a rante et inique lorsque, en stipulant les droits, ⚫ du corps, elle n'a rien fait pour la réparation « des injustices et des souffrances qui naissent de « l'esprit. Le mariage n'est pas un remède contre ⚫les exigences de la nature; il est l'accomplisse<ment de l'amour conjugal et d'un aide mutuel : « l'amour et la paix de la famille font le mariage aux yeux de Dieu. Or, si l'amour et la paix ⚫ n'existent pas, il n'y a plus de mariage. Rien ne « trouble et ne désole plus un chrétien qu'un mariage où l'incompatibilité de caractère se rencon⚫tre: l'adultère corporel n'est pas la plus grande « offense faite au mariage : il y a un adultère spirituel, une infidélité des intelligences antipathiques, plus cruelle que l'adultère corporel. Prohiber le divorce pour cause naturelle, est contre nature. Deux personnes mal engagées dans le mariage passent les nuits dans les discordes et les inimitiés, se réveillent dans l'agonie et la douleur; ils traînent leur existence de mal en ⚫mal, jusqu'à ce que le meilleur de leurs jours ⚫se soit épuisé dans l'infortune, ou que leur vie « se soit évanouie dans quelque peine soudaine. • Moise admet le divorce pour dureté de cœur; ⚫le Christ n'a pas aboli le divorce, il l'a expliqué; saint Paul a commenté les paroles du Christ. Le Christ ne faisoit pas de longs discours, souvent il parloit en monosyllabes; il semoit ⚫ çà et là, comme des perles, les grains célestes de sa doctrine; ce qui demande de l'attention et du travail pour les recueillir. On peut dire à celui qui renvoie sa femme pour cause d'adul⚫tère : Pardonnez-lui. Vous pouvez montrer « de la miséricorde; vous pouvez gagner une âme: ne pourriez-vous donc divorcer doucement avec ⚫ celle qui nous rend malheureux? Dieu n'aime pas à labourer de chagrins le cœur de l'homme; il ne se plaît pas dans nos combats contre des « obstacles invincibles. Dieu le Fils a mis toute chose sous ses pieds; mais il a commandé aux hommes de mettre tout sous les pieds de la charité. » 我 Milton ne résout ici aucune question particulière; il n'entre point dans les difficultés touchant les enfants et les partages: son esprit large étoit contraire à l'esprit anglois, qui se renferme dans le cercle de la société pratique. Milton généralise les idées, les applique à la société dans son ensemble, à la nature humaine entière; il fait liberté de tout, et prêche l'indépendance de l'homme sous quelque rapport que ce soit. Et cependant cet ardent champion du divorce a divinement chanté la sainteté et les délices de l'amour conjugal : « Salut, amour conjugal, mys« térieuse loi, véritable source de l'humaine « postérité. » (Paradis perdu, liv. IV.) D'après ses principes sur le divorce, Milton voulut épouser une fille du docteur Dawis, jeune et spirituelle; mais elle ne se soucioit pas du beau génie qui la recherchoit. La première femme du poëte se ressouvint de lui alors: la famille Powell, devenue moins royaliste à mesure que la cause royale devenoit moins victorieuse, désiroit un raccommodement. Milton étant allé chez un de ses voisins nommé Blackborough, soudain la porte d'une chambre s'ouvre : Marie Powell se jette en larmes aux pieds de son mari et confesse ses torts; Milton pardonne à la pécheresse : aventure qui nous a valu l'admirable scène entre Adam et Eve au xe livre du Paradis perdu. Soon his heart relented Tow'rds her, his life so late and sole delight, << Son cœur bientôt s'attendrit pour elle, naguère sa vie et ses seules délices, à présent à << ses pieds soumise dans la douleur. » La postérité a profité d'une tracasserie de ménage. Un mariage romanesque commencé dans le mystère, renoué dans les larmes, eut pour résultat la naissance de trois filles, et deux de ces Antigones rouvrirent les pages de l'antiquité à leur père aveugle. offrit un asile à la famille de sa femme. Todd a Après le triomphe des parlementaires, Milton retrouvé des papiers dans les archives publiques, par lesquels on voit que Milton prit possession du reste de la fortune de son beau-père lorsqu'il thèque d'une somme prêtée par le père du poëte. mourut, fortune qui lui revenoit comme hypoLa veuve de Powell pouvoit réclamer son douaire; elle ne l'osa, « car, dit-elle, M. Milton est un « homme dur et colère; et ma fille, qu'il a épou«sée, seroit perdue si je poursuivois ma récla <mation. >> divorce, l'auteur irascible se détacha de leur Les presbytériens ayant attaqué l'écrit sur le secte, et devint leur ennemi. DISCOURS SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE. Milton fit bientôt paroître son Areopagitica, le meilleur ouvrage en prose angloise qu'il ait écrit; cette manière de s'exprimer, liberté de la presse, n'étant pas encore connue, il intitula son ouvrage : A speech for the liberty of unlicens'd printing, to the parliament of England. « Discours pour la liberté d'imprimer sans licence « (permission), au parlement d'Angleterre. Après avoir remarqué que la censure est inutile contre les mauvais livres, puisqu'elle ne les empêche pas de circuler, l'auteur ajoute : « Tuer « un homme, c'est tuer une créature raisonnable; « tuer un livre, c'est tuer la raison, c'est tuer « l'immortalité plutôt que la vie. Les révolutions des âges souvent ne retrouvent pas une vérité rejetée, et faute de laquelle des nations entiè« res souffrent éternellement. " « Le peuple vous conjure de ne pas rétrograder, d'entrer dans le chemin de la vérité et de « la vertu. Il me semble voir dans ma pensée une « noble et puissante nation se lever, comme un « homme fort après le sommeil; il me semble « voir un aigle muant sa puissante jeunesse, al« lumant ses regards non éblouis au plein rayon « du soleil de midi, ôtant à la fontaine même de « la lumière céleste les écailles de ses yeux long« temps abusés, tandis que la bruyante et timide « volée des oiseaux qui aiment le crépuscule fuit « en désordre. Supprimerez-vous cette moisson « fleurie de connoissances et de lumières nouvel« les qui ont grandi et qui grandissent encore « journellement dans cette cité? Établirez-vous « une oligarchie de vingt monopoleurs, pour af« famer nos esprits? N'aurons-nous rien au delà « de la nourriture qui nous sera mesurée par leur « boisseau? Croyez-moi, lords et communes, je « me suis assis parmi les savants étrangers; ils « me félicitoient d'être né sur une terre de li«berté philosophique, tandis qu'ils étoient ré« duits à gémir de la servile condition où le sa« voir étoit réduit dans leur pays. J'ai visité le fameux Galilée devenu vieux, prisonnier de l'inquisition pour avoir pensé en astronomie «< autrement qu'un censeur franciscain ou domi« nicain. La liberté est la nourrice de tous les grands esprits : c'est elle qui éclaire nos pen α se plaindre dans sa prose d'être venu un siècle trop tôt. Maintenant l'heure de sa résurrection est arrivée ; je serois heureux d'avoir donné la main à Milton pour sortir de sa tombe comme prosateur; depuis longtemps la gloire lui a dit comme poëte: « Lève-toi! » Il s'est levé et ne se recouchera plus. La liberté de la presse doit tenir à grand honneur d'avoir pour patron l'auteur du Paradis perdu; c'est lui qui le premier l'a nettement et formellement réclamée. Avec quel art pathétique le poëte ne rappelle-t-il pas qu'il a vu Galilée, sous le poids de l'âge et des infirmités, près d'expirer dans les fers de la censure, pour avoir osé affirmer le mouvement de la terre! C'étoit un exemple pris à la hauteur de Milton. Où irionsnous aujourd'hui si nous tenions un pareil langage? Regardez, regardez, peuples du Nouveau-Monde! MORT DU PÈRE DE MILTON. ÉVÉNEMENTS HISTO- En 1645 Milton recueillit les poëmes latins et anglois de sa jeunesse. Les chansons furent mises en musique pas Henri Lawes, attaché à la chapelle de Charles Ier : la voix de l'apologiste alloit bientôt se faire entendre au cercueil du monarque à la chapelle de Windsor. Le père de Milton mourut; les parents de la femme du poëte retournèrent chez eux, et sa maison, dit Philips, redevint encore une fois le temple des Muses. A cette époque, Milton fut au moment d'être employé en qualité d'adjudant dans les troupes de sir Willian Waler, général du parti presbytérien, dont nous avons des Mémoires. Lorsque, au mois d'avril 1647, Fairfax et MilCromwell se furent emparés de Londres, ton, pour continuer plus tranquillement ses études, quitta son grand établissement de Berbicane, et se retira dans une petite maison de High Holborne, près de laquelle j'ai longtemps demeuré. Et c'est ici le lieu de rappeler une observation que j'ai faite au commencement de cet Essai : « Une vue de la littérature, isolée de l'histoire des nations, ai-je dit, créeroit un prodigieux Loi de la presse. M. A. Musset. mensonge; en entendant des poëtes successifs | son qui sentoit le sang, se délassoient le soir au chanter imperturbablement leurs amours et leurs théâtre, et pleuroient à la peinture de l'innocente moutons, on se figureroit l'existence non inter- vie des champs. rompue de l'âge d'or sur la terre. . . . . . . . Il y a toujours chez une nation au moment des catastrophes et parmi les plus grands événements, un prêtre qui prie, un poëte qui chante, etc. »> Nous voyons Milton se marier, s'occuper de l'étude des langues, élever des enfants, publier des opuscules en prose et en vers, comme si l'Angleterre jouissoit de la plus profonde paix : et la guerre civile étoit allumée, et mille partis se déchiroient, et l'on marchoit dans le sang parmi des ruines. En 1644 les batailles de Marstonmoor et de Newbury avoient été livrées; la tête du vieil archevêque Laud étoit tombée sous le fer du bourreau. Les années 1645 et 1646 virent le combat de Naseby, la prise de Bristol, la défaite de Montross, la retraite de Charles Ier à l'armée écossoise qui livra aux Anglois lear monarque pour 400,000 livres sterling. Les années 1647, 1648, 1649, furent plus tragiques encore; elles renferment dans leur période fatale le soulèvement de l'armée, l'enlèvement du roi par Joyce, l'oppression du parlement par les soldats, la seconde guerre civile, l'évasion du roi, la seconde arrestation de ce monarque, l'épuration violente du parlement, le jugement et la mort de Charles Ier. Qu'on se reporte à ces dates, et l'on y placera successivement ces ouvrages de Milton dont je viens de parler. Milton assista peut-être comme spectateur à la décapitation de son souverain; il revint peut-être chez lui faire quelques vers, ou arranger pour des enfants un paragraphe de sa grammaire latine: Genders are three; masculine, feminine and neuter; « il y a trois genres, le masculin, le féminin et le neutre. » Le sort des empires et des hommes ne compte pas plus que cela dans le mouvement qui entraîne les sociétés. Charles Ier n'eut pas plutôt été exécuté, que les presbytériens crièrent au meurtre, à l'inviolabilité de la personne royale: bien que ces girondins de l'Angleterre eussent puissamment contribué à la catastrophe, du moins ils ne votèrent pas, comme les girondins françois, la mort du prince dont ils déploroient la perte. Pour répondre à leur clameur, Milton écrivit son Tenure of kings and magistrats, « État des rois et des magistrats. » Il n'eut pas de peine à démontrer que ceux qui se lamentoient le plus du sort de Charles l'avoient eux-mêmes conduit à l'échafaud. Ainsi qu'il arrive dans toutes les révolutions, les partis essayent de tenir à certaines bornes où ils ont fixé le droit et la justice; mais les hommes qui les suivent les renversent et franchissent ce but, comme dans une charge de cavalerie le dernier escadron passe sur le ventre du premier, si celui-ci vient à s'arrêter. Milton cherche à prouver qu'en tout temps, et sous toutes les formes de gouvernement, il a été légal de faire le procès à un mauvais roi, de le déposer ou de le condamner à mort. « Si un su « jet, dit-il, en raison de certains crimes, est « frappé par la loi dans lui-même, dans sa pos« térité, dans son héritage dévolu au roi, quoi de plus juste que le roi, en raison de crimes ana logues, perde ses titres, et que son héritage « soit dévolu au peuple? Direz-vous que les « nations sont créées pour le monarque, et que a celui-ci n'est pas créé pour les nations? que «< ces nations sont regardées, dans leur multitude, comme inférieures à l'individu royal? « cette doctrine seroit une espèce de trahison «< contre la dignité de l'espèce humaine. Soute« nir que les rois ne doivent rendre compte de « leur conduite qu'à Dieu, c'est abolir toute société politique. C'est alors que les serments que « " En France, en 1793, il y avoit aussi des poë-« sont de pures moqueries, et que les lois qu'ils tes qui chantoient Thyrsis, un des personnages « ont juré de garder sont comme non avenues. » du Masque, et qui n'étoient pas des Milton: on Milton dans ces doctrines n'alloit pas plus loin ́ alloit au spectacle peuplé de bons villageois; les que Mariana, et il les appuyoit des textes de bergers occupoient la scène quand la tragédie l'Écriture: la révolution angloise, en cela toute couroit les rues. On sait que les terroristes étoient contraire à la nôtre, étoit essentiellement relid'une bénignité de mœurs extraordinaire: ces gieuse. tendres pastoureaux aimoient surtout les petits enfants. Fouquier-Tinville et son serviteur Sam MILTON SECRÉTAIRE LATIN DU CONSEIL D'ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE. L'ICONOCLASTE. Les écrits politiques de Milton le recommandèrent enfin à l'attention des chefs du gouvernement; il fut appelé aux affaires et nommé secrétaire latin du conseil d'État de la république : quand celle-ci se changea en protectorat, Milton se trouva tout naturellement secrétaire du Protecteur pour la même langue latine. A peine entré dans ses nouvelles fonctions, il reçut l'ordre de répondre à l'Eikon Basiliké, publié à Londres après la mort de Charles, comme le testament de Louis XVI se répandit dans Paris après la mort du roi-martyr. Une traduction françoise de l'Eikon parut sous ce titre : Pourtraict de Sa sacrée Majesté durant sa solitude et ses souffrances. Milton intitula spirituellement sa réponse au Pourtraict: l'Iconoclaste. Tout en immolant de nouveau le monarque, il prétend n'avoir aucun dessein de souffleter une tête coupée; mais enfin les circonstances l'obligent à parler, et il préfère au roi Charles la REINE Vérité : Reginam Ve- | ritatem regi Carolo anteponendam arbitratus. L'ouvrage est écrit avec méthode et clarté; l'auteur y semble moins dominé par son imagination que dans ses autres traités politiques. « Discourir sur les malheurs d'une personne tom« bée d'un rang si élevé, et qui a payé sa dette « finale à ses fautes et à la nature, n'est pas une « chose en elle-même recommandable; ce n'est « pas non plus mon intention. Je ne suis poussé ni par l'ambition, ni par la vanité de me faire un nom, en écrivant contre un roi les rois « sont forts en soldats et foibles en arguments, « ainsi que tous ceux qui sont accoutumés dès le « berceau à user de leur volonté comme de leur «< main droite, et de leur raison comme de leur a main gauche. Cependant, pour l'amour des personnes d'habitude et de simplicité, qui « croient les monarques animés d'un souffle dif« férent des autres mortels, je relèverai au nom de la liberté et de la république le gant qui « a été jeté dans l'arène, quoiqu'il soit le gant " d'un roi. » " Milton, d'autant plus cruel pour Charles Ier dans l'Iconoclaste qu'il est plus contenu, oppose à l'Eikon ce raisonnement au sujet de la mort de Strafford : « Charles se repent, nous dit-il, d'avoir donné « son consentement à l'exécution de Strafford il est vrai que Charles déclara aux deux chambres qu'il ne pouvoit condamner son favori « pour haute trahison; que ni la crainte ni au« cune considération ne lui feroient changer une résolution puisée dans sa conscience. Mais ou « la résolution de Charles n'étoit pas puisée dans << sa conscience, ou sa conscience reçut de meil«<leures informations, ou enfin sa conscience et « sa ferme résolution plièrent les voiles devant quelque crainte plus forte, car peu de jours après ses fermes et glorieuses paroles à son parlement, il signa le bill pour l'exécution de « Strafford. » " Malgré son intrépidité républicaine, le publi ciste paroît embarrassé quand il arrive au dernier chapitre de l'Eikon. Ce dernier chapitre a pour titre : Méditations sur la mort. Que fait Milton? Il fuit devant ces méditations. « Toutes « les choses humaines, dit-il, peuvent être con« troversées; les jugements seront divers jusqu'à la fin du monde; mais cette affaire de la a mort est un cas simple, et n'admet pas de controverse; dans ce centre commun toutes les opinions se rencontrent. » C'est ainsi que Milton prit part à la gloire du régicide : le bourreau fit jaillir jusqu'à lui le sang de Charles I, comme l'immolateur, dans les sacrifices antiques, arrosoit les spectateurs du sang de la victime. Milton soupçonnoit l'Eikon de n'être pas du Foi ce qu'il avoit pressenti s'est trouvé vrg'; l'ouvrage est du docteur Gauden. L'Eikon renferme une prière empruntée, mot pour mot, de celle de Pamela dans l'Arcadie de Philippe Sidney. Ce fut un grand sujet de moquerie pour les républicains et de confusion pour les royalistes qui avoient cru à l'authenticité du Pourtraict de leur maître. Dans la suite un nommé Henri Hills, imprimeur de Cromwell, prétendit que Milton et Bradshaw avoient obtenu de Dugar, éditeur de l'Eikon, l'insertion de la prière de Pamela, afin de détruire l'effet de l'Eikon. Rien dans le caractère de Milton n'autorise à croire qu'il eût pu se rendre coupable d'une pareille lâcheté. Comment auroit-il su qu'on imprimoit le portrait royal? Comment les parlementaires, qui auroient connu l'existence du manuscrit, ne l'auroient-ils pas arrêté? Les violences arbitraires étoient fort en usage parmi ces gens libres, non les fourberies dans la correspondance secrète du roi avec la reine, qu'ils surprirent et imprimèrent, il ne changèrent rien. Les interpolations, les falsifications, les suppressions, sont des moyens bas que la révolution angloise a laissés à notre révolution. soin, croit qu'ils en furent les fabricateurs. » Pour moi, en examinant de près l'Eikon Basiliké, il m'est venu une autre espèce de doute sur cet ouvrage je ne puis me persuader que l'Eikon soit sorti tout entier de la plume du docteur Gauden. Le ministre aura vraisemblablement travaillé sur des notes laissées par Charles Ir. Des sentiments intimes ne trompent pas; on ne peut se mettre si bien à la place d'un homme, que l'on reproduise les mouvements d'esprit de cet homme dans telle ou telle circonstance de sa vie. Il me semble, par exemple, que Charles Ier a pu seul écrire cette suite de pensées : " « O Dieu! que ta bénédiction m'octroye d'être toujours raisonnable comme homme, religieux «< comme chrétien, constant et juste comme roi ! « Les événements de toutes les guerres sont << incertains; ceux de la guerre civile, inconsolaables: puis donc que, vainqueur ou vaincu, il me << faut toujours souffrir, donne-moi de ton esprit. « au double. « J'ai besoin d'un cœur propre à beaucoup « souffrir! << Ils m'ont bien peu laissé de cette vie, et seu «<lement l'écorce. <«< Mon fils, s'il faut que vous ne voyiez plus « ma face, et que ce soit l'ordre de Dieu que je « sois enterré pour jamais dans cette obscure et « si barbare prison, adieu. Bientôt parut celui des ouvrages de Milton, qui, de son vivant, lui donna le plus de renommée : c'est sa Défense du peuple anglois contre l'écrit de Saumaise en faveur de la mémoire de Charles Ier. « Les attaques contre un roi qui n'est « Sous prétexte d'arrêter une bourrasque po- plus, dit avec raison et éloquence M. Villemain, * pulaire, j'ai excité une tempête dans mon sein. » <«< ces insultes au delà de l'échafaud avoient quelCharles se reproche ici la mort de Strafford.)« que chose d'abject et de féroce, que l'éblouisse |