a transporté je touche! Ici pour la première fois je sentis la passion, commotion étrange! supé«rieur et calme dans toutes les autres jouissan«ces, ici foible uniquement contre le charme du regard puissant de la beauté. Ou la nature a « failli en moi, et m'a laissé quelque partie non «< assez à l'épreuve pour résister à un pareil objet; ou dans ce qu'on a soustrait de mon côté, «on m'a peut-être pris plus qu'il ne falloit du « moins on a prodigué à la femme trop d'ornement, « à l'extérieur achevée, à l'intérieur moins finie. Je comprends bien que, selon le premier des « « à l'image de celui qui nous fit tous deux, et elle exprime moins le caractère de cette domination « donnée sur les autres créatures. Cependant, quand j'approche de ses séductions, elle me « semble si parfaite et en elle-même si accom«< plie, si instruite de ses droits, que ce qu'elle « veut faire ou dire paroît le plus sage, le plus « vertueux, le plus discret, le meilleur. Toute « science plus haute tombe abaissée en sa pré« sence; la sagesse, discourant avec elle, se perd « déconcertée et paroît folie. L'autorité et la rai« son la suivent, comme si elle avoit été projetée « la première, non faite la seconde occasionnelle«ment pour achever tout, la grandeur d'âme Far otherwise, transported I behold, His image who made both, and less expressing « « Aussi bien qu'admires-tu? qu'est-ce qui te transporte ainsi? Des dehors! beaux sans doute << et bien dignes de ta tendresse, de ton hommage, << et de ton amour, non de ta servitude. Pèse-toi << avec la femme, ensuite évalue : souvent rien n'est plus profitable que l'estime de soi-même « bien ménagée, et fondée en justice et en raison. « Plus tu connoîtras de cette science, plus ta compagne te reconnoîtra pour son chef, à des « réalités cédera toutes ses apparences. Elle est « faite ainsi ornée pour te plaire davantage, ainsi « imposante pour que tu puisses aimer avec hon<< neur ta compagne, qui voit quand tu parois le << moins sage. As one intended first, not after made To whom the angel with contracted brow: « Accuse not nature; she hath done her part; Do thou but thine; and be not diffident Of wisdom; she deserts thee not, if thou Less excellent, as thou thyself perceiv'st. For, what admir'st thou, what transports thee so? An outside? fair, no doubt, and worthy well Thy cherishing, thy honouring, and thy love; Not thy subjection: weigh with her thyself; Then value :oft-times nothing profits more Than self-esteem, grounded on just and right Well manag'd; of that skill the more thou know'st, The more she will acknowledge thee her head, And to realities yield all her shows : Made to adorn for thy delight the more, So awful, that with honour thou may'st love Thy mate, who sees when thou art seen least wise. rendu commun si quelque chose existoit là de dans, digne de subjuguer l'âme de l'homme ou de lui inspirer la passion. a « Ce que tu trouves d'élevé, d'attrayant, de doux, de raisonnable, dans la société de ta compagne, aime-le toujours; en aimant tu fais bien; dans la passion, non, car en celle-ci le ⚫ véritable amour ne consiste pas. L'amour épure ⚫les pensées et élargit le cœur ; il a son siége dans la raison, et il est judicieux; il est l'échelle par laquelle tu peux monter à l'amour céleste, n'étant pas plongé dans le plaisir charnel: c'est pour cette cause que parmi les bêtes aucune compagne ne t'a été trouvée. » Adam, à demi honteux répliqua : Ni l'extérieur de la femme, formé si beau, ni rien de la procréation commune à toutes les espèces (quoique je pense du lit nuptial d'une manière beaucoup plus élevée et avec un mystérieux respect), ne me plaisent autant dans ma compagne que ces manières gracieuses, ces mille décences sans cesse découlant de toutes ses paroles, de toutes ses actions mêlées d'amour, de douce complaisance, qui révèlent une union sincère d'esprit, ou une seule âme entre nous deux : harmonie de deux époux, plus agréable à voir qu'un son harmonieux à entendre. Toutefois ces choses ne me subjuguent pas : Beyond all other; think the same vouchsaf'd « « j'approuve. Tu ne me blâmes pas d'aimer, car ‹l'amour, tu le dis, nous élève au ciel; il en « est à la fois le chemin et le guide. Souffre-moi donc, si ce que je demande est permis les es« prits célestes n'aiment-ils point? Comment ex«priment-ils leur amour? Par regards seulement? « Ou mêleut-ils leur lumière rayonnante par un << toucher virtuel ou immédiat? »> L'ange, avec un sourire qu'animoit la rougeur des roses célestes, propre couleur de l'amour, lui répondit : Qu'il te suffise de savoir que nous sommes heureux, et que sans amour il n'y a point « de bonheur. Tout ce que tu goûtes de plaisir << pur dans ton corps (et tu fus créé pur), nous le goûtons dans un degré plus éminent : nous ne « trouvons point d'obstacles de membrane, de «< jointure, ou de membre, barrières exclusives. << Plus aisément que l'air avec l'air, si les esprits << s'embrassent, ils se confondent, le pur désirant « l'union avec le pur : ils n'ont pas besoin d'un « moyen de transmission borné, comme la chair « pour s'unir à la chair ou l'âme à l'âme. " << Mais je ne puis à présent rester davantage : « le soleil, s'abaissant au delà des terres du cap More grateful than harmonious sound to th' ear. Yet these subject not: I to thee disclose What inward thence I feel, not therefore foil'd, « Let it suffice thee that thou know'st « Vert et des îles ondoyantes de l'Hespérie, se « couche c'est le signal de mon départ. Sois ferme; vis heureux et aime! mais aimę Dieu << avant tout; lui obéir, c'est l'aimer. Observe son << grand commandement : prends garde que la passion n'entraîne ton jugement à faire ce qu'au<< trement ta volonté libre n'admettroit pas. Le « malheur ou le bonheur de toi et de tes fils est « en toi placé. Sois sur tes gardes; moi, et tous « les esprits bienheureux, nous nous réjouirons « dans ta persévérance. Tiens-toi ferme : rester « debout ou tomber dépend de ton libre arbitre. << Parfait intérieurement, ne cherche pas de se« cours extérieur, et repousse toute tentation de « désobéir. »> Il dit, et se leva. Adam le suivoit avec des bénédictions: << Puisqu'il te faut partir, va, hôte céleste, « messager divin, envoyé de celui dont j'adore « la bonté souveraine! Douce et affable a été pour << moi ta condescendance; elle sera honorée à jamais dans ma reconnoissante mémoire. Sois « toujours bon et amical pour l'espèce humaine, « et reviens souvent! » Ainsi ils se séparèrent de l'épais ombrage l'ange retourna au ciel, et Adam à son berceau. << But I can now no more; the parting sun, Beyond the earth's Green cape and verdant isles Hesperian sets, my signal to depart. Be strong, live happy, and love! but, first of all, « Since to part, LIVRE NEUVIÈME. ARGUMENT. Satan ayant parcouru la terre avec une fourberie méditée, revient de nuit comme un brouillard dans le paradis; il entre dans le serpent endormi. Adam et Ève sortent au matin pour leurs ouvrages, qu'Ève propose de diviser en différents endroits, chacun travaillant à part. Adam n'y consent pas, alléguant le danger, de peur que l'ennemi dont ils ont été avertis ne la tentât quand il la trouveroit seule. Ève offensée de n'être pas crue ou assez circons pecte, ou assez ferme, insiste pour aller à part, dési reuse de mieux faire preuve de sa force. Adam cède enfin; le serpent la trouve seule : sa subtile approche, d'abord contemplant, ensuite parlant, et avec beaucoup de flatterie élevant Ève au-dessus de toutes les autres créatures. Ève, étonnée d'entendre le serpent parler, lui demande comment il a acquis la voix humaine et l'intelligence qu'il n'avoit pas jusqu'alors. Le serpent répond qu'ea goûtant d'un certain arbre dans le paradis il a acquis à la fois la parole et la raison qui lui avoient manqué jusqu'alors. Eve lui demande de la conduire à cet arbre, et elle trouve que c'est l'arbre de la science défendue. Le serpent, à présent devenu plus hardi, par une foule d'astuces et d'arguments, l'engage à la longue à manger. Elle, ravie du goût, délibère un moment si elle en fera part ou non à Adam; enfin elle lui porte du fruit, elle raconte ce qui l'a persuadée d'en manger. Adam, d'abord consterné, mais voyant qu'elle étoit perdue, se résout, par véhémence d'amour, à périr avec elle, et atténuant la faute, il mange aussi du fruit ses effets sur tous deux. Ils cherchent à couvrir leur nudité, ensuite ils tombent en désaccord et s'accusent l'un l'autre. Satan having compassed the earth, with meditated guile returns, as a mist, by night into Paradise; enters into the serpent sleeping. Adam and Eve in the morning go forth to their labours, which Eve proposes to divide in several places, each labouring apart : Adam consents not, alleging the danger, lest that enemy, of whom they were forewarned, should attempt her found alone : Eve, loth to be thought not circumspect or firm enough, urges her going apart, the rather desirous to make trial of her strength: Adam at last yields. The serpent finds her alone: his subtle approach, first gazing, then speaking; with much flattery extolling Eve above all other creatures. Eve, wondering to hear the serpent speak, asks how he attained to human speech, and such understanding, not till now; the serpent answers, that by tasting of a certain tree in the garden he attained both to speech and reason, till then void of both. Eve requires him to bring her to that tree, and finds it to be the tree of knowledge forbidden; the serpent, now grown bolder, with many wiles and arguments induces her at length to eat; she, pleased with the taste, deliberales awhile whether to impart thereof to Adam or not; at last brings him of the fruit; relates what persuaded her to eat thereof Adam, at first amazed, but perceiving her lost, resolves, through vehemence of love, to perish with her; and, extenuating the trespass, eats also of the fruit: the effects thereof in them both; they seek to cover their nakedness, then fall to variance and accusation of one another. IX. Ce sujet me plut d'abord pour un chant héroïque, longtemps choisi, commencé tard. La nature ne m'a point rendu diligent à raconter les combats, regardés jusqu'ici comme le seul sujet Plus de ces entretiens dans lesquels Dieu ou l'ange, hôtes de l'homme, comme avec leur ami avoient accoutumé de s'asseoir, familiers et in-héroïque. Quel chef-d'œuvre ! disséquer avec un long et ennuyeux ravage des chevaliers fabuleux dans des batailles feintes (et le plus noble cou dulgents, et de partager son champêtre repas, durant lequel ils lui permettoient sans blâme des discours excusables. Désormais il me faut passerrage de la patience, et le martyre héroïque de de ces accents aux accents tragiques : de la part de l'homme, honteuse défiance et rupture déloyale, révolte et désobéissance; de la part du ciel (maintenant aliéné) éloignement et dégoût, colère et juste réprimande, et arrêt prononcé, lequel arrêt fit entrer dans ce monde un monde de calamités, le péché, et son ombre la mort, et la misère, avant-coureur de la mort. Triste tâche ! cependant sujet non moins élevé, mais plus héroïque que la colère de l'implacable Achille contre son ennemi, poursuivi trois fois fugitif autour des murs de Troie, ou que la rage de Turnus pour Lavinie démariée, ou que le courroux de Neptune et celui de Junon.qui, si longtemps, persécuta le Grec et le fils de Cythérée; sujet non moins élevé, si je puis obtenir de ma céleste patronne un style approprié, de cette patronne qui daigne, sans être implorée, me visiter la nuit, et qui dicte à mon sommeil, ou inspire facilement mon vers non prémédité. IX. No more of talk where God or angel guest Sad task! yet argument And dictates to me slumbering; or inspires meurent non chantés!), ou décrire des courses et des jeux, des appareils de pas d'armes, des boucliers blasonnés, des devises ingénieuses, des caparaçons et des destriers, des housses et des harnois de clinquant, de superbes chevaliers aux joutes et aux tournois, puis des festins ordonnés, servis dans une salle par des écuyers tranchants et des sénéchaux ! L'habileté dans un art ou dans un travail chétif n'est pas ce qui donne justement un nom héroïque à l'auteur ou au poëme. Pour moi (de ces choses ni instruit ni studieux), un sujet plus haut me reste, suffisant de lui-même pour immortaliser mon nom, à moins qu'un siècle trop tardif, le froid climat ou les ans n'engourdissent mon aile humiliée : ils le pourroient, si tout cet ouvrage étoit le mien, non celui de la Divinité qui chaque nuit l'apporte à mon oreille. Le soleil s'étoit précipité, et après lui l'astre d'Hespérus, dont la fonction est d'amener le crépuscule à la terre, conciliateur d'un moment Since first this subject for heroic song Me, of these The sun was sunk, and after him the star Of Hesperus, whose office is to bring Twilight upon the earth, short arbiter entre le jour et la nuit, et à présent l'hémisphère | ploré la mer et la terre depuis Éden jusqu'au Pont Euxin et les Palus-Méotides, par delà le fleuve d'Oby, descendant aussi loin que le pôle antaretique; en longueur à l'occident, depuis l'Oronte jusqu'à l'Océan que barre l'isthme de Darien, et de là jusqu'au pays où coulent le Gange et l'Indus. Ainsi il avoit rôdé sur le globe avec une minutieuse recherche, et considéré avec une inspection profonde chaque créature, pour découvrir celle qui seroit la plus propre de toutes à servir ses artifices; et il trouva que le serpent étoit le plus fin de tous les animaux des champs. Après un long débat, irrésolu et tournoyant dans ses pen de la nuit avoit voilé d'un bout à l'autre le cercle de l'horizon, quand Satan, qui dernièrement s'étoit enfui d'Eden devant les menaces de Gabriel, maintenant perfectionné en fraude méditée et en malice, acharné à la destruction de l'homme, malgré ce qui pouvoit arriver de plus aggravant pour lui-même, revint sans frayeur. Il s'envola de nuit, et revint à minuit, ayant achevé le tour de la terre, se précautionnant contre le jour, depuis qu'Uriel, régent du soleil, découvrit son entrée dans Éden et en prévint les chérubins qui tenoient leur veille. De là chassé plein d'angoisse, il rôda pendant sept nuits continues avec les ombres. Trois fois il circula autour de la ligne équi-sées, Satan, par une détermination finale, choisit noxiale; quatre fois il croisa le char de la nuit de pôle en pôle, en traversant chaque colure. A la huitième nuit il retourna, et du côté opposé de l'entrée du paradis, ou de la garde des chérubins, il trouva d'une manière furtive un passage non suspecté. Là étoit un lieu qui n'existe plus (le péché, non le temps, opéra d'abord ce changement), d'où le Tigre, du pied du paradis, s'élançoit dans un gouffre sous la terre, jusqu'à ce qu'une partie de ses eaux ressortit en fontaine auprès de l'arbre de vie. Satan s'abîme avec le fleuve, et se relève avec lui, enveloppé dans la vapeur émergente. Il cherche ensuite où se tenir caché : il avoit ex 'Twixt day and night; and now from end to end That kept their watch; thence full of anguish driven, There was a place, la plus convenable greffe du mensonge, le vase convenable dans lequel il pût entrer et cacher ses noires suggestions au regard le plus perçant : car dans le rusé serpent toutes le finesses ne seroient suspectes à personne, comme procédant de son esprit et de sa subtilité naturelle, tandis que, remarquées dans d'autres animaux, elles pourroient engendrer le soupçon d'un pouvoir diabolique, actif en eux et surpassant l'intelligence de ces brutes. Satan prit cette résolution; mais d'abord de sa souffrance intérieure, sa passion éclatant, s'exhala en ces plaintes: « O terre! combien tu ressembles au ciel, si « tu ne lui es plus justement préférée ! Demeure Where to lie hid : sea he had search'd, and land, Thus the orb he roam'd Of thoughts revolv'd, his final sentence chose; To enter, and his dark suggestions hide Now not, though sin, not time, first wrought the change, Doubt might beget of diabolic power Where Tigris, at the foot of Paradise, Into a gulf shot under ground; till part Active within, beyond the sense of brute. « O earth, how like to Heaven, if not preferr❜d |