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A pas lents aujourd'hui s'approchant de l'autel,
Sur son front vertueux sent le bandeau mortel,
Voit aux mains de Calchas le poignard inflexible,
Et son père présent à cette scène horrible,

Son père au désespoir, toute la Grèce en pleurs ;
Stérile désespoir! inutiles douleurs!

D'un œil qui ne voit plus, la triste Iphigénie
Redemandant au ciel le reste de sa vie,

Déjà toute à la mort, contre un si rude coup
En vain se préparant, chancelle...... tout à coup,,
L'innocente princesse à l'autel est traînée,

Non pour former les noeuds d'un illustre hyménée.
Lorsqu'à peine elle touche à l'âge où ces beaux noeuds
D'un époux, d'un héros, auraient comblé les vœux,
Pour apaiser Diane, et les vents en colère,
Elle tombe; et son sang rejaillit sur un père.
Tant la religion sait endurcir les cœurs!
Tant sa coupable voix inspire de fureurs!

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N'ALLEZ

ALLEZ pas du soleil négliger les présages. Que de fois il annonce, et les sanglans orages, Et les calamités, et les jours odieux,

Que le sombre avenir cache à nos faibles yeux!

D'un farouche assassin lorque le bras impie,
Trancha du grand César la glorieuse vie,
L'astre du jour pâlit, et l'univers tremblant
Se crut à cette fois plongé dans le néant.

De signes menaçans quelle suite effrayante!
Tout dans ces jours cruels nous glaçait d'épouvante.
Tout disait nos malheurs ; et la terre, et les eaux,
Et les cris importuns des sinistres oiseaux.
Bientôt avec fureur, Etna rompant ses chaines,

Armé de tous ses feux, vint fondre sur nos plaines.

1

Le Germain vit les cieux chargés de combattans :
L'Apennin s'agita par de longs tremblemens.
De lamentables voix durant les nuits gémirent;
Et de spectres hideux nos forêts se remplirent.
Que dis-je? des Romains partageant les douleurs,
Dans nos temples sacrés l'airain versa des pleurs.
La terre ouvrit son sein. Les animaux parlèrent.
Au milieu de leur cours les fleuves s'arrêtèrent.
L'Éridan furieux, couvrant tout de ses eaux,
Engloutit les forêts, les plaines, les troupeaux.
Le prêtre consterné, dans le sein des victimes,
Ne lit que des malheurs, des combats et des crimes.
Le Tibre avec effroi roule des flots sanglans.
Les loups dans nos cités poussent des hurlemens.
Jamais en un ciel pur, en des jours sans orages,
La foudre ne causa de plus fréquens ravages,
Et jamais la comète ardente au haut des cieux,
N'effraya les humains de regards plus affreux.
Pour la seconde fois les plaines d'Émathie
Virent des ennemis ayant même patrie.

Deux fois le ciel voulut que ces champs inhumains
S'abreuvassent du sang des malheureux Romains.

Loin de ces temps marqués par nos guerres civiles,
Un jour, le laboureur, dans ces champs trop fertiles,
Courbé sur la charrue, ardent à ses travaux,

Entendra se heurter les armes des héros.

L

A ses pieds rouleront les cuirasses immenses,

Et les casques pesans, et les dards, et les lances.
Il se retracera nos barbares aïeux,

Et leurs grands ossemens étonneront ses yeux.
Généreux fils de Mars, toi que Rome révère,
Et que ses citoyens reconnaissent pour père ;
Et toi surtout, Vesta, dont les puissans regards,
Veillent au Capitole, et gardent nos remparts,
Conservez-nous César, ô Dieux de la patrie!
Rome, pour vivre encor, a besoin de sa vie.
Pour laver d'Ilion les parjures sermens,
Notre sang et nos pleurs ont coulé trop long-temps,
Et cependant, hélas ! le ciel impitoyable
Semble envier César à notre âge coupable.

Le ciel avec douleur voit ce jeune héros
Méditant chaque jour des triomphes nouveaux,

Dans un temps où la flamme, et le fer, et les crimes,
Aux barbares humains ont parú légitimes.

Déjà plus d'abondance au milieu des guérets;
Le travail ne fait plus germer l'or de Cérès.

La guerre a tout détruit. Nos plaines délaissées,
De ronces,
de chardons sont au loin hérissées.

A ses champs arraché, le triste laboureur

Change sa faulx paisible en glaive destructeur.

De rivaux animés d'une égale furie,

Le Danube et l'Euphrate inondent l'Italie.

Voisins contre voisins, cités contre cités,

Tout combat; tout est sourd à la voix des traités.

Ainsi, lorsque des yeux, dévorant la carrière, De généreux coursiers franchissent la barrière; Déjà pour retenir leur vol impétueux,

Le guide, en s'agitant, roidit son bras nerveux; Et cependant le char, dans sa fougue rebelle, N'écoute plus le frein, ni la voix qui l'appelle,

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