aux vieillards malades. On servait aux étrangers la viande qui restait, ou on la vendait aux habitants du voisinage. Les repas se prenaient en silence, et quand on avait besoin de quelque chose, on frappait doucement pour appeler ceux qui servaient. Les moines mangeaient le capuce abaissé sur le visage, de sorte qu'ils ne pouvaient jeter les yeux hors de la table, ni voir ce qui était servi aux autres. Ils l'abaissaient de même lorsqu'ils priaient ou travaillaient en commun, à la réserve du supérieur qui les surveillait.

Des hôtes et des visites. Les hôtes étaient reçus au monastère, où on leur rendait toutes sortes de devoirs, particulièrement aux ecclésiastiques et aux moines. On leur lavait les pieds, et, après les avoir conduits au lieu destiné pour les recevoir, on leur donnait ce dont ils avaient besoin selon leur état. S'ils demandaient à assister à l'office avec la communauté, le portier les y conduisait, après avoir appris d'eux-mêmes s'ils étaient catholiques, et en avoir obtenu la permission du supérieur. On exerçait aussi l'hospitalité envers les séculiers, même les femmes, soit de jour, soit de nuit, et on prenait d'elles un soin tout particulier à cause de leur faiblesse. Il y avait pour elles un logement séparé, afin d'ôter toute occasion de Scandale. Il paraît même qu'on leur accordait d'entrer dans le lieu destiné à la prière, mais tous les services qu'on leur rendait ne devaient aucunement empêcher la communauté de vaquer aux exercices ordinaires. Lorsque le parent de quelque religieux demandait à le voir, le portier en avertissait le supérieur et, avec sa permission, et celle du prévôt de la famille dont il était, ce religieux, accompagné de quelqu'un des anciens, allait à la porte recevoir la visite de son parent.

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Des travaux, etc. Chaque semaine on rendait compte au supérieur du travail que l'on avait fait. Les religieux travaillaient même la nuit, lorsqu'ils s'assemblaient pour l'office, afin d'éviter l'oisiveté. Ce travail consistait à préparer les ligaments nécessaires pour les nattes. On allumait du feu après l'instruction que les prévôts de famille faisaient aux religieux, ce qui arrivait deux ou trois fois par semaine. Les frères écoutaient assis ou debout, chacun dans leur rang. L'instruction du dimanche, dont le supérieur était chargé, se faisait dans un lieu différent de celle des autres jours. Les frères tenaient encore une conférence entre eux dans chaque famille, après les prières du matin, et avant de rentrer dans leurs cellules, pour se remettre en mémoire ce que les prévôts leur avaient dit. En allant d'un lieu à un autre ils méditaient quelque passage de l'Ecriture. Les prévôts avaient la garde des livres; les semainiers en distribuaient aux religieux, qui les rendaient à la fin de la semaine.

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Du silence, etc. Le silence était gardé si exactement à Tabenne qu'un religieux qui avait quelque chose de nécessaire à dire ne devait s'exprimer que par signe. Seulement il leur était permis de chanter des psaumes ou quelque autre partie de l'Ecriture pendant le travail. Ils n'avaient dans

leur cellule que ce qui leur était absolument nécessaire et autorisé par la règle. Ils remettaient entre les mains des supérieurs les livres, les habits et les autres choses dont ils n'avaient pas actuellement besoin. Leur scrupule là-dessus allait si loin que, quand ils faisaient blanchir leurs tuniques, si elles n'étaient pas sèches, ils les remettaient entre les mains des officiers jusqu'au lendemain, où on les leur rendait pour achever de les sécher. Ils gagnaient par leur travail, non-seulement de quoi fournir à leur entretien, mais encore à la subsistance des étrangers et des pauvres. Tels sont les principaux articles de la Règle que saint Pacôme donna à ses religieux. Nous en avons étendu l'analyse avec une certaine complaisance, parce que, comme nous l'avons observé, cette règle est la première qui ait donné une forme à la vie cénobitique.

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Règle pour les vierges. L'auteur de la Vie du saint solitaire apporte que sa sœur, informée de ses vertus et de sa sainteté, vint à son monastère pour le voir. Il lui fit transmettre cette réponse par le portier: « Ma sœur, vous savez maintenant que je suis vivant; allez en paix et ne soyez point trop affligée de ce que je refuse de vous voir des yeux du corps. Si vous voulez embrasser ma manière de vivre, pensez-y mûrement; et quand je remarquerai que ce désir est devenu chez vous une résolution bien arrêtée, je vous ferai bâtir un logement où vous pourrez demeurer sans manquer à la bienséance; et alors, je ne doute point que, par votre exemple, le Seigneur n'en attire d'autres à vous imiter. » Ces paroles lui arrachèrent d'abord des larmes amères, mais touchée de componction, elle résolut de se consacrer à Dieu. Saint Pacôme lui fit bâtir un monastère, séparé du sien par le Nil; et, en peu de temps, elle devint la supérieure d'un grand nombre de filles qui suivirent son exemple. On voit par Pallade qu'elles étaient déjà plus de quatre cents, dès l'an 420. C'est pour ces religieuses que fut dressée la Règle que nous allons analyser, et qui se trouve à la suite de celle de saint Pacôme, dans Pallade et dans Bollandus. On ne possède aucuns documents qui prouvent qu'elle soit de lui ou de son disciple saint Théodore

Selon cette Règle, personne, sans une permission particulière, ne pouvait rendre visite aux religieuses, excepté le prêtre et le diacre désignés pour les servir; et encore, n'y allaient-ils que les dimanches et les fêtes. Les religieux qui avaient quelques parentes parmi ces filles, pouvaient, avec permission l'aller voir, mais accompagnés de quelqu'un des plus anciens et des plus avancés dans la vie spirituelle. Ils voyaient d'abord la supérieure, et ensuite leur parente, en présence de la supérieure et des principales religieuses du monastère, mais sans lui faire et sans recevoir d'elle aucun présent. Les religieux les assistaient dans leurs besoins. Is construisaient même leurs bâtiments, so s la conduite de quelqu'un choisi

parmi les plus sages de la communauté; mais ils ne mangeaint et ne buvaient jamais chez elles, et revenaient toujours à leur monastère, à l'heure du repas. Le supérieur leur envoyait du lin et de la laine, dont elles faisaient, suivant l'ordre de l'économe général, les étoffes nécessaires pour elles et pour les religieux. Lorsqu'une d'entre elles était morte, elles apportaient le corps jusqu'à un endroit désigné; alors les religieux venaient le prendre en chantant des psaumes, et allaient l'enterrer sur la montagne où était leur cimetière.

Lettres. Quoique saint Pacôme se fût déchargé sur plusieurs de ses disciples du soin de ses monastères, cependant il ne laissait pas de veiller sur leur conduite et de leur donner par écrit les avis dont ils avaient besoin pour le gouvernement des âmes. Gennade remarque que dans les lettres qu'il écrivit à ce sujet, il se servait des caractères de l'alphabet grec, comme d'un chiffre, pour leur parler un langage qui ne devait être entendu que d'eux seuls, et leur développer des mystères, accessibles seulement aux personnes de la plus haute spiritualité. Les supérieurs qui de leur côté étaient des hommes tout spirituels, lui répondaient de la même manière. Gennade, qui a fait un catalogue de ces lettres, dit qu'il y en avait une adressée à l'abbé Syr, une à Corneille, deux circulaires communes à tous les supérieurs des monastères, pour les inviter à s'assembler à Tabenne deux fois l'année, savoir, à Pâques, pour célèbrer ensemble la solennité, et le 13 du mois d'août pour la rémission générale de toutes les fautes; une autre aux frères envoyés en mission hors du monastère, et que l'on croit être la même que celle qui est adressée « aux frères qui tondaient des chèvres dans le désert, pour employer leur poil à faire des cilices. » Holsténius nous à donné loutes ces lettres dans la collection des Règles dressée par saint Benoît d'Aniane, ainsi que quelques autres que Gennade ne paraît pas avoir connues. Par exemple, on en trouve deux à Corneille, alors supérieur du monastère de Montcasse; et indépendamment de celle qui est adressée particulièrement à Syr, abbé de Pachum, nous en ayons deux autres, qui lui sont communes avec Jean, prévôt d'une des familles du même monastère. Toutes ces lettres sout plus ou moins énigmatiques, et composées presque entièrement des paroles de l'Ecriture. La lettre qui convoque les supérieurs des monastères à l'assemblée de Pâques, ne dit rien de cette fête, et le titre seul indique à quel sujet elle fut écrite, Celle qui regarde l'assemblée du mois d'août, porte qu'elle avait pour but de terminer tous les différends survenus entre les frères, afin qu'ils se pardonnassent les uns aux autres, et qu'ainsi la paix de Dieu, la vérité et la charité pussent établir leur règne dans les

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nome du travail et de la depense de toute l'année. Il paraît que ces sortes d'assemblées étaient aussi anciennes que la congrégation cle-même.

Saint Jérôme traduisit ces lettres de saint Pacôme du grec en latin, en s'efforçant de leur conserver la simplicité primitive du texte égyptien, de peur qu'un style trop orné ne rappelât pas assez l'esprit de ces hommes apostoliques, dont tout l'agrément était dans la grâce céleste qui leur venait d'en haut. Mais il n'essaya pas même d'expliquer le langage énigmatique dont elles. étaient remplies; il se contenta seulement de reproduire les chiffres et les lettres de l'alphabet grec, comme il les trouvait.

Prédictions de saint Pacôme, etc. On a mis à la suite de ses lettres divers avis qu'il donne aux religieux de ses monastères et particulièrement à ceux de Montcasse, et dans lesquels il leur marquait ce qui devait arriver dans la suite des temps aux supé rieurs et aux chefs de ses monastères. Ces paroles d'un style figuré et prophétique sont formées de caractères grecs dont nous n'avons pas la clef. L'écrit qui a pour titre Avertissement de saint Pacôme, est très-édifiant. On cite de lui une lettre adressée à tous les monastères, pour les exhorter à ne rien craindre des apparitions des démons; une autre aux religieux de Pabau pour leur apprendre les lunaisons dans les années communes et les années intercalaires ou bissextiles afin qu'ils fussent fixés sur la célébration de la Pâque. On y trouve aussi un cycle de dixneuf ans que Dieu lui avait envoyé par un ange, si l'on en croit quelques anciens auteurs. Aubert de la Myre assure que, sous le titre de Règles des Peres, on conserve plusieurs traités ascétiques de saint Pacôme, dans l'abbaye de saint Maximin à Trèves, et dans celle des chanoines réguliers à Cologue. Jean de Nimègue avait entre les mains un autre écrit qu'il prétendait être de saint Pacôme, et qu'il se proposait de publier. Nous ne pensons pas qu'il l'ait fait, Il ne nous reste rien des discours que le saint abbé avait coutume d'adresser à ses disciples, pour les encourager à la pratique de la vertu. Nous savons seulement qu'il y traitait de la prière, de la méditation des vérités éternelles, des ruses de l'ennemi du genre humain et des moyens de vaincré les tentations. Il y expliquait les passages difficiles de l'Ecriture, et particulièrement ceux qui regardaient les mystères de l'incarnation, de la croix et de la résurrection de Jésus-Christ. Théodore, qu'il avait établi supérieur du monastère de Tabenne, se rendait tous les jours dans celui de Pabau, où saint Pacôme s'était fixé, pour entendre les discours qu'il adressait aux frères et les rapporter aussitôt à ceux de Tabenne, afin qu'ils pussent les méditer, avant d'aller prendre leur repas.

Les œuvres de saint Pacôme sont dans les collections des Pères et dans le Cours complet de Patrologie.

PALLADE, qui devint plus tard évêque DICTIONN. DE PATROLOGIE. IV.

d'Hélénopolis et fut transféré ensuite sur le siége d'Aspone, naquit en 368, dans la Galatie. De bonne heure, il montra du penchant pour la vertu, et embrassa la vie soJitaire dès l'âge de vingt ans. Il passa les deux années suivantes dans la Palestine, d'abord avec l'abbé Elpide de Cappadoce, qui menait une vie très-austère, dans les cavernes des Amorrhéens aux environs de Jéricho; ensuite avec les saints anachorètes Gaddade et Elie, qui demeuraient sur les bords du Jourdain, auprès de la mer Morte, et enfin avec Possidonius à Bethléem, au delà du lieu appelé le Pastoral, en souvenir de l'apparition de l'ange aux pasteurs. Il se rendit pour la première fois à Alexandrie en 388 et s'adressa au célèbre prêtre Isidore, qui le mit sous la conduite d'un vieillard nommé Dorothée, qui, depuis environ soixante ans, menait une vie très-austère, retiré au fond d'une caverne à deux lieues de la ville. Il parcourut ensuite divers monastères voisins d'Alexandrie et y conversa avec plusieurs saints personnages, entre autres avec l'aveugle Didyme. Au bout de trois ans, il se rendit à la montagne de Nitrie, d'où il passa dans la solitude intérieure des cellules, où il demeura neuf ans. Il y trouva saint Macaire d'Alexandrie, qui lui apprit beaucoup de choses, et il fut témoin de quelques-uns de ses miracles. Pendant son séjour dans le désert des cellules, il eut pour conducteur Evagre de Pont, et pour compagnon un diacre nommé Albin, avec lequel il se lia d'une étroite amitié. Ils firent ensemble le voyage de Scété, où il passa quinze jours auprès de ceux des pieux anachorètes qui avaient vieilli dans le désert. Dans une visite qu'il rendit à saint Jean de Lycopolis, en 394, ce saint lui prédit qu'il serait un jour évêque, mais que dans cette charge il aurait à essuyer beaucoup de travaux et d'afflictions. Pour les éviter, il lui conseillait de rester dans la solitude. Ce fut vers le même temps qu'il visita le saint prêtre Crone, Jacques le Boiteux, disciple de saint Antoine et plusieurs autres illustres solitaires de l'Egypte, de la Libye, de la Thébaïde, jusqu'à Tabenne, de la Mésopotamie et de la Syrie. Il faisait à pied des voyages de trente à soixante journées, oubliant les fatigues et s'estimant heureux de rencontrer quelquefois un seul homme de Dieu dont les instructions et les prières pouvaient lui procurer un bien qu'il n'avait pas. Il était encore dans le désert, lorsqu'il se vit attaqué d'une maladie d'estomac pour laquelle les médecins lui conseillèrent d'aller respirer l'air de la Palestine. Il ne fit presque qu'y passer et se rendit en Bithynie.

Le temps alors avait effacé de sa mémoire la prédiction de Jean de Lycopolis et pourtant elle ne tarda pas à se réaliser. C'est en cette province qu'il se vit appelé aux honneurs de la dignité épiscopale. Il ne veut pas décider si ce fut par un simple jugement des hommes ou par un ordre favorable de la Providence divine, mais il avone avec hu

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milité que cette dignité était beaucoup audessus de son mérite et de ses forces. Ön ne sait pas au juste l'époque de son ordination, mais on ne peut la mettre plus tard qu'au commencement de l'an 400, puisqu'il assista au concile de Constantinople, tenu au mois de mai de la même année, et dans lequel Antonin d'Ephèse fut accusé de simonie. Pallade fut du nombre des évêques que saint Chrysostome, avant la tenue du concile, avait envoyés en Asie, pour vérifier les chefs d'accusation portés contre Antonin; et l'année suivante, il accompagna le saint patriarche dans le v yage qu'il fit à Ephèse pour la même affaire. Il paraît par là qu'il y avait entre ces deux évêques une grande union. Comme Hélénopolis, sa ville épiscopale, n'était pas éloignée de Constantinople, il eut occasion de connaître particuJièrement la vertu de sainte Olympiade, et il fut même chargé par elle de distribuer de grandes sommes d'argent aux pauvres. Dans le conciliabule du Chesne, tenu contre saint Chrysostome, en 403, par Théophile d'Alexandrie, Pallade, avec quelques autres, fut accusé d'origénisme. Il ne paraît pas néanmoins qu'il en ait été convaincu ni qu'on ait rien conclu contre lui dans cette assemblée. Mais, saint Chrysostome ayant été banni l'année suivante, Pallade se retira à Rome, pour se dérober à la fureur des magistrats animés contre les défenseurs de ce saint évêque. Il y fut fort bien reçu par Pinien, et ce fut sans doute pendant ce voyage qu'il visita les personnes de piété qui vivaient alors en Campanie et dans les provinces voi

sines de Rome.

En 406, il se joignit aux députés que l'empereur Honorius et le pape Innocent envoyèrent à Arcade, pour demander le rétablissement de saint Chrysostome et la réunion d'un concile général à Thessalonique; mais on l'enferma avec eux dans le château d'Albyre en Thrace, d'où il fut relégué à Syène, aux extrémités de l'Egypte. Pallade eut beaucoup à souffrir dans cette occasion, et pendant onze mois qu'il se vit contraint de demeurer caché dans une chambre obscure, il put se rappeler plus d'une fois, pour Ja méditer, la prédiction de saint Jean de Lycopolis.

Il témoigne dans son Histoire, qu'il avait demeuré quatre ans à Antinople dans la Thébaïde; mais il n'est pas facile d'en fixer le commencement. Tout ce qu'on peut dire, c'est que son séjour en cette ville précéda le temps où il écrivit cet ouvrage, c'est-àdire, l'an 420. Il visita tous les monastères des environs d'Antinople, lesquels étaient composés d'environ douze cents moines, qui vivaient tous du travail de leurs mains, et dont quelques-uns n'avaient point d'autres retraites que des cavernes. Il y avait aussi près de cette ville douze monastères de filles, dont les uns étaient fermés à la clef, et les autres n'avaient d'autre barrière que la charité qui les unissait ensemble. Pallade entra dans celui qui avait pour supérieure une sainte femme, nommée Ama

talide, qui avait déjà passé quatre-vingts ans dans les exercices de la piété. Les filles de ce monastère allaient recevoir la communion à l'église de la ville, excepté une nommée Taor, qui étant d'une beauté singulière, ne voulait point sortir de la maison de peur d'attirer sur elle quelques regards immodestes. Depuis trente ans qu'elle habitait le monastère, elle ne s'était couverte que de haillons et n'avait cessé de travailler à se mortifier. Pallade raconte qu'une vierge recluse, qui dans ce temps-là demeurait aussi dans le voisinage d'Antinople, se voyant sur le point de mourir, avait prié sa mère de remettre un commentaire de saint Clément d'Alexandrie sur la prophétie d'Amos, à l'évêque banni, et de la recommander à ses prières. On croit que cet évêque banni était Pallade lui-même."

La suite de sa narration nous apprend qu'il passa ensuite trois années sur la montagne des Oliviers, avec un prêtre de ce lieu, nommé Innocent. Il y a toute apparence que ce fut vers ce temps-là, c'est-à-dire, après 413, qu'il conduisit de Jérusalem en Egypte la vierge Salvie, sœur de Rufin. Il y a tout lieu de croire aussi qu'il demeura quelque temps à Césarée en Palestine, et qu'il y fut témoin oculaire de ce qu'il raconte d'un jeune lecteur, nommé Eustathe, que le ciel justifia d'une calomnie infâme portée contre lui par une fille consacrée à Dieu. Pa lade lit encore un voyage à Ancyre dans la Galatie, où il vit le comte Sévérien et Bosphorie, sa femme, dont il a décrit les vertus.

vit dans la même ville plusieurs autres personnes de piété, et plus de deux mille vierges recommandables par leur humilité, leur chasteté et leur douceur.

Les troubles occasionnés par la déposition de saint Chrysostome se trouvant apaisés vers l'an 417, les évêques chassés de leurs siéges eurent la liberté d'y rentrer; mais il paraît que celui d'Hélénopolis se trouvant rempli, Pallade, pour ne point troubler de nouveau la paix dont l'Eglise ne faisait que goûter, consentit volontiers à continuer de travailler à son salut comme un simple clerc, jusqu'à ce qu'une église vacante vint à se présenter. En effet, Socrate nous apprend qu'il fut transféré de l'église d'Hélénopolis à celle d'Aspone, dans la première Galatie. Mais ou il ne vivait plus en 431, ou il avait renoncé à son titre, puisque dans les souscriptions du concile d'Ephèse, tenu la même année, on trouve un nommé Eusèbe, évêque d'Aspone. Quoi qu'il en soit, Pallade est plus connu sous le titre d'évêque d'Hélénopolis, parce que c'est celui qu'il s'est donné en tête de son histoire, publiée en 419 ou 420.

Histoire Lausiaque. - Nous avons insisté, dans la notice qui précède, sur plusieurs particularités que le lecteur aura trouvées frivoles, mais dont le récit cependant remplissait notre but, puisqu'elles donnent une idée de cette histoire, dont elles font partie, et qu'elles nous dispensent par là même de l'analyser. En parcourant les différentes

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