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« A corrompu Chaillot, Gonesse et Saint-Germain.
« Du lait des préjugés sevrant le genre humain,
«< Voltaire, en esprit fort, a changé Melpomène;
« De Mahomet, d'Alzire, il faut purger la scène :
« Fermons-lui le théâtre ouvert à Pellegrin.

<< Gloire à Simon-le-Franc! Si Voltaire est chagrin,
« Il lui sera loisible, afin de se distraire,

« D'aider Martin Fréron dans l'Ane littéraire.

« D'un certain Montesquieu l'on parle quelquefois : « Défense expresse à lui d'écrire sur les lois; « Mais ledit Montesquieu, d'une plume discrète, « Pourra, sous trois commis, rédiger la gazette. << Jean-Jacque est un peu fou; mais, comme il écrit bien, « Il faudra l'enrôler pour le journal chrétien. « Que Buffon, désormais, en prose poétique, « D'après les livres saints démontre la physique. « D'Alembert sait 'algebre, il fera des chansons; « Fréret des mandemens, Diderot des sermons. »

Les bons journaux du temps auraient vanté peut-être Le discours du valet parlant au nom du maître; Mais, accueilli bientôt par vingt joyeux pamphlets, Il eût fait, dans Paris, renchérir les sifflets.

Eh bien ! voila pourtant nos juges, nos arbitres, Pleins de prétentions qu'ils appellent des titres; Des talens qu'ils n'ont pas ils sont les détracteurs, Et, pour être aperçus, se font persécuteurs.

Ces noirs Laubardemonts de la littérature

Déchainent contre nous les marchands d'imposture,
Les bâtards de Fréron, les bâtards de Cotin.
Aussitôt grand fracas. « Le délit est certain, »
Vont-ils s'écrier tous; « pesez bien ces passages,

<< En ajoutant deux mots, en supprimant trois pages.
« C'est lui. C'est encor lui. Quelle audace! quel ton!
<< Il ne croit pas en Dieu; pas même au feuilleton.
« Dans ce qu'il ne dit pas, on voit ce qu'il veut dire.
" Excepté nos journaux, il faut tout interdire. »

Eh! mes très-chers amis, pour défendre nos droits, Laissez-moi vous citer des prêtres et des rois; Je dis ceux du bon temps : le siècle dix-huitième Pervertissait les cours, et le Vatican même. De certains esprits forts Frédéric entiché Régnait en philosophe, et c'est un grand péché; Benoît sur Frédéric a bien quelque avantage; Mais il eut trop souvent les préjugés d'un sage; Richelieu vous convient, et ce roi-cardinal N'eut aucun préjugé qui ne fût point royal. Zoile tout-puissant de l'aîné des Corneilles, Richelieu toutefois n'a point proscrit ses veilles ; Contre lui seulement il armait Chapelain, Ou l'instruisait d'exemple, aidé de Saint-Sorlin. Louis, qui sut orner le pouvoir despotique, Laissait de Port-Royal le pieux satirique,

Des compagnons Jésus instruisant le procès,
Fixer à leurs dépens le langage français.

Molière sur la scène, et Bourdaloue en chaire,
En toute liberté s'adressaient au parterre.....

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« Alte-là, s'il vous plaît! Voilà de grands talens,

Que nous vantons beaucoup, qui ne sont point vivans:

« Il faut bien distinguer; ceux-là peuvent tout dire. »
Vous accordez aux morts la liberté d'écrire! ·
C'est agir prudemment; et l'on peut, sans abus,
Rendre quelque justice à ceux qui ne sont plus.
Mais des auteurs fameux si la tombe est l'asile,
De leur temps, mes amis, votre haine imbécile
Pour le moindre grimaud les eût diffamés tous;
Esménard de Corneille aurait été jaloux;
Vous auriez en chorus hurlé contre Molière;
On eût vu C....., soupant avec Linière,
Porter en s'inclinant la santé de Pradon,
Et Geoffroi, dans Trévoux brochant son feuilleton,
En de fréquens accès de stupide folie,
Régenter Despréaux et l'auteur d'Athalie.

Jouissez du présent, puisqu'il est votre bien;
Mais l'avenir approche, et vous n'y perdrez rien.
Et vous, que la raison retient sous son empire,
Malgré l'air infecté qu'avec peine on respire,
Que faire ? Elle se tait quand les fous sont puissans.
Écoutez Pythagore; il avait un grand sens :

« Adorez, disait-il, l'écho dans la tempête. »
Le moment est venu. Déjà levant la tête,
Par la foule des sots le mensonge honoré,
Promène insolemment un étendard sacré ;
Déjà l'antique erreur, cette hydre renaissante,
Plus absurde toujours, toujours plus menaçante,
De son trône orgueilleux insulte par des cris
La conscience humaine, et les talens proscrits.
Pensez-vous librement? Fuyez la servitude;
Cherchez des bois muets la libre solitude:
Là, sans prostituer l'hommage adulateur,
Sans offrir aux puissans ce nectar enchanteur
Qui, distillé pour eux des mains de la bassesse,
Sans les désaltérer, les enivre sans cesse,
De la vérité seule espérant quelque appui,
Les yeux sur l'avenir, écrivez devant lui.

DISCOURS EN VERS

SUR

L'INTÉRÊT PERSONNEL.

L'HOMME

'HOMME sent, l'homme agit, et sa raison le guide;

Mais de cette raison chancelante et timide

Nous voulons découvrir le mobile éternel.
Quel est-il ? C'est, dit-on, l'intérêt personnel.
Nous agissons par lui; son empire est suprême;
Des vices, des vertus l'origine est la même ;
Le sage ou l'insensé, le juste ou le pervers,
Soit qu'il traîne ses jours sous le poids des revers,
Soit qu'en ses moindres vœux le destin le seconde,
De lui seul occupé, se fait centre du monde..
Tout cherche son bien-être, et chacun vit pour soi
Des êtres animés c'est l'immuable loi;

Dans les airs, sous les eaux, ainsi

la que sur terre, L'intérêt fait l'amour, l'intérêt fait la guerre.

Quand, pour huit sous par jour, deux cent mille héros

Vont sur les bords du Rhin ferrailler en champ clos,

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