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lacée dans toutes les coutumes, dans toutes les connoissances; elle est assise à l'entrée de chaque avenue de l'esprit humain.

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Législateurs, retournez, et res saisissez la base de ces moyens puissans, si vous voulez achever dans les cœurs la vaste révolution, commencée dans les esprits. Continuez de Vous avancer sur les ruines des préjugés ; bravez les passions et l'intérêt conjurés; tenez l'ancre de la raison et de la dignité,

Bravez les cris des détracteurs des ames hideuses de vices et déformées par les passions ne peuvent sonpconner la beauté de l'ordre moral.

Thersite devoit sourire de pitié au récit de l'éducation d'Achille.

§. II.

DE L'ÉDUCATION, EN GÉNÉRAL,

ET DE SON OBJET..

DANS l'état de nature, l'homme reçoit une autre éducation. La nature y pourvoit par les besoins: ils sont nos premiers maîtres.

Il n'en est pas ainsi dans l'état social. Pour être soumis à cet ordre de choses, l'homme

doit y être assoupli et façonné; de là naît l'éducation.

L'ordre des sociétés étant perfectible comme la nature humaine, élévera-t-on l'homme relativement à l'ordre établi, ou relativement au meilleur ordre possible?

La première manière est plus conforme aux intérêts du corps entier, et la seconde à ceux de l'individu.

Le meilleur ordre possible seroit sans doute celui où chacun se trouveroit dans la moindre dépendance d'autrui.

Dans les grandes sociétés cela est impra'ticable. On y tient à une chaîne immense de rapports.

Plus l'individu retréciroit le cercle de ses rapports, plus il se rapprocheroit de la nature et plus il s'éloigneroit de l'état social. C'est dans ce dernier ordre de choses que l'éducation doit reporter et replacer

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l'homme.

J'ai insisté sur ce premier développement, parce qu'à l'exemple de l'auteur d'Emile, plusieurs écrivains n'ont songé qu'à jeter leur éleve hors des institutions politiques, et à le placer sur les sommets d'une indépendance absolue; mais Rousseau annonce au

commencement de son livre, qu'il ne s'est proposé que l'éducation particulière.

Ordonner les facultés de l'homme à son bonheur, voilà le but de l'éducation particulière; coordonner les facultés de chacun au bonheur de tous, voilà le but de l'éducation publique je vais parler de cette dernière.

§. III.

DE L'ÉDUCATION PUBLIQUE

ET DE SA FIN.

DANS les gouvernemens corrompus, dans les monarchies, l'éducation est l'habitude des vices; dans les gouvernemens populaires, l'éducation est l'habitude de la vertu.

Dans les premiers, tout est comprimé vers l'abaissement; dans les seconds, tout tend à l'élévation.

Il s'agit moins de former un savant ou un artiste qu'un citoyen, moins de donner des règles de bien dire que de bien faire.

Tous les systêmes d'éducation présentent des méthodes pour organiser nos connoissances, et n'en présentent aucune pour organiser nos principes.

» Les

Les politiques anciens (dit Montesquieu), ne connoissoient que la vertu; ceux d'aujourd'hui ne parlent que de luxe, d'arts et de manufactures. "

"Pour

que

la volonté générale soit accomplie (dit Rousseau), faites que les volontés particulières s'y rapportent, et comme la vertu n'est que cette conformité de la volonté particulière à la volonté générale, faites régner la vertu. »

Que si elle est nécessaire aux peuples neufs, à plus forte raison, est-elle indispensable aux peuples envieillis dans l'esclavage, et qui cherchent à puiser une nouvelle jeunesse dans les sources de la liberté.

Le philosophe voit avec un sentiment d'effroi, la corruption debout à nos côtés, et le despotisme qui se traîne et se cache derrière elle.

La nature du gouvernement populaire étant telle que chacun doit parcourir toutes les fonctions auxquelles il est accessible, et de droit et de fait, il importe que ces fonctions soient remplies avec intégrité. Il importe que tous les citoyens approchent de l'administration comme d'un sanctuaire, avec un cœur droit et des mains pures; Tome I.

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autrement on auroit la tyrannie en détail.

J'avoue qu'il est difficile de régénérer un sol sur lequel repose la lie amoncelée de dix-huit siècles de superstition et de despotisme.

Nous devons le tenter il ne suffit pas de se dire républicains, il faut l'être. Il faut savoir supporter plus que les fatigues et les travaux, la honte, l'injustice, les calomnies ; il faut sacrifier à l'état plus que sa vie, sa gloire, sa réputation même; keureux du bonheur de ses semblables, il ne faut plus vivre dans soi, mais dans les autres. Quiconque dit, agit ou pense autrement, a une ame d'esclave.

Les loix sont obéies lorsqu'elles sont simples et en petit nombre, lorsqu'elles ont leur racine et leur appui au cœur de tous.

Règle générale; moins il y aura de mœurs dans un état, et plus vous verrez augmenter le nombre et la foiblesse des loix.

Les mœurs suppléent les loix, les loix ne suppléent pas les mœurs.

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