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L'anglais Cromwel, tartufe heureux et brave,

Et l'anglais Monk, ambitieux esclave,
Fous déguisés sous des masques divers,
A d'autres fous ont su donner des fers.
Bref, usurper ou vendre la puissance,
Courber le front sous d'insolentes lois,
C'est, n'en déplaise aux Anglais d'autrefois,
Ou despotique ou servile démence.
Qui que tu sois, ami de la raison,
Aperçois-tu Sottise qui s'élève,

Marchands d'erreurs débitant leur poison,

Lois sans égide, or allié du glaive,

Noirs espions de richesses gorgés,
Chargés d'honneurs, de honte surchargés;
Art de ramper, devenant habitude;
Gens à placet, briguant la servitude;
Gens à pouvoir, commandant à genoux ;
Tyrans valets, sous le tyran suprême :
Dis hardiment : Tous ces gens-là sont fous;
Et le plus fou, c'est le tyran lui-même.

Tartufe arrive, et, d'un ton nasillard,
Me dit : « Mon fils, craignez les anathèmes;
Concile aucun n'approuva ces systèmes ;

Chiens de saint Roch et chiens de saint Médard

Vont aboyer: c'est peut-être un peu tard;
Mais du vieux temps nous aimons les usages;
Et notre siècle est dégoûté des sages.
Gille-Esmenard fait contre ces pervers
Un long poëme, et dit qu'il est en vers;
D'esprits divins une épaisse couvée,

Geoffroi, N....., et le docte F.....,

C......, sauvage par accès,

Toujours chrétien, mais pas toujours français, Dans les élans de leur pieux délire,

Fouettent Rousseau, Voltaire, Montesquieu,
Méchans auteurs que l'on s'obstine à lire,
Que Dieu punit d'avoir adoré Dieu. »

Et selon vous notre cause est perdue!
Des vils Geoffrois qu'importe la cohue?
Que parlez-vous de cinq ou six grimauds,
Plats barbouilleurs de cinq ou six journaux?
Dans le néant où leurs feuilles descendent,
Fréron, Zoile et Cotin les attendent ;
Et le sifflet, courant après N.....,
Trouve un écho jusque dans Pézenas.
Ils ont vieilli les contes de grand'mères ;
Si le présent paraît les rajeunir,
Faibles succès ! triomphes éphémères !
Loin du présent, savourons l'avenir;

Car c'est demain que l'avenir commence,
Et le présent n'est jamais qu'aujourd'hui :
Sur le présent ne fondez point d'appui ; ·
Il est étroit; l'avenir est immense.

Homère a peint les coursiers d'Apollon;
ils traversaient la terre :

En quatre pas

Dans le grand siècle, élève de Voltaire,
Ainsi marcha la publique raison.

Les esprits lourds sont restés sur la route;
Des vrais talens elle a guidé les pas;

Par son courage, après de longs combats,
Les préjugés furent mis en déroute.
Ils ont péri; mais elle a survécu.

La vaincra-t-on quand elle a tout vaincu ?
Elle est aux bords où serpente la Seine,
Où la Newa roule sous des glaçons,
Où dans l'Euxin mugit le Boristhène,
Où le Tésin rit dans l'or des moissons.
Elle est aux bords où l'altière Tamise
S'enorgueillit de Locke et de Newton;
A ses décrets l'Amérique soumise
A vu les lois régner sur Washington.
C'est son regard qui fait rougir l'esclave;
C'est à sa voix que le tyran pâlit:

Elle est partout où l'homme pense et lit.

Pour l'esprit saint, prise un jour au conclave,

Elle y créa certaine sainteté :

Lambertini lui dut la papauté.

Taisez-vous donc, friponeaux moralistes, Petits valets, forgeant petits écrits, Calomniant, prêchant à juste prix, Petits rimeurs et petits journalistes,

Fermant les yeux, et criant: Il fait nuit. Vous vous trompez; le jour encor nous luit.

Oui, la lumière est au centre du monde.

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Ce pur soleil, des Guèbres adoré,
Tournant sur lui, de globes entouré,
Les remplit tous de sa chaleur féconde.
Quelque planète, en parcourant les cieux,
Peut un moment l'obscurcir à nos yeux;
Mais, à des lois constamment asservie,
D'un pas égal elle poursuit son cours;
Et, plus serein, l'astre qui fait les jours
Répand à flots la lumière et la vie.

COMMENCEMENT

D'UN

POÈME SUR LA NATURE.

DE L'HOMME ET DES CHOSES.

QUAND de la Liberté le bienfaisant génie

Ranime par degrés la France rajeunie,

Et, couronnant de fleurs nos sacrés étendards, Sur l'aile de la paix ramène les beaux-arts, J'abandonne un moment la Melpomène antique, Et je chante aujourd'hui, sur le ton didactique, L'homme inculte et sauvage, isolé dans les bois, L'homme civilisé, cherchant l'appui des lois.

Ignorant, mais sensible en commençant la vie, L'homme enfin s'est connu par la philosophie; Elle a décrédité les pieuses erreurs ;

Sur les besoins de tous elle a fondé les mœurs,
Elle a créé des lois le joug utile et sage;
Des sciences, des arts elle a réglé l'usage;

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