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CHAPITRE LX X X.

L'OPÉR A.

LES DÉCORATIONS.

Rien n'est beau que le vrai..................

BOIL.

IL règne un grand talent dans cette décoration d'Alceste; les tableaux sont parfaitement dessinés, les costumes sont riches et bien entendus. En général, il y a ce qu'on appelle une grande machine. Mais la première des beautés manque à cet ensemble, la vérité.

Ce n'est point là de l'architecture grecque. Il y a du grandiose dans la masse, il y a incohérence dans les détails. Ceux-ci appartiennent au style égyptien, ceux-là au gothique, au moresque, quelques - uns à l'italien, d'autres n'appartiennent à aucun style.

En prêtant à cette architecture la couleur du style grec, elle n'auroit elle n'auroit pas celle

du style que l'on présume avoir existé à cette époque. Il importe, plus qu'on ne pense, aux progrès des arts qui sont tous liés entr'eux, de conserver réligieusement au style, non-seulement de chaque pays, mais encore de chaque âge, le caractère, la teinte qui le distingue. Ce mot décoration égare le génie de l'artiste; il s'occupe en effet de décorer, d'ajuster, d'arranger, de distribuer les effets, de montrer l'art, lorsqu'il s'agit de montrer la nature.

Je voudrois substituer aux mots décorations, les mots styles, costumes. Il faudroit alors consulter la topographie, l'histoire, l'archéologie, la numismatique, les voyages pittoresques, etc. Il faudroit nonseulement paroître artiste, mais encore savant. Et pourquoi ne pas s'entourer de savans instruits du génie de l'antiquité? Il est de l'intérêt de l'administration de les engager à se concerter avec les artistes la direction de cette partie.

pour

Alors Thésée, qui au rapport de Plutarque, rassembla les peuplades de l'Attique et éleva les murs d'Athènes, n'habitera point un palais d'un assez mauvais style, mais qui suppose une civilisation très-avancée; j'en

dirai autant du temple de Diane dans la Tauride. Un monument grec, un ordre corinthien, un fauteuil à crépine dorée ! et cela chez les Scythes!... Je pourrois multiplier ces observations, mais le ballet commence.

LA SCÈNE LYRIQUE ET LA PANTOMIME. 155

CHAPITRE LXXXI.

L'O PÉR A.

LA SCÈNE LYRIQUE ET LA PANTOMIME.

Des pas tardifs ou prompts la liaison savante
M'offre de cent tableaux une scène mouvante.

DORAT.

TERPSICHORE l'emporte sur Melpomène et Polymnie; les pieds légers de Vestris foulent la tête de Gluck. Les conceptions les plus profondes ne valent pas, pour un Français, une image voluptueuse. Achille, Agamemnon, tous les héros d'Homère ont cédé la scène au zéphir, dont le vol inconstant est une image naïve du goût des Parisiens.

Edipe, courbé sous le poids de l'invincible fatalité; Antigone, ce modèle touchant de la piété filiale, ces chef-d'œuvres de Sophocle et de Sacchini, languissent et ne se soutiennent que par la considération que le

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public a pour Psyché, dont la représentation fait supporter la première. Que dis-je ? Les loges restent vides pendant la pièce et ne se remplissent qu'à l'instant du bal'et.

En effet, l'intérêt de la pièce est fondé sur la vertu; l'intérêt du ballet a pour mobile la volupté. La modeste Antigone dans sa piété, vaut-elle Psyché dans sa nudité? Le tableau sublime de la malédiction paternelle, est-il aussi effrayant que le diable vert? La scène touchante du pardon, et le suave, le délicieux trio qui l'accompagne, produiront-ils jamais l'effet, le ravissement qu'excitent l'enlèvement de Psyché qui, sur les ailes du zéphir, se perd et file comme une étoile dans les nuages? Que sont les scènes morales auprès des scènes lascives! Les sentimens les plus purs, l'abandon le plus généreux, exerceront ils une impression aussi vive que le développement d'un beau bras, d'une gorge arrondie, d'une cuisse faite au tour, d'une jambe fine, d'un pied fripon?

Antigone montre une belle ame mais Psyché montre un beau corps.

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