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II.

ARGUMENT

DE LA PREMIÈRE SATIRE.

Ce petit ouvrage est un tableau de la littérature des règnes de

Claude et de Néron. Rome présentait alors un spectacle miséra- - . ble aux passions politiques avait succédé la manie du bel esprit ; et les descendans de ces républicains si fiers, de ces souverains de nations conquises, étaient devenus des gens de cabinet, de méchans auteurs : ils faisaient de la prose, des petits vers, et pour eux une lecture était un évènement; tous voulaient publier, déclamer; l'empereur donnait lui-même l'exemple de ces prétentions ridicules.

Quand les lettres ne sont plus que l'affaire de l'amour-propre et de la sottise, que peuvent-elles produire de bon? L'enflure et la trivialité, le néologisme et l'affectation du vieux langage, le mélange des tons et des styles, toutes les aberrations du mauvais goût signalent cette époque de décadence : la poésie, l'éloquence, la versification, la langue même se perdait.

Perse, qui conserve la dignité du caractère romain, ne peut voir sans indignation les jeux pitoyables des enfans de Romulus. Fort de son talent, de ses études et des principes sévères du stoïcisme, il brave l'opinion et réforme ses jugemens; il lutte contre la dépravation générale; il n'épargne ni la ville, ni la cour, et le prince tout le premier devient l'objet de ses sarcasmes.

Cette satire est sous la forme d'un Dialogue entre l'auteur et un interlocuteur qui lui représente que c'est un méchant métier que de médire, que le public n'est peut-être pas si coupable, etc. Cet interlocuteur est l'homme de l'opinion; Perse est l'homme de la conscience.

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SATIRA PRIMA.

CURAS hominum! o quantum est in rebus inane!
Quis leget hæc.?

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Vel duo, vel nemo. Turpe et miserabile.

Ne mihi Polydamas et Troiades Labeonem
Prætulerint? nuga. Non, si quid turbida Roma
Elevet, accedas, examenve improbum in ista
Castiges trutina; nec te quæsiveris extra.
Nam Romæ quis non...?

Ac si fas dicere....?

-Sed fas

Tunc, quum ad canitiem et nostrum istud vivere triste
Adspexi, et nucibus facimus quæcumque relictis;
Quum sapimus patruos: tunc.... tunc.... ignoscite.

Nolo.

Quid faciam?.... sed sum petulanti splene cachinno.

ииииии

SATIRE PREMIÈRE.

A

QUOI l'homme s'occupe, et que de vanité dans la vie '!...
Cela aura-t-il des lecteurs 2?

Est-ce à moi que vous tenez ce langage?
-Pas un seul, je vous jure.

Pas un?

- Un ou deux peut-être 3; succès misérable, pitoyable.

Pourquoi? parce que Polydamas et les Troyennes 4 m'auront préféré Labéon 5? beau malheur! Si cette ville insensée rabaisse un homme, on ne souscrit point au jugement; on le réforme, en le pesant dans une autre balance, et l'on ne va pas se chercher hors de soimême. Car dans Rome qui n'est pas?....

Osez donc achever?

J'ose tout, quand je vois nos petitesses et nos déplorables travers 8. Oui, quand je vois que nous en sommes encore aux niaiseries de l'enfance, que nous avons besoin qu'on nous corrige 9, alors.... certes alors.... vous me permettrez....

-

Non, non.

J'ai tort peut-être; mais j'aime à rire et je n'y tiens plus.

- Scribimus inclusi, numeros ille, hic pede liber....

-Grande aliquid, quod pulmo animæ prælargus anhelet.
Scilicet hæc populo, pexusque, togaque recenti,
Et natalitia tandem cum sardonyche albus,
Sede leges celsa, liquido quum plasmate guttur
Mobile collueris, patranti fractus ocello.
Hic neque more probo videas, neque voce serena,
Ingentes trepidare Titos, quum carmina lumbum
Intrant, et tremulo scalpuntur ubi intima versu.
Tun', vetule, auriculis alienis colligis escas?
Auriculis, quibus et dicas cute perditus, ohe?

Quo didicisse, nisi hoc fermentum, et quæ semel intus Innata est, rupto jecore exierit caprificus?

En pallor seniumque! o mores! usque adeone Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter?

-At pulchrum est digito monstrari, et dicier, hic est! Ten' cirratorum centum dictata fuisse.

Pro nihilo pendas?....

Ecce inter pocula quærunt

Romulidæ saturi, quid dia poemata narrent.

Hic aliquis, cui circum humeros hyacinthina læna est,

ΙΟ

L'on s'enferme pour écrire 10, l'un de la prose, l'autre des vers....

Toujours du sublime, et le vent des plus larges poumons s'épuise à déclamer ces belles choses. Car c'est pour le peuple que vous écrivez; et le jour viendra enfin, où, bien peigné, bien paré d'une toge toute blanche et des bagues de l'anniversaire 12, vous prendrez place au siège qui domine l'assemblée, et, après avoir adouci votre larynx par le gargarisme à la mode13, vous ferez votre lecture 14, avec un petit œil tendre et mourant de plaisir 15. De là des scènes indécentes ; nos grands niais de Romains s'agitent et palpitent la voix émue 16, quand la tirade avance, et que les sons entrecoupés du vers vont chatouiller leurs sens. Imbécile! quoi, vous vous faites le pourvoyeur d'un auditoire 17; et de quel auditoire? votre vanité même en rougit, et vous leur criez holà!

Mais alors à quoi bon s'instruire? le savoir est comme le levain qui fermente, comme le figuier sauvage 18; quand une fois il a pris racine au dedans, il faut qu'il perce au dehors.

- Voilà pourquoi l'on sèche et l'on veille! Insensés! votre savoir est-il donc si peu de chose, si les autres ne savent que vous savez?

Mais enfin il est beau d'être montré au doigt, quand on passe, et d'entendre dire, c'est lui. N'est-ce rien, selon vous, d'avoir servi de dictée à cent jeunes frisés dans une classe 19?....

Et puis les enfans de Romulus, quand ils ont le ventre plein, se prennent à demander, en vidant les flas'ils n'entendront pas quelqu'une de ces poésies charmantes 2o. Un homme se lève 21, un homme portant

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