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té, lá privent encore du travail qu'ils y pourroient faire. Voilà les maximes dont de complaisans raisonneurs aiment à flatter la dureté des riches.

On souffre et l'on entretient à grands frais des multitudes de profession inutiles, dont plusieurs ne servent qu'à corrompre et à gâter les mœurs. A ne regarder l'état de Mendiant que comme un métier, loin qu'on en ait rien de pareil à craindre, on n'y trouve que de quoi nourrir en nous le sentiment d'intérêt et d'humanité qui devroit unir tous les hommes. Si l'on veut le considérer par le talent, pourquoi ne récompenserai-je pas l'éloquence de ce Mendiant qui me remue le cœur et me porte à le secourir, comme je paie un comédien qui me fait verser quelques larmes stériles si l'on me fait aimer les bonnes actions d'autrui, l'autre me porte à en faire moi-même : tout ce qu'on sent à la tragédie s'oublie à l'instant qu'on en sort: mais la mémoire des malheureux qu'on a soulagés donne un plaisir qui renaît sans cesse. Si le grand nombre des Mendians est onéreux à l'Etat, de combien d'autres professions qu'on encourage, et qu'on tolere, n'en peut-on

pas dire autant ? C'est au souverain de faire ensorte qu'il n'y ait point de Mendians; mais pour les rebuter de leur profession, faut-il rendre les citoyens inhumains et dénaturés ? Pour moi, sans savoir ce que les pauvres sont à l'Etat, je sais qu'ils sont tous mes freres, et que je ne puis sans une inexcusable dureté, leur refuser le foible secours qu'ils me demandeut. La plupart sont des vagabonds, j'en conviens; mais je connois trop les peines de la vie pour ignorer par combien de malheurs un honnête homme peut se trouver réduit à leur sort; et comment puis-je être sûr que l'inconnu qui vient implorer au nom de Dieu mon assistance, et mendier un pauvre morceau de pain, n'est-ce pas peut-être, cet honnête hommme prêt à périr de misere, et que mon refus va réduire au désespoir ? Quand l'aumône qu'on leur donne ne seroit pour eux un secours réel, c'est au moins un témoignage qu'on prend part à leur peine, un adoucissement à la dureté du refus, une sorte de salutation qu'on leur rend. Une petite monnoie ou un morceau de pain ne coûtent guere plus à donner et sont une réponse plus honnête qu'un Dieu vous as

siste comme si les dons de Dieu n'étoient pas dans la main des hommes, et qu'il eût d'autres greniers sur la terre que les magasins des riches? Enfin quoi qu'on puisse penser de ces infortunés, si l'on ne doit rien aux gueux qui mendient, au moins se doit-on à soimême de rendre honneur à l'humanité souffrante ou à son image, et de ne point s'endurcir le cœur à l'aspect de ses miseres?

Nourrir les Mendians, c'est, disent les détracteurs de l'aumône, former des pépinieres de voleurs; et tout au contraire, c'est empêcher qu'ils ne le deviennent. Je conviens qu'il ne faut pas encourager les pauvres à se faire Mendians; mais quand une fois ils le sont il faut les nourrir, de peur qu'ils ne se fassent voleurs. Rien n'engage tant à changer de profession, que de ne pouvoir vivre dans la sienne. Or, tous ceux qui ont une fois goûté de ce métier oiseux , prennent tellement le travail en aversion, qu'ils aiment mieux voler et se faire pendre, que de reprendre l'usage de leurs bras. Un liard est bientôt demandé et refusé : mais vingt liards auroient payé le souper d'un paùyre, que

vingt refus peuvent impatienter. Qui est-ce qui voudroit jamais refuser une si légere aumône, s'il songeoit qu'elle pût sauver deux hommes, l'un d'un crime et l'autre de la mort? J'ai lu quelque part que les Mendians sont une vermine qui s'attache aux riches. Il est naturel que les enfans s'attachent aux peres : mais ces peres opulens et durs les méconnoissent et laissent aux pauvres le soin de les nourrir.

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SUICIDE.

U veux cesser de vivre; mais je voudrois bien savoir si tu as commencé. Quoi? fus-tu placé sur la terre pour n'y rien faire ? Le Ciel ne t'impose-t-il point avec la vie une tâche pour la remplir? Si tu as fait ta journée avant le soir, repose-toi le reste du jour, tu le peux; mais voyons ton ouvrage. Quelle réponse tiens-tu prête au juge suprême qui demandera compte de ton tems? Malheureux! trouve-moi ce juste qui se vante d'avoir assez vécu; que j'apprenne de lui comment il faut avoir porté la vie pour être en droit de la quitter.

Tu

Tu comptes les maux de l'humanité, et tu dis, la vie est un mal. Mais, regarde, cherche dans l'ordre, des choses si tu y trouves quelques biens qui ne soient point mêlés de maux. Est-ce donc à dire qu'il n'y ait aucun bien dans l'univers et peux-tu confondre ce qui est mal par sa nature avec ce qui ne souffre le mal que par accident? La vie passive de l'homme n'est rien,, et ne regarde qu'un corps dont il sera bientôt délivré; mais sa vie active et morale qui doit influer sur tout son être, consisté dans l'exercice de sa volonté. La vie est un mal pour le méchant qui prospere, et un bien pour l'honnête homme infortuné; car ce n'est pas une modification passagere, mais son rapport avec son objet qui la rend bonne ou mauvaise.

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Tu t'ennuies de vivre, et tu dis,^ la vie est un mal. Tôt ou tard tu seras consolé, et tu diras, la vie est un bien. Tu diras plus vrai, sans mieux raisonner: car rien n'aura changé que toi. Change donc dès aujourd'hui, et puisque c'est dans la mauvaise disposition de ton ame qu'est tout le mal, corrige tes affections déréglées, et ne brûle pas ta

1. Partie.

K

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