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NÉCESSAIRE.

Tout n'est pas vérité tout n'est pas fiction.

On s'est proposé, dans cet ouvrage,

d'attaquer les abus, et non l'autorité : les vices, les ridicules, et non les personnes (1).

(1) Cet avertissement rappelle la protestation de La Bruyère.

« Je suis presque disposé à croire qu'il faut que mes peintures exprimént bien l'homme en général, puisqu'elles ressemblent à tant de particuliers, et que chacun y croit voir ceux de sa ville ou de sa province. J'ai peint, à la vérité, d'après nature; mais je n'ai pas toujours songé à peindre celui-ci ou cellelà dans mon livre des Maurs. Je ne me suis point loué au public pour faire des portraits qui ne fussent que vrais et ressemblans, de peur que quelquefois ils ne fussent pas croyables, et ne parussent feints ou imaginés. Me rendant plus difficile, je suis allé plus loin; j'ai pris un trait d'un côté et un trait d'un autre ; et de ces divers traits qui pouvoient convenir à une même personne, j'en ai fait des peintures vraisemblables

cherchant moins à rejouir les lecteurs par le caractère, bu, comme disent les mécontens , par la satire de quelqu'un, qu'à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre...

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» Ceux qui se persuadent qu'un auteur écrit sculement pour les amuser par la satire, et point du tout pour les instruire par une saine morale au lieu de prendre pour eux et de faire servir à la correction de leurs mœurs les divers traits qui sont semés dans un ouvrage, s'appliquent à découvrir, s'ils le peuvent, quels de leurs amis ou de leurs ennemis ces traits peuvent regarder, négligent dans un livre tout ce qui n'est que remarques solides, ou sérieuses réflexions, quoiqu'en si grand nombre qu'elles le composent presque tout entier, pour ne s'arrêter qu'aux peintures ou aux caractères ; et après les avoir expliqués à leur manière, et en avoir cru trouver les originaux, donnent au public de longues listes, ou, comme ils les appellent, des clefs, fausses, clefs, et qui leur sont aussi inutiles qu'elles sont injuricuses aux personnes, dont les noms s'y voient déchiffrés, et à l'écrivain qui en est la cause, quoiqu'innocente». LA BRUYÈRE. (Note du Docteur.)

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Latet anguis in herba.

LE DOCTEUR DICACULUS,

SUR les Notes et Elucubrations dont il a enrichi ledit Ouvrage.

J'ai quelquefois ennuyé les sots:
ils me le rendent bien.

DUCLOS.

A NOTRE arrivée en France, nous n'avons pas été médiocrement surpris de l'iguorance commune, et de l'oubli profond dans lequel étoient tombées les lettres sacrées et h16maines, ces lettres qui, comme le dit Cicéron, adolescentiam alunt, senectutem, oblectant.... ces lettres qui illustrèrent le siècle dernier, et dont le flambeau jeta, au commencement de cet âge, un si vif éclat.

Nous crûmes que cette fleur d'urbanité, qui naît de la culture des lettres et des arts, avoit été du moins conservée par la bonne société, par les compagnies choisies.

En conséquence, nous nous munîmes de lettres de recommandation, et nous visitâmes, dans Paris, tout ce qu'il y a de mieux, comme on dit.

On nous présenta à des Athéniennes élégantes, que nous prîmes pour autant d'Aspasies, tant qu'elles ne parlèrent point. On nous admit aux thés, aux bals, aux concerts, aux rendez-vous secrets. Les Précieuses Ridicules de Molière et les Mascarilles, ne sont rien en comparaison de ces gens-là. Les trois quarts sont grossièrement ridicules. Nous nous apperçûmes bientôt que nous n'étions pas dans le genre.

Nous nous sauvâmes.

Nous rencontrâmes quelques jeunes gens qui ressembloient à des polissons de collége. Nous leur demandâmes où ils faisoient leurs études. A la bourse, me répondit l'un d'entr'eux, et ils m'offrirent un beau coup à faire. Ces mots nous firent peur, et nous reculâmes.

Nous lûmes, sur la porte d'un grand établissement Lycée. Nous entrâmes. Un savant faisoit la démonstration d'une découverte utile. Personne n'écoutoit. Un escamote ur parut, entretint le public de

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l'oracle de Calchas, de la tour enchantée, de la poudre sympathique.... La salle se remplit de monde.

Acceptez ce billet, me dit un de mes voisins. Je m'apperçois que vous avez du goût: rendez-vous demain à ce salon de littérature. Je vous promets que vous aurez du plaisir.

Le lendemain, ponctuels au rendez-vous, nous apprîmes que le public ne consentoit à entendre quelques petits vers, qu'au prix de douze contre-danses et d'un concert.

Un salon littéraire ne se soutient qu'à l'aide du bal, de la bouillotte, de l'orchestre et du glacier.

Nous vîmes, dans les galeries qui entouroient l'établissement, la boutique d'un physicien, attenant la boutique d'un coiffeur; une machine électrique à côté d'une perruque; un libraire auprès d'un pâtissier.

Les sciences sont devenues une mode, et les arts un caprice.'

[Il y a ici une lacune considérable dans le manuscrit du docteur. Il paroît que le lecteur n'y a perdu qu'une critique trèsinconvenante sur des établissemens respectables] (1).

(1) Note de l'Editeur.

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