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LE PUBLIC.

Pauvre garçon! d'où te vient ce délire?
Tout pauvre diable est enclin à médire.
Mais quel travers a brouillé ton cerveau?
Oui, j'aime à voir un Horace, un Boileau,
Qui, des beaux-arts né censeur légitime,
Sait dispenser le mépris et l'estime;
Mais je déteste un impudent Gâcon,
Qui, ne pouvant gravir sur l'Hélicon,
Et s'enivrant, loin des eaux d'Hippocrène,
Du fin nectar des coteaux de Surène,
Rieur maussade, et zélé pour le mal,
Sur son fumier s'érige un tribunal.
Du dieu des vers la lyre enchanteresse
Se mêle aux chants des cygnes du Permesse;

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Mais son courroux, d'un trait rapide et sûr,
Lance la mort sur le reptile impur,
Vil composé de rage et de faiblesse,
Sous les buissons glissant avec souplesse,
Et des poisons de son souffle odieux
Fietrissant l'air qu'ont respiré les dieux.
Du noir Python si la rage t'anime,
Pour être lu garde au moins l'anonyme ;
Point de détours, point de nom supposé ;
A dire vrai, tu t'es ma déguisé.

Grimaud, d'accord; mais non de la Reynière. '

L'ANONYME.

1

Voltaire.....

LE PUBLIC.

Oh! oui; mais il était Voltaire.

4

Il a dû craindre un nom tel que le sien :
Toi, tu pouvais te cacher sous le tien.
Quand le grand homme écrivait un peu vite,
Petits rimeurs, tes égaux en mérite,
Servaient d'enseigne à ses contes bouffons
Faibles pour lui, pour eux beaucoup trop bons;
Il honorait les noms qu'il daignait prendre;
Il descendait, tu ne saurais descendre.

L'ANONYME.

Ah! je vois trop d'où naît votre courroux ;
De mes talens le public est jaloux.

Me siffler! moi! quelle injustice extrême!
Droit à Bagnol je cours à l'instant même ;
J'y trouverai nombre d'admirateurs,
Et des amis, et même des lecteurs.
Adieu, je pars: d'un style inexorable,
Je vais écrire un libelle admirable,

En plus d'un tome; et là, je veux punir,
Vous, qui sifflez.....

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"

LE PUBLIC.

Punis donc l'avenir,

Qui, par écho, te sifflera peut-être,
S'il a pourtant l'honneur de te connaître,
Si Faribol, sur les pas de Cotin,

Peut voyager en pays si lointain :

Sois prêt; courage; attends pour honoraires,

Brocards, affronts, voire un peu d'étrivières.

C'est pour ton bien. Tu diras, mais

"

trop

tard:

Quand on veut nuire, il faut beaucoup plus d'art; « Il faut choisir ses gens avec prudence;

Long-temps on pleure un moment d'impudence:

« Me voilà donc un sot déshonoré ;

« J'aurais mieux fait d'être un sot ignoré.

NOTE.'

L'AUTEUR du Petit-Almanach des Grands-Hommes a jugé à propos de l'attribuer à M. Grimod de la Reynière, connu par quelques ouvrages d'un genre différent. Cette ruse n'a trompé personne ; si l'auteur pseudonyme avait eu soin de publier 'sa parodie sous le nom d'un échappé des Petites-Maisons, la supposition aurait été plus difficile à

soupçonner.

Je n'ai pas été oublié dans cet Almanach. On y assure que

j'ai bien voulu diriger les Étrennes de Polymnie. Sans prétendre dénigrer ce recueil, il est certain que j'en ignorais encore le nom.

Beaucoup de gens très-modérés, quand personne ne les attaque, ne manquent jamais de donner des conseils à ceux qui sont attaqués. Il faut mépriser tous ces gens-là, vous dit-on, vous les honorez en les accablant de ridicules. D'abord, il ne paraît pas qu'il y ait d'inconvéniens à les honorer de cette manière. En second lieu, s'il fallait pour cela renoncer à les mépriser, la chose pourrait devenir embarrassante; mais par bonheur, rien n'est moins nécessaire.

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LE MINISTRE

ET

L'HOMME DE LETTRES.

1788.

A.

COMMENT! c'est vous? Tant mieux. Soyez le bien venu

Au ministère, enfin, me voici parvenu,

Tout prêt à m'occuper du bonheur de la France.

Si je n'écoute point une vaine espérance,

Comme ils vont, me chargeant de lauriers immortels,

En vers alexandrins encenser mes autels!

Il se peut qu'en effet....

B.

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