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TOD ZUBIL 601 25

maison pour n'avoir pas la peine de la

ranger.

Que sont dix, vingt, trente ans pour un être immortel La peine et le plaisir passent comme une ombre; la vie s'écoule en un instant elle n'est rien par elle-même;, son prix dépend de son emploi, Le bien seul qu'on a fait demeure, et c'est par lui qu'elle est quelque cho se. Ne dis donc plus que c'est un mal pour toi de vivre, puisqu'il dépend de

toi seul que ce soit un bien si

c'est un mal d'avoir vécu, c'est raison de plus pour vivre encore. Ne dis pas non plus, qu'il t'est permis de mourir, car autant vaudroit dire qu'il t'est permis de n'être pas homme, qu'il t'est permis de te révolter contre l'auteur de ton être, et de tromper ta destination.

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Le suicide est une mort furtive et honteuse. C'est un vol fait au genre humain. Avant de le quitter, rends-lui ce qu'il a fait pour toi. Mais je ne tiens à rien. Je suis inutile au monde. Philosophe d'un jour! ignores-tu que tu ne saurois faire un pas sur la terre sans trouver quelque devoir à remplir et tout homme est utile à l'humanité, par cela seul qu'il existe ?

Jeune insense! s'il te reste au fond du coeur le moindre sentiment de vertu viens, que je t'apprenne à aimer la vie. Chaque fois que tu seras tenté d'en sortir, dis en toi-même! que je fasse encore une bonne action avant que de mourir : puis va chercher quelque indigent à se courir, quelque infortuné à consoler, quelque opprimé à défendre. Si cette considération te retient aujourd'hui, elle te retiendra encore demain, après de main, toute la vie. Si elle ne te.retieng pas, meurs; tu n'es qu'un méchant.

DUE L

GARDEZ-VOUS

TARDEZ-VOUS de confondre le nom sacré de l'honneur avec ce préjugé féroce qui met toutes les vertus à la pointe d'une épée, et n'est propre qu'à faire de braves scélérats.

En quoi consiste ce préjugé ? Dans Popinion la plus extravagante et la plus barbare qui jamais entra dans l'esprit humain, savoir, que tous les devoirs de la société sont suppléés par la bravoure qu'un homme n'est plus fourbe, fripon, calomniateur; qu'il est civil, hu

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main, poli, quand il sait se battre; que le mensonge se change en vérité; que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l'infidélité louable, sitôt qu'on soutient tout cela le fer à la main; qu'un affront est toujours bien réparé par un coup d'épée et qu'on n'a jamais tort avec un homme, pourvu qu'on le tue. Il y a, je l'avoue, une autre sorte d'af faires où la gentillesse se mêle à la crúauté, et où l'on ne tue les gens que par hasard; c'est celle où l'on se bat au premier sang. Au premier sang! Grand Dieu! et qu'en veux-tu faire de ce sang, bête féroce? Le veux-tu boire ?

Les plus vaillans hommes de l'antiquité songerent-ils jamais à venger leurs injures personnelles par des combats particuliers? Cesar envoya-t-il un cartel à Caton, ou Pompée à César, pour tant d'affronts réciproques et le plus grand capitaine de la Grece fût-il déshonoré pour s'être laissé menacer d'un bâton? D'autres tems, d'autres mœurs je le sais; mais n'y en a-t-il que de bonet n'oseroit-on s'enquérir si les mœurs d'un tems sont celles qu'exige le solide honneur ? Non, cet honneur n'est point véritable, il ne dépend ni des pré

nes,

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jugés, il ne peut ni passer, ni renaître, il a sa source éternelle dans le cœur de P'homme juste et dans la regle inaltérable de ses devoirs. Si les peuples les plus éclairés, les plus braves, les plus vertueux de la terre n'ont point connu le Duel, je dis qu'il n'est point une institution de l'honneur, mais une mode affreuse et barbare digne de sa féroce origine. Reste à savoir si, quand il s'agit de sa vie ou de celle d'autrui, l'honnête homme doit se régler sur la mode, et s'il n'y a pas alors plus de vrai courage à la braver qu'à la suivre ? Que feroit celui qui veut s'y asservir, dans des lieux où regne un usage contraire? A Messine ou à Naples, il iroit attendre son homme au coin d'une rue, et le poignarder par derriere. Cela s'appelle être brave en ce pays-là, et l'honneur n'y consiste pas à se faire tuer par son ennemi, mais à le tuer lui-même.

L'homme droit dont toute la vie est sans tache, et qui ne donna jamais aucun signe de lâcheté, refusera de souiller sa main d'un homicide et n'en sera que plus honoré. Toujours prêt à servir la patrie, à protéger le foible, à remplir les devoirs les plus dangereux, et à défen

dre, en toute rencontre juste et honnê te, ce qui lui est cher au prix de son sang, il met dans ses démarches cette inébranlable fermeté qu'on n'a point sans le vrai courage. Dans la sécurité de sa conscience, il marche la tête levée, il ne sait ni ne cherche son ennemi. On voit aisément qu'il craint moins de mourir que de mal faire, et qu'il redoute le crime et non le péril. Si les vils préjugés s'élevent un instant contre lui, tous les jours de son honorable vie sont autant de témoins qui les récusent, et dans une conduite si bien liée, on juge d'une action sur toutes les autres.

Les hommes si ombrageux et si prompts à provoquer les autres sont, pour la plupart, de très-mal-honnêtes gens qui, de peur qu'on n'ose leur montrer ouvertement le mépris qu'on a pour eux, s'efforcent de couvrir de quelques affaires. d'honneur l'infamie de leur vie entiere.

Tel fait un effort et se présente une fois, pour avoir droit de se cacher le reste de sa vie. Le vrai courage a plus de constance et moins d'empressement; il est toujours ce qu'il doit être, il ne faut ni l'exciter ni le retenir; l'homme de bien le porte par-tout avec lui, au.com

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