Ut veniat? Lacrymæ siccentur protinus, et se Da testem, judex quum dixerit : audeat ille Præmia nunc alia, atque alia emolumenta notemus Sacramentorum. Convallem ruris aviti Improbus, aut campum mihi si vicinus ademit, Crois-moi, sèche tes pleurs; ne va pas, tout confus, On trouvera plutôt, dans ces temps dissolus, Qu'un témoin vrai, parlant contre un homme de guerre. Où j'apporte, selon l'usage, tous les ans, Il faut, toute une année, attendre sans succès Dépouille sa lacerne; et, par un soin prudent, Ast illis, quos arma tegunt et balteus ambit, Solis præterea testandi militibus jus Vivo patre datur: nam, quæ sunt parta labore Quant à l'homme qui ceint l'épée et le fourreau, Du vivant de son père un soldat peut tester; Aient des marques d'honneur, et soient traités le mieux....... NOTES DES SATIRES DE PERSE. PROLOGUE. Ce prologue, où Perse fait la satire des mauvais poëtes de son temps, est écrit en vers ïambiques scazons, c'est-à-dire boiteux. Le dernier vers pourtant est un ïambique régulier, majestueux et plein de nombre: chose bizarre, et qui embarrasse fort les éditeurs. Peut-être, par ce dernier vers, Perse a-t-il voulu passer plus harmonieusement aux vers hexamètres de la première satire, qui probablement n'était point séparée autrefois du prologue. V. 2. Nec in bicipiti somniasse, etc. Ennius, suivant le vieux scoliaste, prétendait, dans ses Annales, que l'âme d'Homère avait passé en lui; et sa preuve était qu'il l'avait rêvé sur le Parnasse. V. 4. Pallidamque Pirenen. - Pirène, fontaine située près de Corinthe, et consacrée aux Muses. Il y a deux manières d'expliquer cette épithète pallidam: les uns regardent ce mot comme une allusion à l'étude, parce qu'elle fait pâlir; les autres y trouvent l'origine de la nymphe Pirène, qui, à force de pleurer son fils Cenchrias, que Diane avait tué par mégarde, fut changée en fontaine. V. 6. Пlederæ sequaces. Les couronnes de lierre ou de laurier sont les attributs de Bacchus et d'Apollon, l'un et l'autre protecteurs des poëtes. V. 9. Corvos quis olim, etc.. Plusieurs commentateurs considèrent ce vers comme apocryphe. On doit dire qu'il ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits. En admettant ce vers comme de Perse, il faut y voir une allusion à l'anecdote du chevalier romain qui avait dressé des corbeaux à dire, l'un, Ave, Cæsar, victor imperator; et l'autre, Ave, Antoni, victor imperator, afin de pouvoir saluer le vainqueur, quelle que fût l'issue de la bataille d'Actium. NOTES DES SATIRES DE PERSE. 489 SATIRE I. V. 1. O curas hominum! etc. - Casaubon remarque que cette satire commence comme l'Ecclésiaste : Vanitas vanitatum, et omnia vanitas. V. 4. Næ mihi Polydamas, etc. Allusion satirique à Néron et à ses courtisans. Néron s'était ridiculement passionné pour la nation troyenne et pour la cour de Priam. Perse désigne ici l'empereur sous le nom de Polydamas, personnage de l'Iliade. Même vers. Labeonem. · · Accius ou Attius Labéon, pitoyable traducteur d'Homère. On doit croire que Néron estimait fort cette traduction plate et ridicule. V. 10. Nucibus facimus, etc. Chez les Romains, les noix servaient à différents jeux de l'enfance. V. 17. Sede leges celsa, etc. - Ces lectures publiques jouaient un grand rôle dans la vie des Romains. Après la séance, l'auteur faisait copier son manuscrit par les libraires, qui vendaient ces copies au public. V. 20. Ingentes trepidare Titos. Le prénom de Titus était un des plus honorables. - Perse entend par Titos les grands de Rome. V. 29. Dictata fuisse, etc. Ce vers est dirigé contre Néron, qui avait ordonné, par un édit, que ses vers fussent dictés aux jeunes gens dans les écoles. V. 34. Phyllidas, Hypsipylas, etc.-Phyllis, reine de Thrace, se croyant trahie par Démophon, fils de Thésée, se pendit de désespoir. Hypsipyle, fille de Thoas, roi de Lemnos, fut abandonnée par Jason. La deuxième et la sixième héroïde d'Ovide sont intitulées Phyllis, Hypsipyle. V. 42 et 43. Cedro digna locutus. - Les anciens enfermaient dans le cèdre ou enduisaient d'huile de cèdre les ouvrages qu'ils voulaient conserver. Le cyprès avait la même propriété que le bois de cèdre. Horace a dit, Art poétique, vers 332: Speramus carmina fingi Posse linenda cedro, et levi servanda cupressu. Les mauvais ouvrages allaient, comme aujourd'hui, envelopper le beurre et les harengs. V. 51. Ebria veratro, etc. s'enivrait d'ellébore. Ce Labéon, pour exalter sa verve, V. 58. O Jane, etc. deux visages. Les trois genres de moquerie exprimés dans ces vers étaient fort usités chez les Romains. On figurait le bec de cigogne avec l'index et le pouce rapprochés ; les oreilles d'âne, en plaçant le pouce contre l'oreille et en remuant la main. V. 65. Scit tendere versum, etc. Cette métaphore est empruntée des ouvriers qui ferment un œil pour tirer une ligne droite, qu'ils tracent avec de la pierre rouge. V. 70. Nugari solitos græce. Le grec était la base de l'éducation à Rome, comme chez nous le latin. V. 72. Fumosa Palilia fœno. - Palès, déesse des pâturages. Pour célébrer sa fête, on allumait des feux de paille et de foin. V. 76. Brisæi liber Acci. Cet Accius, qu'il ne faut pas confondre avec Accius Labéon, est surnommé ici le bachique « Brisæus » parce qu'il est l'auteur d'une tragédie intitulée les Bacchantes. V. 77. Sunt quos Pacuvius, etc. - Pacuvius, neveu d'Ennius. Il avait composé une tragédie d' Antiope, pour laquelle Cicéron ne professait pas le même dédain que Perse. Quant à Martial, il a dit, en parlant de Pacuvius: Accius et quidquid Pacuviusque vomunt. V. 83. Nilne pudet, etc. --Perse, qui vient d'attaquer les mauvais poëtes, dirige maintenant ses traits contre l'ineptie et la vanité des orateurs et des avocats. V. 85. Pedio, etc. Il importe peu de savoir au juste quel était ce Pédius. On lit dans Tacite, Annal., XIV, 18, que Pédius Blæsus fut accusé de concussion par les habitants de Cyrène, et chassé du sénat sous le règne de Néron. Perse a-t-il voulu désigner ce Pédius? Voilà ce qu'on aurait peine à décider. V. 87. An, Romule, ceves? Cevere signifie proprement remuer la queue comme un chien qui flatte. V. 89. Fracta te in trabe pictum. — Ce vers est une imitation de l'Art poétique d'Horace, vers 20: Quid hoc, si fractis enatat exspes Navibus, ære dato qui pingitur? Nous avons vu, dans plusieurs passages de Juvenal, que les naufragés allaient portant sur l'épaule le tableau de leur désastre, afin d'émouvoir la pitié du public. |